vendredi 29 octobre 2021

Mr Robot : labyrinthique et paranoïaque, une série bien plus profonde qu’elle n’y paraît au premier abord

 

Elliot est ingénieur en cyber-sécurité le jour et un redoutable hacker la nuit. Asocial, il souffre d’un trouble du comportement qui lui fait croire qu’il ne peut vraiment rencontrer les gens qu’en les hackant... Un jour, un homme appelé Mr Robot le contacte pour le recruter dans un mystérieux groupe secret qui a pour but de faire tomber l’entreprise multinationale dont il est sensé assurer la protection. 

La série est sortie en 2015 et s’est terminée en 2019. Elle a été ajoutée récemment au catalogue Netflix (elle est aussi disponible sur Amazon Prime Video) et j’en ai donc profité pour combler une lacune (je me demande bien comment j’avais pu rater sa diffusion sur France 2…).  Mr Robot est une série passionnante, au récit labyrinthique et paranoïaque, autour d’un génie de l’informatique handicapé par un trouble social sévère, un cyber-justicier qui veut sauver le monde d’un capitalisme inhumain et profondément injuste en faisant chuter les puissants qui le dominent. Du moins, c'est ce que laisse entendre la première saison qui se conclut par un twist inattendu. 

Mr Robot est une série qui est bien plus que ce qu’elle semble être au premier abord. Plus profonde et complexe. Je me garderai bien de dévoiler le moindre spoiler évidemment… mais, si vous ne l’avez pas encore vue, sachez que vous êtes loin d’imaginer jusqu’où l’histoire va vous mener lorsque vous commencez la série, et même lorsque vous arrivez à la fin de la première saison. Certes, on est parfois un peu perdu (c’est voulu !). Bien-sûr, il y a quelques coups de mous avec des épisodes moins réussis... mais d’autres qui sont formidables, originaux, parfois d’une virtuosité impressionnante, grâce au showrunner Sam Esmail. 

Ça vaut vraiment la peine de persévérer et d’aller jusqu’au bout ! Car Mr Robot est une série qui, en 4 saisons et 45 épisodes de moins d’une heure propose un voyage fascinant, déstabilisant et de plus en plus vertigineux. Et c’est une série qui a une fin, une vraie ! C’est même probablement une des meilleures fins que je connaisse pour une série, avec une ultime révélation lumineuse, un final où l’émotion est palpable. 

Les thématiques abordées par la série sont multiples. Elle parle, entre autre, de liberté et d’asservissement, de démocratie et de capitalisme, du pouvoir de l’argent, de la capacité ou non à changer le monde, mais elle aborde aussi, et peut-être surtout, des thématiques intimes autour de l’identité, de la normalité, des traumatismes de l’enfance, elle parle de la solitude, de la folie, du rapport à la réalité… C’est très riche !

Et puis il y a Rami Malek, génial dans le rôle d’Elliot, ce personnage si complexe. Autour de lui, le casting est aussi remarquable, avec une mention spéciale pour Carly Chaikin (dont je ne vous dirai rien pour ne pas divulgâcher…). 

Bref : une série à voir absolument !

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Mr Robot, une série créée par Sam Esmail
4 saisons (45 épisodes de moins d'une heure), disponibles sur Netflix et Amazon Prime Video


samedi 16 octobre 2021

Squid Game : une série caustique et dérangeante qui mérite d’être vue

Surendetté, Gi-hun vit au crochet de sa mère. Un jour il est contacté par un homme, qui lui propose de jouer un jeu pour gagner facilement de l’argent. Il lui remet une carte avec un numéro de téléphone. Il est alors emmené dans un endroit secret où il se retrouve avec des centaines d’autres personnes, chacun s’étant vu attribuer un numéro. Ils sont encadrés par des hommes armés, habillés tout en rouge et masqués, avec un symbole inscrit dessus (rond, triangle ou carré). Le premier jeu qu’on leur propose est un jeu d’enfants : 1, 2, 3 soleil. Mais les participants se rendent vite compte qu’être éliminé du jeu signifie être immédiatement abattu ! 

Squid Game, c’est LA série phénomène du moment ! Elle serait déjà la série Netflix la plus regardée de tous les temps et elle ne cesse de faire parler d’elle. 

Le pitch est simple et redoutablement efficace : des hommes et des femmes, de tous âges et de toutes conditions sociales, ayant tous en commun d’être surendettés, se retrouvent dans un endroit secret pour jouer à un jeu qui leur donne une chance de s’en sortir. Mais c’est un jeu très dangereux où on risque à tout moment d’y laisser sa peau. 

Squid Game, c’est une fable sociale à la coréenne, c’est-à-dire très caustique et violente. C’est même un véritable jeu de massacre sanglant. Mais le message est clairement politique et social, c'est une critique de nos sociétés compétitives et impitoyables, où l’argent corrompt toutes les relations. 

En transposant le monde l’enfance avec ses jeux dans un monde d’adultes où chacun veut sauver sa peau, le jeu révèle les parts d’ombre du coeur humain. Chacun joue sa vie, littéralement, en jouant à 1, 2, 3 soleil ou aux billes ! Alors des alliances se créent ou se défont, on complote, on magouille, on profite de la faiblesse des autres ou on profite du système… On se rend compte qu’on est plus fort en s’unissant et s’entraidant… mais les organisateurs s’arrangent pour que ces alliances ne durent pas. A cet égard, le formidable épisode 6, sans doute le meilleur de la série (celui avec le jeu de billes) est aussi le plus terrible ! Jusqu’où est-on prêt à aller pour sauver sa peau ? La vie n’est-elle finalement qu’un jeu cruel et dangereux ? 

Avec un cynisme mordant, les organisateurs du jeu rappellent sans cesse que tout dans leur jeu est parfaitement équitable et démocratique. Les participants ont même la possibilité de voter, à tout moment, pour arrêter le jeu... ou la liberté de revenir lorsqu’ils l’ont quitté. Et on comprend ici la critique de nos sociétés occidentales, démocratiques et pourtant manipulatrices, égalitaires et créant pourtant des inégalités et des injustices, des sociétés impitoyables et génératrices de violence. 

Le scénario est malin, riche en rebondissements. Et la fin vous réserve quelques surprises de taille… Car l’intrigue se termine par une vraie conclusion, même si c’est une fin ouverte, même si beaucoup de questions restent sans réponse. Vu le succès de la série, une saison 2 risque d’être commandée… mais je ne suis pas sûr que ça soit une bonne idée. Je trouve que la fin proposée est excellente et qu’on devrait en rester là. 

Incontestablement, Squid Game est une série caustique et dérangeante qui mérite d’être vue… pour un public averti tout de même (elle n'est pas faite pour les enfants !), vu la violence explicite (mais qui se justifie tout à fait pour le propos de la série). 

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Squid Game, une mini-série créée par Hwang Dong-hyuk
9 épisodes d'une heure environ, disponibles sur Netflix