samedi 31 décembre 2022

Mon bilan série de l'année 2022

Ce bilan n’est pas vraiment un bilan de l’année série en général : il y a trop de plateformes de streaming et trop de séries pour tout suivre ! C’est juste un bilan de mon année série… mes préférées parmis celles que j’ai vues cette année, classées en 3 catégories : les nouvelles séries qui ont commencé en 2022, les séries en cours qui se sont poursuivies en 2022 et les séries qui se sont terminées en 2022.


Les nouvelles séries 

Mon coup de coeur

Severance (sur Apple TV+)

Une dystopie grinçante et brillante dans le monde du travail. Au début, on est intrigué et amusé. Il y a quelque chose de surréaliste et loufoque dans cette caricature du monde du travail. Et puis, petit à petit, un certain malaise s’installe, à mesure qu’on apprend à connaître les personnages, qu’on découvre les mystères de l'entreprise, ses dirigeants, leurs méthodes et leurs intentions. Le scénario est malin, la réalisation parfaite, les acteurs excellents. La nouvelle série de l’année ! 

Ma critique  


J’ai aussi beaucoup aimé : 

The Bear (sur Disney+)

Une série qui nous fait entrer de façon très immersive dans les coulisses d’un restaurant d’un quartier populaire de Chicago. Les épisodes sont courts, très rythmés, nerveux, parfois même effrénés. On partage le stress de toute l’équipe, avec comme paroxysme l’épisode 7 et son unique plan séquence de 20 minutes ! 
Ma critique  

Andor (sur Disney+)

Andor est une série d’espionnage aux accents politiques dans l’univers de Star Wars. Et ce qui est très réussi, c’est qu’on est vraiment dans cette galaxie lointaine qu’on aime, sans croiser le moindre Jedi ou un quelconque sabre laser. On ne mentionne même jamais la force. Enfin une série Star Wars pleinement satisfaisante ! 
Ma critique  


Les séries qui se sont terminées cette année

 Mon coup de coeur

Better Call Saul (Netflix)

Une série spin-off risque toujours de souffrir de la comparaison avec la série originale. Et comme Breaking Bad est sans doute une des meilleures séries de l’histoire des séries, le risque était grand pour Better Call Saul. Mais les créateurs de la série réussissent l’exploit de faire un spin-off (presque) aussi bon que la série d’origine (pour moi, Breaking Bad reste insurpassable…), à tel point que les deux deviennent indissociables et devraient plutôt être considérées comme un diptyque incontournable. Une réussite totale.

Ma critique de la saison 6 finale 


J’ai aussi beaucoup aimé : 

The Expanse (Amazon Prime Video) 

Ce qui fait de The Expanse une excellente série SF, c’est d’abord son univers visuel très réussi et représenté de façon méticuleuse : on est dans du Space Opera pleinement assumé. C’est aussi la variété de ses personnages, leur évolution tout au long du récit qui leur font prendre de l’épaisseur. C’est enfin son récit riche de dimensions politiques et sociales, avec même parfois une certaine dimension métaphysique. 
Ma critique de la saison 6 finale  

Ozark (Netflix)

Ozark est incontestablement une série qui s’est bonifiée au cours des saisons. Elle commence comme une bonne série, sans plus, et se termine comme une grande série noire, dans un final qui laisse un goût amer. Et c’est bien qu’il en soit ainsi, c’est tout à fait cohérent avec l'histoire de la famille Byrde, et cela sert parfaitement le propos de la série. 
Ma critique de la saison 4 finale 

Peaky Blinders (Netflix)

C’est fini, ou presque, puisqu’un film est prévu pour conclure l’histoire de Tommy Shelby et sa famille. Cette saison finale est crépusculaire, plus noire encore que la précédente, alors que les malheurs s’abattent sur Tommy et sa famille, et que le fascisme gronde de plus en plus fort en Europe. Ces menaces internes et externes tissent une saison noire, lente et inexorable, avec quelques accès de violence, où les personnages ont soif de vengeance, en proie aux complots et aux trahisons. 
Ma critique de la saison 6 finale (ou presque)  

En thérapie (Arte)

A priori, il n’y aura pas de saison 3… alors je la mentionne dans cette catégorie. Toujours la même économie de moyens, toujours la même subtilité et la même profondeur, et puis ce ton si particulier, qui fait de cette série une sorte de thriller intime entièrement basé sur le dialogue qui, d’une certaine façon, donne à voir l’inconscient, où des hommes et des femmes, petit à petit, se dévoilent et se livrent. 
Ma critique de la saison 2 (à priori la dernière)


Les séries en cours

 Mon coup de coeur

For All Mankind (Apple TV+)

Une uchronie brillante qui nous emmène vers les étoiles. Ce qui fait toute la saveur de la série, c’est non seulement la qualité de sa production, sa réalisation impeccable, son excellent casting, mais c’est surtout l’intelligence du scénario qui rend la série toujours aussi passionnante. La série ne souffre d'aucune baisse de tension ou d'une perte d’intérêt après trois saisons, bien au contraire ! Elle parvient, avec maestria, à développer à la fois les enjeux scientifiques, géopolitiques et sociétaux à grande échelle et les enjeux dramatiques personnels et intimes de ses différents personnages. 

Ma critique de la saison 3 

J’aime toujours beaucoup : 

Stranger Things (Netflix)

Stranger Things joue à nous faire peur, mais c’est juste un jeu. Ce n’est pas une série d’horreur ou d’épouvante, c’est une série pop qui cherche avant tout à divertir et proposer un spectacle réjouissant… avec des monstres dedans. Hyper référencée, elle joue à fond la carte de la nostalgie et du vintage façon années 80. C’est toujours aussi cool ! 
Ma critique de la saison 4 

The Crown (Netflix)

Même si le joyau de Netflix brille avec un peu moins d’éclat dans cette saison 5, The Crown reste une série remarquable, fort bien produite et souvent passionnante à suivre, entre reconstitution historique et fiction ou conjectures, notamment dans l’intimité de la famille royale britannique. J’ai trouvé le nouveau casting globalement moins convaincant que les deux précédents, à l’exception d’Elizabeth Debicki, assez bluffante de mimétisme dans le rôle de Diana. 
Ma critique de la saison 5  



dimanche 4 décembre 2022

Périphériques, les mondes de Flynne : la bonne surprise série SF de l'année

Dans un futur proche, en Amérique, Flynne Fisher est une jeune femme gameuse de haut vol. Quand son frère lui fait tester un nouveau jeu vidéo qu’on lui a envoyé, elle se retrouve dans un univers ultra-réaliste où elle assiste à un meurtre. Mais elle va apprendre que ce n’est pas un jeu : le futur qu’elle a vu est bien réel et elle est désormais menacée, dans son présent, par des inconnus de cet avenir. 

