mardi 28 décembre 2021

Mon bilan série 2021



Les plateformes de streaming n'ont évidemment pas pâti de la crise du Covid19... bien au contraire. L'offre en séries et mini-séries est aujourd'hui impressionnante, et souvent de qualité. Voici une sélection des séries qui m'ont le plus plu, voire même marqué, tout au long de cette année.

Ma mini-série de l'année


The Underground Railroad
 (de Barry Jenkins, disponible sur Amazon Prime Video)

Tout simplement un chef d’oeuvre, fascinant et terrible à la fois. Les images sont à couper le souffle, avec un travail extraordinaire sur la lumière, des plans parfois follement sophistiqués, toujours inventifs. Tout fascine formellement. Quant à l’histoire, poignante, éprouvante parfois, allant jusqu’à être difficilement supportable dans certaines scènes, elle est d’une force incroyable. Une mini-série indispensable. 

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Deux coups de coeur


En thérapie
(diffusée sur Arte)

Adaptation française de la série israélienne Be Tipul, En thérapie permet de mieux percevoir les enjeux et les mécanismes d’une thérapie, le positionnement du thérapeute, son lien aux patients… Mais c’est aussi, plus largement, une série sur la vertu de l’écoute et de la parole, et leurs difficultés aussi. Une série passionnante et subtile, une réussite totale ! 

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Dopesick
(de Danny Strong, disponible sur Disney+)

L’envers du décor d’un scandale sanitaire, celui des opiacés aux Etats-Unis. Une série remarquablement réalisée, avec une précision quasi documentaire, et un casting prestigieux. Une mini-série passionnante... et glaçante !

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Les séries Marvel  

Le passage au format mini-série réussit bien à l’univers de Marvel ! Jusqu'ici, c'est sans aucune fausse note, même si Falcon et le soldat de l'hiver est plus classique. Elles sont toutes dispobibles sur Disney+


WandaVision

Marvel façon sitcom. Sans doute la plus originale et en tout cas très divertissante. Lire ma critique


Loki

La mini-série qui nous fait découvrir le multivers ! Une mini-série inventive, bien dosée en humour et en action. Lire ma critique


Hawkeye

La mini-série Marvel de Noël, pas la plus essentielle pour le MCU mais probablement la plus fun. Lire ma critique


Deux séries en cours


The Expanse
(disponible sur Amazon Prime Video). 
La 6e saison - la saison finale ! - vient juste de commencer. Trop tôt donc pour donner un avis définitif mais elle semble bien à la hauteur des saisons précédentes (univers riche, scénario passionnant, visuellement réussi). Pour moi, c'est la meilleure série de science-fiction depuis Battlestar Galactica ! 


For all Mankind (disponible sur Apple TV+). 
Pour l'instant, deux saisons pour cette série uchronique qui imagine ce qui aurait pu se passer si les Soviétiques avaient devancé les Etats-Unis en étant les premiers à marcher sur la lune. Très bien fait, avec un scénario intelligent. Excellent ! 



Un ratrappage


Mr Robot
 (de Sam Esmail, disponible sur Netflix)

La série a été mise en ligne sur Netflix cette année… j’avais raté sa première diffusion entre 2015 et 2029 sur France 2. J’ai dévoré les 4 saisons (45 épisodes) de cette série labyrinthique et paranoïaque, bien plus profonde qu’elle n’y paraît au premier abord. Le scénario est malin et réserve de nombreuses surprises, les thématiques abordées sont multiples et puis Rami Malik est génial dans le rôle principal. Une série à voir absolument ! 


jeudi 23 décembre 2021

The Witcher : une saison 2 plutôt meilleure que la première

 

Je viens de terminer la saison 2 de The Witcher sur Netflix. J’ai bien aimé (et je précise que je ne connais ni les livres ni les jeux vidéos inspirés des livres). Je trouve même que la saison 2 est plutôt meilleure que la première : on comprend mieux l’intrigue et la réalisation est plus soignée. L’univers médiéval fantastique de The Witcher, peuplé de monstres et empreint de magie, traversé par des jeux de pouvoir et des complots cachés, est sombre et violent. Et la façon dont la série le transcrit à l’écran est convaincante, l’intrigue tient bien en haleine tout au long des huit épisodes, et la révélation ultime du final (anticipée par rapport aux livres, si j’ai bien compris) donne envie de connaître la suite. 

Le casting est plutôt bon. Henry Cavill est impliqué et donne une belle envergure au personnage de Geralt de Riv et la jeune Freya Allan est excellente dans le rôle de Ciri, qui prend une importance capitale dans la saison 2. 

Vu le succès rencontré, The Witcher est sans doute une série appelée à durer encore plusieurs saisons… et je continuerai à la regarder avec plaisir. 

