mardi 23 avril 2024

Shogun : une grande fresque historique, romanesque et épique

Au Japon, en 1600, c’est un conseil de régents qui dirige le pays jusqu’à ce que le fils héritier soit en âge d’exercer le pouvoir. Mais le conseil est fragilisé par des rivalités internes. L’un de ses membres, Ishido, parvient à retourner le conseil contre son ennemi au sein des régents, Toranaga. C’est alors qu’un navire, l’Erasmus, s’échoue non loin d’un village de pêcheurs. L’équipage est capturé, avec son capitaine anglais et protestant, alors que le pays est en partie sous l’influence commerciale et religieuse du Portugal catholique. Toranaga y voit une occasion de retourner la situation en sa faveur et, pourquoi pas, accéder au pouvoir absolu, celui du Shogun. Pour communiquer avec Blackthorne, Toranaga emploie Mariko, une jeune femme devenue catholique et ayant suivi l’enseignement des Jésuites portugais…   

Inspiré du roman de James Clavell, déjà adapté pour le petit écran dans les années 80 (avec Toshiro Mifune et Richard Chamberlain), Shogun est une grande fresque historique, romanesque et épique. Par rapport à la première adaptation en série (dont il me reste quelques bribes en souvenir), la nouvelle série a fait le choix de l’authenticité dans la reconstitution historique, pour s’éloigner d’une adaptation trop occidentalo-centrée. Et le résultat est franchement très convaincant. La reconstitution du Japon féodal est impressionnante, dans des décors et des costumes somptueux. Je suis bien incapable de dire si l’ensemble est historiquement fiable mais en tout cas, ça y ressemble ! 

En 10 épisodes d’une heure environ, la série prend le temps de développer l’intrigue dans toute sa complexité, avec ses jeux politiques, ses complots et ses trahisons, le tout dans un monde qu’on découvre avec les yeux de Blackthorne, apprenant les us et coutumes d’une culture dont il est complètement étranger, et dont il devra apprendre les codes, notamment autour de l’honneur. Mais la série sait aussi se montrer épique dans des scènes de combat spectaculaires, et romanesque dans une intrigue amoureuse contrariée. Bref, le spectacle est au rendez-vous ! 

Avec un casting d’excellente qualité, de nombreux acteurs et actrices japonais (Hiroyuki Sanada est impérial dans le rôle de Toranaga et Anna Sawai remarquable dans celui de Mariko), Shogun est une vraie réussite, une mini-série qui a de l’ampleur et du souffle. 

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Shogun, une série créée par Justin Marks et Rachel Kondo
avec Hiroyuki Sanada, Cosmo Jarvis, Anna Sawai
10 épisodes disponibles sur Disney+

vendredi 12 avril 2024

Ripley : un sublime noir et blanc pour une série noire fascinante

Tom Ripley est un petit escroc new-yorkais au début des années 1960. Une occasion inespérée se présente à lui lorsqu’un homme très riche l’approche et souhaite l’engager pour aller en Italie et tenter de convaincre son fils, qui profite d’une vie oisive dans une magnifique villa au bord de la mer, de rentrer aux Etats-Unis.

Tournée dans un somptueux noir et blanc, la série revisite le roman Monsieur Ripley de Patricia Highsmith, déjà adapté par deux fois à l’écran (Plein soleil, réalisé par René Clément en 1960 et Le talentueux M. Ripley réalisé par Anthony Minghella en 1999). Le format série (8 épisode d’une heure environ) permet au récit de prendre son temps, de développer les personnages et de petit à petit évoquer l’engrenage dans lequel Tom Ripley met le doigt, avant de s’élancer dans une terrible fuite en avant faite de mensonges, de manipulations et de violence. 

Tous les épisodes ont été écrits et réalisés par Steven Zaillian et son travail est remarquable : le soin apporté à l’image, les cadrages, la mise en scène… c’est vraiment très beau. Tournée dans un sublime noir et blanc, la série est un thriller extrêmement bien construit, dans une esthétique évoquant l’âge d’or des films noirs. Car c’est bien une série noire, sombre voire dérangeante. Le personnage de Tom Ripley n’a rien de sympathique. Il est terriblement froid et inquiétant, un manipulateur glaçant et prêt à tout. Et la façon dont l’excellent Andrew Scott incarne le personnage est assez magistrale ! Voilà qui accentue le malaise qu’on peut ressentir face à la fascination suscitée par un tel anti-héros… 

La façon dont la série se termine laisse clairement la possibilité d’une suite… et il se trouve que Patricia Highsmith a écrit cinq romans autour du personnage de Tom Ripley. Il y a donc de la matière pour plusieurs saisons. On espère que ce sera le cas !

