jeudi 28 mars 2024

Constellation : De la SF à mystère, énigmatique et assez fascinante

 

Jo est astronaute. Lors d’une mission à bord de l’ISS, un grave incident se produit qui coûte la vie à un membre de l’équipage. Jo s’en sort et retourne sur Terre. Mais elle a l’étrange impression que tout n’est pas revenu comme avant, la vie qu’elle retrouve n’est pas comme celle qu’elle a connu. Même son mari et sa fille sont différents. 

Constellation est une série de science-fiction à mystère, énigmatique et assez complexe dans sa narration. Dans les premiers épisodes, on est un peu perdus, on ne sait pas sur quel pied danser. Qu’est-ce qui est vrai et qu’est-ce qui n’est pas ? C’est évidemment volontaire : on veut, un peu, nous faire ressentir ce que ressent l’héroïne. Et puis, petit à petit, on se rend compte qu’il n’y a pas que l’héroïne qui est en cause, que c’est encore plus complexe qu’on l’imaginait.  

Peut-être que certains spectateurs se décourageront devant les mystères qui se multiplient… J’avoue que pour ma part, je me suis vraiment pris au jeu et j’ai été porté par le récit. On est constamment à s’interroger sur ce qui nous est montré, on essaye de faire le lien entre ce qu’on voit, ce qu’on entend… Et puis quand on pense avoir un semblant d’explication, quelque chose arrive qui remet tout en cause. A la fin, dans le dernier épisode, on peut penser qu’on se dirige vers une solution acceptable, même si de nombreuses questions demeurent irrésolues. Et puis la dernière image nous offre un dernier revirement inattendu. On est loin d’avoir tout compris. Le créateur de la série en a gardé sous le pied, nul doute qu’il espère qu’une saison 2 soit commandée par Apple. On verra bien… 

En attendant, cette première saison nous offre une histoire assez fascinante, créant chez le spectateur un certain inconfort troublant. Même si la série n’a pas de suite, elle est déjà intéressante. Au-delà de la science-fiction et du mystère, la série touche à plusieurs genres, elle est aussi un drame intime et existentiel, un thriller paranoïaque, un film de fantôme, une fable philosophique. On y parle de deuil, d’identité, de dualité… Sur des questions aussi complexes, on peut admettre de ne pas avoir toutes les réponses ! 

Un des atouts de la série est aussi son actrice principale, l’excellente Noomi Rapace y est remarquable et intense, dans un rôle complexe. A noter aussi la jeune Davina Coleman qui joue le rôle d’Alice, la fille de Jo. 

En tout cas, en ce qui me concerne, j’espère qu’il y aura une saison 2 !

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Constellation, une série créée par Peter Harness
avec Noomi Rapace, Jonathan Banks, James D'Arcy, Davina Coleman
8 épisodes, disponibles sur Apple TV+

mardi 26 mars 2024

Extraordinary (saison 2) : Friends chez les super-héros, toujours aussi délirant

 

Dans un univers où tout le monde, à l’âge de 18 ans, se découvre un super-pouvoir, Jen n’est pas comme les autres. A 25 ans, elle n’a toujours pas découvert son pouvoir… Dans la saison 2, disponible depuis peu sur Disney+, Jen décide d’aller consulter dans une clinique spécialisée pour essayer de comprendre les blocages qui empêchent l’émergence de son pouvoir. Le thérapeute qu’elle va voir a justement le super-pouvoir de matérialiser l’inconscient de ses patients. Et chez Jen, c’est vraiment un sacré bazar… 

De son côté, le petit ami de Jen, qui était auparavant son chat (puisque son super-pouvoir est de se transformer en chat), apprend quelque chose d'inattendu sur son passé qui bouleverse sa vie. Carrie, la meilleure amie de Jen, a décidé de rompre avec Kash… mais pas facile de tourner la page quand on vit sous le même toit. 

