dimanche 29 mars 2020

Kingdom : une somptueuse série de zombies coréenne

Au Moyen-Âge, en Corée, quelques années après les invasions japonaises, des rumeurs circulent selon lesquels le roi serait gravement malade. Au même moment, une contagion étrange se répand dans le pays, qui transforme les personnes qu’elle atteint en assoiffés de sang et de chair humaine. Des hordes de zombies commencent à déferler sur le royaume… Quel mystère se cache derrière cette maladie, quels enjeux politiques se jouent en arrière-plan ?

Recommander, en pleine épidémie mondiale, une série de zombies, est-ce bien raisonnable ? Mais j’assume… Même si c’est une fiction, dont l’intrigue n’a rien à voir avec la crise que nous traversons, il est probable qu’on la regarde quand même un peu différemment… ou du moins qu’elle produise des échos particuliers pour nous aujourd’hui.

Disons-le tout de suite, la série est réservée à un public averti, capable de prendre du recul avec certaines images plutôt gores, qui sont toutefois le lot habituel des films ou des séries de zombies. Mais pour peu qu’on ne soit pas rebuté par ce genre, Kingdom est une série remarquable. Elle est même assez somptueusement produite : les décors, les costumes, le nombre de figurants. Elle est aussi épique, avec de nombreuses scènes impressionnantes (d’autant que, comme toujours, les zombies coréens courent vite !). La longue scène, dans le dernier épisode de cette saison 2, sur un lac gelé, est même assez extraordinaire. On en prend plein les yeux et on ne s’ennuie pas une seconde.

Mais l’intérêt de l’histoire est aussi et surtout dans son sous-texte. Comme toujours dans les bons films ou séries de zombies - qui ne cherchent pas seulement à nous faire peur - l’histoire a une dimension sociale et politique. Dans la saison 2, l’intrigue se complexifie, révélant les enjeux cachés, les complots et les plans machiavéliques, nourris par une soif de pouvoir ou un désir de vengeance. L’intrigue oppose un prince héritier qui refuse le confort auquel il pourrait prétendre pour être auprès de son peuple, aux dirigeants d’un royaume despotique prêt à sacrifier les plus faibles pour ce qu’ils considèrent comme le bien commun mais relève plus de la préservation de leurs privilèges. Pour les uns, la solidarité doit primer, pour les autres la fin justifie les moyens… La crise révèle le courage, l’altruisme et l’esprit de sacrifice des uns, mais aussi la lâcheté et l’égoïsme des autres (comme aujourd’hui peut-être ?...).

Dans la saison 2, des mystères liés à la contagion sont levés, et des intrigues politiques se résolvent… Mais les dernières minutes de la saison montrent que tout n’est pas fini, et les derniers rebondissements annoncent une saison 3 que l’on attend avec impatience !

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Bande annonce de la saison 1 (pour ne rien spoiler...) : https://www.youtube.com/watch?v=Ekoik5pDc7I 

mardi 24 mars 2020

The English Game : le football est plus qu'un jeu...

Dans les années 1870, le football n’avait que quelques années d’existence et était réservé aux élites de la société. L’équipe des Old Etonians (constituée d’anciens étudiants du prestigieux Eton College) est détentrice de nombreux trophés et favorite pour la FA Cup. Mais pour la première fois, une équipe ouvrière parvient à atteindre les quarts de finale de la coupe d’Angleterre ; le patron de l’équipe du Darwen FC, ville industrielle du Nord de l’Angleterre, fait alors venir deux joueurs d’Ecosse, et propose de les payer pour qu’ils intègrent son équipe (ce qui était alors interdit par le règlement…).

Inspirée par l’histoire vraie de Fergus Suter et Jimmy Love, considérés comme les premiers joueurs de football “professionnel” de l’histoire, la mini-série de Netflix (6 épisodes de 45 minutes) raconte les origines du football moderne, et les débuts de la démocratisation d’un jeu appelé à devenir le sport le plus populaire au monde. Mais on le voit dans les reconstitutions de matches, le football d’alors ne se pratiquait pas vraiment comme aujourd’hui... Et la révolution apporté par Suter était d’élargir le jeu, de ne pas seulement foncer tête baissée vers le but mais de favoriser un jeu de passes, en équipe.

Les intrigues que la série développe autour de Fergus Suter et Jimmy Love, passablement romancées d’après ce que j’ai compris, permettent de souligner que le football alors était plus qu’un jeu, c’était l’occasion pour les classes populaires d’échapper à leur quotidien rude et souvent misérable… et pour les élites d'essayer de conserver leurs privilèges (elles voient d’un très mauvais oeil le fait que des équipes ouvrières tentent de leur “voler” leur jeu !). A cet égard, l’intrigue autour d’Arthur Kinnaid, capitaine de l’équipe des Old Etonians (et qui deviendra ensuite président de la fédération de football anglaise), est intéressante. D’autres éléments de l’intrigue permettent d’approfondir l’évocation de la réalité sociale de l’époque, avec notamment la place des femmes, le poids de la tradition, les tensions sociales…

Très bien produite et réalisée, on trouve dans cette mini-série tout ce qu’on aime des belles séries britanniques : un souci minutieux pour la reconstitution historique, avec des décors et des costumes magnifiques, mais aussi des personnages attachants, très bien joués par des comédiens convaincants.

Au final, The English Game est vraiment un belle réussite… qui en plus nous permet de voir du football à l’heure où toutes les compétitions ont été arrêtées, épidémie de covid-19 oblige !
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Bande-annonce de la mini-série :