samedi 19 août 2023

The Bear (saison 2) : on remet le couvert et c'est encore meilleur !

 

Après une première saison alléchante, The Bear est de retour et c’est une réussite totale. J’avais beaucoup aimé la saison 1, j’ai adoré la saison 2 qui fait peut-être encore mieux ! 

Dans cette nouvelle saison, Carmen et son équipe doivent pratiquement repartir de zéro et se lancent dans un véritable contre-la-montre pour arriver à ouvrir leur restaurant à temps. Pendant que Natalie, sa soeur, supervise les démarches administratives et que les travaux de rénovation se réalisent tant bien que mal, Carmen et Sydney créent les plats pour le menu et les autres sont envoyés en stage dans différents grands établissements. Chaque personnage est pris en compte, on en découvre de nouvelles facettes et on les voit évoluer. 

La série est à la fois drôle et touchante, avec même un certain côté feel good qui fonctionne à merveille, une remarquable maîtrise du rythme, tantôt nerveux et stressant, tantôt paisible et intimiste. Tout en parlant de façon réaliste de cuisine et de gastronomie (et on salive devant certains plats !), le récit permet d’aborder de nombreux thèmes autour de la famille, la solidarité, le travail, la réussite, les passions, la découverte de soi, la rédemption… 

Le casting est toujours au top. On est ému avec leurs personnages quand ils font face à leurs doutes et leurs interrogations, on est stressé avec eux au moment du coup de feu dans les cuisines ou en salle, et on s’attache... 

La série s’offre même cette saison quelques guests prestigieux, comme Will Poulter et Olivia Colman pour deux jolis caméos. Et puis il y a l’épisode 6… hallucinant, qui dure une heure et qui est absolument fou : un flashback de quelques années, pour une fête de Noël en famille (dysfonctionnelle) chez les Berzatto. 60 minutes d’anthologie, avec plusieurs guests, dont une Jamie Lee Curtis géniale dans le rôle de la maman complètement barge, mais aussi Bob Odenkirk, Gillian Jacobs ou Sarah Paulson, et bien-sûr John Bernthal dans le rôle de Mike, le frère disparu. C’est bruyant, drôle, violent, oppressant, émouvant… et filmé de façon virtuose. Du grand art ! D’autant que c’est un épisode qui, finalement, en dit pas mal sur Carmen et sa soeur Natalie. Et on comprend mieux pourquoi Carmen a tellement à coeur de relancer le restaurant, de former comme une nouvelle famille autour de lui… et que sa soeur Natalie soit aussi de la partie !  

On a juste le temps de se remettre de ses émotions avant un dernier épisode épique, qui nous fait passer par toutes les émotions, et nous laisse dans l’attente de la suite. Car oui, il faut qu’il y ait une saison 3 (au moins) et on en a déjà l’eau à la bouche ! 

-------
The Bear (saison 2), une série de Christopher Storer
avec Jeremy Allen White, Ebon Moss-Bachrach, Ayo Edebiri
10 épisodes disponibles sur Disney+

mardi 15 août 2023

PainKiller : plongée glaçante dans le cynisme d'une société pharmaceutique


Depuis les années 1990, des lobbys pharmaceutiques ont poussé les médecins généralistes aux USA à prescrire très largement à leur patient des antidouleurs à base de dérivés d’opiacés. C’est le cas en particulier de l’OxyContin, développé par Purdue Pharma, et qui était présenté comme un antidouleur ne provoquant pratiquement aucune dépendance. Sauf que c’était un mensonge… et que sa vente massive a provoqué une vague d’addiction et de morts par overdose. 

Si vous avez déjà vu Dopesick, l’excellente mini-série sortie sur Disney+ sur le même sujet, en 2021, vous ne serez pas surpris par PainKiller. Mais l’approche est un peu différente cette fois, avec un ton franchement caustique et une mise en scène de Peter Berg nerveuse et même parfois assez frénétique, un peu à la manière d’Adam McKay, pour une plongée glaçante dans le cynisme de Purdue Pharma et son PDG. Avant chaque épisode, une mère et/ou un père, face caméra, rappelle que le programme est basé sur des faits réels, même si certains personnages sont fictifs ou certains éléments romancés pour les besoins de l’intrigue. Mais ce qui n’est pas romancé, c’est la mort, à cause de l’OxyContin, de leur fils ou leur fille dont ils montrent la photo. Si ces témoignages ont le mérite de rappeler que ce qui nous est raconté s’est bel et bien passé, aussi incroyable que cela puisse paraître, le procédé, systématique, est quand même un peu appuyé… 

Le récit est basé sur le témoignage du personnage principal, une enquêtrice au bureau d'un procureur qui a enquêté sur l’OxyContin après avoir été interpellée, un peu par hasard, par la quantité impressionnante de prescriptions qu’en faisait un médecin, pensant d’abord à une fraude. Trois fils narratifs s’entremêlent : une jeune femme qui veut gravir les échelons et amasser un max d’oseille en étant VRP de l’OxyContin auprès des médecins, un père de famille à qui est prescrit de l’OxyContin à la suite d’un accident de travail et qui va devenir accro, et enfin Richard Sackler (incarné par un Matthew Broderick glaçant), le PDG de Perdue Pharma, dont le seul but est de vendre le plus possible de pilulles de son médicament, par tous les moyens, au prix d’études bidons, de publicités mensongères, et de manipulations diverses. Ce qui, il faut bien le dire, est d’un cynisme absolu et révoltant, quand on sait que l’OxyContin serait à l’origine de plus de 300 000 morts par overdose.  

Dopesick était sans doute plus sobre, plus posé et centré plutôt sur les victimes, PainKiller est plus corrosif et subjectif, et plutôt centré sur Richard Sackler, présenté comme obsédé par la figure de son oncle, son modèle auquel il a succédé à la tête de l’entreprise familiale, et avec le fantôme duquel il “dialogue” tout au long de la série. On peut préférer l’une ou l’autre approche (j’aurais sans doute une petite préférence pour Dopesick…), mais elles se complètent, pour dénoncer un scandale sanitaire terrible, et aussi plus largement les failles du système, notamment médical, judiciaire et politique, les effets délétères d’un capitalisme sauvage, le pouvoir destructeur de l’argent et de l’appât du gain. 

-------
PainKiller, une mini-série de Noah Harpster et Micah Fitzerman-Blue
avec Matthew Broderick, Uzo Aduba, Taylor Kitsch
6 épisodes disponibles sur Netflix