Adaptation d’un ouvrage de William Gibson, le pape du cyberpunk, Périphériques est sans doute la bonne surprise des séries SF cette année. Nous suivons Flynne, l’héroïne, entre un futur proche en Amérique et un futur plus éloigné de quelques décennies, dans un Londres post-apocalyptique. Entre les deux, un effondrement a eu lieu, appelé le "Jackpot", qui a anéanti la majeure partie de l'humanité. Dans cet avenir post-Jackpot, les périphériques sont des androïdes qu’on peut manipuler à distance, y compris à travers le temps. C’est dans l’un d’eux, façonné à sa ressemblance, que Flynn se retrouve projetée lorsqu’elle se connecte avec ce qu’elle pensait être un jeu. 

La série nous tient en haleine tout au long des huit épisodes de sa première saison, avec son histoire hybride, mêlant plusieurs thèmes classiques de la SF (dystopie, nouvelles technologies, voyage dans le temps, mondes parallèles…), avec un scénario intelligent et assez complexe, et une réalisation efficace, réservant plusieurs morceaux de bravour dans des scènes d’action bien menées. Les personnages sont intéressants et le casting impeccable. Le final est satisfaisant, tout en préparant la suite, dans une saison 2 qui devrait suivre. 

Comme toujours dans la SF, en évoquant le futur, c’est notre présent que le récit interroge : la place de la technologie, la frontière floue entre réel et virtuel, la fragilité d’un monde qui pourrait à tout moment basculer voire s’écrouler… Bref, Périphériques est non seulement un divertissement bien conçu mais aussi une série profondément ancrée dans nos préoccupations et nos peurs d'aujourd'hui. 

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Périphériques, les mondes de Flynne (The Peripheral), une série créée par Scott B. Smith
avec Chloë Grace Moretz, Gary Carr, Jack Reynor
8 épisodes disponibles sur Amazon Prime Video



samedi 3 décembre 2022

1899 : sombre mystère sur un bateau

 

Le Kerberos est un navire qui traverse l'Atlantique vers New York. A son bord, des hommes et des femmes de multiples origines qui émigrent de l’Europe vers l’Amérique. Lorsque l’équipage détecte un signal de détresse en provenance du Prometheus, un navire de la même compagnie disparu depuis des mois, le capitaine décide de changer de cap et d’aller au secours d’éventuels survivants. Ce qu’ils vont découvrir à bord va faire basculer leur voyage dans un mystère cauchemardesque… 

La nouvelle série labyrinthique de Jantje Friese et Baran bo Odar, les créateurs de Dark, est sortie il y a quelques jours sur Netflix. Si on a vu Dark, on se doute bien que la série va nous mener en bateau (OK, elle était facile celle-là…) par un récit à énigmes complexe et déroutant, avec de nombreuses fausses pistes et des rebondissements inattendus, le tout dans une ambiance sombre, parfois envoûtante, qui joue un peu cette fois avec les codes de l’épouvante, et toujours avec en sous-texte une dimension métaphysique. En tout cas, on se rend compte assez rapidement qu’il ne se passe sans doute pas vraiment ce qu’on veut nous faire croire… 

Globalement, je trouve qu’on est quand même un petit cran en-dessous de Dark, notamment à cause de personnages un peu moins convaincants et un casting inégal. Mais ne boudons pas notre plaisir : même si la série est sombre et très sérieuse, on s’amuse à essayer de s'y retrouver dans ce labyrinthe qui fait un peu chauffer nos neurones et deviner ce qui se passe vraiment devant nos yeux. Et il faut avouer que les créateurs de la série ont à nouveau concocté un scénario tortueux à souhait. 

La saison se termine évidemment par une révélation finale qui explique pas mal de choses mais laisse aussi de nombreuses zones d’ombre. La série pourrait s’arrêter là… même si on sent qu’elle en a encore sous le capot ! D’ailleurs, les créateurs de la série ont déclaré qu’ils ont un plan sur trois saisons. Rappelons que dans Dark, chaque saison devenait plus complexe, à tel point même qu’au milieu de la saison 3, on se sentait vraiment complètement perdu… avant de conclure de manière assez magistrale et de rendre l’ensemble évident et clair. Ce serait donc bien dommage de s’arrêter là pour 1899… on espère encore deux saisons ! 

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1899, une série créée par Jantje Friese et Baran bo Odar
avec Emily Beecham, Aneurin Barnard, Andreas Pietschmann
8 épisodes disponibles sur Netflix



jeudi 24 novembre 2022

Andor : enfin une série Star Wars pleinement satisfaisante !

 

La saison 1 d’Andor vient de se terminer avec un dernier épisode épique et émouvant, concluant de manière convaincante ce qui est, à ce jour (et de loin !), la meilleure série Disney+ dans l’univers de Star Wars. Il faut dire que jusqu’ici ce n’était guère brillant… ça allait du correct (The Mandalorian) au catastrophique (Le livre de Boba Fett). 

Andor est une série préquelle à Rogue One, le film, très réussi, qui était le chaînon manquant entre l’épisode 3 et l’épisode 4 (le tout premier film Star Wars rebaptisé “Un nouvel espoir”). L'histoire se déroule 5 ans avant les événements du film. Autour de Cassian Andor (un des futurs héros de Rogue One mais qui ne fait pas encore partie des rebelles au début de la série), le récit explore les premiers soubresauts d’une rébellion qui n’est pas encore organisée en alliance rebelle alors que l’empire impose de plus en plus son emprise totalitaire sur la galaxie. 

Andor est une série d’espionnage aux accents politiques dans l’univers de Star Wars. Et ce qui est très réussi, c’est qu’on est vraiment dans cette galaxie lointaine qu’on aime, sans croiser le moindre Jedi ou un quelconque sabre laser. On ne mentionne même jamais la force. Et pourtant, on est vraiment dans Star Wars. Tout le reste y est : les stormtroopers, les vaisseaux spatiaux, les uniformes impériaux, les droïdes… Andor approfondit aussi les rouages de la machine impériale, des sous-officiers régionaux aux officiers supérieurs, sans monter tout en haut de la hiérarchie (ni Dark Vador ni l’empereur dans la série…).

Et puis la série, créée par Tony Gilroy, est très bien produite : le casting est bon, les décors et les costumes fleurent bon la première trilogie (sans pour autant être kitsch), le récit est bien construit. Bref : enfin une série Star Wars pleinement satisfaisante ! 

Et ne manquez pas la scène post-générique du dernier épisode : une surprise assez géniale vous y attend ! On a envie de connaître la suite… et ça tombe bien : le tournage de la saison 2 vient tout juste de commencer. 

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Andor, une série créée par Tony Gilroy
avec Diego Luna, Adria Arjora, Stellan Skarsgård
12 épisodes disponibles sur Disney+



samedi 19 novembre 2022

The Crown - saison 5 : le joyau de Netflix brille toujours mais avec un peu moins d’éclat

 

De retour sur Netflix, The Crown revient avec sa cinquième (et avant-dernière) saison, avec aussi un tout nouveau casting. Imelda Staunton succède à Olivia Colman et Claire Foy dans le rôle de la reine Elizabeth. Souvent centré sur le couple Charles et Diana (la saison se termine au lendemain de leur divorce), cette nouvelle saison évoque aussi les autres déboires familiaux des enfants de la reine, les remises en cause de la monarchie et la fameuse annus horribilis de 1992. Une période troublée pour Elizabeth... 