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Ripley, une série créé par Steven Zaillian
avec Andrew Scott, Dakota Fanning, Johnny Flynn
8 épisodes, disponibles sur Netflix

jeudi 28 mars 2024

Constellation : De la SF à mystère, énigmatique et assez fascinante

 

Jo est astronaute. Lors d’une mission à bord de l’ISS, un grave incident se produit qui coûte la vie à un membre de l’équipage. Jo s’en sort et retourne sur Terre. Mais elle a l’étrange impression que tout n’est pas revenu comme avant, la vie qu’elle retrouve n’est pas comme celle qu’elle a connu. Même son mari et sa fille sont différents. 

Constellation est une série de science-fiction à mystère, énigmatique et assez complexe dans sa narration. Dans les premiers épisodes, on est un peu perdus, on ne sait pas sur quel pied danser. Qu’est-ce qui est vrai et qu’est-ce qui n’est pas ? C’est évidemment volontaire : on veut, un peu, nous faire ressentir ce que ressent l’héroïne. Et puis, petit à petit, on se rend compte qu’il n’y a pas que l’héroïne qui est en cause, que c’est encore plus complexe qu’on l’imaginait.  

Peut-être que certains spectateurs se décourageront devant les mystères qui se multiplient… J’avoue que pour ma part, je me suis vraiment pris au jeu et j’ai été porté par le récit. On est constamment à s’interroger sur ce qui nous est montré, on essaye de faire le lien entre ce qu’on voit, ce qu’on entend… Et puis quand on pense avoir un semblant d’explication, quelque chose arrive qui remet tout en cause. A la fin, dans le dernier épisode, on peut penser qu’on se dirige vers une solution acceptable, même si de nombreuses questions demeurent irrésolues. Et puis la dernière image nous offre un dernier revirement inattendu. On est loin d’avoir tout compris. Le créateur de la série en a gardé sous le pied, nul doute qu’il espère qu’une saison 2 soit commandée par Apple. On verra bien… 

En attendant, cette première saison nous offre une histoire assez fascinante, créant chez le spectateur un certain inconfort troublant. Même si la série n’a pas de suite, elle est déjà intéressante. Au-delà de la science-fiction et du mystère, la série touche à plusieurs genres, elle est aussi un drame intime et existentiel, un thriller paranoïaque, un film de fantôme, une fable philosophique. On y parle de deuil, d’identité, de dualité… Sur des questions aussi complexes, on peut admettre de ne pas avoir toutes les réponses ! 

Un des atouts de la série est aussi son actrice principale, l’excellente Noomi Rapace y est remarquable et intense, dans un rôle complexe. A noter aussi la jeune Davina Coleman qui joue le rôle d’Alice, la fille de Jo. 

En tout cas, en ce qui me concerne, j’espère qu’il y aura une saison 2 !

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Constellation, une série créée par Peter Harness
avec Noomi Rapace, Jonathan Banks, James D'Arcy, Davina Coleman
8 épisodes, disponibles sur Apple TV+

mardi 26 mars 2024

Extraordinary (saison 2) : Friends chez les super-héros, toujours aussi délirant

 

Dans un univers où tout le monde, à l’âge de 18 ans, se découvre un super-pouvoir, Jen n’est pas comme les autres. A 25 ans, elle n’a toujours pas découvert son pouvoir… Dans la saison 2, disponible depuis peu sur Disney+, Jen décide d’aller consulter dans une clinique spécialisée pour essayer de comprendre les blocages qui empêchent l’émergence de son pouvoir. Le thérapeute qu’elle va voir a justement le super-pouvoir de matérialiser l’inconscient de ses patients. Et chez Jen, c’est vraiment un sacré bazar… 

De son côté, le petit ami de Jen, qui était auparavant son chat (puisque son super-pouvoir est de se transformer en chat), apprend quelque chose d'inattendu sur son passé qui bouleverse sa vie. Carrie, la meilleure amie de Jen, a décidé de rompre avec Kash… mais pas facile de tourner la page quand on vit sous le même toit. 

