mercredi 27 décembre 2023

Mon bilan séries 2023

Voici mon bilan séries de l'année 2023... avec mon Top 15 des séries que j'ai vues cette année. Il y a de tout, des séries qui se sont terminées cette année, d'autres qui ont commencé ou qui se sont poursuivie cette année, des miniséries...  Attention : ne figurent dans ce bilan que les séries dont la saison s'est terminée au cours de l'année 2023 (For All Mankind par exemple mériterait de figurer dans la liste mais comme la saison 4 est encore en cours et ne se terminera qu'en janvier, elle sera sans doute dans mon bilan de l'année prochaine !).

 

Mon Top 15 de l'année 2023

1. The Bear
, une série créée par Christopher Storer, disponible sur Disney+

La saison 2 est encore meilleure que la première ! C'est drôle et touchant, avec un certain côté feel-good qui fonctionne à merveille, une remarquable maîtrise du rythme, tantôt nerveux et stressant, tantôt paisible et intimiste. Tout en parlant de façon réaliste de cuisine et de gastronomie, le récit permet d’aborder de nombreux thèmes (famille, solidarité, travail, réussite, passions, découverte de soi, rédemption…).

Ma critique

2. The Last of us, une série créée par Neil Druckmann et Craig Mazin, disponible sur Amazon Prime Video

Adaptation très réussie d'un célèbre jeu vidéo, une série post-apocalyptique sombre, violente et parfois un peu gore. Dans des décors impressionnants, et grâce à une narration bien maîtrisée, l’histoire ménage un équilibre entre scènes épiques et scènes intimes, entre action et émotion, et dévoile petit à petit la complexité de ses deux personnages principaux. 

Ma critique

3. Makanai
, une mini-série créée par Hirokazu Kore-eda, disponible sur Netflix

Une série d’une délicatesse inouïe, lumineuse et gourmande, dans les coulisses d'une école de maiko (des geisha en formation). Une très belle histoire d’amitié, un récit d’apprentissage et une nouvelle variation sur le thème de la famille, en particulier des familles de substitution. Cette mini-série est un enchantement qui fait un bien fou. 

Ma critique

4. The Crown, une série créée par Peter Morgan, disponible sur Netflix

Même si les deux dernières saisons sont globalement un peu en dessous des quatre premières, le final en six épisodes de l'ultime saison est un bel adieu à la reine, élégant et plein d'émotion. Et on ne peut que s’incliner devant une des plus belles séries de ces dernières années, à connaître absolument !

Ma critique de la saison 6


5. Sambre
, une mini-série créée par Alice Géraud, Marc Herpoux, Jean-Xavier de Lestrade, disponible sur fance.tv

La série est inspirée de faits réels, et c'est un récit assez sidérant d'une affaire longue de 30 ans. C'est passionnant, troublant parfois, précis sur les faits tout en restant pudique dans sa mise en scène. 

Ma critique

6. Polar Park
, une mini-série créée par Gérald Hustache-Mathieu, disponible sur arte.tv

Une véritable petite pépite d’humour noir, une sorte de Fargo dans le Jura, dans le froid et les paysages enneigés de Mouthe. Un polar original, teinté de douce loufoquerie poétique. 

Ma critique


7. Ted Lasso
, une série créée par Bill Lawrence et Jason Sudeikis

L’exemple même d’une série feel-good, bienveillante et positive. C’est un peu un gros gâteau plein de crème qui pourrait être trop sucré et écœurant si les personnages n’étaient pas aussi attachants et si l’histoire n’était pas aussi généreusement saupoudré d’humour et d’autodérision réjouissante. 

Ma critique


8. Slow Horses, une série créée par Will Smith, disponible sur Apple TV+

La saison 3 s'est terminée à la fin de l'année. Le cocktail d’espionnage, de suspense, d’action et d’humour noir très british fonctionne toujours à merveille. 

Ma critique 




9. Parlement
, une série créée par Noé Debré, disponible sur france.tv

Une saison 3 toujours aussi drôle et intelligente ! Tout en gardant une certaine dimension pédagogique, la série est avant tout une comédie, très drôle, bien rythmée, avec beaucoup d’ironie et d'autodérision, et une galerie de personnages réjouissants. 

Ma critique


10. Platonic, une série créée par Nicholas Stoller et Francesca Delbanco, disponible sur Apple TV+

Une série vraiment réjouissante, bien écrite, qui parle avec légèreté, mais non sans pertinence, de l’amitié, du couple, de la réussite… et de l’importance de rester, au moins un peu, des enfants. 

Ma critique


11. Lessons in chemistry
, une mini-série créée par Lee Eisenberg, disponible sur Apple TV+

Une mini-série féministe délicieusement vintage, qui pratique avec bonheur un certain mélange des genres, entre série feel-good, mélodrame, chronique sociale, fable morale et existentielle. 

Ma critique



12. 
Silo, une série de Graham Yost, disponible sur Apple TV+

Visuellement, la série est tout à fait réussie, parvenant à créer de façon convaincante l’univers claustrophobe du silo. Les différents personnages du roman sont bien transcrits, avec un casting impeccable. 

Ma critique

13. Coeurs noirs, une série créée par Corinne Garfin et Duong Dang-Thai, disponible sur Amazon Prime Video

Une série de guerre très réaliste sur la façon de décrire le théâtre des opérations militaires, sur le champ de bataille comme en coulisse. Les scènes d’action sont très réussies, immersives et haletantes. 

Ma critique

14. Peacemaker, une série créée par James Gunn, disponible sur Amazon Prime Video

Avec son ton irrévérencieux, son histoire abracadabrantesque, ses personnages dingos, ses dialogues surréalistes et plusieurs morceaux de bravoure, une pure série de divertissement, pas vraiment familiale parce que c’est quand même violent, même si c’est pour rire. 

Ma critique

15. The Big Door Prize, une série créée par par David West Read, disponible sur Apple TV+

Légère et assez ludique, avec ce qu’il faut de petites touches d’émotion, la série se situe entre la comédie sociale et la fable philosophique, avec une pointe de fantastique. Une jolie réussite pour une série très plaisante à regarder, pour se divertir sans s'interdire de réfléchir un peu ! 

Ma critique


Slow Horses (saison 3) : Du rififi au MI5

 

La saison 3 de Slow Horses vient de se terminer sur Apple TV+ et la série reste probablement la meilleure série d’espionnage actuelle. Elle suit toujours la petite équipe d’espions mis au placard, parce qu’ils ont d’une manière ou d’une autre failli à leur mission, sous les ordres de Jackson Lamb, un vieil espion aigri, cynique et crade (incarné par un génial Gary Oldman). 

Dans cette nouvelle saison, l’équipe de Jackson Lamb va se retrouver impliqué dans une opération qui ne se passe pas comme prévue, avec notamment l’enlèvement de l’un des leurs, le tout sur fond de règlements de compte internes aux services secrets britanniques. 

Comme pour les deux précédentes, la saison est courte (6 épisodes), ce qui permet à l’intrigue de ne pas traîner en longueur. Le cocktail d’espionnage, de suspense, d’action et d’humour noir très british fonctionne toujours à merveille. Et franchement, en particulier dans cette saison 3, ça dégomme sévère, et on n’est jamais à l’abri d’assister à la mort d’un des personnages centraux de la série (on l’a vu dès la saison 1). 

A la fin de l’épisode final, quelques images nous mettent l’eau à la bouche pour la saison 4 qui est déjà annoncée. Vivement la suite ! 