Je dois avouer que cette saison 5 m’a un peu moins passsionné que les précédentes. La faute peut-être au nouveau casting que j’ai trouvé globalement moins convaincant que les deux précédents, à l’exception sans doute d’Elizabeth Debicki, assez bluffante de mimétisme dans le rôle de Diana. 

Ceci dit, deux épisodes ont particulièrement retenu mon attention. L’épisode 3, qui porte sur l’ascension de Mohamed Al Fayed (et son fils Dodi, futur amant de Diana… ce sera sans doute pour la saison 6), un égyptien parti de rien et devenu milliardaire, dont j’ai découvert des aspects que je ne soupçonnais pas (par exemple le fait qu’il était parmi les producteur du film les Chariots de feu !). J’ai aussi beaucoup aimé l’épisode 6 qui évoque l’arrivée au pouvoir de Boris Eltsine en Russie, faisant remonter à la surface le souvenir de l’assassinat du tsar Nicolas II et sa famille par les Bolcheviks en 1918, et la question de la responsabilité du roi Georges V, cousin de Nicolas II et grand-père de la reine Elisabeth.  

Même si le joyau de Netflix brille avec un peu moins d’éclat dans cette saison 5, The Crown reste une série remarquable, fort bien produite et souvent passionnante à suivre, entre reconstitution historique et fiction ou conjectures, notamment dans l’intimité de la famille royale britannique. 

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The Crown, une série créée par Peter Morga et Stephen Daldry
5 saisons disponibles sur Netflix


vendredi 14 octobre 2022

Les Anneaux de Pouvoir : un retour convaincant en Terre du Milieu (avec une marge de progression)

 

Environ 3000 ans avant les événements racontés dans Le Hobbit et Le Seigneur des Anneaux, une période de paix relative règne en Terre du Milieu, après la défaite de Morgoth. Mais Galadriel est persuadée que Sauron, le serviteur de Morgoth, est encore un redoutable danger. Elle est bien décidée à le retrouver et le combattre. 

C’est peu dire que la série était attendue ! On se rend bien compte qu’elle est la plus chère de l’histoire, avec des moyens colossaux pour un retour en Terre du Milieu risqué tant l’univers de Tolkien est riche et périlleux à adapter, tant les films de Peter Jackson, surtout dans sa trilogie du Seigneur des Anneaux, ont marqué, et tant les fans et les connaisseurs de Tolkien (ou ceux qui estiment l’être) attendait la série au tournant (certains ayant de toute façon décidé que ce serait mauvais avant même la sortie de la série…). Et de fait, les critiques n’ont pas manqué… 

Autant le préciser tout de suite : j’ai vraiment aimé cette première saison, même s’il y a encore une marge de progression pour la suite. 

On pourrait avoir l’impression que cette première saison est essentiellement une introduction qui prépare la suite (à priori il y aurait 5 saisons prévues…). Certains prétendent même qu’il ne s’y passe rien. Je ne suis pas d’accord. Certes, la série prend son temps et les scènes véritablement épiques ne sont pas très nombreuses (mais il y en a quand même, et parfois très spectaculaires), mais en cela, ce serait plutôt conforme aux récits de Tolkien. Il se passe toutefois pas mal de choses et le final ouvre sur des perspectives intéressantes pour la suite. Alors tout n’est pas parfait dans la série. Il y aura sans doute des ajustements à faire dans la saison 2 au niveau du rythme, certaines ficelles du scénario sont un peu trop évidentes, il aurait été sans doute préférable de diluer certains éléments de l’épisode final dans les épisodes précédents plutôt que d’y concentrer pratiquement toutes les révélations (même si ça alimentait les différentes théories des fans tout au long des semaines de diffusion…)

Mais franchement, j’ai eu beaucoup de plaisir à regarder la série et je suis assez convaincu par son dénouement et ses révélations finales (sur Sauron et sur l’Etranger) qui me semblent plutôt cohérentes. Et puis il y avait quand même une vraie joie de replonger dans l’univers de Tolkien, dans le prolongement de ce que Peter Jackson avait imaginé : les grands espaces, les décors, les costumes, les multiples races et créatures, tout cela est quand même assez somptueux ! 

Evidemment, certains puristes et certains défenseurs autoproclamés de Tolkien crient au scandale pour telle interprétation d’un personnage clé (moi j’ai bien aimé la Galadriel incarnée par Morfydd Clark...) ou parce que la chronologie de l’oeuvre de Tolkien n’est pas toujours respectée… Mais adapter Tolkien est une tâche colossale et délicate… Et puis il faut se souvenir que le matériau de base utilisé par la série sont les appendices au Seigneur des Anneaux (ajoutés à la deuxième édition de la trilogie originelle), pas le Silmarillion par exemple ou d’autres ouvrages de Tolkien. A partir de là, la série bâtit son scénario et s’autorise quelques libertés. Et alors ? Par ailleurs, la série n’est pas seulement une adaptation de Tolkien, c’est aussi une série préquelle des films de Peter Jackson (qui lui-même avait pris quand même certaines libertés avec le Seigneur des Anneaux et surtout pas mal brodé autour du Hobbit). Et de ce point de vue, ça me semble assez réussi. 

Pour moi, la mission est donc accomplie : le retour en Terre du Milieu est convaincant. J’attends la suite ! 

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Les Anneaux de Pouvoir, une série créée par John D. Payne et Patrick McKay
avec Morfydd Clark, Markella Kavenagh, Robert Aramayo
8 épisodes de 70 minutes, disponibles sur Amazon Prime Video


mardi 11 octobre 2022

The Bear : les nerfs à vif en cuisine !

 

Carmen Berzatto (“Carmy”) est un jeune chef plein de talent qui a travaillé dans les meilleurs restaurants. Après la mort de son frère (il s'est suicidé), il est de retour à Chicago pour reprendre la direction du restaurant que son frère lui a légué… avec toutes ses dettes. Il va devoir faire sa place, gérer un personnel pas toujours coopératif et affronter les conséquences personnelles et familiales liées à la tragédie de son frère. 

The Bear est une série qui nous fait entrer de façon très immersive dans les coulisses d’un restaurant d’un quartier populaire de Chicago. Les épisodes sont courts (une demie heure environ), très rythmés, nerveux, parfois même effrénés. On partage le stress de toute l’équipe, avec comme paroxysme l’épisode 7 et son unique plan séquence de 20 minutes ! Il y a aussi beaucoup d’humour, avec des personnages attachants et touchants (et la ville de Chicago qui est aussi un personnage à part entière), un scénario qui permet d’évoquer des questions autour de la famille, du deuil, de l’addiction, du travail, de la solidarité… Le casting est impeccable. 