Extraordinary est sans doute l’une des séries les plus drôles du moment, mêlant l’univers d’une série de colocs à la manière de Friends à un univers de super-héros délirant. Les épisodes courts de l’ordre d’une demi-heure s’enchaînent à un rythme effréné, dans un humour assez déjanté - certes assez régulièrement en dessous de la ceinture - avec des personnages hauts en couleurs et des situations délirantes. 

C’est vraiment drôle, les huit épisodes de la saison passent très vite et, mine de rien, la série évoque en passant pas mal de thématiques, notamment autour de la normalité et de la différence, qui ne sont pas inintéressantes. 

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Extraordinary, une série créée par Emma Moran
avec Máiréad Tyers, Sofia Oxenham, Luke Rollason, Bilal Hasna
2 saisons disponibles sur Disney+

dimanche 24 mars 2024

Le problème à trois corps : adaptation convaincante d'un chef d'oeuvre de la SF

Dans les années 60, en pleine révolution culturelle en Chine, une jeune scientifique prend une décision qui aura des répercussions insoupçonnées. De nos jours, une mystérieuse vague de suicides touche la communauté scientifique. Un groupe d’anciens étudiants d’Oxford veut comprendre le suicide incompréhensible d’une de leurs amies. Cela les mènera à un mystérieux jeu en réalité virtuelle, construit autour d’un problème complexe de physique… 

Le Problème à trois corps est l’adaptation du roman éponyme de Liu Cixin, premier volume d’une trilogie qui est un chef d’oeuvre moderne de la science-fiction, une oeuvre foisonnante et vertigineuse, d’une ambition folle, trois gros pavés littéraires passionnants qui nous emmènent loin, très très loin.

J’ai vraiment beaucoup aimé les romans, impressionné par leur densité et leur inventivité. J'attendais donc la série avec une certaine impatience... mais aussi un peu d'appréhension, curieux de voir ce que ça allait donner à l’écran. Et finalement, c’est une bonne surprise. 

Ce sont David Benioff et D.B. Weiss, les créateurs de la série Game of Thrones, qui se sont lancés dans cette périlleuse adaptation, cette fois avec l’aide d’Alexander Woo. Et je trouve qu’ils s’en tirent vraiment pas mal du tout. 

Globalement, la trame générale de l’intrigue est bien respectée. Le scénario s’autorise quand même de nombreuses libertés, ce qui n’est pas forcément un problème. Forcément, il a fallu faire des choix, réduire certains aspects de l’intrigue, en transposer d’autres (la série est passablement occidentalisée par rapport au roman qui se déroule essentiellement en Chine). Les huit épisodes de la première saison couvrent, grosso modo, le récit du premier roman. Les principaux éléments sont bien là. Les différents personnages aussi, même s’ils sont pour la plupart transposés dans un contexte occidental, à Londres, et même si la série leur prête des relations les uns avec les autres qui n’existent pas dans le livre. La série ajoute aussi une petite pointe d’humour plutôt bienvenue. Bref, l'adaptation se révèle plutôt convaincante.

Le mystère, le suspense, la dimension scientifique du genre hard-science, le côté conte philosophique du roman… on retrouve bien tout cela dans la série, même si c’est atténué par rapport au livre. Le roman va évidemment plus loin. Si vous ne le connaissez pas, vous pourrez donc vous plonger dans sa lecture même après avoir vu la série ! Vous vous retrouverez en terrain connu, vous pourrez discerner les différences avec la série, mais vous profiterez de toute la richesse et la profondeur du livre. Et puis vous pourrez enchaîner avec les deux autres volumes de la trilogie, pour vous préparer aux saisons suivantes de la série. En espérant vraiment qu’elles verront le jour !

Au final, Le problème à trois corps est donc une série tout à fait réussie, ambitieuse tout en étant divertissante. Mais ne vous en tenez pas là : lisez les bouquins. Ça en vaut vraiment la peine !