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Slow Horses, une série créée par Will Smith
avec Gary Oldman, Jack Lowden, Kristin Scott Thomas
disponible sur Apple TV+

dimanche 17 décembre 2023

The Crown (saison 6) : Un adieu à la reine plein d'émotion

 

The Crown réussit sa sortie, avec émotion. Après une première série de quatre épisodes essentiellement consacrés à Diana, jusqu’à sa mort tragique, les six derniers épisodes ont été mis en ligne récemment sur Netflix. La première partie de cette sixième et ultime saison décevait un peu. Même si la composition d’Elizabeth Debicki dans le rôle de la princesse est absolument remarquable, ces épisodes sont un peu trop “people” pour pleinement convaincre. 

Mais les six derniers épisodes sont à nouveau centrés principalement sur Elizabeth, pour un adieu à la reine émouvant. Ce que j’ai quand même un peu regretté dans cette dernière saison, y compris dans ces derniers épisodes, c’est la part très réduite laissée au lien avec les grands événements historiques pour se centrer presque exclusivement sur l’intimité de la famille royale. La mise en perspective avec l’histoire et la géopolitique est pourtant un des grands intérêts de la série. Or, dans cette ultime saison, la guerre au Kosovo et la guerre en Irak sont évoquées en pointillés, le 11 septembre à peine mentionné, par quelques informations diffusées à la radio. 

Un autre personnage important de ces derniers épisodes est le prince William, dont l’évocation est toutefois moins intéressante quand la série s’intéresse à la naissance de son couple avec Kate Middleton que lorsqu’elle évoque sa relation avec son père, et celle avec sa grand-mère de reine, sa prise de conscience de son devoir de futur roi en tant que fils aîné, le sens du devoir étant un des thèmes principaux de la série. 

Mais ce qu’on doit bien reconnaître à cette dernière saison, c’est l’élégance et l’émotion avec laquelle on prend congé de la reine. A cet égard, le scénario du dernier épisode est assez intelligent. Les préparatifs anticipés des obsèques de la reine, par simple précaution, permettent quelques retour en arrière, par des souvenirs, et en profiter pour faire revenir à l’écran Claire Foy et Olivia Colman, les deux autres actrices avec Imelda Staunton à avoir incarné la reine Elisabeth. Ils permettent aussi d’anticiper habilement les réelles obsèques récentes de la reine.

C’est donc bien l’émotion qui prédomine dans ce final en six épisodes, notamment lorsque la reine perd sa soeur, puis sa mère. A cet égard, l’épisode 8, qui se termine par la mort de Margaret, est sans doute le plus réussi de la saison, profondément émouvant. D’autant qu’il évoque aussi, en flashback, la folle nuit que la jeune Elisabeth a vécu avec sa soeur à la Libération, au Ritz Hotel, et qui en dit long sur le renoncement qu’a dû constituer pour Elizabeth de se plier à son devoir de devenir reine. 

Au niveau du casting, Imelda Staunton s’en sort mieux que dans la saison 5. Il faut dire qu’elle est aussi mieux mise en valeur par le scénario, et elle finit par être assez convaincante en Elizabeth. J'ajouterai une mention spéciale à Dominic West, qui physiquement ne ressemble pas du tout à Charles, mais qui est pourtant remarquable dans le rôle du futur roi Charles III. 

Avec ces six derniers épisodes, The Crown réussit donc bien sa sortie, sous la forme d'une émouvante révérence à la reine. Et on ne peut que s’incliner devant une des plus belles séries de ces dernières années. 

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The Crown, une série créée par Peter Morgan
avec (pour la saison 6) Imelda Staunton, Dominic West, Lesley Manville
Les 6 saisons sont disponibles sur Netflix

dimanche 3 décembre 2023

Tout va bien : affronter la maladie et la possibilité de la mort

 

Quand les médecins diagnostiquent à Rose, 9 ans, une leucémie, c’est toute la famille qui est impactée. Marion et Stéphane, ses parents, essayent de faire face, entre déni et fuite. Claire, la soeur de Marion, est très inquiète et s’implique beaucoup auprès de sa nièce tout en devant tisser des liens avec la fille de son compagnon. Vincent, le frère de Marion et Claire, steward qui semble tout prendre à la légère, n’ose pas affronter la réalité de la maladie de sa nièce. Anne, la grand-mère, auteure à succès d’ouvrages de développement personnel, veut tout prendre en main et toujours voir les choses du bon côté. Quant à Pascal, le grand-père, il cherche sa place, un peu perdu, éclipsé par sa femme envahissante. 

Tout l’intérêt de la série, c’est d’oser aborder de front la question de la maladie grave d’un enfant et de la perspective possible de sa mort, et d’évoquer la façon dont on affronte, difficilement, douloureusement, une si terrible épreuve, dans le désarroi et la détresse, avec la tentation de la fuir ou du déni. 

Le pitch de la série laisse entrevoir une histoire sombre et douloureuse. Elle l’est, en partie, et la série parvient à profondément nous émouvoir. Mais elle arrive aussi à trouver tout au long de son récit le ton de la comédie, sans jamais atténuer les enjeux dramatiques. Cette façon de rester constamment sur le fil du rasoir, entre gravité et légèreté, oscillant du rire aux larmes, est une belle réussite de la série. La finesse du portrait de famille, de cette famille ordinaire, un peu névrosée et dysfonctionnelle, mais finalement attachante, ça aussi c’est tout à fait réussi. 

Je dois toutefois ajouter que je suis quand même un peu déçu par le dernier épisode. L’avant-dernier épisode est tellement bouleversant et juste - le sommet incontestable de la série -  que j’aurais sans doute aimé que le récit s’arrête à ce moment-là, ou que le dernier épisode propose autre chose. Je peux comprendre le choix qui est fait, mais je trouve, au final, que ça amoindrit un peu l’impact de l'histoire. 

Un autre atout incontestable du film, c’est son casting. Tout le monde est formidable, avec une mention spéciale à Nicole Garcia dans le rôle d’Anne, la grand-mère, aussi agaçante que touchante. 

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Tout va bien, une série de Camille de Castelnau
avec Virginie Efira, Nicole Garcia, Sara Giraudeau
8 épisodes, disponibles sur Disney+


mardi 28 novembre 2023

Sambre : Récit assez sidérant d'une affaire longue de 30 ans

A la fin des années 1980, dans le Nord de la France, des femmes sont violées, toujours avec le même mode opératoire, tôt le matin, le long de la rivière Sambre. Mais la police ne fait pas vraiment le lien entre les faits et le violeur n’est pas inquiété. Il faudra des années pour qu’on parle d’un violeur en série, et des années encore pour que l’enquête aboutisse. En tout 30 ans pour que le violeur soit arrêté, après des dizaines de viols ou d’agressions sexuelles. 

La série est inspirée de faits réels, le cas du “violeur de la Sambre”, Dino Scala, reconnu coupable par la justice de 54 viols et agressions sexuelles entre 1988 et 2018 (il en a avoué une quarantaine) et condamné à 20 ans de réclusion criminelle en 2022. 

Option intéressante du scénario, on connaît très tôt dans la série l’identité du violeur. Cela permet de souligner les multiples loupés de l’enquête, voire les dysfonctionnements incroyables. On y voit aussi, surtout dans les années 80-90, la difficulté de prendre au sérieux la parole des victimes, la tendance et minimiser les faits (est-ce vraiment si grave, une agression sexuelle ?) ou ne pas les nommer pour ce qu'ils sont et négliger leur caractère sexuel. On voit enfin l’aveuglement produit par les a priori, comme le fait qu’un violeur doit forcément être quelqu’un de solitaire, asocial et pervers. Or, en l’occurrence, le violeur est un père de famille, un ouvrier modèle et un entraîneur de foot pour les jeunes, un homme très social et populaire. Un homme que personne, mêmes ses plus proches, ne soupçonnerait. C’est justement ce qui est troublant, tout au long de la série. Le violeur pourrait être notre voisin ou notre collègue, sans qu’on s’en rende compte… 

Mais le fait de connaître très tôt l’identité du violeur permet aussi de se centrer sur les victimes plus que sur le criminel. Et d’évoquer en particulier les conséquences sur elles d’un traumatisme qui ne s’efface jamais. Dans la scène finale de la série, poignante, au début du procès du violeur, on voit le personnage fil rouge de la série, Christine, l’une des premières victimes du criminel, se rendre au tribunal et se retrouver au milieu de tant d’autres femmes, victimes comme elle. C’est sur leur visage que se termine la série. Le violeur, lui, est hors-champ dans son box d’accusé. 

