Charles se morfond depuis le décès de son épouse, de la maladie d’Alzheimer. Alors que sa fille l’encourage à trouver une activité, il répond à une petite annonce et est engagé par une détective privée pour une mission d'infiltration dans une maison de retraite, afin de démasquer l’auteur de vols au sein de l’établissement.
Espion à l’ancienne (A Man on the Inside en vo) est une mini-série feel-good qui est, certes, un bonbon un peu sucré mais qu’on déguste avec une réelle gourmandise, surtout qu'elle a le bon goût de ne compter que 8 épisodes. Si c’est avant tout une série de comédie, la recette est bien équilibrée entre humour et émotion, légèreté et gravité. Les différents personnages, les dialogues et les situations sont assez savoureuses, mais la série évoque aussi plusieurs sujets très sérieux, et d’une jolie façon, comme le deuil, le veuvage, la vieillesse, la fin de vie, mais aussi l’amitié, la relation des parents avec leurs enfants adultes… Le tout est traité avec bienveillance et générosité.
Dans le rôle de Charles, on retrouve le toujours impeccable et pince-sans-rire Ted Danson (The Good Place, également créée par Michael Schur), entouré d’un joli casting dans lequel on retrouve quelques acteurs de Brooklyn Nine-Nine, du même Michael Schur. Si vous avez aimé ces deux séries, vous devriez aussi apprécier Espion à l’ancienne...
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Espion à l'ancienne, une série créée par Michale Schur
avec Ted Danson, Mary Elizabeth Ellis, Lilah Richcreek Estrada
Oswald Cobb, simple homme de main dans la pègre de Gotham, rêve de devenir le boss… pour rendre sa mère fière. Et il est prêt à tout pour y arriver. Dénigré à cause de son physique et de son handicap, il est aussi animé d’un sentiment de vengeance. Mais sa plus grande adversaire se révélera être une femme, Sofia Falcone, surnommée la tueuse au pendu, dont la sortie surprise de l’asile d’Arkham va rebattre les cartes.
La série spin off du Batman de Matt Reeves est une pure série de gangsters, très sombre et violente. Elle décrit la prise de pouvoir d’un monstre, qui se révèle comme tel au fil des épisodes (le paroxysme étant atteint au cours d’une scène glaçante dans le dernier épisode). On est bien dans l’univers dark du film de Matt Reeves, dans un Gotham toujours très glauque… mais sans Batman, même si l’action de la série démarre tout de suite après les événements du film.
L’absence de l’homme chauve-souris se fait quand même un peu sentir, il faut bien l’avouer... mais la série se révèle toutefois très bonne dans son genre, et enrichit de manière évidente le Batverse de Matt Reeves, avec un Pingouin très éloigné de celui qui était proposé par Tim Burton dans son film baroque de 1992. Celui-ci est poisseux et inquiétant.
La série est portée par une double prestation de haut vol. Celle de Colin Farrel, évidemment, plus que méconnaissable dans la peau d’Oswald Cobb, alias le Pingouin. Et celle de Cristin Milioti, étonnante en Sofia Falcone trouble et froide.
Enfin, à la fin de l’ultime épisode, comme en témoigne le fameux signe de Batman projeté dans le ciel de Gotham, tout est prêt pour The Batman 2. Avec, cette fois, le retour de Bruce Wayne, qui trouvera sans doute dans le Pingouin un redoutable adversaire.
Le thriller politique de Netflix, aux accents féministes, autour de la figure d’une diplomate américaine parachutée à Londres en pleine crise internationale, avec son mari sur le dos, est de retour depuis quelques jours. La fin de la saison 1 nous avait laissé sur un cliffhanger… explosif, et on avait hâte de connaître la suite.
Ça redémarre dès le premier épisode sur les chapeaux de roue ! Sans révolutionner le genre du thriller politique, la série se montre redoutablement efficace et réjouissante. Elle nous embarque, tout au long de ses six épisodes, dans une histoire certes assez abracadabrantesque, mais haletante, avec des personnages fictifs, tout en ménageant plusieurs références aux réalités géopolitiques de notre monde réel. C’est plein de fausses pistes et de rebondissements, les personnages sont savoureux, les dialogues très bien écrits, c’est souvent vraiment drôles, le casting impeccable… que demander de plus ?