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Le problème à trois corps, une série de David Benioff, D.B. Weiss, Alexander Woo
avec Jovan Adepo, Rosalind Chao, Liam Cunningham
8 épisodes disponibles sur Netflix

dimanche 17 mars 2024

The Gentlemen : une série de gangsters des plus réjouissantes

 

Eddie Horniman hérite, à la surprise générale, du titre de duc et du vaste domaine de son père, alors même qu’il n’est pas l’aîné de la famille. Il va bien vite se rendre compte que le domaine familial dissimule tout un trafic de cannabis, dirigé d’une main de fer par Susie Glass, la fille d’un richissime baron de la drogue. Eddie, bien décidé à libérer sa famille de ce trafic, va devoir prendre les différentes familles de gangsters de Grande-Bretagne à leur propre jeu alors qu’elles convoitent le domaine. Au risque d’y prendre goût… 

En 2020, Guy Ritchie avait réalisé un film déjà intitulé The Gentlemen. C’était un film de gangsters explosif et drôle. La série n’est ni une suite ni vraiment une adaptation du film. C’est un peu une variation sur le même thème, une série de gangster dans le même esprit que le film.

The Gentlemen est donc une série de gangsters des plus réjouissantes : action, cynisme, humour noir, esprit british et hémoglobine. Un cocktail explosif dédié au seul divertissement. Et ça fonctionne très bien ! Au rythme des complots, des trahisons, des rebondissements incessants, des dialogues truculents et des personnages hauts en couleur, on s’amuse vraiment avec The Gentlemen !

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The Gentlemen, une série créée par par Guy Ritchie et Matthew Read
avec Theo James, Kaya Scodelario, Daniel Ings
8 épisodes disponibles sur Netflix

vendredi 15 mars 2024

Masters of the Air : Ce qui se fait de mieux en matière de séries de guerre

 

Après Band of Brothers (2001) qui suivait la Easy Company, du 506e régiment d'infanterie parachutée, de la 101e Division Aéroportée américaine, et après The Pacific (2010) qui racontait de l’intérieur plusieurs batailles de la guerre contre l’Empire du Japon, Masters of the Air est la nouvelle série de guerre produite par Tom Hanks et Steven Spielberg qui s’attache cette fois au 100e groupe de bombardement de la 8e armée de l’air des forces américaines pendant la Seconde Guerre mondiale. 

En 1943, l’armée américaine déploie un détachement en Angleterre, qui servira de base arrière pour les forces aériennes alliées. Au sein de cette 8e Air Force, il y a le 100e groupe de bombardement, les “Bloody Hundredth”, que la série va suivre. 

Les scènes de combats aériens sont assez époustouflantes : on se retrouve au milieu des tirs de DCA et sous les balles des chasseurs ennemis, c’est immersif et très impressionnant ! On mesure un peu le danger auquel ces équipages devaient faire face à 25 000 pieds d’altitude, pour essayer de faire voler leurs engins jusqu’à l’objectif, malgré les dégâts subis, les moteurs qui tombent en panne et les avaries diverses qui rendaient le vol hasardeux. Souvent, les avions rentraient à la base en lambeaux, troués de partout, rendant même leur atterrissage périlleux. Quand ils avaient la chance de rentrer… parce qu’à chaque mission plusieurs équipages ne revenaient pas. On voit, dans la série, ceux qui attendent le retour des avions à la base scruter anxieux l’horizon et compter un à un les avions qu’ils aperçoivent… et il y en a presque toujours qui manquent à l’appel. 

Mais la série évoque aussi la vie quotidienne sur la base, la découverte de l’enfer de la guerre, les états d’âme des soldats entre deux missions, mais aussi le travail de l’ombre des mécaniciens qui devaient réparer le plus rapidement possible les avions. Le récit évoque aussi ce qui pouvait arriver aux membres d’équipages obligés de sauter en parachute de leur avion avant qu’il s’écrase, qui se retrouvaient en terrain ennemi, et pouvaient finir en camps de prisonniers. Le récit évoque aussi l’impact de la guerre, la dévastation qu’elle produit, les haines qu’elle entretient… et en filigrane, les horreurs du régime nazi. 

