lundi 20 octobre 2014

Mommy : Un film passionnel, excessif, éprouvant, inventif, passionnant.

Mommy est à l'image de ses héros : passionnel et excessif, mais terriblement attachant. C'est aussi un film éprouvant pour le spectateur emporté par le tourbillon émotionnel proposé par Xavier Dolan, dans une oeuvre inventive et passionnante. Mommy est un drame qui nous raconte l'histoire de Dina, une mère veuve excentrique et gouailleuse, qui hérite de la garde de son fils, un adolescent incontrôlable et violent qui a été exclu de l'établissement dans lequel il avait été placé. Le duo se transformera en trio avec l'énigmatique voisine, Kyla, dans la vie de laquelle on perçoit un lourd traumatisme. Ensemble, ces trois êtres blessés vont trouver une forme d'équilibre, et même d'espoir... mais pour combien de temps ?

Le film, tourbillonnant, propose quelques scènes extrêmement fortes. Je pense notamment à certains épisodes violents qui sont de vrais coups de poing, ou à la scène bouleversante où Dina imagine un avenir radieux à son fils.

Une des grandes idées de la mise en scène de Xavier Dolan, c'est le choix d'un format d'écran étroit au ratio d'image 1:1, qui donne à la fois une très grande proximité, une grande intimité, avec les personnages, mais qui produit aussi un sentiment d'enfermement tout à fait adapté au film. Un sentiment qui s'accentue encore quand, à deux reprises, l'écran s'élargit. Tout à coup on respire... jusqu'à ce que l'écran se rétrécisse à nouveau.

Le film est également porté par un trio d'acteurs remarquables. Le jeune Antoine Olivier Pilon incarne parfaitement un adolescent insupportable mais attachant, Suzanne Clément est très touchante dans le rôle de la voisine Kyla. Et il y a surtout Anne Dorval, sublime dans le rôle de Dina. Une performance exceptionnelle !

Mommy, c'est une histoire d'amour maternel et filial. Un amour fusionnel, excessif. Au début du film, la directrice de l'établissement d'où Steve est renvoyé met en garde Dina : "Ce n'est pas parce qu'on aime quelqu'un qu'on peut le sauver." La réponse de la mère sonne comme un défi : "les sceptiques seront confondus." La suite de l'histoire montrera combien l'amour peut être mis en péril par les épreuves de la vie, les blessures héritées du passé... mais aussi par une société qui ne veut finalement pas vraiment de personnages "hors-cadre" comme Dina ou Steve. La fin du film est sujette à interprétation. J'ai l'impression que malgré le drame, le film veut garder espoir, malgré tout... un espoir fou que l'amour peut finalement gagner.

Mommy a bien mérité son prix du jury du dernier festival de Cannes : le film a une profondeur et une maîtrise sidérantes chez un réalisateur de 25 ans !

lundi 13 octobre 2014

Gone Girl : Génial thriller, cruel et cynique


Gone Girl, c'est bien-sûr d'abord un thriller, qui débute sur une disparition mystérieuse. L'enquête qui suit est remplie de chausses-trappes, de coups de théâtre, de jeux de dupe. Impossible d'en dire trop, il faut garder la joie de la découverte ! Disons simplement qu'on est tenu en haleine tout au long du film.

Mais Gone Girl c'est aussi et surtout une fable cruelle sur le mariage. Abordé avec cynisme dans le film, de vraies questions sont posées. Comment faire pour qu'un couple dure ? Peut-on échapper au mensonge dans le couple ? Que recherche-t-on chez le conjoint ? Faut-il être soi-même ou être ce que l'autre veut que nous soyons ? Gone Girl donne une vision pessimiste du couple et du mariage mais invite à une vraie réflexion sur ce thème. Passionnant.

Gone Girl aborde aussi le thème de la famille. D'une part avec la relation des parents de Amy avec leur fille, qu'ils instrumentalisent. Mais aussi avec la relation entre Nick et sa soeur, traitée de façon très intéressante dans le film. Est-on prêt à un amour fraternel quoi qu'il en coûte, quoi que l'autre ait fait ?

Gone Girl évoque aussi la question des médias et de leurs dérives dans le traitement de l'actualité, notamment des faits divers. Le film dénonce les conclusions hâtives, l'emballement médiatique, la manipulation des images, la mise en scène des sentiments...

Au niveau de la réalisation, c'est du grand David Fincher. Un récit non linéaire lève le voile petit à petit sur l'intrigue, tout en maintenant la tension. Très tôt on sent qu'on nous mène en bateau... et on garde ce sentiment jusqu'à la fin du film ! Très fort. Le casting est bon. Ben Affleck est très bien mais c'est Rosamund Pike qui crève l'écran. Elle est extraordinaire dans le rôle d'Amy. Une révélation.

Génial thriller, fable cruelle et cynique, Gone Girl est à n'en pas douter un des films de l'année 2014 !