Peu de temps avant la guerre de Sécession, Cora, une jeune esclave, s’enfuit d’une plantation en Géorgie et découvre le mythique chemin de fer clandestin, un réseau souterrain et secret où des trains emmènent les esclaves en fuite loin des Etats esclavagistes du Sud. Mais elle doit rester sur ses gardes car elle est poursuivie par un redoutable chasseur d’esclave, bien décidé à la retrouver et la ramener à son propriétaire.
Adaptation en mini-série du roman éponyme de Colson Whitehead, qui a reçu le prestigieux prix Pulitzer, The Underground Railroad fait référence au réseau clandestin qui existait bel et bien et aidait les esclaves en fuite à rejoindre le Nord, jusqu’au Canada. Mais dans le roman comme dans la série, inspiration géniale, ce réseau est matérialisé par un vrai chemin de fer souterrain.
Réalisée par Barry Jenkins (oscarisé pour Moonlight), la mini-série est un pur chef d’oeuvre, ne mâchons pas nos mots. Pourtant, je n’avais pas été pleinement convaincu par Moonlight ou Si Beale Street pouvait parler, des films dans lesquels je trouvais un certain maniérisme et des longueurs. Mais toutes ces réserves disparaissent ici et je reste sous le choc de The Underground Railroad. Le temps long de la série se prête parfaitement au talent du réalisateur. Son lyrisme et son esthétisme sont là pour évoquer l’intolérable voire l’insoutenable. C’est fascinant et terrible à la fois. Car les images sont à couper le souffle, avec un travail extraordinaire sur la lumière, des plans parfois follement sophistiqués, toujours inventifs. Tout fascine formellement. Quant à l’histoire, poignante, éprouvante parfois, allant jusqu’à être difficilement supportable dans certaines scènes, elle est d’une force incroyable.
Rarement on n’aura vu une telle évocation de l’esclavagisme en Amérique, où s’expriment le racisme et la haine, et les discours suprémacistes insupportables, où des êtres humains, parce qu’ils ont la peau noire, sont traités comme des bêtes, pires que du bétail, comme de simples possessions appartenant à leurs maîtres qui ont un pouvoir absolu sur eux.
C’est une série qu’il faut prendre le temps de regarder. Accepter son rythme lent mais extrêmement chargé. N’essayez pas de la binge watcher... Chaque épisode doit se digérer et ça demande un peu de temps. Certaines images ne vous quittent pas. Y a-t-il quelques longueurs parfois ? Peut-être… mais si peu. Et c’est tellement beau, parfois même sublime. Certains épisodes sont bien-sûr plus forts que d’autres : le premier épisode est un choc, le neuvième peut-être encore plus. Et l’ensemble est impressionnant.
Les nombreux acteurs qu’on suit sur un ou plusieurs épisodes sont tous excellents et Thuso Mbedu, totalement inconnue, est tout simplement incroyable dans le rôle de Cora.
Regarder en face la réalité insoutenable d’un passé aussi sombre est important pour comprendre le présent. Car les racismes d’aujourd’hui sont encore les héritiers terrifiants de l’esclavagisme d’hier. A cet égard, The Underground Railroad est une mini-série indispensable.
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