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The Witcher, une série créée par Lauren Schmidt Hissrich
2 saisons de chacun 8 épisodes (série en cours), disponibles sur Netflix



Dopesick : l'envers du décor d'un scandal sanitaire. Glaçant.

 

Inspirée de faits réels, et adaptée de l’ouvrage “Dopesick: Dealers, Doctors, and the Drug Company that Addicted America” de Beth Macy, la mini-série évoque la crise des opiacés aux Etats-Unis, qui a vu monter en flèche le nombre de morts par overdose, et dont l'OxyContin, produit par Purdue Pharma, est considéré comme le principal responsable. 

La narration est relativement complexe mais quand même assez facile à suivre, avec des allers-retours incessants principalement entre les années 90 (la mise sur le marché du médicament puis la montée du trafic d’opioïdes) et les années 2000 (la progression de l’enquête). Le scénario tient en haleine tout au long des 8 épisodes, en s’intéressant d’une part aux manoeuvres de Purdue Pharma, et en particulier Richard Sackler son président, pour maximiser les gains des ventes de l’Oxycotin ; d’autre part à l'enquête menée dans les années 2000 ; et enfin aux effets désastreux de la crise des opiacés sur la population, en se centrant sur une petite commune minière des Appalaches. Ici, les personnages sont fictifs mais inspirés de faits réels. 

Série politique, Dopesick est une charge en règle contre Purdue Pharma, dénonçant leurs méthodes commerciales scandaleuses (désinformation, pressions et intimidations, manœuvres politiques, corruption...). La question n’est pas de nier l’efficacité du médicament mais de modifier son classement qui laisse entendre, à tort, qu’il ne provoquerait pratiquement aucune addiction. Mais cela impliquerait de réglementer son accès et son administration par les médecins… et ça réduirait considérablement le profit que le laboratoire peut en tirer. Bref, c’est juste une histoire de fric ! Il faut savoir qu’en 2021, Purdue Pharma, après plusieurs procédures judiciaires, a finalement accepté de verser 4,5 milliards de dollars aux victimes en échange d'une certaine immunité pour ses propriétaires, la famille Sackler… 

La série, qui fait froid dans le dos, est remarquablement réalisée, avec une précision quasi documentaire. On peut toujours discuter de certains thèmes connexes ajoutés dans les personnages fictifs qui évoquent les victimes mais on ne peut nier l’efficacité dramatique de la série, avec un épisode final, qui nous conduit jusqu’à aujourd’hui, d’une force émotionnelle intense. 

Le casting est prestigieux. Michael Keaton est bouleversant dans le rôle d’un médecin de campagne qui, après avoir administré de l’OxyContin à ses patients, en prend lui-même et tombe dans l’addiction. L’excellent Michael Stuhlbarg est glaçant en Richard Sackler, président de Purdue Pharma au cynisme absolu. Il faut ajouter Peter Sarsgaard, en assistant obstiné du procureur de Virginie, Will Poulter en commercial au service de Purdue Pharma, Rosario Dawson en agent déterminée de la DEA, ou Kaitlyn Dever en jeune fille devenue toxicomane à cause de l’OxyContin. 

Une série passionnante... et glaçante !

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Dopesick, une mni-série créée par Danny Strong
8 épisode d'une heure environ, disponibles sur Disney+


Hawkeye : le cadeau de Noël de Marvel

 

Après la victoire des Avengers sur Thanos, Clint Barton, alias Hawkeye, a pris sa retraite de super-héros. Alors qu’il s’apprête à passer Noël en famille, ses plans sont bouleversés quand Kate Bishop, une jeune archère qui ne cache pas son admiration pour Hawkeye, débarque, ayant par hasard récupéré le costume de Ronin que Barton avait revêtu pendant l’éclipse de cinq ans. Elle est par ailleurs poursuivie par le “gang des survêts”, dirigé par Maya Lopez, qui cherche à venger la mort de son père, tué par Ronin. 

Hawkeye est une mini-série très courte, pas plus de 6 épisodes, autour d’un des Avengers les plus discrets. La série joue d’ailleurs là-dessus avec ironie (dès la scène d’ouverture, où Barton regarde en famille une comédie musicale évoquant les exploits des Avengers). La série est vraiment fun, avec son lot d’action, beaucoup d’humour et même quelques moments d’émotion plutôt bien amenés. Bref, un vrai divertissement très plaisant, qui confirme la qualité des séries Marvel, jusqu’ici sans fausse note. 

Même si elle n’est pas décisive dans l’évolution du MCU, la série Hawkeye continue quand même de mettre en place les pions de la phase 4, avec de nouveaux personnages qui font leur apparition, ou d’autres qui confirment leur présence. 