Extraordinary est sans doute l’une des séries les plus drôles du moment, mêlant l’univers d’une série de colocs à la manière de Friends à un univers de super-héros délirant. Les épisodes courts de l’ordre d’une demi-heure s’enchaînent à un rythme effréné, dans un humour assez déjanté - certes assez régulièrement en dessous de la ceinture - avec des personnages hauts en couleurs et des situations délirantes. 

C’est vraiment drôle, les huit épisodes de la saison passent très vite et, mine de rien, la série évoque en passant pas mal de thématiques, notamment autour de la normalité et de la différence, qui ne sont pas inintéressantes. 

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Extraordinary, une série créée par Emma Moran
avec Máiréad Tyers, Sofia Oxenham, Luke Rollason, Bilal Hasna
2 saisons disponibles sur Disney+

dimanche 24 mars 2024

Le problème à trois corps : adaptation convaincante d'un chef d'oeuvre de la SF

Dans les années 60, en pleine révolution culturelle en Chine, une jeune scientifique prend une décision qui aura des répercussions insoupçonnées. De nos jours, une mystérieuse vague de suicides touche la communauté scientifique. Un groupe d’anciens étudiants d’Oxford veut comprendre le suicide incompréhensible d’une de leurs amies. Cela les mènera à un mystérieux jeu en réalité virtuelle, construit autour d’un problème complexe de physique… 

Le Problème à trois corps est l’adaptation du roman éponyme de Liu Cixin, premier volume d’une trilogie qui est un chef d’oeuvre moderne de la science-fiction, une oeuvre foisonnante et vertigineuse, d’une ambition folle, trois gros pavés littéraires passionnants qui nous emmènent loin, très très loin.

J’ai vraiment beaucoup aimé les romans, impressionné par leur densité et leur inventivité. J'attendais donc la série avec une certaine impatience... mais aussi un peu d'appréhension, curieux de voir ce que ça allait donner à l’écran. Et finalement, c’est une bonne surprise. 

Ce sont David Benioff et D.B. Weiss, les créateurs de la série Game of Thrones, qui se sont lancés dans cette périlleuse adaptation, cette fois avec l’aide d’Alexander Woo. Et je trouve qu’ils s’en tirent vraiment pas mal du tout. 

Globalement, la trame générale de l’intrigue est bien respectée. Le scénario s’autorise quand même de nombreuses libertés, ce qui n’est pas forcément un problème. Forcément, il a fallu faire des choix, réduire certains aspects de l’intrigue, en transposer d’autres (la série est passablement occidentalisée par rapport au roman qui se déroule essentiellement en Chine). Les huit épisodes de la première saison couvrent, grosso modo, le récit du premier roman. Les principaux éléments sont bien là. Les différents personnages aussi, même s’ils sont pour la plupart transposés dans un contexte occidental, à Londres, et même si la série leur prête des relations les uns avec les autres qui n’existent pas dans le livre. La série ajoute aussi une petite pointe d’humour plutôt bienvenue. Bref, l'adaptation se révèle plutôt convaincante.

Le mystère, le suspense, la dimension scientifique du genre hard-science, le côté conte philosophique du roman… on retrouve bien tout cela dans la série, même si c’est atténué par rapport au livre. Le roman va évidemment plus loin. Si vous ne le connaissez pas, vous pourrez donc vous plonger dans sa lecture même après avoir vu la série ! Vous vous retrouverez en terrain connu, vous pourrez discerner les différences avec la série, mais vous profiterez de toute la richesse et la profondeur du livre. Et puis vous pourrez enchaîner avec les deux autres volumes de la trilogie, pour vous préparer aux saisons suivantes de la série. En espérant vraiment qu’elles verront le jour !

Au final, Le problème à trois corps est donc une série tout à fait réussie, ambitieuse tout en étant divertissante. Mais ne vous en tenez pas là : lisez les bouquins. Ça en vaut vraiment la peine !