Bien construite sur 6 épisodes d’une heure environ, qui nous permettent de parcourir les 30 années de l’intrigue, la série est très bien réalisée et interprétée. C'est passionnant, troublant parfois, précis sur les faits tout en restant pudique dans sa mise en scène. Trois personnages traversent en particulier les 6 épisodes : Christine, l’une des premières victimes du violeur, interprétée avec beaucoup de force par Alix Poisson, Jean-Pierre Blanchot (Julien Frison), un policier qui débarque tout jeune dans son nouveau poste, qui gravira les échelons pendant 30 ans sans jamais se douter de l’identité du violeur qui était devant ses yeux, et enfin Enzo, le violeur qui passe toujours entre les mailles du filet, interprété par un remarquable, et glaçant, Jonathan Turnbull. 

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Sambre, une série de Alice Géraud, Marc Herpoux, Jean-Xavier de Lestrade
avec Alix Poisson, Julien Frison, Jonathan Turnbull
6 épisodes disponibles en replay sur france.tv 

mercredi 22 novembre 2023

Lessons in Chemistry : une délicieuse fable féministe vintage

 

Au début des années 1960, Elizabeth Zott est une brillante étudiante en chimie. Mais dans une société où les femmes sont cantonnées aux tâches domestiques, il est bien difficile pour elle de faire une carrière de scientifique. Elle va se retrouver, presque par hasard, animatrice d’une émission de cuisine à la télévision. L’occasion pour elle d’utiliser de façon inattendue ses connaissances en chimie, mais aussi et surtout de parler de bien plus que de cuisine à toutes les femmes au foyer qui la regardent. 

Lessons in Chemistry est une mini-série féministe délicieusement vintage, qui pratique avec bonheur un certain mélange des genres, entre série feel-good, mélodrame, chronique sociale, fable morale et existentielle. Et ça fonctionne, ma foi, fort bien !

La plongée dans les années 1960 est parfaitement réussie, grâce à une reconstitution minutieuse. L’histoire est pleine de rebondissements et de révélations sur le passé des personnages principaux qui nous font vivre parfois de véritables ascenseurs émotionnels. Le récit est réjouissant dans sa façon de démonter le système patriarcal, tout en restant émouvant dans la façon de décrire la trajectoire de son personnage féminin principal. 

En plus des questions féministes, la série évoque aussi des questions liées aux droits civiques des Noirs ou des questions d’ordre spirituel, de façon pas toujours flatteuse pour les représentants de l’Eglise mais aussi de façon nuancée et intéressante dans l’évocation du rapport entre la science et la foi (la question est au coeur de l’un des épisodes, à travers l’amitié et la correspondance épistolaire entre un prêtre et un scientifique). 

Brie Larson est excellente dans le rôle d’Elizabeth Zott, qu’elle incarne avec force, sensibilité et conviction. Elle est entourée d’un solide casting, dans lequel on a le plaisir de retrouver Rainn Wilson, l’inénarrable Dwight de The Office, dans le rôle d’un imbuvable producteur de télévision. 

Lessons in Chemistry est vraiment une jolie réussite qui vient encore s'ajouter à l'excellent catalogue d'Apple TV+. 

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Lessons in Chemistry, une mini-série de Lee Eisenberg
avec Brie Larson, Lewis Pullman, Aja Naomi King
8 épisodes disponibles sur Apple TV+

vendredi 3 novembre 2023

Gen V : examen réussi pour le spin-off de The Boys

Godolkin est une université, gérée par Vought International, et qui n’accueille que des super-héros. Les meilleurs étudiants sont pris dans la section “combat contre le crime” et peuvent rêver, un jour, de rejoindre les Sept, s’il parviennent à rester au sommet du classement des meilleurs élèves. Les autres se rabattent sur des cours de théâtre et de média training, pour espérer percer dans les médias, la téléréalité ou décrocher un rôle dans une série. Tous sont à la recherche de followers et mettent en scène leur vie sur les réseaux sociaux. 

La série spin-off de The Boys, dont la saison 1 vient de se terminer sur Prime Video, est aussi trash et gore que sa sœur aînée… Le show n’est donc pas fait pour tout le monde (la série est classée 18 ans et plus sur Prime Video). Si vous êtes choqué par les litres d’hémoglobine, l’humour noir, trash et cru, passez votre chemin ! Mais si vous avez apprécié l’univers irrévérencieux et caustique de The Boys, vous serez en terrain connu avec Gen V

Avec ses héros adolescents ou jeunes adultes, la série aborde des questions sans doute moins politiques que The Boys mais tout autant d’actualité, autour de l’esprit de compétition, de la recherche d’identité, de la quête de célébrité, de l’emprise des réseaux sociaux… Une idée maline est d’avoir trouvé des super-pouvoirs qui évoquent pour beaucoup des problématiques propres aux adolescents et aux jeunes, mal dans leur peau ou en recherche d’eux-mêmes (scarification, troubles alimentaires, identité de genre…) 

Bien vite, on se rend compte que tout ne nous est pas dit sur les intentions de l’université, jusqu’à ce qu’on découvre ce qui se trame dans les coulisses. Dans les derniers épisodes de la saison, l’intrigue de Gen V rejoint celle de The Boys, et on comprend que les deux séries vont sans doute continuer à interagir. Quant au dernier épisode, assez intense et fou, et gore, il termine de façon spectaculaire cette première saison, jusque dans son dénouement inattendu et cynique, bien dans l’esprit de The Boys, et qui ouvre sur une saison 2 déjà commandée par Prime Video. 

Bref, l’examen est plutôt concluant pour Gen V, qui réussit son entrée dans l’univers étendu de The Boys.

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Gen V, une série de Craig Rosenberg
avec Jaz Sinclair, Chance Perdomo, Lizze Broadway
saison 1 disponible sur Prime Video

mardi 31 octobre 2023

Polar Park : Fargo dans le Jura !

David Rousseau est écrivain, auteur à succès de polars. Mais il est en panne d’inspiration lorsqu’il reçoit un mystérieux message de la part d’un moine qui vit dans un monastère à Mouthe, le village le plus froid de France. Alors qu’il arrive dans le village, la victime d’un meurtre est découverte, dans une mise en scène troublante qui reproduit un célèbre tableau de van Gogh. L’écrivain mène sa propre enquête, empiétant sur celle de l’Adjudant Louvetot, lorsqu’un deuxième meurtre est découvert. Il semble bien qu’il y ait un serial killer à Mouthe ! 

Polar Park est une véritable petite pépite d’humour noir, une sorte de Fargo dans le Jura, dans le froid et les paysages enneigés de Mouthe. Il y a en effet un petit parfum des frères Coen dans ce polar original, teinté de douce loufoquerie poétique. Et l’intrigue garde en haleine jusqu’au bout, grâce à un scénario bien ficelé, qui s’amuse de mises en abyme et de clins d'œil, et dirige l’enquête sur des fausses pistes. 