Autant dire qu’on enchaîne les 8 épisodes avec gourmandise, jusqu’à un épisode final plein d’émotion. A la fin de la saison, on a envie d’en connaître plus sur les personnages, en savoir plus sur leur histoire, et de découvrir la suite de leurs aventures ! Bref, voilà une première saison qui nous met l’eau à la bouche. Et la bonne nouvelle est qu’une saison 2 a déjà été commandée : on est prêt à se remettre à table !

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The Bear, une série créé par Christopher Storer
avec Jeremy Allen White, Ebon Moss-Bachrach, Ayo Edebiri
8 épisode de 30 minutes environ, disponibles sur Disney+


jeudi 29 septembre 2022

Kleo : espionnage et humour déjanté en Allemagne de l'Est

Kleo est une espionne est-allemande. En 1987, elle tue un homme d'affaires à Berlin-Ouest. Peu de temps après, elle est arrêtée et emprisonnée, lâchée par tous ceux qu’elle connaît, y compris son grand-père, un officier supérieur est-allemand qui l’a élevée. Deux ans plus tard, après la chute du mur de Berlin, elle est libérée en même temps que de nombreux prisonniers politiques. Elle va mener son enquête pour savoir pourquoi elle a été trahie et emprisonnée. 

Kleo, du nom de son héroïne, est une série d’espionnage allemande, bien enlevée, pleine de surprises, dans une ambiance pop délicieusement eighties. La série adopte surtout un ton décalé très réjouissant, avec beaucoup d’humour, parfois même assez déjanté. Autour de Kleo, on trouve un policier peureux et maladroit qui rêve de mener une grande enquête criminelle, un colocataire complètement perché et persuadé d’être originaire d’une autre planète, des agents secrets de différents services, dont au moins un agent double, des anciens dirigeants de la RDA…et une valise rouge qui contient un secret pouvant faire vaciller le monde. 

Le personnage principal est incarné par Jella Haase, une vraie révélation, jeune comédienne pleine d’énergie et de fantaisie. Elle est entourée par une bande d’acteurs et d’actrices qui, visiblement, se sont bien amusés, notamment Dimitrij Schaad, très drôle. 

Et si on finit par savoir à la fin ce qu’il y a dans la fameuse valise rouge, les dernières images laissent de nombreuses portes ouvertes pour une suite ! Et, bonne nouvelle, une saison 2 a été commandée par Netflix ! Sehr gut !!! 

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Kleo, une série créée par Hanno Hackfort, Richard Kropf et Bob Konrad
1 saison (8 épisodes) disponible sur Netflix


mercredi 17 août 2022

Better Call Saul : clap de fin pour un diptyque incontournable

 

Better Call Saul, c’est fini ! Le dernier épisode de la 6e et dernière saison vient de sortir sur Netflix et clôt avec brio cette série spin-off et prequel du cultissime Breaking Bad. La saison finale permet de découvrir la fin de la mue de Jimmy McGill en Saul Goodman, et comment se termine l’histoire de Gene Takavic, la nouvelle identité de Jimmy en fuite. On y croise bon nombre de personnages de Breaking Bad, certains (Mike, Gustavo Fring…) pour des rôles importants, d’autres pour des apparitions courtes mais significatives (jusque dans l’épisode final), et c’est le cas de Walter White et Jessie Pinkman dans les derniers épisodes. L’univers de la série s’enrichit aussi de nouveaux personnages (Kim Wexler, Nacho Varga, Lalo Salamanca…), essentiels pour comprendre le futur Saul Goodman. 

Une série spin-off risque toujours de souffrir de la comparaison avec la série originale. Et comme Breaking Bad est sans doute une des meilleures séries de l’histoire des séries, le risque était grand pour Better Call Saul. Mais Vince Gilligan et Peter Gould, les créateurs de la série, réussissent l’exploit de faire un spin-off (presque) aussi bon que la série d’origine (pour moi, Breaking Bad reste insurpassable…), à tel point que les deux deviennent indissociables et devraient plutôt être considérées comme un diptyque incontournable. 

Il y a une proximité évidente entre les deux séries. Un storytelling toujours aussi maîtrisé, des personnages hauts en couleur et un ton si particulier, avec un mélange détonnant de cynisme, d’humour noir, de franche comédie qui bascule parfois dans le drame. Breaking Bad / Better Call Saul est en réalité un conte moral qui explore les parts sombres du cœur humain, tout en cherchant à comprendre les aspirations profondes et les mécanismes qui peuvent pousser des gens ordinaires à devenir des monstres ou des crapules. On retrouve dans les deux séries des thèmes similaires comme le besoin de revanche et le sentiment d’injustice qui se transforment petit à petit en spirale de la vengeance, ou le pouvoir corrupteur, dans tous les sens du terme, de l’argent, et dans les deux cas, aussi, des histoires de famille compliquées… et une histoire d’amour. Les deux séries parviennent à raconter la vie et l’évolution de ses anti-héros en gardant de l’empathie pour eux, alors même qu’ils deviennent des personnages que l’on devrait détester. C’est ce jeu d’ombre et de lumière qui fait toute la saveur du diptyque.

Le casting est excellent, avec un Bob Odenkirk toujours aussi savoureux, qui devient même assez bouleversant dans le final doux-amer - et réussi ! - de la série. Better Call Saul est donc une réussite totale, dans le parfait prolongement de Breaking Bad.

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Better Call Saul, une série créée par Vince Gilligan et Peter Gould
6 saisons (63 épisodes) disponibles sur Netflix


samedi 13 août 2022

For All Mankind (saison 3) : une uchronie brillante qui nous emmène vers les étoiles

La saison 3 de l’une de mes séries préférées vient juste de se terminer sur Apple TV+, de façon intense et grandiose. N’y allons pas par quatre chemins : For All Mankind est sans conteste une des toutes meilleures séries en cours (une saison 4 est heureusement déjà commandée), et même une des toutes meilleures séries tout court depuis les années 2000. Dans son genre, on n’est pas loin du chef d’oeuvre ! 

Mais la série n’est certainement pas connue comme elle le mériterait ! Alors il n’est sans doute pas inutile de redire en quelques mots de quoi il s’agit. Le premier épisode de la saison 1 s’ouvrait en 1969 sur les premiers pas de l’homme sur la Lune… avec toutefois un changement de taille : ce ne sont pas les Américains mais les Russes qui ont été les premiers sur la Lune ! A partir de ce point de départ, la série développe une uchronie passionnante qui va changer beaucoup de choses par rapport à l’histoire que nous connaissons. Ainsi, la Guerre Froide entre les USA et l’URSS se déroulera aussi sur la Lune où Américains et Russes doivent cohabiter. La série va développer aussi tout un fil narratif féministe dont le déclencheur sera la deuxième mission soviétique sur la Lune, avec une cosmonaute, ce qui nécessitera une réponse de la part des Américains et qui déclenchera un effet domino qui accélérera certaines évoolutions dans la société. Quant à la saison 3, qui se déroule dans les années 90, elle va voir la course entre les USA et l’URSS (eh oui, l’URSS existe toujours bel et bien dans les années 90 dans For All Mankind !) se poursuivre jusque vers Mars… avec un troisième acteur qui rejoint la course, une entreprise privée à la tête de laquelle se trouve un petit génie richissime. 

