lundi 26 mai 2014

X-Men : Days of Future Past. Synthèse convaincante de deux générations de X-Men.

Le retour de Bryan Singer aux manettes d'un X-Men, c'est quand même un petit événement. Il avait réalisé les deux premiers X-Men, les meilleurs de la première série, avant que l'intérêt cinématographique retombe. Days of Future Past bénéficie du coup de jeune apporté par le précédent opus (X-Men : Le Commencement) tout en permettant de retrouver plusieurs acteurs de la première trilogie. Et on ne boude pas son plaisir de voir réunis les deux générations de X-Men, même si la nouvelle génération (plus Wolverine !), se gardent la part du lion. Patrick Steward en Professeur X et Ian McKellen en Magneto, ça le fait quand même toujours ! Même si James McAvoy et Michael Fassbender sont très bons... 

Days of Future Past est sans doute l'opus le plus sombre de la série. La vision post-apocalyptique du début du film rappellent les camps de concentration (référence centrale dans X-Men : Le Commencement) et marque l'échec de la cohabitation entre les mutants et les non-mutants. C'est le thème central de la franchise... Dans le futur, le Professeur X et Magneto sont enfin réunis, mais trop tard... Le seul espoir est de retourner dans le passé pour changer le cours de l'histoire. 

Dans l'ensemble, le scénario tient la route. Il ménage quelques scènes d'actions spectaculaires (quand Magneto déplace un stade de baseball entier !), avec de très bons effets spéciaux, un peu d'humour bienvenu, des références aux précédents films pour les fans et une façon amusante de revisiter l'histoire à la sauce X-Men (avec, évidemment, la guerre du Vietnam et l'assassinat de JFK...). 

Le thème, classique en SF, du voyage dans le temps est traité de façon cohérente, avec en son centre la question de savoir si l'histoire est immuable, si nous sommes soumis à un destin que nous ne pouvons changer ou si nos choix peuvent modifier le cours de l'histoire. Evidemment, dans un film de SF, on peut revenir en arrière... mais ce n'est pas pour autant facile de changer le cours des événements ! 

Bref, Days of Future Past est un blockbuster plutôt intelligent, sans doute un des meilleurs de la franchise X-Men En attendant la suite (un conseil : restez jusqu'à la tout fin du générique...) !

lundi 19 mai 2014

Godzilla : un kiff de malade !

En allant voir le dernier Godzilla, je m'attendais à en avoir plein les yeux. Eh bien, c'est réussi. Et même au-delà de ce que j'espérais.

L'histoire de base de Godzilla, on la connaît. Un monstre géant dévastateur surgit des profondeurs et sème la terreur. Il tire sa force de l'énergie nucléaire... Mais ici, tout n'apparaît pas de façon aussi ridicule que dans la version de Roland Emmerich il y a quelques années. Le scénario est franchement bien foutu, il réserve plusieurs surprises (vous verrez que des personnages inattendus meurent... et parfois assez rapidement dans le film !) et permet même quelques prolongements dans la réflexion. Il faut dire que Gareth Edwards, le réalisateur, avait déjà prouvé avec son précédent film, Monsters, qu'il pouvait proposer des films de monstres différents et intelligents !

Dès le générique de début, le ton est donné : des images en noir et blanc, vraies et fausses images se mélangent habilement pour créer un sentiment de suspicion : on nous a caché la vérité ! Les monstres sont énoooormes et terrifiants. Vraiment. Peut-être encore plus que dans Pacific Rim. Les effets spéciaux sont spectaculaires. Plusieurs scènes sont à couper le souffle (sur le pont de chemin de fer ou lors de l'opération commando où les soldats sont parachuté en pleine bataille des monstres).

Et puis on retrouve les incontournables des films catastrophes : les familles déchirées, les enfants en danger et à la merci des monstres, des héros prêts à se sacrifier. Tout est bon pour générer la tension, par exemple en suggérant sans montrer (à la façon de Spielberg : on lit sur le visage d'un personnage sa réaction à ce qu'il voit avant de voir ce qu'il voit)... Le tout avec des références aux traumatismes issus de l'histoire récente : le 11 septembre, le tsunami en Thaïlande, Fukushima (et Hiroshima)...

Sans faire de Godzilla un film métaphysique (malgré l'usage du fameux Requiem de Ligetti utilisé par Kubrick dans 2001 : l'odyssée de l'espace), soulignons tout de même qu'il soulève plusieurs questions intéressantes et suscite la réflexion. A commencer par la place de l'homme dans la nature (comme Kubrick soulevait celle de la place de l'homme dans l'univers), avec cette réplique d'un des peronnages centraux du film : "L’arrogance de l’homme c’est de penser qu’il maîtrise la nature... alors que c’est l’inverse qui est vrai." Peut-être un bon sujet pour le bac de philo ! Et il faut avouer que dans le film, non seulement les entreprises des hommes sont vouées à l'échec mais en plus elles ne font qu'empirer la situation...

Bon, maintenant il faudra que Gareth Edwards change de registre et fasse autre chose qu'un film de monstre. Mais son Godzilla confirme avec brio, après Monsters, son talent et sa capacité à revisiter le genre. J'attends avec intérêt son prochain film. Et un dernier petit point : Alexandre Desplat fait vraiment de la bonne musique de film !

Bref, courez voir Godzilla. LE blockbuster de l'année jusqu'ici, extrêmement spectaculaire et pas bête du tout. Je vous le dis : ce film, c'est un kiff de malade !

lundi 5 mai 2014

Joe : un drame âpre et violent

On ne connaît pas le passé de Joe (on en apprend juste quelques bribes au cours du film, notamment qu'il a fait un peu de prison) mais on perçoit bien qu'il a été pas mal amoché par la vie. Gary est un ado qui doit assumer seul sa famille : son père est alcoolique et violent, sa mère est une vraie loque et sa soeur complètement effacée, sans doute brisée par un événement qu'on ne connaît pas. Une amitié va se nouer entre les deux, un peu comme une relation père-fils de substitution.

Le film montre le caractère inexorable de la violence dans un monde sans pitié. Joe va essayer de protéger Gary et l'empêcher de tomber dans une spirale de vengeance, lui qui tente sans cesse de contenir sa propre violence. Mais pourra-t-il le faire sans y sacrifier sa vie ?

Dès le début, on sait que ça va mal se finir... et pourtant, les dernières images, très belles, laissent poindre un espoir. [SPOILER] Au début du film, avec son premier job, Gary détruit une forêt, en empoisonnant les arbres. A la fin, avec son dernier job, il plante de jeunes arbres. Symbole d'espoir d'un nouveau commencement ? [/SPOILER]

Le film est porté par un duo d'acteurs exceptionnels. Nicolas Cage donne une incroyable profondeur à Joe et parvient à exprimer toute la violence contenue du personnage. Quant au jeune Tye Sheridan (déjà remarqué dans Tree of Life et surtout Mud), il est vraiment étonnant de justesse !

Joe est donc un film noir, âpre et violent (certaines scènes sont à peine soutenables). Un portrait sans concession d'une Amérique profonde violente et sans pitié. Un film qui interroge : comment se préserver de cette violence ? Et comment échapper à celle qui est héritée de sa famille, ou celle qui nous entoure et nous oppresse ?