Ajoutez à cela une intrigue secondaire autour de la quête d’identité et une évocation du processus de création de l’écrivain, des dialogues savoureux, une jolie mise en scène, des acteurs et actrices excellents, notamment le duo Jean-Paul Rouve et Guillaume Gouix, mais aussi la non moins excellente India Hair et d’autres encore... et vous obtenez une mini-série très réussie, au ton singulier, qui se regarde avec une certaine délectation.  

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Polar Park, une série de Gérald Hustache-Mathieu
avec Jean-Paul Rouve, Guillaume Gouix, India Hair
diffusé les 2 et 9 novembre sur Arte, et disponible dès à présent sur arte.tv

mardi 3 octobre 2023

Parlement (saison 3) : Toujours aussi drôle et intelligent !


La série de France Télévision sur le Parlement européen est de retour pour une saison 3, et c’est toujours aussi drôle et intelligent !

Samy et Rose sont maintenant en couple. Samy est de plus en plus à l’aise dans l’institution européenne et il est désormais conseiller politique. Rose, quant à elle, est journaliste freelance. Michel Specklin arrive au terme de son mandat de président et un député allemand lorgne sur le poste. Et Valentine Cantel est de retour, elle postule pour devenir commissaire européen. Et si c’était l’occasion, pour Samy, de viser encore un peu plus haut, avec la Commission européenne ? 

Tout en gardant une certaine dimension pédagogique en nous offrant une virée dans les coulisses du Parlement européen (et en plus cette année, de la Commission européenne), la série est avant tout une comédie, très drôle, bien rythmée, avec beaucoup d’ironie et d'autodérision, et une galerie de personnages réjouissants. La bataille pour le poste de président entre le franchouillard et inénarrable Michel Specklin, et un austère et psychorigide député allemand vaut son pesant de cacahuètes (ou plutôt de fromages…). Bien sûr qu’on est souvent dans la caricature (et tout le monde en prend pour son grade)… mais la caricature part toujours du réel ! Et la série épingle avec malice la bureaucratie européenne, sa complexité administrative, ses jeux de pouvoir, ses batailles politiques, législatives et administratives, la place des différents acteurs, politiques, fonctionnaires, lobbyistes, journalistes… On ne s’ennuie pas une seconde. 

La série parvient même à nous émouvoir, notamment vers la fin de la saison, dans la relation entre Samy et le mystérieux Eamon, fascinante éminence grise et conscience morale du Parlement. 

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Parlement, une série créée par Noé Debré
avec Xavier Lacaille, Liz Kingsman, Philippe Duquesne
3 saisons (10 épisodes chacune) disponibles sur france.tv

samedi 30 septembre 2023

L'orchestre : tragi-comédie loufoque dans un orchestre

 

Jeppe vient d’être nommé directeur adjoint de l’orchestre symphonique de Copenhague. Mais il ne connaît pas grand-chose à la musique et a du mal à s’affirmer dans son poste. Bo est deuxième clarinettiste de l’orchestre… et son seul but est de devenir premier clarinettiste. Ils vont devenir amis en trouvant en Simon, le premier clarinettiste, un ennemi commun (mais pas pour les mêmes raisons…).

L’orchestre est une série danoise comique, aux accents loufoques et caustiques, qui se déroule, et c’est son originalité, au sein d’un orchestre symphonique, une entreprise comme une autre, ou presque. Même si on entend pas mal de musique et qu’on assiste à quelques scènes de répétition ou de concert, il ne s’agit pas du tout d’une série documentaire… mais on découvre quand même un peu le fonctionnement d’un orchestre. C’est avant tout l’occasion d’une histoire tragi-comique, où l’orchestre agit comme un microcosme, théâtre de jeux de pouvoir et de batailles d’ego, de rivalités et de coups bas, de loyauté et de trahison… 

La série est construite autour de ses deux anti-héros, deux losers attachants et drôles (parfois malgré eux), incarnés par deux excellents comédiens, Rasmus Bruun et Frederik Cilius Jørgensen. Jeppe est un gentil, mais maladroit et emprunté, et Bo, un ours mal léché et frustré. Plusieurs autres personnages, assez bien caractérisés, gravitent autour d’eux, donnant l’occasion de quiproquos, de situations cocasses et de dialogues assez savoureux. La série arrive aussi à émouvoir, un peu, surtout vers la fin. Et derrière la satire, différents sujets de société affleurent, autour des rapport entre les hommes et les femmes ou des relations humaines dans le monde du travail, par exemple. 

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L'orchestre, une série de Mikkel Munch-Fals
avec Frederik Cilius Jørgensen, Rasmus Bruun
Saison 1 (10 épisodes) disponible sur france.tv 
(jusqu’au 17/11/2023)

vendredi 22 septembre 2023

Tapie : Portrait d’un bonimenteur flamboyant

 

La mini-série de Netflix sur Bernard Tapie est un portrait, sous la forme d’une fiction librement inspirée de faits réels. Un panneau explicite le dit au début de chaque épisode : “On reconnaîtra dans le parcours du héros des faits déjà connus du public. Au-delà, le rôle joué par l’entourage, les situations de vie privée et les dialogues sont fictionnels.”

Cela dit, tous les éléments du parcours de Bernard Tapie évoqués dans la série ne sont pas forcément connus. C’est le cas par exemple de la création de Coeur assistance, un service médical d’urgence cardiaque, qui fonctionnait par abonnement (!), créé par Bernard Tapie en 1974. Y compris le spot publicitaire tourné par ses soins (et dont on peut d’ailleurs découvrir un extrait dans les images d'archives qu'on voit à la fin de la série). 

Mais, au-delà des faits publics plus ou moins connus, beaucoup de choses se sont décidées dans le privé. Un documentaire aurait recueilli les témoignages des proches et de l'entourage de Bernard Tapie. Et on aurait eu leur version des faits. L’option choisie est celle de la fiction, pour imaginer les situations et les dialogues tels qu’ils auraient pu se dérouler. Et pour donner au portrait la valeur d’une parabole : décrire la trajectoire d’un homme qui part de rien et qui par sa force de caractère, son culot, sa ténacité et ses méthodes de bonimenteur s’extrait de sa condition sociale et grimpe presque tout en haut de l’échelle... puis sa trajectoire inverse, celle d’une chute qui le ramène d’une certaine façon à sa condition initiale. Le portrait est assez contrasté et fait de lui à la fois un coupable, certes, mais aussi d’une certaine façon une victime, et permet en tout cas de poser la question de la réussite. Comment la définir ? Et à quel prix la poursuivre ?

La série s’arrête en 1997, au moment de l’incarcération de Bernard Tapie, après avoir été condamné dans l’affaire de corruption de joueurs de Valenciennes. Le dernier épisode réserve d’ailleurs ce qui est sans doute la meilleure scène de toute la série : un long face-à-face dans le bureau du procureur de Valenciennes  entre Bernard Tapie et Eric de Montgolfier. La rencontre a bien eu lieu… mais la scène elle-même est fictive, ses dialogues sont inventés. Les choses ne se sont sans doute pas passées comme dans la série, même s’il y a sans doute une part de vérité… mais la scène est saisissante. Elle décrit de façon remarquable le tournant que cet épisode a représenté pour Bernard Tapie qui, jusqu’ici, arrivait toujours à se relever, malgré ses échecs, malgré ses condamnations même parfois. Là, il est vaincu, piégé presque par lui-même, face à un adversaire qui se montre plus malin que lui.

Un des points forts de la série est son casting. Laurent Lafitte est tout à fait convaincant dans le rôle de Bernard Tapie (même s’il est quand même trop âgé pour incarner le Tapie jeune des premiers épisodes...). Même si la ressemblance physique est approximative - mais pas inexistante - il arrive quand même à représenter assez bien l’image qu’on se fait du personnage. Les actrices et acteurs qui l’entourent sont aussi très bons, notamment Joséphine Japy dans la rôle de Dominique, la femme de Tapie, et Camille Chamoux dans le rôle de Nicole, la comptable puis assistante de Bernard Tapie. Tout comme David Talbot, dans son unique scène, mais très marquante, en tant qu’Eric de Montgolfier. 