On le comprend, ce qui fait toute la saveur de la série, c’est non seulement la qualité de sa production, sa réalisation impeccable, son excellent casting, mais c’est surtout l’intelligence du scénario qui rend la série toujours aussi passionnante. Ainsi, la série ne souffre d'aucune baisse de tension ou d'une perte d’intérêt après trois saisons, bien au contraire ! Elle parvient, avec maestria, à développer à la fois les enjeux scientifiques, géopolitiques et sociétaux à grande échelle et les enjeux dramatiques personnels et intimes de ses différents personnages. 

A cet égard, on sait après les deux premières saisons que les auteurs de la série n'hésitent pas à faire mourir certains de leurs personnages. La conquête spatiale est éminemment dangereuse et il serait hautement improbable que tous les personnages d’une série comme For All Mankind s’en sortent sains et saufs. Cette saison 3 ne déroge pas à la règle… aucun personnage, aussi important soit-il, n’est à l’abri, dans l’espace ou ailleurs ! Mais je n’en dirai pas plus...

Du point de vue des enjeux à grande échelle, on n’est pas au bout de nos surprises avec cette saison 3. Le scénario nous réserve toujours des propositions audacieuses mais bien réfléchies. Pour que l’uchronie fonctionne, il faut que les changements proposés soient plausibles, y compris d’un point de vue scientifique. La série ne bascule jamais dans le Space Opera : elle veut résolument se situer du côté de la Hard Science. A noter d’ailleurs qu’il ne faut pas manquer le petit bonus post-générique à la fin du dernier épisode : "The science behind For All Mankind", qui montre à quel point la série veut vraiment s’attacher à une rigueur scientifique, pour qu’elle soit le plus réaliste possible. A voir aussi, avant de regarder la saison 3, les petites pastilles très bien faites, qui évoquent l’histoire alternative de la série, avec de vraies-fausses images d’archives et de journaux télévisés des années 80, pour faire le lien entre les saisons 2 et 3. Tout est réfléchi, bien construit et se veut aussi plausible que possible. C’est vraiment passionnant !

Ceci dit, j’ai quand même un gros problème avec For All Mankind : il va falloir que j’attende une année pour connaître la suite, qui va visiblement se dérouler dans les années 2000 si l’on en croit la dernière scène de l’épisode final, avec son habituel cliffhanger… L’attente va être longue ! 

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For All Mankind, une série créée par Ronald D. Moore, Ben Nedivi, Matt Wolpert
3 saisonsde 10 épisodes, disponibles sur Apple TV+


mardi 9 août 2022

The Sandman : dans le monde des rêves

 

En 1916, le Seigneur des rêves est emprisonné par un homme qui se fait appeler le mage. Durant sa captivité, on lui vole ses outils : son casque, son rubis et sa pochette de sable. Plus d’un siècle plus tard, il parvient à se libérer. Il commence alors un périple à travers les mondes, pour retrouver ses outils et récupérer son pouvoir, et pour réparer les dégâts liés à son absence, dans son royaume et dans le monde éveillé.


The Sandman est l’adaptation en série, attendue depuis longtemps par les fans, des romans graphiques éponymes écrits par Neil Gaiman. Je précise que je ne les connais pas et que je ne sais donc pas dans quelle mesure la série est fidèle (il semble que ce soit le cas, avec quelques changements de genre chez certains personnages) et parvient à retranscrire l’univers et l’ambiance de la BD. Mais je connais bien les romans de Neil Gaiman et j’ai bien retrouvé dans la série l’univers fantastique propre à l’auteur, qui plonge ses racines dans les croyances et les mythologies, avec lesquelles il aime jouer. Nul doute que tout le monde n’entrera pas dans cet univers… moi, je l’ai trouvé assez fascinant, transcrit de manière convaincante, notamment visuellement, malgré quelques imperfections de la série. 


L’univers de The Sandman est sombre, gothique et onirique, mais pas sans espoir, avec des personnages complexes et un monde vaste. Le personnage principal a plusieurs noms, Morpheus, Sandman ou tout simplement Rêve. Il appartient aux Eternels (Endless en vo), des représentations anthropomorphiques d’idées ou de concepts, reflets de l’âme humaine. Ils sont au nombre de sept (certains n’apparaissent que très peu voire pas du tout dans la série) dont le nom commence toujours par un D en anglais : Dream (Rêve), Death (Mort), Desire (Désir), Despair (Désespoir), Destiny (Destin), Delirium (Délire) et Destruction (Destruction). 


The Sandman est un conte philosophique, qui joue sur les différents sens du mot rêve, explorant les interactions entre le “monde éveillé” et le “monde des rêves” pour sonder l’âme humaine et évoquer des questions existentielles autour de la vie et la mort, le deuil, l’espoir, la foi et les croyances… Nos rêves sont-ils des mensonges ou des espoirs ? Nos mensonges ne sont-ils pas souvent des rêves que nous dissimulons ? Est-ce que ce ne sont pas nos rêves qui font de nous des humains ? 


Les épisodes sont bien liés entre eux mais pratiquement chacun a sa cohésion propre et ne se termine pas forcément par l’habituel cliffhanger qui crée l’attente de l’épisode suivant (même s’il y en a quand même un ou deux). La série se construit plutôt comme un tableau d’ensemble qui se dessine par touches successives, ou qui s’esquisse à peine parfois, un kaléidoscope onirique qui tient souvent plus du cauchemar que du rêve paisible.  


Les meilleurs épisodes sont, selon moi, les épisodes 4, 5 et 6. Dans l’épisode 4, Rêve doit aller en enfer pour récupérer un de ses objets dérobés et pour cela il devra affronter en duel… Lucifer. Dans l’épisode 5, sans doute le plus cynique de la série (avec l’épisode 9 et sa convention soi-disant sur les céréales), John Dee va tester sur les clients d’un bar où il s’est installé, avec l’aide du rubis de Rêve, si le monde ne serait pas meilleur avec des humains parfaitement honnêtes les uns envers les autres. Et dans l’épisode 6, Rêve accompagne sa soeur, Mort, qui lui conseille de renouer contact avec une vieille connaissance qui refuse de mourir. 


Dans l’ensemble, la première moitié de la saison, jusqu’à l’épisode 6, est vraiment très bien. On y trouve les épisodes les plus sombres, les plus denses et les plus profonds. La deuxième partie perd un peu en intensité, avant un final qui ouvre quand même l’appétit pour une saison 2… si Netflix commande une suite, évidemment. Et on peut l’espérer car The Sandman, malgré ses imperfections, est une mini-série originale avec un univers singulier et riche, que la saison 1 n’a pu qu’effleurer.