Mais la révélation de la série, c’est Hailee Steinfeld (découverte il y a une dizaine d'années, adolescente, dans True Grit des frères Coen). Pétillante, virevoltante, pince-sans-rire dans le rôle de Kate Bishop : elle crève littéralement le petit écran !

Et en bonus, ne ratez pas en scène post-générique de l’épisode final, un petit cadeau de Noël musical et kitsch de la production !

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Hawkeye, une série créée par Jonathan Igla
6 épisodes de 45 minutes environ, disponibles sur Disney+


dimanche 21 novembre 2021

Fondation : les romans cultes d'Asimov en série... un sentiment mitigé


Dans un futur lointain, l’humanité s’est répandue dans toute la galaxie. Le professeur Hari Seldon, inventeur de la psychohistoire, science qui permet de prédire et d’anticiper les grands événements de l’histoire, annonce la chute imminente de l’empire galactique. Pour le faire taire, l’Empire le bannit de la capitale et l’envoie avec plusieurs de ses fidèles aux confins de la galaxie. Mais c’est exactement ce que Hari Seldon avait prévu : il va ainsi pouvoir y bâtir la Fondation, pour préserver le savoir de la civilisation et permettre sa reconstruction plus rapide. 

L’adaptation en série des romans cultes d’Isaac Asimov était très attendue ! La saison 1 vient de se terminer sur Apple TV+ et mon sentiment après l’épisode final est... mitigé. 

Même si le point de départ est identique aux romans - la chute de l’empire annoncé par Hari Seldon et son projet de Fondation pour écourter au maximum le doit de chaos, grâce à la psychohistoire - le récit de la série s’en éloigne quand même passablement. Ça m'a perturbé au début. Et puis, je me suis dit qu’on pouvait le comprendre… Il paraît très difficile de simplement adapter sans changement les romans d’Isaac Asimov, qui datent des années 50. Beaucoup de choses ont changé ! Ainsi, par exemple, une bonne partie des personnages principaux sont devenus des femmes. Et ça, c’est franchement une bonne chose : dans les romans, les personnages sont presque exclusivement masculins, ce n’est plus possible aujourd’hui. Du coup, ça permet d’intégrer dans l’histoire des romances et des histoires d’amour… mais ça, disons que ce n’est pas ce qui est le plus intéressant dans la série, loin de là ! 

L’idée nouvelle la plus intéressante, c’est sans doute celle de l’empereur cloné depuis des générations et des générations, et qui règne avec trois versions simultanées de lui-même : jeune, adulte et âgée. Je trouve que c’est une belle trouvaille qui traduit bien les causes du déclin inéluctable de l'empire, comme l’immobilisme, le conservatisme, la soif de pouvoir absolu... D’autres adaptations par rapport aux romans m’ont moins convaincues… comme le lien entre Gaal Dornick et Salvor Hardin ou la façon dont se résout la première crise Seldon, assez éloigné de l’esprit des romans. Et puis il y a le cas du personnage de Demerzel, qui apparaît dans les romans qu’Asimov a écrit pour compléter le cycle initial de Fondation, en le liant à son cycle des robots. Dans la série, ça me pose vraiment un problème, parce qu’Il me paraît évident que le personnage agit, notamment dans le dernier épisode, en contradiction avec un principe fondamental cher à Asimov. [spoiler] Pour ceux qui connaissent, je pense évidemment à la première loi de la robotique : un robot ne peut porter atteinte à un être humain. Même faire appel à la loi zéro ne résout pas le problème puisque Demerzel n’agit pas dans la série pour sauver l’humanité mais pour préserver la lignée de Cléon… [/spoiler]. 

Plus globalement, je trouve que le récit est un peu confus, et que la série connaît quelques coups de mou en cours de saison. Ceci dit, tout n’est pas à jeter dans Fondation, la série. Loin de là. D’abord, visuellement, c’est tout à fait convaincant : les différents mondes, la technologie, les effets spéciaux... Ensuite, ce qui tourne autour de la psychohistoire et du personnage de Hari Seldon - et parfois c’est passablement différent des romans - fonctionnent finalement assez bien. 

Bref, la série n’est, certes, pas à la hauteur des attentes… mais ce n’est pas pour autant une mauvaise série de SF. Et je sais que je regarderai la saison 2. 

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Fondation, une série créée par David S. Goyer et Josh Friedman
Saison 1, 10 épisodes disponibles sur Apple TV+


vendredi 29 octobre 2021

Mr Robot : labyrinthique et paranoïaque, une série bien plus profonde qu’elle n’y paraît au premier abord

 

Elliot est ingénieur en cyber-sécurité le jour et un redoutable hacker la nuit. Asocial, il souffre d’un trouble du comportement qui lui fait croire qu’il ne peut vraiment rencontrer les gens qu’en les hackant... Un jour, un homme appelé Mr Robot le contacte pour le recruter dans un mystérieux groupe secret qui a pour but de faire tomber l’entreprise multinationale dont il est sensé assurer la protection. 