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Tapie, une mini-série créée par Tristan Séguéla et Olivier Demangel
Avec Laurent Lafitte, Joséphine Japy, Camille Chamoux
7 épisodes disponibles sur Netflix

vendredi 15 septembre 2023

Fondation (saison 2) : malgré la réussite visuelle, un sentiment encore mitigé...

 

J’avais terminé la saison 1 avec un sentiment mitigé… je termine la saison 2 un peu dans le même état d’esprit. Ce n’est pas un problème que la série soit plus une relecture qu’une adaptation des romans d’origine. Ces derniers datent des années 1940-1950, il serait absurde de les adapter tels quels aujourd’hui. Alors on garde l’idée globale, avec la psychohistoire qui permet de prévoir l’avenir à grande échelle, la création d’une Fondation pour limiter le temps de chaos qui suivra la chute de l’empire, et les différents personnages principaux, mais revisités. Et puis comme il faut avoir des héros qui restent tout au long de la série, qui s’étend déjà sur 150 ans, on trouve le moyen pour certains, ici en particulier Hari Seldon et Gaal Dornick, de traverser le temps. Pourquoi pas ? Le problème, c’est que c’est parfois un peu confus voire bancal. 

Mais commençons par les points positifs, parce qu’il y en a. Tout d’abord, la qualité esthétique indéniable de la série. C’est assez somptueux, impressionnant, parfois spectaculaire. C’est sans doute la grande réussite de la série. Il y a aussi l’arc narratif qui décrit le déclin de l’Empire, avec notamment cette idée assez géniale de la dynastie génétique, en clonant l'empereur de génération en génération, et en faisant coexister un version jeune (“Aube”), mûre (“Jour”) et âgée (“Crépuscule”), Jour étant l’empereur actif, secondé par ses frères Aube et Crépuscule. C’est vraiment la meilleure idée de la série, parfaite pour évoquer la soif de pouvoir et de contrôle absolu d’un empire voué à décliner… D’autant que Lee Pace, dans le rôle de Jour, est parfait. 

Mais en s’écartant passablement du récit originel d’Asimov, la série doit s’efforcer de construire une narration qui intègre les différents personnages des romans. Et c’est parfois un peu laborieux… Le récit souffre de rebondissements pas toujours bien amenés et parfois tirés par les cheveux. L’épisode final de la saison en est un bon exemple. Le lien, inventé dans la série, entre Gaal Dornick et Salvor Hardin, qui ne m’avait pas trop convaincu dans la saison 1, ne fonctionne pas si mal finalement dans la saison 2. Ce qui fonctionne beaucoup moins, ce sont les histoires d’amour presque systématiquement ajoutées pour les différents personnages, sans grand intérêt et qui constituent un ressort trop facile pour essayer d’apporter de l’émotion. Et puis il y a le cas de Demerzel. J’avais été dérangé par le traitement du personnage dans la série par rapport aux romans dans la saison 1, je reste dubitatif dans la saison 2, même si des explications sont données en cours de saison. 

Peut-être que j’apprécierais plus la série si je ne connaissais pas les romans d’Asimov… mais je ne peux pas faire comme si je ne les avais pas lus. Et ça accentue sans doute un peu la frustration que je ressens face à la série… Avec la saison 3 arrivera le fameux personnage du Mulet, que les lecteurs des romans connaissent bien. Il sera quand même intéressant de voir comment la série le traitera. A suivre, malgré tout !

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Fondation, une série créée par David S. Goyer et Josh Friedman
avec Lou Llobell, Jared Harris, Lee Pace
2 saisons disponibles sur Apple TV+

lundi 4 septembre 2023

One Piece : le manga culte en version live action

Voici donc la mini-série en live action (avec des vrais acteurs) du manga phénomène, le plus vendu au monde, publié au Japon depuis 1997 (on en est aujourd’hui à plus de 100 volumes), et adapté en série animée depuis 1999, et comptant aujourd’hui plus de 1000 épisodes. 

Dans un monde essentiellement marin, le rêve de Monkey D. Luffy a toujours été de devenir le roi des pirates. Adolescent, il quitte son village et se lance dans sa quête du One Piece, le trésor mythique du pirate Gold Roger. Mais pour y arriver, il devra trouver un bateau et un équipage pour l’accompagner. Il devra aussi sillonner les mers, en découdre avec les nombreux pirates rivaux et échapper à la Marine qui va le pourchasser. Animé par son rêve, armé de son optimisme à toute épreuve et de ses pouvoirs d’homme élastique qu’il a acquis après avoir mangé un fruit aux vertus magiques, il est persuadé de réussir dans sa quête. 

Je connaissais vaguement l’univers de One Piece, avec ses pirates et ses personnages assez déjantés, mais je n’ai jamais lu les mangas et je n’ai vu que quelques extraits de la série animée. La série Netflix était l’occasion pour moi de vraiment découvrir cet univers si particulier, que j’ai abordé avec un regard innocent. Je suis bien évidemment incapable de dire si la série en live action est fidèle ou non aux originaux, si elle rend justice ou non à l’univers foisonnant du manga… mais j’ai pris beaucoup de plaisir à regarder la mini-série. C’est inventif, plein d’humour, d’action mais aussi d’émotion, avec des personnages réjouissants et hauts en couleurs. La réalisation est efficace, les décors, les costumes, les effets spéciaux fonctionnent bien, le casting, avec beaucoup d’inconnus, se révèle bon. Peut-être aurait-on pu espérer que la série se lâche un peu plus dans une folie douce encore plus assumée, et il faut aussi reconnaître qu’il y a quand même un petit ventre mou au milieu de la saison. Mais c'est trop peu de choses, finalement, pour ternir le plaisir procuré par une série qui est une jolie réussite, et qui donne envie de connaître la suite (et d’en découvrir plus sur ce monde étonnant). 

L’histoire valorise le courage, le dépassement de soi, la force de l’équipe et de l’amitié. Mais l’univers de One Piece est riche et on perçoit bien, en sous-texte, des thèmes tels que l’esclavagisme, le racisme, la corruption du pouvoir, et que bien d’autres pourraient être développés. En tout cas, la matière ne manque pas pour alimenter une saison 2 qu'on attendra avec plaisir ! 

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One Piece, une mini-série de Steven Maeda et Matt Owens
avec Iñaki Godoy, Mackenyu, Emily Rudd
8 épisodes disponibles sur Netflix

samedi 19 août 2023

The Bear (saison 2) : on remet le couvert et c'est encore meilleur !

 

Après une première saison alléchante, The Bear est de retour et c’est une réussite totale. J’avais beaucoup aimé la saison 1, j’ai adoré la saison 2 qui fait peut-être encore mieux ! 

Dans cette nouvelle saison, Carmen et son équipe doivent pratiquement repartir de zéro et se lancent dans un véritable contre-la-montre pour arriver à ouvrir leur restaurant à temps. Pendant que Natalie, sa soeur, supervise les démarches administratives et que les travaux de rénovation se réalisent tant bien que mal, Carmen et Sydney créent les plats pour le menu et les autres sont envoyés en stage dans différents grands établissements. Chaque personnage est pris en compte, on en découvre de nouvelles facettes et on les voit évoluer. 