(19 août 2022) : Netflix a mis récemment en ligne un épisode bonus, en deux volets : "un rêve de mille chats" et "Calliope". Le premier est un malicieux film d'animation de 15 minutes environ avec des chats qui rêvent d'un autre monde, le second est une histoire autonome qui s'inscrit dans l'univers de la série, autour d'un écrivain en mal d'inspiration (un deuxième volet qui apporte au passage une révélation sur le passé de Morpheus...).

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The Sandman, une série créée par Neil Gaiman et Allan Heinberg

1 saison (10 épisodes + 1) disponible sur Netflix






mardi 2 août 2022

Sur ordre de Dieu : meurtre chez les Mormons

 

Au mois de juillet 1984, on découvre avec horreur, dans une petite ville de l’Utah, le meurtre sanglant de Brenda Wright Lafferty et de son bébé âgé de 15 mois seulement. Les Lafferty sont une famille influente de la communauté mormone, très largement majoritaire dans la région. Le mari de Brenda, Allen, retrouvé couvert de sang, est d’abord suspecté du meurtre. Mais les enquêteurs vont vite se rendre compte qu’il faut aller plus loin pour résoudre l’affaire. 

Inspiré d’une terrible histoire vraie, Sur ordre de Dieu (Under the Banner of Heaven en vo) est une mini-série policière captivante… et assez terrifiante. L'épisode final, qui dure 90 minutes, est particulièrement haletant et certaines scènes demandent d'avoir le coeur bien accroché. La série se base sur le livre éponyme de John Krakauer mais elle prend des libertés avec les faits : c’est une fiction inspirée d’un fait réel, pas un documentaire. Ainsi, les deux inspecteurs qui mènent l’enquête sont des personnages fictifs. L’un est lui-même Mormon, l’autre est natif américain. Ce choix scénaristique n’est pas dû au hasard : il sera l’occasion de souligner les racines très américaines, y compris dans ses zones d’ombre, du mormonisme. Les deux enquêteurs sont au coeur du récit qui se construit autour de trois fils narratifs : celui de la famille Lafferty, dont les frères vont petit à petit tomber dans une forme d’intégrisme effrayant ; celui de Jeb, le flic mormon, simple croyant, bon père de famille, qui va voir sa foi être ébranlée par les révélations auxquelles il va être confronté ; et celui des origines de l’Eglise mormone, avec son fondateur Joseph Smith, entre histoire, légende et mensonges. C’est, à mon sens, ce troisième fil narratif qui est le moins convaincant, sans doute un peu trop démonstratif dans sa charge contre l'Eglise mormone.  

Il faut mentionner que Dustin Lance Black, le créateur de la série, est lui-même issu d’une famille mormone, une éducation avec laquelle il a pris ses distances aujourd’hui. Mais de ce fait, l’évocation qu’il fait dans la série de la vie quotidienne d’une famille mormone - avec des nuances ; tout le monde n’est pas mis dans le même sac intégriste - sent quand même le vécu. L’organisation hyper-patriarcale, le sexisme omniprésent où les femmes n’ont pas d’autre rôle que celui de servantes soumises à leur mari, les pratiques religieuses strictes et parfois surprenantes, avec un langage parfois obscure et souvent sectaire... C’est étonnant et parfois assez glaçant. Tout comme l’évocation globale de “l’Eglise de Jésus-Christ des saints des derniers jours” où, pour préserver la réputation de l'organisation, on cherche à imposer une loi du silence et étouffer les affaires en les réglant de façon interne. 

Mais ce qui fait le plus froid dans le dos, c’est le récit autour des frères Lafferty et sa spirale vers l’intégrisme et la folie meurtrière, qui s’inscrit ici dans le cadre du mormonisme mais qui dit quelque chose de toutes les trajectoires vers les intégrismes, cercles vicieux qui entraînent ceux qui s'y laissent prendre vers l’aveuglement et la folie, jusqu’à l’irréparable. 

Le casting est excellent. Dans le rôle principal, celui de Jeb, le flic Mormon, Andrew Garfield est très juste et touchant. Le duo qu’il forme avec Gil Birmingham fonctionne très bien. Et dans les rôles de Ron et Dan Lafferty, Sam Worthington et Wyatt Russell sont particulièrement inquiétants… 

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Sur ordre de Dieu, une mini-série créée par Dustin Lance Black
7 épisodes d'une heure environ, disponibles sur Disney+


jeudi 14 juillet 2022

Miss Marvel : un certain vent de fraîcheur malgré une impression mitigée

 

Kamala Khan est une adolescente américaine d’origine pakistanaise. Elle est une grande fan de super-héros, et surtout de Captain Marvel. En enfilant un bracelet provenant de sa grand-mère, elle se découvre des superpouvoirs qu’elle va devoir apprivoiser, tout en explorant ses racines pour découvrir les origines de ces pouvoirs. 

La nouvelle mini-série Marvel vient de se terminer sur Disney+ et est une fois de plus l’occasion d’introduire une nouvelle super-héroïne dans le MCU (Marvel Cinematic Universe). Les deux premiers épisodes sont réussis, plutôt funs et enlevés, très pop, avec une jeune héroïne pétillante (incarnée par la jeune Iman Vellani, révélation de la série). Et puis ça se gâte un peu à partir de l’épisode 3, la série devient moins rythmée, cède à des facilités de scénario, le tout dans un genre teen-movie assez lisse, très “marvellement” correct. Heureusement, on retrouve un peu de l’entrain et du fun des premiers épisodes dans un final plutôt réjouissant. 

L’originalité de la série est le regard positif porté sur la communauté musulmane, avec des personnages à mille lieux de l’islamisme et du terrorisme (même pour les plus religieux). Et puis il y a aussi un côté pédagogique avec l’évocation de la Partition des Indes, l’épisode historique douloureux du partage de l’empire colonial britannique des Indes en deux Etats indépendants : le Pakistan et l’Inde. Enfin, pour les connaisseurs, il y a une révélation à la fin de l’épisode final (avant la scène post-générique qui prépare la suite…) qui semble bien confirmer l'arrivée de certains super-héros que beaucoup de fans attendent dans le MCU (ceux qui savent m’ont compris…). 

Bref, Miss Marvel laisse quand même une impression mitigée, même si l’épisode final ouvre quelques possibilités qui peuvent se révéler intéressantes à suivre... Ceci dit, une super-héroïne musulmane d’origine pakistanaise sous les traits d’une adolescente pleine de vie, ça amène quand même un certain vent de fraîcheur dans le MCU ! 

Pour l'originalité et la surprise dans les séries Marvel, c'est toujours à Loki et WandaVision qu'il faut aller ! 

