mercredi 30 juillet 2014

Dawn of the Planet of the Apes : encore meilleur que le précédent !

Quelle bonne idée d'avoir renouvelé la franchise de la Planète des Singes ! Le premier volet, La Planètes des Singes : les origines, était déjà très bon. Dawn of the Planet of the Apes est encore meilleur !

Je regrette d'ailleurs le titre en français (La planète des singes : l'affrontement). Il y a dans le titre original une référence évidente à 2001, l'odyssée de l'espace (soulignée par la musique de Michael Giacchino qui rappelle comme deux gouttes d'eau celle de Ligeti dans le film de Kubrick). La première partie de 2001 était intitulée "The Dawn of Man" (l'aube de l'humanité). On y voyait l'arrivée d'un monolithe auprès d'un clan de singes qui coïncidait avec l'invention de l'outil... et de l'arme, les rendant capables de chasser et de dominer par la violence les autres clans. La chasse, la violence, les armes... on retrouve tout cela dans Dawn of the Planet of the Apes !

Evidemment, en parlant des singes, le film parle de l'humanité. Et ce qui rend les singes humains, c'est leur capacité à la violence et la vengeance. Triste constat... Ce ne sont pas les impressionnants très gros plans, en début et en fin de film, sur les yeux de César, qui le contrediront. Ni la réplique de César, vers la fin du film, disant : "je pensais que les singes étaient meilleurs que les humains mais je me rend compte combien nous leur ressemblons !" Cette vision de l'humanité marquée par la violence trouve des échos d'une triste actualité aujourd'hui...

Ceci dit, comme le suggère le titre français, il y a bien un affrontement dans le film. Certes, entre les hommes et les singes. Mais surtout au sein des deux communautés, singes et humains. Il y a l'affrontement entre César et Koba. César veut préserver la paix, y compris avec les humains. Koba veut se venger. Il porte sur lui les cicatrices des mauvais traitements que les hommes lui ont fait subir, comme cobaye de laboratoire. Et chez les humains, Malcolm et Dreyfus s'opposent quant à l'attitude à adopter face aux singes.

Tout ceci fait de Dawn of the Planet of the Apes un film bien plus sombre que le précédent, le tout parfaitement maîtrisé par le réalisateur, Matt Reeves, qui alterne habilement les scènes épiques et spectaculaires et les scènes plus intimistes. Le scénario, qui ménage plusieurs références au premier opus (dès le générique de début), permet au film d'être plus qu'un simple film d'action. C'est un vrai film fort, qui parle de nous alors même qu'on passe l'essentiel du temps au milieu des singes. Et c'est là que la technique de la motion capture joue pleinement son rôle. La variété et la finesse des expressions qu'elle permet de donner aux visages des singes sont proprement hallucinantes !

Encore meilleur que le précédent film de la franchise, Dawn of the Planet of the Apes est une pleine réussite, un film d'une grande force à ne pas rater. Vivement la suite, en 2016...

mardi 29 juillet 2014

Les Chronolithes : avant Spin, déjà un excellent Wilson

Dans les années 2020, un monument étrange apparaît de façon soudaine à Chumphon, en Thaïlande. Personne ne sait d'où il vient ni de quel matériau il est constitué. Il est en tout cas indestructible. Il porte une inscription qu'on arrive finalement à déchiffrer : elle célèbre la victoire d'un seigneur de la guerre totalement inconnu du nom de Kuin. Une victoire... qui n'aura lieu que 20 ans et trois mois plus tard !

Scott Warden est un des premiers témoins de ce phénomène qu'on appellera les chronolithes. Car d'autres monuments continueront d'apparaître de façon mystérieuse à d'autres endroits du globe.Toujours plus impressionnants, semant la destruction et le chaos. Comment est-ce possible ? Comment les chronolithes apparaissent-ils instantanément en provenance du futur ? Et qui est ce mystérieux Kuin ? Sa victoire est-elle inéluctable ? Engagé par son ancien professeur de physique, l'insaisissable Sulamith Chopra, Scott va tenter de trouver les réponses à ces questions.