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Le problème à trois corps, une série de David Benioff, D.B. Weiss, Alexander Woo
avec Jovan Adepo, Rosalind Chao, Liam Cunningham
8 épisodes disponibles sur Netflix

dimanche 17 mars 2024

The Gentlemen : une série de gangsters des plus réjouissantes

 

Eddie Horniman hérite, à la surprise générale, du titre de duc et du vaste domaine de son père, alors même qu’il n’est pas l’aîné de la famille. Il va bien vite se rendre compte que le domaine familial dissimule tout un trafic de cannabis, dirigé d’une main de fer par Susie Glass, la fille d’un richissime baron de la drogue. Eddie, bien décidé à libérer sa famille de ce trafic, va devoir prendre les différentes familles de gangsters de Grande-Bretagne à leur propre jeu alors qu’elles convoitent le domaine. Au risque d’y prendre goût… 

En 2020, Guy Ritchie avait réalisé un film déjà intitulé The Gentlemen. C’était un film de gangsters explosif et drôle. La série n’est ni une suite ni vraiment une adaptation du film. C’est un peu une variation sur le même thème, une série de gangster dans le même esprit que le film.

The Gentlemen est donc une série de gangsters des plus réjouissantes : action, cynisme, humour noir, esprit british et hémoglobine. Un cocktail explosif dédié au seul divertissement. Et ça fonctionne très bien ! Au rythme des complots, des trahisons, des rebondissements incessants, des dialogues truculents et des personnages hauts en couleur, on s’amuse vraiment avec The Gentlemen !

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The Gentlemen, une série créée par par Guy Ritchie et Matthew Read
avec Theo James, Kaya Scodelario, Daniel Ings
8 épisodes disponibles sur Netflix

vendredi 15 mars 2024

Masters of the Air : Ce qui se fait de mieux en matière de séries de guerre

 

Après Band of Brothers (2001) qui suivait la Easy Company, du 506e régiment d'infanterie parachutée, de la 101e Division Aéroportée américaine, et après The Pacific (2010) qui racontait de l’intérieur plusieurs batailles de la guerre contre l’Empire du Japon, Masters of the Air est la nouvelle série de guerre produite par Tom Hanks et Steven Spielberg qui s’attache cette fois au 100e groupe de bombardement de la 8e armée de l’air des forces américaines pendant la Seconde Guerre mondiale. 

En 1943, l’armée américaine déploie un détachement en Angleterre, qui servira de base arrière pour les forces aériennes alliées. Au sein de cette 8e Air Force, il y a le 100e groupe de bombardement, les “Bloody Hundredth”, que la série va suivre. 

Les scènes de combats aériens sont assez époustouflantes : on se retrouve au milieu des tirs de DCA et sous les balles des chasseurs ennemis, c’est immersif et très impressionnant ! On mesure un peu le danger auquel ces équipages devaient faire face à 25 000 pieds d’altitude, pour essayer de faire voler leurs engins jusqu’à l’objectif, malgré les dégâts subis, les moteurs qui tombent en panne et les avaries diverses qui rendaient le vol hasardeux. Souvent, les avions rentraient à la base en lambeaux, troués de partout, rendant même leur atterrissage périlleux. Quand ils avaient la chance de rentrer… parce qu’à chaque mission plusieurs équipages ne revenaient pas. On voit, dans la série, ceux qui attendent le retour des avions à la base scruter anxieux l’horizon et compter un à un les avions qu’ils aperçoivent… et il y en a presque toujours qui manquent à l’appel. 

Mais la série évoque aussi la vie quotidienne sur la base, la découverte de l’enfer de la guerre, les états d’âme des soldats entre deux missions, mais aussi le travail de l’ombre des mécaniciens qui devaient réparer le plus rapidement possible les avions. Le récit évoque aussi ce qui pouvait arriver aux membres d’équipages obligés de sauter en parachute de leur avion avant qu’il s’écrase, qui se retrouvaient en terrain ennemi, et pouvaient finir en camps de prisonniers. Le récit évoque aussi l’impact de la guerre, la dévastation qu’elle produit, les haines qu’elle entretient… et en filigrane, les horreurs du régime nazi. 

Bref, les neuf épisodes de la série, chacun d’une durée d’une heure environ, se regardent sans temps mort. C’est haletant, instructif, impressionnant de réalisme, remarquablement réalisé et interprété. La force d’une série, c’est de nous permettre d’accompagner des personnages au long cours, de s’attacher à eux… et de devoir en laisser partir quelques-uns, en l'occurrence. Parce qu’à chaque mission, plusieurs équipages ne revenaient pas. Et la série se termine en beauté, avec un dernier épisode émouvant, et l’évocation pendant le générique de fin de ce qui s’est réellement passé pour plusieurs personnages suivis au cours de la série, après la guerre. 