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Miss Marvel, une mini-série créée par Bisha K. Ali
6 épisodes dipsonibles sur Disney+


samedi 9 juillet 2022

The Boys (saison 3) : la série garde le cap de l'irrévérence et du trash

 

La saison 3 de The Boys vient de se terminer sur Amazon Prime Video. L'épisode 1 s'ouvre sur une parodie de Justice League de Zach Snyder, avec une guest surprise, qui est très réussie et franchement drôle. La suite de l'épisode rappelle que la série n’a pas l’habitude de faire dans la dentelle et qu'elle assume un ton provocateur et trash qui ne peut pas plaire à tout le monde. Et puis il y a aussi le fameux épisode Herogasm, avec une convention de superhéros très… particulière. Un épisode qui a été extrêmement teasé par le showrunner de la série sur les réseaux sociaux, annoncé comme étant quelque chose qu’on n’a jamais vu mais qui m’a, finalement, un poil déçu. 

Globalement, même si le show garde le cap de l'irrévérence et du trash, j'ai quand même trouvé que cette saison 3 cédait un peu à la facilité et tombait dans la surenchère sans trop se renouveler. Ceci dit, il y a toujours quelque chose de très réjouissant dans cette série qui tire sur tout ce qui bouge et qui, en dézinguant les figures intouchables des superhéros, pourfend les travers de l’Amérique post-Trumpiste. Car le propos est toujours politique et parle de pouvoir, de fric, d’image médiatique, de religion, de racisme, de sexisme, de violence… The Boys reste donc une série à connaître, et même à apprécier pour son ton irrévérencieux, son humour noir et caustique, pour peu bien-sûr qu’on n’ait pas peur de l’hémoglobine, d’un langage fleuri et d’images assez crues. Mais si elle veut durer, il faudra que la série arrive à mieux se renouveler. Le final ouvre quand même plusieurs pistes possibles qui peuvent être intéressantes… on attendra donc la saisons 4 avec plaisir. 

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The Boys, une série créée par Eric Kripke
3 saisons de 8 épisodes, disponibles sur Amazon Prime Video


dimanche 3 juillet 2022

Stranger Things (saison 4) : c'est toujours aussi cool !

La dernière partie de la saison 4 de Stranger Things vient de sortir (et semble avoir fait sauter les serveurs de Netflix !) : deux épisodes seulement, mais l’un dure 1h20 et le dernier presque 2h30 ! Pour ceux qui ne connaîtraient pas la série (si si, ça existe !), Stranger Things suit les aventures d’une bande d’adolescents au milieu des années 80, dans la petite ville d’Hawkins aux USA, qui sont confrontés à une menace surnaturelle qui opère depuis un monde parallèle. 

Alors, quel verdict pour le final de la saison 4 ? Franchement, c’est vraiment cool ! Évidemment, il y a pas mal de rebondissements improbables (mais que vient faire cette épée aux pieds de Hopper ???)… mais on s’en fiche, parce que c’est vraiment cool. Et en plus, le dernier épisode arrive aussi à être émouvant. Sans compter que c’est loin d’être fini : la dernière image de l'épisode final laisse présager une saison 5, la dernière, qui devrait être sombre et épique. Mais qui sera sans doute encore cool ! 

Parce qu’il faut le dire : Stranger Things joue à nous faire peur, mais c’est juste un jeu. Ce n’est pas une série d’horreur ou d’épouvante, c’est une série pop qui cherche avant tout à divertir et proposer un spectacle réjouissant… avec des monstres dedans. Hyper référencée, elle joue à fond la carte de la nostalgie et du vintage façon années 80. Évidemment, pour moi qui étais adolescent dans les années 80, ça fonctionne parfaitement ! Par exemple, dans cette saison 4, les discours et les fantasmes sur les jeux de rôle m’ont rappelé les polémiques de cette époque, alors que j’étais moi-même joueur de jeux de rôles (cf. cet article sur le site de France Culture)... 

Alors bien-sûr, le parcours est assez balisé, l’histoire reste finalement sans grande surprise… mais c’est vraiment bien fait, les personnages sont attachants, les jeunes acteurs toujours aussi bluffants et l’univers visuel est tout à fait réussi. Bref, c’est vraiment cool ! Et c’est tout ce qu’on attend d’une série comme Stranger Things… 

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Stranger Things, une série créée par les frères Duffer
4 saisons (34 épisodes au total) disponibles sur Netflix


jeudi 23 juin 2022

Obi-Wan Kenobi : c'est toujours mieux que Boba Fett...

 

La mini-série Star Wars, centrée sur Obi-Wan Kenobi, ancien maître d’Anakin avant qu’il devienne Dark Vador, vient de se terminer sur Disney+. Les événements se déroulent 10 ans après La Revanche des Sith, alors que l'Empire est en pleine ascension. 

Il ne faut pas se mentir : les séries Star Wars peinent quand même à convaincre. Évidemment, Obi-Wan Kenobi est meilleur que le naufrage du Livre de Boba Fett (en même temps, ce n’est pas difficile…) mais la série souffre de facilités de scénario, voire d’incohérences, et d’un manque cruel de tension dans le récit. 

Ceci dit, il y a quand même du bon dans la série... A commencer par la présence de Dark Vador, évidemment. On ne s’en lasse pas. La présence à l’écran du méchant iconique de la saga est toujours une attraction. Mais le personnage le plus réussi de la mini-série est sans doute la petite Leïa de 10 ans, très présente tout au long de l’histoire (alors que Luke, finalement, ne fait que quelques apparitions). Courageuse, effrontée, pleine de ressources, la petite Leïa a déjà tout d’une grande princesse qu’elle deviendra (d’ailleurs plus encore dans la postlogie que dans la trilogie initiale où elle reste quand même pas mal en retrait) et la jeune Vivien Lyra Blair qui l’incarne est pleine d’énergie. Autre point positif, l’épisode final, qui est sans doute le plus réussi, préparant l’épisode IV (qui aura lieu, chronologiquement, quelques années plus tard, 7 ans si je ne me trompe pas). L’épisode est mieux rythmé que les précédents, avec plus d’émotion aussi. En le voyant, on se dit qu’Obi-Wan Kenobi aurait pu être une bonne série… elle n’est, finalement, qu’honorable. 

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Obi-Wan Kenobi, une mini-série créée par Hossein Amini et Joby Harold
6 épisodes disponibles sur Disney+


vendredi 17 juin 2022

Peaky Blinders (saison 6) : une saison crépusculaire


La très attendue saison 6 de Peaky Blinders, la somptueuse série de gangsters en costume qui suit le destin, d’abord à Birmingham, de Thomas Shelby et sa famille, est enfin arrivée sur Netflix il y a quelques jours. Annoncée comme une saison finale, elle se déroule au milieu des années 30. Le chef de gang des Peaky Blinders a fait du chemin, et il est devenu un politicien influent. Librement inspirée de personnages réels, la série est toujours aussi somptueuse par sa reconstitution des années 1920-1930 et passionnante par son intrigue et ses personnages, auxquels on s’est attaché… malgré leurs parts d’ombre et leurs actes pour le moins répréhensibles ! 