La série est à la fois drôle et touchante, avec même un certain côté feel good qui fonctionne à merveille, une remarquable maîtrise du rythme, tantôt nerveux et stressant, tantôt paisible et intimiste. Tout en parlant de façon réaliste de cuisine et de gastronomie (et on salive devant certains plats !), le récit permet d’aborder de nombreux thèmes autour de la famille, la solidarité, le travail, la réussite, les passions, la découverte de soi, la rédemption… 

Le casting est toujours au top. On est ému avec leurs personnages quand ils font face à leurs doutes et leurs interrogations, on est stressé avec eux au moment du coup de feu dans les cuisines ou en salle, et on s’attache... 

La série s’offre même cette saison quelques guests prestigieux, comme Will Poulter et Olivia Colman pour deux jolis caméos. Et puis il y a l’épisode 6… hallucinant, qui dure une heure et qui est absolument fou : un flashback de quelques années, pour une fête de Noël en famille (dysfonctionnelle) chez les Berzatto. 60 minutes d’anthologie, avec plusieurs guests, dont une Jamie Lee Curtis géniale dans le rôle de la maman complètement barge, mais aussi Bob Odenkirk, Gillian Jacobs ou Sarah Paulson, et bien-sûr John Bernthal dans le rôle de Mike, le frère disparu. C’est bruyant, drôle, violent, oppressant, émouvant… et filmé de façon virtuose. Du grand art ! D’autant que c’est un épisode qui, finalement, en dit pas mal sur Carmen et sa soeur Natalie. Et on comprend mieux pourquoi Carmen a tellement à coeur de relancer le restaurant, de former comme une nouvelle famille autour de lui… et que sa soeur Natalie soit aussi de la partie !  

On a juste le temps de se remettre de ses émotions avant un dernier épisode épique, qui nous fait passer par toutes les émotions, et nous laisse dans l’attente de la suite. Car oui, il faut qu’il y ait une saison 3 (au moins) et on en a déjà l’eau à la bouche ! 

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The Bear (saison 2), une série de Christopher Storer
avec Jeremy Allen White, Ebon Moss-Bachrach, Ayo Edebiri
10 épisodes disponibles sur Disney+

mardi 15 août 2023

PainKiller : plongée glaçante dans le cynisme d'une société pharmaceutique


Depuis les années 1990, des lobbys pharmaceutiques ont poussé les médecins généralistes aux USA à prescrire très largement à leur patient des antidouleurs à base de dérivés d’opiacés. C’est le cas en particulier de l’OxyContin, développé par Purdue Pharma, et qui était présenté comme un antidouleur ne provoquant pratiquement aucune dépendance. Sauf que c’était un mensonge… et que sa vente massive a provoqué une vague d’addiction et de morts par overdose. 

Si vous avez déjà vu Dopesick, l’excellente mini-série sortie sur Disney+ sur le même sujet, en 2021, vous ne serez pas surpris par PainKiller. Mais l’approche est un peu différente cette fois, avec un ton franchement caustique et une mise en scène de Peter Berg nerveuse et même parfois assez frénétique, un peu à la manière d’Adam McKay, pour une plongée glaçante dans le cynisme de Purdue Pharma et son PDG. Avant chaque épisode, une mère et/ou un père, face caméra, rappelle que le programme est basé sur des faits réels, même si certains personnages sont fictifs ou certains éléments romancés pour les besoins de l’intrigue. Mais ce qui n’est pas romancé, c’est la mort, à cause de l’OxyContin, de leur fils ou leur fille dont ils montrent la photo. Si ces témoignages ont le mérite de rappeler que ce qui nous est raconté s’est bel et bien passé, aussi incroyable que cela puisse paraître, le procédé, systématique, est quand même un peu appuyé… 

Le récit est basé sur le témoignage du personnage principal, une enquêtrice au bureau d'un procureur qui a enquêté sur l’OxyContin après avoir été interpellée, un peu par hasard, par la quantité impressionnante de prescriptions qu’en faisait un médecin, pensant d’abord à une fraude. Trois fils narratifs s’entremêlent : une jeune femme qui veut gravir les échelons et amasser un max d’oseille en étant VRP de l’OxyContin auprès des médecins, un père de famille à qui est prescrit de l’OxyContin à la suite d’un accident de travail et qui va devenir accro, et enfin Richard Sackler (incarné par un Matthew Broderick glaçant), le PDG de Perdue Pharma, dont le seul but est de vendre le plus possible de pilulles de son médicament, par tous les moyens, au prix d’études bidons, de publicités mensongères, et de manipulations diverses. Ce qui, il faut bien le dire, est d’un cynisme absolu et révoltant, quand on sait que l’OxyContin serait à l’origine de plus de 300 000 morts par overdose.  

Dopesick était sans doute plus sobre, plus posé et centré plutôt sur les victimes, PainKiller est plus corrosif et subjectif, et plutôt centré sur Richard Sackler, présenté comme obsédé par la figure de son oncle, son modèle auquel il a succédé à la tête de l’entreprise familiale, et avec le fantôme duquel il “dialogue” tout au long de la série. On peut préférer l’une ou l’autre approche (j’aurais sans doute une petite préférence pour Dopesick…), mais elles se complètent, pour dénoncer un scandale sanitaire terrible, et aussi plus largement les failles du système, notamment médical, judiciaire et politique, les effets délétères d’un capitalisme sauvage, le pouvoir destructeur de l’argent et de l’appât du gain. 

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PainKiller, une mini-série de Noah Harpster et Micah Fitzerman-Blue
avec Matthew Broderick, Uzo Aduba, Taylor Kitsch
6 épisodes disponibles sur Netflix

dimanche 23 juillet 2023

Inside No. 9 (saisons 7 et 8) : Toujours un régal à l'humour très noir

 
Les saisons 7 et 8 de l’excellente série britannique Inside No. 9 sont disponibles depuis quelques jours sur www.arte.tv. Et c’est encore une fois à ne pas manquer ! Le risque des séries d’anthologie, avec des épisodes indépendants les uns des autres, c’est de ne plus savoir se renouveler. C’est le cas, par exemple, de Black Mirror, dont les deux dernières saisons sont très décevantes. Mais Inside No. 9, c’est toujours aussi bon ! 

On retrouve dans ces deux nouvelles saisons les mêmes ingrédients redoutablement efficaces : des épisodes de 30 minutes, avec pour seul point commun le fait que l’action se déroule toujours au numéro 9. Les histoires racontées sont souvent caustiques, délicieusement saupoudrés d’humour (très) noir, et toujours avec une chute surprenante, inattendue, drôle, cynique ou terrible (et même parfois un mélange de tout cela). Les deux scénaristes de la série, Reece Shearsmith et Steve Pemberton, sont aussi toujours les deux acteurs principaux de chaque épisode (à part, et c’est la première fois je crois, pour un épisode de la saison 8). La série propose un mélange des genres étonnant, de la comédie au drame, en passant par l’horreur ou le mystère… parfois au sein d’un même épisode. Il n’est pas rare qu’un récit nous émeuve avant de nous terrifier, ou nous fait rire avant de nous glacer, à la suite d’un retournement de situation inattendu. 

Certaines histoires font référence à des questions contemporaines, comme “Monsieur Leroy” (saison 7, épisode 2), où un nouveau maître d’école doit faire face à une classe vraiment très concernée par les questions liées à l’écologie, ou “L’amour cet inconnu” (saison 8, épisode 4) autour des sites de rencontre en ligne. D’autres abordent des thématiques lourdes et intimes comme dans “Pas fou-fou le hibou” (saison 7, épisode 6) sur les lourds passifs familiaux ou “Le dernier week-end” (saison 8, épisode 6) autour du deuil (entre autres). Toutes méritent d'être découvertes, comme l'étonnant épisode "Les reliques de Saint-Nicolas" (saison 8, épisode 1) ou le très drôle “Paraskévidékatriaphobie” (saison 8, épisode 3) qui raconte la journée d’un homme superstitieux, un vendredi 13. On est presque toujours surpris par le dénouement de l’histoire, qui n’est jamais celui auquel on s’attend. 