Masters of the Air est bel et bien le digne successeur de Band of Brothers (qui reste sans doute insurpassé) et The Pacific. C'est ce qui se fait de mieux dans le genre spécifique des séries de guerre. 

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Masters of the Air, une série créée par John Orloff
avec Austin Butler, Callum Turner, Anthony Boyle
9 épisodes disponibles sur Apple TV+

vendredi 1 mars 2024

Atlanta : une série unique en son genre, inclassable et géniale

 

Je viens enfin de terminer la 4e et dernière saison d’Atlanta, qui a été mise en ligne assez récemment sur Disney+, de manière presque incognito… Je suis tombé dessus presque par hasard. C’est pourtant une des séries récentes les plus originales et, à bien des égards, géniale. 

Créée par Donald Glover (qui joue aussi dans la série, et réalise quelques épisodes), c’est l’histoire de Earn qui devient le manager de son cousin Al, un rappeur dont le nom de scène est Paper Boi et qui vit à Atlanta, où il héberge son meilleur pote Darius, un mec complètement perché. Il y a aussi Vanessa, la copine de Earn, avec qui il a eu une fille, Lottie. Enfin ça, c’est la toile de fond de la série. Parce que, sur cette base, la série construit un récit éclaté, où chaque épisode est une surprise, on ne sait jamais où le récit va nous emmener, et on est même parfois complètement déconnecté de l’histoire globale. 

Bien-sûr, toute la série se déroule dans la communauté Afro-Américaine et son propos sous-jacent (et parfois explicite) est politique et sociétal, et entend dénoncer le racisme et les discriminations raciales. Ce qui n’empêche pas la série, avec une ironie mordante, de dénoncer aussi les travers possibles de la communauté noire. Mais Atlanta, c’est aussi une série sur le monde de la musique, du rap en particulier, qui évoque la célébrité, le fric, les egos surdimensionnés. C’est même une série sur le couple et la famille, notamment la peur de l’engagement… Et bien d’autres thématiques encore y sont abordées. Mais très souvent de manière étonnante voire déroutante. En tous les cas, toujours imprévisible. Certains épisodes sont lunaires, d’autres loufoques, mais ils peuvent aussi être dramatiques, oniriques, parodiques ou même inquiétants. Et il arrive qu’on passe d’une ambiance à l’autre dans un même épisode. 

Mais surtout, Atlanta c'est très drôle, avec des personnages savoureux, des dialogues et des situations comiques incroyables, une série qui ne cesse de surprendre, avec une inventivité folle. Et même si certains épisodes sont un peu moins réussis, d’autres sont tout simplement brillants. Et l’ensemble est terriblement attachant. La série se termine joliment, sur une ultime pirouette, avec un brin de nostalgie. 

Pour pleinement apprécier la série, il faut se laisser porter, accepter d’être surpris voire un peu perdu parfois. Mais si on l’accepte, alors quel plaisir ! Atlanta est une série unique en son genre, inclassable et assez géniale. Incontournable !

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Atlanta, une série créée par Donald Glover
avec Donald Glover, Brian Tyree Henry, Lakeith Stanfield

jeudi 8 février 2024

Mr & Mr Smith : La vie de couple, mission impossible ?

 

Un homme et une femme se font engager par une mystérieuse agence d’espionnage. Ils ne se connaissent pas du tout mais ils deviennent M. et Mme Smith et se retrouvent dans un luxueux appartement à Manhattan. Désormais mariés, ils vont devoir ensemble accomplir des missions à haut risque. Mais leur couverture va devenir plus complexe à gérer lorsqu’ils éprouvent de vrais sentiments l’un pour l’autre. 

Même si l’idée de départ est similaire, la série est très différente du film avec Brad Pitt et Angelina Jolie. Mr & Mrs Smith, derrière ses allures de série d’espionnage, est d’abord une étude du couple. Un couple dont la vie privée et la vie professionnelle se mélangent… et il se trouve que leur profession, c’est d’être espion !

Évidemment, si on s’attend à une série d’action classique, surchargée en fusillades, combats et poursuites de tout genre, on risque d’être un peu déçu (même s'il y a bien aussi de vraies scènes d'action !). Mais la série est bien plus intelligente que cela. Chaque épisode, avec la nouvelle mission qui est confiée à John et Jane, est en réalité un prétexte pour évoquer un des aspects de la vie d’un couple, son évolution, que ce soit avec ses côtés positifs (la rencontre, la découverte mutuelle, la complicité…) ou ses difficultés et ses crises, qui peuvent conduire à la thérapie de couple, voire à la rupture. 