Bref, les neuf épisodes de la série, chacun d’une durée d’une heure environ, se regardent sans temps mort. C’est haletant, instructif, impressionnant de réalisme, remarquablement réalisé et interprété. La force d’une série, c’est de nous permettre d’accompagner des personnages au long cours, de s’attacher à eux… et de devoir en laisser partir quelques-uns, en l'occurrence. Parce qu’à chaque mission, plusieurs équipages ne revenaient pas. Et la série se termine en beauté, avec un dernier épisode émouvant, et l’évocation pendant le générique de fin de ce qui s’est réellement passé pour plusieurs personnages suivis au cours de la série, après la guerre. 

Masters of the Air est bel et bien le digne successeur de Band of Brothers (qui reste sans doute insurpassé) et The Pacific. C'est ce qui se fait de mieux dans le genre spécifique des séries de guerre. 

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Masters of the Air, une série créée par John Orloff
avec Austin Butler, Callum Turner, Anthony Boyle
9 épisodes disponibles sur Apple TV+

vendredi 1 mars 2024

Atlanta : une série unique en son genre, inclassable et géniale

 

Je viens enfin de terminer la 4e et dernière saison d’Atlanta, qui a été mise en ligne assez récemment sur Disney+, de manière presque incognito… Je suis tombé dessus presque par hasard. C’est pourtant une des séries récentes les plus originales et, à bien des égards, géniale. 

Créée par Donald Glover (qui joue aussi dans la série, et réalise quelques épisodes), c’est l’histoire de Earn qui devient le manager de son cousin Al, un rappeur dont le nom de scène est Paper Boi et qui vit à Atlanta, où il héberge son meilleur pote Darius, un mec complètement perché. Il y a aussi Vanessa, la copine de Earn, avec qui il a eu une fille, Lottie. Enfin ça, c’est la toile de fond de la série. Parce que, sur cette base, la série construit un récit éclaté, où chaque épisode est une surprise, on ne sait jamais où le récit va nous emmener, et on est même parfois complètement déconnecté de l’histoire globale. 

Bien-sûr, toute la série se déroule dans la communauté Afro-Américaine et son propos sous-jacent (et parfois explicite) est politique et sociétal, et entend dénoncer le racisme et les discriminations raciales. Ce qui n’empêche pas la série, avec une ironie mordante, de dénoncer aussi les travers possibles de la communauté noire. Mais Atlanta, c’est aussi une série sur le monde de la musique, du rap en particulier, qui évoque la célébrité, le fric, les egos surdimensionnés. C’est même une série sur le couple et la famille, notamment la peur de l’engagement… Et bien d’autres thématiques encore y sont abordées. Mais très souvent de manière étonnante voire déroutante. En tous les cas, toujours imprévisible. Certains épisodes sont lunaires, d’autres loufoques, mais ils peuvent aussi être dramatiques, oniriques, parodiques ou même inquiétants. Et il arrive qu’on passe d’une ambiance à l’autre dans un même épisode. 

Mais surtout, Atlanta c'est très drôle, avec des personnages savoureux, des dialogues et des situations comiques incroyables, une série qui ne cesse de surprendre, avec une inventivité folle. Et même si certains épisodes sont un peu moins réussis, d’autres sont tout simplement brillants. Et l’ensemble est terriblement attachant. La série se termine joliment, sur une ultime pirouette, avec un brin de nostalgie. 

Pour pleinement apprécier la série, il faut se laisser porter, accepter d’être surpris voire un peu perdu parfois. Mais si on l’accepte, alors quel plaisir ! Atlanta est une série unique en son genre, inclassable et assez géniale. Incontournable !

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Atlanta, une série créée par Donald Glover
avec Donald Glover, Brian Tyree Henry, Lakeith Stanfield