J'avais découvert Robert Charles Wilson avec l'excellent Spin et il faut avouer qu'une fois encore, l'auteur fait mouche. Il tisse une intrigue passionnante, avec des personnages attachants, à partir d'une idée de départ originale. On retrouve, comme dans Spin, une ambiance fin du monde, avec son cortège de groupements fanatiques et religieux. Les Chronolithes est d'ailleurs antérieur à Spin et préfigure à plusieurs égards ce dernier. On chemine avec des personnages qui se débattent dans une histoire qu'ils n'arrivent pas à maîtriser, buttant contre un mystère qui semble insondable. Véritable thriller scientifique, ce roman de SF tendance hard-science aborde aussi des questions existentielles, notamment celles du destin, du déterminisme et de la liberté, traitées avec brio à travers une intrigue passionnante, qui se termine de façon plutôt habile et convaincante.

Une lecture que je recommande chaudement et qui m'encourage à poursuivre la découverte de cet excellent auteur de SF.

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Les Chronolites, de Robert Charles Wilson. Édité en poche chez Folio SF

vendredi 18 juillet 2014

Création, de Johan Heliot : SF divertissante dans le jardin d'Eden

L'action de Création se passe en Israël, dans un futur proche. En plein désert du Sinaï est apparu de façon soudaine une immense étendue fertile et mystérieuse qui ne peut, bien-sûr, qu'évoquer le fameux jardin d'Eden.

Le récit, plutôt habilement mené sous la forme d'une thriller, suit trois fils narratifs. L'un autour d'Anthony, un soldat d'élite français qui se retrouve au milieu d'une forêt luxuriante apparue mystérieusement ; un autre autour de Rachel, une botaniste engagée pour un projet scientifique ultra-secret ; un dernier autour de Saïd, "virtualiste" (sorte de journaliste-paparazzi 3.0) engagé par un webangéliste, véritable gourou multimillionnaire d'une communauté créationniste, pour assurer la diffusion de son expédition vers le Jardin, via sa rétine, aux millions d'internautes qui le suivent.

Création est un cocktail étonnant (parfois un peu fourre-tout) où l'auteur s'amuse à mêler des éléments empruntés à la Genèse (le Jardin et l'arbre de vie), Qumran et les Esseniens, les technologies de l'information, le tout sur fond d'Intelligent Design et d'univers parallèles ! Une lecture estivale divertissante, sans prise de tête.

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Création, de Johan Heliot. En poche, aux éditions J'ai lu.

mardi 8 juillet 2014

Jimmy's Hall : Portrait attachant d'un humaniste irlandais

Jimmy's Hall nous plonge dans l'Irlande des années 30. De retour après 10 ans d'exil forcé aux USA, Jimmy Gralton revient dans son village pour y mener une vie tranquille. Ses amis n'en croient pas un mot... et ils ont raison. Bien vite, Jimmy va relancer le projet qui avait été la cause de son exil : un dancing culturel. Son crime ? Proposer un lieu de divertissement et d'éducation populaire en dehors du giron de la toute-puissante Eglise catholique. Et cette fois, en plus, il ramène avec lui d'Amérique, le jazz !

Un bras de fer va alors s'engager entre Jimmy et ses opposants : les riches propriétaires terriens et l'Eglise, en la personne du redoutable père Sheridan. Le face-à-face entre Jimmy et le prêtre est d'ailleurs au coeur du film et réservent plusieurs des plus belles scènes. Tout les oppose... mais on sent poindre de part et d'autre un certain respect. Le père Sheridan le dit d'ailleurs explicitement à plusieurs reprises (et notamment dans une scène forte à la fin du film alors que tous insultent Jimmy lorsqu'on l'arrête pour l'expulser d'Irlande). Jimmy le laisse entendre quand il dit encore préférer le père Sheridan au père Seamus parce qu'il va au bout de ses convictions.

En tout cas, l'Eglise catholique irlandaise n'apparaît à nouveau pas sous son meilleur jour (après Philomena)... Les incitations à la haine en plein sermon, les délations publiques du prêtre sont détestables. Mais le discours du père Sheridan en chair sur le jazz « cette musique venue de l'Afrique la plus noire, qui enflamme les passions » me rappelle certains discours entendus encore parfois, à propos d'autres musiques... L'Eglise, les chrétiens, sont-ils capables d'accueillir les nouveautés autrement que par le rejet de principe ?

Cette histoire humaniste, baignée de musique irlandaise et de jazz, sur fond de crise et d'inégalités sociales, sonne étrangement d'actualité... Et même si finalement Jimmy Gralton est à nouveau contraint à l'exil, la belle dernière scène du film est pleine d'espoir.