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Inside No. 9, une série créée par Reece Shearsmith et Steve Pemberton
avec Reece Shearsmith et Steve Pemberton
Saisons 7 et 8 disponibles sur www.arte.tv 

jeudi 13 juillet 2023

Platonic : une série légère et drôle sur l'amitié et la crise de la quarantaine

 

Sylvia et Will étaient les meilleurs amis du monde. Mais ça, c’était il y a vingt ans. Depuis, ils se sont perdus de vue. Aujourd’hui Sylvia est mariée, mère de trois enfants et elle a interrompu sa carrière d’avocate pour les élever. Will, quant à lui, vient juste de divorcer et a ouvert son propre bar à bières. Sylvia, apprenant le divorce de Will, décide de reprendre contact avec lui. Très vite, leur complicité repart de plus belle ! 

Comme son titre l'indique, la problématique centrale de la série tourne autour de l’amitié et plus précisément cette question : est-il possible pour un homme et une femme d’être les meilleurs amis du monde, d’être très proches l’un de l’autre et complices, tout en gardant une relation strictement platonique ? Car leur amitié retrouvée va interpeller un peu leur entourage, à commencer par Charlie, le mari “parfait” de Sylvia. Mais la série est aussi l’occasion d’évoquer la crise de la quarantaine et ses remises en questions personnelles, professionnelles, de couple, etc. 

Cela dit, Platonic est bien une série de comédie, légère et drôle, sans prise de tête, portée par un duo qui fait des étincelles : Rose Byrne et Seth Rogen, amis dans la vraie vie. Ils sont tous les deux parfaits et très drôles, elle en mère de famille frustrée et lui en ado attardés qui, ensemble, font les 400 coups et redeviennent des vrais gamins. Autour d’eux gravitent toute une série de personnages, avec une mention particulière pour Charlie, le mari toujours conciliant (enfin, jusqu'à un certain point), incarné par Luke MacFarlane.

Platonic est une série vraiment réjouissante, bien écrite, qui parle avec légèreté, mais non sans pertinence, de l’amitié, du couple, de la réussite… et de l’importance de rester, au moins un peu, des enfants. 

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Platonic, une série créée par Nicholas Stoller et Francesca Delbanco
avec Rose Byrne, Seth Rogen, Luke MacFarlane
10 épisodes de 30 minutes environ, disponibles sur Apple TV+

vendredi 30 juin 2023

Silo : une dystopie SF efficace

Dans un futur indéterminé, la Terre a été dévastée et l’air y est devenu toxique. Quelques milliers d'êtres humains survivants vivent cloîtrés dans un immense silo de 144 étages qui s'enfonce dans le sol, avec un unique escalier central. Tout est minutieusement organisé et contrôlé. Une hiérarchie sociale s'est mise en place, depuis les classes dominantes, au plus près de la surface, jusqu'aux machinistes, tout au fond du silo. Tout est contrôlé, les naissances, les communications, les sujets qu'il est permis d'évoquer ou non, à commencer par la dernière grande insurrection… Les citoyens qui enfreignent les règles sont envoyés en dehors du silo, condamnés à y trouver la mort à cause de l’air toxique. Mais la version officielle est-elle vraiment conforme à la réalité ?

Silo est l’adaptation du roman éponyme, un best-seller de Hugh Howey. Deux autres romans ont d’ailleurs été publiés par la suite, le deuxième est un préquel et le troisième se déroule après les événements du premier roman. Comme une saison 2 est déjà annoncée, je ne sais pas de quel roman la suite s’inspirera. En tout cas, d’après mes souvenirs de lecture, la série reste très proche du roman d’origine. 

Visuellement, la série est tout à fait réussie, parvenant à créer de façon convaincante l’univers claustrophobe du silo. Les différents personnages du roman sont bien transcrits, avec un casting impeccable. L'histoire est assez classique, mais efficace, et développe des thèmes sociaux et politiques dans une dystopie post-apocalyptique en milieu confiné : résistance ou soumission, lutte de classes, histoire et révisionnisme, désinformation, liberté et responsabilité, individuelle et collective… Des thèmes qui ne sont pas sans écho aujourd’hui ! Tout cela est bien mené à l’écran, jusqu’à un épisode final qui réserve son lot de surprises et ouvre sur la suite. 

Sans être d’une originalité folle, Silo est vraiment une bonne série SF, visuellement réussie et prenante. On se réjouit qu'une saison 2 se profile à l'horizon. 

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Silo, une série de Graham Yost
avec Rebecca Ferguson, Common, Tim Robbins
10 épisodes disponibles sur Apple TV+

dimanche 25 juin 2023

Countrymen : une série gonflée, explosive et loufoque

 

Trois islamiste s’installent dans une ferme perdue en Norvège pour fabriquer une bombe. Mais tout ne va pas se passer comme prévu : ils devront d’abord faire avec un ami d’enfance de l’un d’entre eux, accompagné de sa fille, et qui se planque à la ferme, et ils vont aussi devoir gérer la curiosité des autochtones. Sans compter qu’ils vont se retrouver avec un troupeau de chèvres et se mettre à faire du fromage… halal. 

Countrymen est une série assez gonflée, qui choisit, en suivant une bande de bras cassés embarqués dans une entreprise terroriste, de traiter de questions explosives sur le ton de l’humour, un humour grinçant et corrosif. En effet, la série aborde, en vrac, les questions du terrorisme, de l’islamisme, du racisme, du communautarisme… le tout avec un ton burlesque des plus réjouissants. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas matière à réflexion sérieuse !

Le pitch de la série est vraiment intriguant, et on se demande un peu, au début, si ça va fonctionner. J’avoue que je suis entré dans la série avec un peu de circonspection. Mais bien vite j’ai été séduit par l’approche originale, l’humour et le culot d’un scénario et de dialogues sur le fil du rasoir. Les acteurs sont excellents, les personnages savoureux, le scénario rythmé et plein de rebondissements. A noter, une idée de mise en scène très amusante et efficace : filmer face caméra les acteurs qui, en quelques secondes, en aparté, expriment leur état d’âme dans telle ou telle situation. 

Une série vraiment originale, à découvrir. Mais dépêchez-vous : elle n’est disponible que quelques jours encore sur arte.tv ! 

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Countrymen, une série de Izer Aliu et Anne Bjornstad
avec Nader Khademi, Ayaz Hussain, Jonas Strand Gravli
8 épisodes disponibles sur arte.tv

jeudi 1 juin 2023

Ted Lasso : la série feel-good optimiste et bienveillante

 

Ted Lasso, c’est fini ! La troisième et dernière saison vient de se terminer sur Apple TV+. Le pitch de la série, pour ceux qui ne la connaîtraient pas, est le suivant. Rebecca Welton, nouvelle propriétaire du club de football AFC Richmond, en Angleterre, fait venir des USA Ted Lasso, un coach de football américain qui ne connaît absolument rien au football, pour le recruter comme nouvel entraîneur du club. En réalité, Rebecca veut se venger de son ex-mari, ancien propriétaire du club. Ted Lasso, qui a emmené avec lui son adjoint, le coach Beard, va tenter de se faire accepter - et de comprendre le football - par son optimisme sans faille, sa bonne humeur… et quelques biscuits faits maison. 

Ted Lasso est l’exemple même d’une série feel-good, bienveillante et positive. C’est un peu un gros gâteau plein de crème qui pourrait être trop sucré et écœurant si les personnages n’étaient pas aussi attachants et si l’histoire n’était pas aussi généreusement saupoudré d’humour et d’autodérision réjouissante. 