Il y a dans ce mélange des genres une dimension ludique très réussie et qui donne une comédie originale, maline et fun. Il y a même un petit quelque chose qui évoque un peu Atlanta, la série géniale créée également par Donald Glover (en moins perché quand même !). 

L’alchimie entre les deux interprètes principaux, Maya Erskine et Donald Glover, fonctionne à merveille. En bonus, chaque épisode a ses guests, et pas des moindres (Paul Dano, John Turturro, Sarah Paulson, Ron Perlman, pour n’en citer que quelques-uns). 

Enfin, le dernier épisode, à la fois très rythmé et émouvant, se termine de façon originale et maline. Je n’en dirai rien pour ne pas divulgâcher… mais j’ai trouvé cette fin très réussie. 

Bref, Mr & Mrs Smith est vraiment une très jolie surprise, que je recommande chaudement. 

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Mr &Mrs Smith, une série créée par Donald Glover et Francesca Sloane
avec Donald Glover, Maya Erskin
8 épisodes disponibles sur Amazon Prime Video

lundi 22 janvier 2024

Le Renard - Prince des voleurs : une série en costume réjouissante et assez trépidante

 

Jack Dawkins, alias le Renard, jeune et habile pickpocket, a réussi à s’échapper de prison en Angleterre et s’est enfui en Australie. Dans la colonie britannique de Port Victory, désormais adulte, il est devenu chirurgien. Mais l’arrivée surprise de Fagin, dont il était l'apprenti voleur et qu’il croyait mort, va le faire replonger dans le crime. Il va aussi faire la connaissance de Lady Belle, la fille du gouverneur, une jeune femme brillante et éprise de liberté qui rêve de devenir chirurgienne. 

Jack Dawkins, Fagin, les connaisseurs de Dickens auront sans doute reconnu les personnages d’Oliver Twist. La série est bien une suite du roman de Dickens, mais avec un ton bien plus léger, pour une série en costume réjouissante et assez trépidante. 

L’évocation de la chirurgie au milieu du XIXe siècle, avec ses opérations en public, une hygiène douteuse et des méthodes assez radicales, donne lieu à des scènes très réussies. Les petits jeux de dupe, de trahison et de tromperie sont plaisants. Et la romance qui s’insère dans l’histoire est de bon aloi. L’humour et l’ironie sont présents tout au long du récit, auquel on pardonne volontiers quelques facilités de scénario. En tout cas, le plaisir ne se dément pas tout au long des huit épisodes, grâce à une réalisation efficace et un casting solide, duquel ressortent en particulier un excellent David Thewlis, assez méconnaissable et truculent en Fagin, et l’acteur australien Damon Herriman, en capitaine de police froid et intraitable.

Une jolie surprise pour cette série sur laquelle je suis tombée un peu par hasard et que j’ai regardé avec beaucoup de plaisir. Le dénouement laisse ouverte la possibilité d'une saison 2. Ce serait une bonne idée ! 

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Le renard - Prince des voleurs, une série créée par David Maher, James McNamara et David Taylor
avec Thomas Brodie-Sangster, David Thewlis, Maia Mitchell
Disponible sur Disney+

vendredi 12 janvier 2024

For all Mankind : une série toujours aussi enthousiasmante

 

La saison 4 de la série vient juste de se terminer sur Apple TV+. Petit rappel du pitch de la série Il s’agit d’une uchronie qui imagine ce qu’aurait pu être l’histoire de l’humanité si les premiers à avoir envoyé un homme sur la Lune en 1969 n’était pas les américains mais les russes. A partir de là, tout s’enchaîne de manière différentes de notre histoire…

Avec la saison 4, nous sommes en 2003. L’humanité est désormais bien installée sur Mars, et on repère un astéroïde se dirigeant en direction de la planète rouge et qui pourrait bien changer la donne. Il est en effet constitué de minéraux rares extrêmement précieux, une véritable mine d’or qu’il ne faut pas laisser passer. Le défi est de trouver comment capturer l’astéroïde pour exploiter ses ressources inestimables… Pour y arriver, l’humanité va devoir se montrer unie et collaborer… mais les choses ne sont pas si simples puisque l’URSS, qui existe toujours, vient de retrouver un régime autoritaire. 