C’est une saison finale crépusculaire, plus noire encore que la précédente, alors que les malheurs s’abattent sur Tommy et sa famille, et que le fascisme gronde de plus en plus fort en Europe. Ces menaces internes et externes tissent une saison noire, lente et inexorable, avec quelques accès de violence, où les personnages ont soif de vengeance, en proie aux complots et aux trahisons. 

Cette saison 6 est aussi poignante, comme dans ce premier épisode, dédié à Helen McCrory, interprète emblématique du rôle de Polly Gray, la tante de Tommy, décédée en 2021. Son ombre plane sur la série, et le fantôme de Polly hante Tommy et toute la famille Shelby, tout au long de la saison. 

C’est aussi une saison qui ouvre la porte à une possible rédemption pour Tommy… mais je ne vous dirai pas si c’est la voie que ce dernier choisit d’emprunter. D’autant que cette saison finale n’en est pas une, en réalité… Certes, il n’y aura pas de saison 7 mais l’histoire n’est pas terminée et un film est en préparation pour clore la chronique de Thomas Shelby et sa famille (du moins ceux qui restent encore en vie…). Le final de la saison laisse ouverte plusieurs pistes possibles pour la vraie conclusion de la saga, pour laquelle il faudra encore patienter. 

Toujours aussi magistralement et somptueusement réalisée, et formidablement interprétée, Peaky Blinders reste une des séries les plus marquantes de ces dernières années. 

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Peaky Blinders, une série créée par Steven Knight
6 saisons (36 épisodes au total), disponibes sur Netflix


samedi 4 juin 2022

Love, Death and Robots : un retour gagnant !


L’excellente série d’animation est de retour sur Netflix pour une saison 3. Comme les saisons précédentes, il s’agit d’une anthologie de courts métrages, empruntant à différents genres (science-fiction, fantastique, horreur…) et utilisant plusieurs techniques d’animation. Ils sont cette fois au nombre de 9 épisodes, le plus court durant 7 minutes et le plus long 21 minutes. 

Souvent sombres et violents, ce ne sont pas des dessins animés pour enfants ! Mais ils peuvent aussi être parfois plus légers comme par exemple le très drôle Night of the Mini Dead, une sorte de film de zombies miniatures en stop motion. Parmi les grandes réussites de cette saison, on peut mentionner Bad Travelling (Mauvais voyage) réalisé par David Fincher lui-même,probablement l’un des épisodes les plus terrifiants. 

Mais la pièce maîtresse de la saison est sans nul doute Jibaro, le dernier épisode, qui raconte l’histoire d’un chevalier sourd et d’une redoutable sirène. Grâce à une animation époustouflante et une musique envoûtante, il s’agit d’une sorte de danse macabre lugubre et fascinante, à la portée métaphorique profonde. Un petit chef d’oeuvre ! 

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Love, Death and Robots, une série créée par Tim Miller

3 saisons (35 épisodes au total) disponibles sur Netflix



Shining Girls : surmonter ses traumatismes

 

Kirby est une jeune femme qui travaille comme archiviste dans un journal de Chicago. Elle a été victime, plusieurs années auparavant, d’une agression violente mais elle a miraculeusement survécu, non sans un profond traumatisme. Elle a perdu tous ses repères et sa mémoire lui joue des tours : elle se retrouve régulièrement dans une réalité plus ou moins altérée (dans son travail, son logement, ses relations…). La découverte du corps d’une jeune femme avec des blessures similaires aux siennes va la mener dans une enquête qui va la placer face à ses traumatismes… Mais elle va aussi se rendre compte petit à petit que ce qu’elle vit n’est pas seulement un problème de mémoire.

Shining Girls est un thriller fantastique plutôt étonnant, une enquête assez déroutante sur un serial killer omniscient et qui semble défier le temps. La série est prenante et devient même assez vertigineuse au fil des épisodes, au fur et à mesure des révélations. Elle aborde de façon originale la façon dont nos traumatismes nous façonnent et la façon d'y faire face. Avec la toujours excellente Elisabeth Moss et un Jamie Bell inquiétant, voilà une nouvelle belle série ajoutée au catalogue d'Apple TV+.

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Shining Girls, une mini-série créé par Silka Luisa
8 épisodes disponibles sur Apple TV+


vendredi 20 mai 2022

Oussekine : un devoir de mémoire

 

Dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986, en pleines manifestations étudiantes contre le projet de réforme universitaire Devaquet, un ordre est donné aux voltigeurs (des policiers armés de matraque et montés sur une moto) de faire des rondes pour rechercher de prétendus casseurs. Trois policiers prennent en chasse Malik Oussekine, un jeune homme qui sortait simplement d’un club de jazz dont il était un habitué. Il sera roué de coups par les policiers dans un hall d’immeuble et décédera suite à cette agression. 

Oussekine est une remarquable mini-série française, constituée de 4 épisodes d’une heure environ, et qui revient sur ce tragique épisode de violence policière qui a marqué les esprits. 

La reconstitution est minutieuse et la réalisation impeccable, signée Antoine Chevrollier (qui a travaillé notamment sur Le bureau des légendes et Baron noir). Un montage intelligent permet petit à petit, tout au long des quatre épisodes, de reconstituer la nuit du drame mais aussi de découvrir la personnalité de Malik et le portrait de sa famille. Le scénario permet de garder un bel équilibre narratif entre la portée politique et sociale de l’événement d’une part, et le drame intime qui se joue pour une famille, un drame accentué par le mépris, l’hypocrisie et le racisme auxquels elle doit faire face. Le tout est filmé avec beaucoup de sobriété, ce qui n’ôte nullement la force du propos, bien au contraire. 

La fin de l’épisode final souligne, presque avec résignation, sous le regard hagard de la famille, la peine dérisoire à laquelle les policiers reconnus coupables sont condamnés (une condamnation “de principe” avec seulement de la prison avec sursis…). Cette conclusion laisse un goût amer, celui d’une justice à deux vitesses, et d’un verdict qui représente une regrettable jurisprudence en matière de violence policière… La série ne se termine pourtant pas dans la colère mais avec des plans sobres sur les frères et soeurs de Malik, aujourd’hui, 35 après les faits. Une fin qui impose un devoir de mémoire, pudique et digne, mais essentiel. Parce que les problématiques n’ont, finalement, pas tellement changé… 

Les actrices et acteurs de la série sont remarquables, avec, dans des seconds rôles importants, quelques figures très connues (Kad Merad, Olivier Gourmet, Laurent Stocker) mais aussi beaucoup de comédiens moins connus, tous excellents. Mentions spéciales à Mouna Soualem dans le rôle de Sarah Oussekine et Hiam Abbass dans le rôle de la mère de Malik. 

Oussekine est une série qu’on peut qualifier de nécessaire par le sujet qu’elle aborde, et l’intelligence avec laquelle elle l’aborde. 

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Oussekine, une mini-série créée par Antoine Chevrollier 
4 épisodes d'une heure environ, disponibles sur Disney+