Ne cherchons pas, évidemment, une évocation réaliste du monde du football, même s’il y a de nombreux clins d'œil et des références bien vues (et aussi quelques caméos de taille, surtout dans la saison 3 !) C’est avant tout une comédie, avec des personnages hauts en couleur, des dialogues et des situations qui font mouche, et puis un ton général optimiste et bienveillant qui, finalement, fait du bien. 

Cela dit, il ne faut pas se mentir, la saison 3 a un peu de mal à démarrer. Est-ce lié à la durée plus longue des épisodes (de 30 minutes dans les saisons 1 et 2, on passe à 45 minutes puis une heure voire plus) et la difficulté à trouver un nouveau rythme adapté, toujours est-il que les premiers épisodes déçoivent un peu et sont clairement en dessous des deux premières saisons. Mais l’épisode 6, où l’équipe se déplace à Amsterdam pour un match amical, marque un tournant, autant pour l’équipe de Richmond que pour la série elle-même. Elle a enfin trouvé son rythme de croisière et la deuxième partie de la saison retrouve ce qu’on aime dans Ted Lasso, jusqu’à un dernier épisode plein d’émotion pour dire au revoir à tous les personnages de la série. 

Il n’y aura pas de saison 4 et c’est très bien comme ça. L’histoire est arrivée à son terme, de façon convaincante, et la série ne fera donc pas l’erreur de la saison de trop. Elle s’arrête à temps, alors que notre sympathie est intacte pour Ted et ses amis. 

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Ted Lasso, une série créée par Bill Lawrence et Jason Sudeikis
avec Jason Sudeikis, Hannah Waddingham, Brett Goldstein
3 saisons disponibles sur Apple TV+

lundi 22 mai 2023

The Big Door Prize : le potentiel de votre vie... ou pas !


Deerfield est une petite ville tranquille, au fin fond des USA. Un jour, dans une épicerie en ville, apparaît une mystérieuse cabine sur laquelle est dessinée un papillon bleu et inscrit un simple vocable énigmatique : Morpho. En y pénétrant, on se retrouve devant un écran avec cette question : “voulez-vous découvrir votre potentiel de vie ?” Si on suit les instructions qui s’affiche, la machine délivre une carte sur laquelle est inscrite, en un ou deux mots, le potentiel de vie de la personne. 

Evidemment, chacun s’efforce de décrypter le sens des mots figurant sur leur carte. Pour certains c’est une évidence, pour d’autres un mystère insoluble. Certains exhibent leur carte, d’autres la cachent, d’autres enfin refusent tout simplement d’utiliser la machine. Petit à petit, l’effervescence gagne la petite ville, certains habitants se remettent en cause et font des choix de vie radicaux, d’autres résistent et ne veulent pas se laisser influencer par un mot délivré par une machine… 

La saison 1, qui vient de se terminer sur Apple TV+ avec un dernier épisode qui ouvre sur une saison 2 déjà prévue, est constituée de dix épisodes d’une trentaine de minutes. Série chorale, chaque épisode est centré sur un des habitants de la ville, ce qui permet souvent de lever le voile sur une partie de leur passé ou sur leurs relations avec d’autres habitants de la ville. 

Légère et assez ludique, avec ce qu’il faut de petites touches d’émotion, la série se situe entre la comédie sociale et la fable philosophique, avec une pointe de fantastique. La forme est, certes, assez classique mais la série revêt un charme certain, tout en touchant finalement à de grandes questions existentielles autour du sens de la vie et du libre-arbitre. 

Emmené par l’excellent Chris O’Dowd, dans un rôle qui lui va comme un gant, le casting est de bonne qualité et la galerie de personnages tout à fait réjouissante. 

Une jolie réussite pour une série très plaisante à regarder, pour se divertir sans s'interdire de réfléchir un peu ! 

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The Big Door Prize, une série créée par David West Read
avec Chris O'Dowd, Gabrielle Dennis, Djouliet Amara
10 épisodes sur Apple TV+

lundi 15 mai 2023

State of the Union : thérapies de couples

 

Chaque semaine, un couple en crise se retrouve quelques minutes avant de se rendre à leur session de thérapie de couple et ils discutent. Dans la saison 1, c’est Louise et Tom, deux quadragénaires, qui se retrouvent dans un pub. Dans la saison 2, c’est Ellen et Scott, la soixantaine, qui se retrouvent dans un café branché du Connecticut. 

La série se présente sous un format court original (10 épisodes de 10 minutes environ), avec un dispositif assez minimaliste. Dans la saison 1, il y a quelques personnages secondaires qui apparaissent, toujours très courtement. Dans la saison 2, un troisième personnage intervient plus régulièrement. L'essentiel du récit repose donc sur les dialogues, d'ailleurs très bien écrits, du couple. Tous les épisodes sont réalisés par Stephen Frears, avec d'excellents acteurs. Autant dire qu'on n'hésite pas à enchaîner les dix épisode d'une saison qui se regarde en une petite soirée à peine ! 

Il y a un côté ludique à reconstituer, d’un épisode à l’autre, ce qui a pu se passer au cours de la semaine écoulée et qui se révèle, parfois explicitement, parfois implicitement, dans les dialogues du couple. On se prend au jeu de savoir comment leur histoire va se terminer, en voyant l’évolution des personnages et de leur relation. Les dialogues sont très finement écrits, drôles, parfois touchants. Et ils font souvent mouche pour évoquer les questions et les défis qui se posent aux couples pour durer. 

State of the Union est une sorte de complément, plus léger mais pas moins fin, d’En thérapie, cette fois sans jamais assister aux séances elles-mêmes. Excellent ! 

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State of the Union, une série créée par Nick Hornby
avec Rosamund Pike, Chris O'Dowd, Patricia Clarkson, Brendan Gleeson
2 saisons de 10 épisodes, disponible sur Arte.tv 

mardi 2 mai 2023

Acharnés : vengeance, mesquineries et crise existentielle

Devant un magasin de bricolage, Danny recule pour sortir du parking alors qu’Amy passe juste derrière lui en voiture. L’accident est évité de peu mais les deux conducteurs s’invectivent et Amy finit par faire un doigt d’honneur. Une course poursuite s’engage alors entre les deux conducteurs en fureur, qui se termine miraculeusement sans gravité. Mais cet épisode transforme ces deux inconnus en véritables ennemis et les conduit à une escalade de vengeance l’un envers l’autre. 

Acharnés est une comédie noire qui parvient de façon assez surprenante à mêler le ton de la farce à l’émotion, avec une bonne dose d’introspection. C’est caustique, cru, parfois violent, souvent imprévisible… et ça dit finalement pas mal de choses sur notre époque, notamment du stress et du mal-être qu’elle provoque. 

Les premiers épisodes sont assez trépidents, décrivant l’absurde et inquiétant effet boule de neige d’une spirale bête et méchante de vengeance. Le rythme change avec les épisodes du milieu, qui permettent de mieux connaître les personnages, de comprendre leurs fragilités et pourquoi ils se retrouvent, soudain, les nerfs à vif. Les deux derniers épisodes offrent une conclusion convaincante, d’abord en décrivant jusqu’où peut conduire une spirale de vengeance, ensuite en proposant un dénouement finalement assez surprenant et plein d’émotion. Tout n’est pas parfait dans la série, notamment dans les épisodes du milieu, moins convaincants, mais son ton original et son récit assez imprévisible emportent l'adhésion. 

Il faut aussi souligner la performance des deux acteurs principaux : Steven Yeun, qu’on connaît depuis son personnage de Glenn dans The Walking Dead, et surtout Ali Wong, que je ne connaissais pas et qui crève le petit écran. 

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Acharnés, une série créée par Lee Sung-Jin
avec Steven Yeun, Ali Wong, Patti Yasutake
10 épisodes disponibles sur Netflix