Après 30 ans de mariage, Miren décide de quitter son mari et de porter plainte contre lui, pour violence conjugale. Lorsque leurs deux fils adultes l’apprennent, ils encaissent le choc et peinent à le croire…
D’une grande force et d’une grande justesse, Querer est une mini-série espagnole à voir de toute urgence. L’intelligence de la série est de nous faire naviguer plutôt en zone grise : on n’est pas face à un méchant évident voire caricatural mais en présence d'un couple qui, au premier abord, semble normal, même si le mari est plutôt autoritaire et l’épouse plutôt effacée.
Il n’y a aucun flashback dans la série, ce qui fait qu’on ne voit jamais les faits que Miren reproche à son mari. On constate son état de fébrilité, sa détresse… tout comme sa détermination. On voit par ailleurs le mari qui ne comprend pas ce qui lui arrive et qui nie tout ce qui lui est reproché. On voit aussi la réaction des deux fils, leur désarroi à devoir choisir qui croire de leur père ou de leur mère. Mais il y a quelques indices, comme par exemple le fils aîné qui semble commencer à reproduire ce qui est reproché à son père.
La série pose la question des violences conjugales invisibles, comme celles de l’emprise ou du viol conjugal, des violences évoquées explicitement mais avec de pudeur, en restant centré sur la victime et ses proches. On constate combien la parole d’une victime comme Miren est difficile à entendre, voire niée, sa souffrance minimisée : elle est petit à petit isolée, délaissée par ceux qui refusent de la croire.
L’épisode 3, autour du procès, permet de souligner la difficulté de juger de tels faits, d’arriver à prouver de telles violences… c’est la parole de l’un contre la parole de l’autre. Et à qui bénéficie le doute ?
Enfin l’épisode 4 termine la série de manière magistrale, avec un récit à la fois d’une finesse et d’une intensité extraordinaires, dans lequel les masques tombent un peu. Le dernier plan de l’épisode final, très beau, dit tout du parcours de Miren. A jamais marquée, fragilisée par ce qu’elle a enduré, elle avance malgré tout, avec une reconstruction et un avenir possible pour elle.
On a comparé Querer à Adolescence, au moins pour son impact, la prise de conscience à laquelle la série peut mener. Mais l’approche est tout de même très différente. Il ne s’agit pas de dire que l’une a raison et l’autre pas. Mais Querer adopte un ton spécifique, plein de retenue et de pudeur, ce qui n’enlève aucunement la force du propos. Sur un sujet essentiel, Querer est une série nécessaire qui peut, on l’espère, amener à des prises de conscience et, c’est certain, alimenter de saines discussions sur le couple et les pièges de l’emprise, voire des remises en question salutaires.
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