A Happy Valley (le nom de la colonie humaine sur Mars), c’est une micro-société humaine qui s’est installée. Et si, officiellement, les nations de la terre sont unies, des tensions politiques demeurent. Loin de construire une colonie idéale, Happy Valley a tendance à reproduire sur Mars les inégalités et les injustices sociales qu’on rencontre sur Terre… La nature humaine ne change pas sur le sol martien ! S’ajoute à cela un enjeu nouveau : la capture de l’astéroïde va-t-elle servir les intérêts de la Terre ou ceux de Mars ? Tout cela permet à la série de nous raconter une histoire qui évoque des thèmes proches de nos préoccupations, alors même que le cours de l’histoire humaine s’y est écarté de la nôtre.

Ils ne sont plus qu’une poignée de personnages présents depuis la saison 1 (et on s’est particulièrement attachés à eux). De nouveaux arrivants font leur entrée dans la série. Alors, il faut un petit peu de temps pour que les choses se mettent en place. Il faut dire aussi qu’avec cette saison 4, on s’est passablement écarté du cours normal de l’histoire. Mais la série réussit à trouver petit à petit sa cohérence, son rythme et lorsque le coeur de l’intrigue de cette saison arrive, autour de l’astéroïde à capturer, on est happé par le récit, jusqu’à un dernier épisode tendu et haletant qui propose un final en apothéose, empreint d’émotion. Magistral !

For all Mankind demeure sans doute ma série en cours préférée, une réussite majeure qui parvient, saison après saison, à se renouveler. L’entremêlement des récits intimes et des enjeux géopolitiques est toujours très bien dosé et l’issue de l’intrigue en fin de saison est toujours incertaine, jusqu'aux derniers instants de l'épisode final. 

Et puis le petit saut dans le temps à la fin du dernier épisode, jusqu’en 2012, laisse encore entrevoir une saison supplémentaire possible. Il ne reste plus qu’à espérer qu’elle soit commandée. On n’a pas du tout envie de quitter cette série… 

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For all Mankind (saison 4), une série créée par Ronald D. Moore, Ben Nedivi et Matt Wolpert
avec Joel Kinnaman, Krys Marshall, Toby Kebbell

mardi 9 janvier 2024

La créature de Kyŏngsŏng : une fable horrifique sur un fond historique


A Kyŏngsŏng (l’ancien nom de Séoul), en 1945, la Corée est sous occupation japonaise. Jang, un riche prêteur sur gage de la ville, doit retrouver un femme mystérieusement disparue. Pour y parvenir, il fait appel à deux détectives réputés, Joong-won et sa fille Chae-oak, qui sont eux-mêmes à la recherche depuis plusieurs années de la mère disparue. Leur enquête va les mener vers un hôpital militaire sous contrôle japonais où ils vont découvrir que les sous-sols abritent une unité secrète se livrant à des expérimentations humaines sur des prisonniers coréens. L’une de ces expériences aboutit à la création d’une terrible créature à la force redoutable. 


Comme souvent, cette nouvelle série coréenne mélange les genres en proposant une intrigue qui mêle enquête, film d’horreur, romance et reconstitution historique. Car derrière le drame et la fable horrifique sombre se cache une référence à un terrible fait historique, celui de l’Unité 731, créée par l’armée japonaise dans les années 30 et qui effectuait de véritables expériences sur des humains pour créer des armes bactériologiques. 


La série est très soignée d’un point de vue esthétique, avec des décors et des costumes magnifiques. Les effets spéciaux sont plutôt convaincants, et la créature monstrueuse est tout à fait réussie. La série propose aussi quelques scènes d'une belle dimension poétique. Le récit offre son lot de rebondissements, des scènes d’action spectaculaires et une histoire qui, certes malgré quelques longueurs parfois, tient bien en haleine jusqu’au dénouement… ou plutôt jusqu’aux cliffhangers (car il y en a plusieurs) qui concluent la série et promettent une saison 2, déjà annoncée pour 2024, mystérieuse et surprenante (la dernière séquence !). 


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La créature de Kyŏngsŏng, une série créée par Kang Eun-kyung

avec Park Seo-joon, Han So-hee, Kim So-hyun

Saison 1 (10 épisodes) disponible sur Netflix