Déjà convaincante dans sa première saison, la série est peut-être encore meilleure dans sa saison 2. Et le dernier épisode nous propose un nouveau autre cliffhanger de taille, un rebondissement inattendu qui fait saliver pour la saison 3, heureusement déjà annoncée…
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La diplomate (saison 2), une série créée par Debora Cahn avec Keri Russell, Rufus Sewell, David Gyasi
Inspirée d’un livre-enquête (La mythomane du Bataclan, d’Alexandre Kauffmann), la mini-série est passionnante et dérangeante, d’autant plus qu’elle s’inspire de faits réels. Elle explore les mécanismes du mensonge, et décrit son engrenage implacable. Il y a quelque chose de vertigineux dans le récit de cette femme un peu perdue, en quête d’amour et de reconnaissance, qui s’enferme dans son mensonge tout en se donnant corps et âme dans une association de victimes… Elle déploie des trésors d’ingéniosité pour maintenir l’illusion, fait toujours preuve d’aplomb et de culot… et tout le monde se fait avoir.
La série parvient avec finesse à évoquer la complexité d’un personnage, magistralement incarné par Laure Calamy, qui crée en nous des sentiments ambivalents : de la sidération et de l’effroi lorsqu’on prend conscience de la souffrance qu’elle ajoute aux victimes, trahies par sa tromperie, mais aussi de la pitié pour une femme perdue, victime de sa mythomanie.
Autour de Laure Calamy, un très bon casting, avec notamment, le toujours excellent Arieh Worthalter.
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Une amie dévouée, une mini-série créée par Jean-Baptiste Delafon et Fanny Burdino
avec Laure Calamy, Arieh Worthalter, Annabelle Lengronne, Ava Baya
Culte revient, en 6 épisodes de 45 minutes environ, sur le phénomène Loft Story, la première émission de télé-réalité en France, en 2001. Un programme qui a marqué l’histoire de la télévision, qui a rassemblé jusqu’à 50% des téléspectateurs et qui a déchaîné les passions.
Comme le dit bien le panneau au début de chaque épisode, la série est librement inspirée de la (télé-)réalité. Si on y retrouve bien les premiers candidats de l’émission de 2001, Loana en tête, et une reconstitution précise du fameux loft et de certaines scènes (dont celle, fameuse, de la piscine…), c’est surtout aux coulisses que s’intéresse la série. Et là, les personnages sont fictifs… même s’ils s’inspirent largement de la réalité. L’histoire est en large partie une fiction, qui force un peu le trait parfois mais qui fait mouche la plupart du temps dans son évocation sans concession du petit monde de la télévision avec ses producteurs aux dents longues, ses enjeux financiers, la guerre entre les chaînes, à une époque où il n’y avait encore que 6 chaînes hertziennes et où le streaming n’existait pas. Car on est bien en 2001 : les smartphones n’avaient pas encore été inventés, on devait se connecter à Internet via un modem (avec son bruit significatif) et on utilisait encore des fax.
Il faut reconnaître que la série est bien écrite et que le scénario se révèle haletant, dans un format idoine de six épisodes, qui se termine tous par un cliffhanger. La grammaire sérielle est respectée.
Il est assez intéressant de porter un regard sur Loft Story, plus de vingt ans après sa sortie, en connaissant l’héritage de la télé-réalité, qui a envahi les écrans, dans des versions infiniment plus trash… sans parler des réseaux sociaux qui en sont aussi un peu les héritiers. Les questions qu’elle pose restent d’actualité, autour de voyeurisme, de la célébrité, de l’intimité et de la vie privée, des mécanismes de manipulation… Une série qui rappelle que la télé-réalité, c’est avant tout de la télé… et que ça n’a pas grand chose à voir avec la réalité. Comme les réseaux sociaux n’ont pas grand chose à voir avec la vraie vie…
Parmi les lofteurs, c’est sur Loana que la série s’arrête essentiellement, personnage emblématique de la télé-réalité, sincère mais un perdue, consciente d’être manipulée et utilisée par les autres, réduite à son physique, mais sans arriver à s’en échapper. L’autre personnage central de la série, c’est Isabelle de Rochechouart, qui s’inspire largement d’Alexia Laroche-Joubert. Une jeune productrice ambitieuse, qui doit se battre comme une lionne, avec des méthodes plus ou moins orthodoxes, pour faire sa place dans un milieu d’hommes. La série a ici un certain parfum contemporain, post #MeToo. Les deux personnages sont incarnées par deux jeunes actrices qui se révèlent remarquables, Marie Colomb en Loana et Anaïde Rozam en Isabelle.
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Culte, une mini-série créée par Matthieu Rumani et Nicolas Slomka