La série est sortie en 2015 et s’est terminée en 2019. Elle a été ajoutée récemment au catalogue Netflix (elle est aussi disponible sur Amazon Prime Video) et j’en ai donc profité pour combler une lacune (je me demande bien comment j’avais pu rater sa diffusion sur France 2…).  Mr Robot est une série passionnante, au récit labyrinthique et paranoïaque, autour d’un génie de l’informatique handicapé par un trouble social sévère, un cyber-justicier qui veut sauver le monde d’un capitalisme inhumain et profondément injuste en faisant chuter les puissants qui le dominent. Du moins, c'est ce que laisse entendre la première saison qui se conclut par un twist inattendu. 

Mr Robot est une série qui est bien plus que ce qu’elle semble être au premier abord. Plus profonde et complexe. Je me garderai bien de dévoiler le moindre spoiler évidemment… mais, si vous ne l’avez pas encore vue, sachez que vous êtes loin d’imaginer jusqu’où l’histoire va vous mener lorsque vous commencez la série, et même lorsque vous arrivez à la fin de la première saison. Certes, on est parfois un peu perdu (c’est voulu !). Bien-sûr, il y a quelques coups de mous avec des épisodes moins réussis... mais d’autres qui sont formidables, originaux, parfois d’une virtuosité impressionnante, grâce au showrunner Sam Esmail. 

Ça vaut vraiment la peine de persévérer et d’aller jusqu’au bout ! Car Mr Robot est une série qui, en 4 saisons et 45 épisodes de moins d’une heure propose un voyage fascinant, déstabilisant et de plus en plus vertigineux. Et c’est une série qui a une fin, une vraie ! C’est même probablement une des meilleures fins que je connaisse pour une série, avec une ultime révélation lumineuse, un final où l’émotion est palpable. 

Les thématiques abordées par la série sont multiples. Elle parle, entre autre, de liberté et d’asservissement, de démocratie et de capitalisme, du pouvoir de l’argent, de la capacité ou non à changer le monde, mais elle aborde aussi, et peut-être surtout, des thématiques intimes autour de l’identité, de la normalité, des traumatismes de l’enfance, elle parle de la solitude, de la folie, du rapport à la réalité… C’est très riche !

Et puis il y a Rami Malek, génial dans le rôle d’Elliot, ce personnage si complexe. Autour de lui, le casting est aussi remarquable, avec une mention spéciale pour Carly Chaikin (dont je ne vous dirai rien pour ne pas divulgâcher…). 

Bref : une série à voir absolument !

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Mr Robot, une série créée par Sam Esmail
4 saisons (45 épisodes de moins d'une heure), disponibles sur Netflix et Amazon Prime Video


samedi 16 octobre 2021

Squid Game : une série caustique et dérangeante qui mérite d’être vue

Surendetté, Gi-hun vit au crochet de sa mère. Un jour il est contacté par un homme, qui lui propose de jouer un jeu pour gagner facilement de l’argent. Il lui remet une carte avec un numéro de téléphone. Il est alors emmené dans un endroit secret où il se retrouve avec des centaines d’autres personnes, chacun s’étant vu attribuer un numéro. Ils sont encadrés par des hommes armés, habillés tout en rouge et masqués, avec un symbole inscrit dessus (rond, triangle ou carré). Le premier jeu qu’on leur propose est un jeu d’enfants : 1, 2, 3 soleil. Mais les participants se rendent vite compte qu’être éliminé du jeu signifie être immédiatement abattu ! 

Squid Game, c’est LA série phénomène du moment ! Elle serait déjà la série Netflix la plus regardée de tous les temps et elle ne cesse de faire parler d’elle. 

Le pitch est simple et redoutablement efficace : des hommes et des femmes, de tous âges et de toutes conditions sociales, ayant tous en commun d’être surendettés, se retrouvent dans un endroit secret pour jouer à un jeu qui leur donne une chance de s’en sortir. Mais c’est un jeu très dangereux où on risque à tout moment d’y laisser sa peau. 

Squid Game, c’est une fable sociale à la coréenne, c’est-à-dire très caustique et violente. C’est même un véritable jeu de massacre sanglant. Mais le message est clairement politique et social, c'est une critique de nos sociétés compétitives et impitoyables, où l’argent corrompt toutes les relations. 

En transposant le monde l’enfance avec ses jeux dans un monde d’adultes où chacun veut sauver sa peau, le jeu révèle les parts d’ombre du coeur humain. Chacun joue sa vie, littéralement, en jouant à 1, 2, 3 soleil ou aux billes ! Alors des alliances se créent ou se défont, on complote, on magouille, on profite de la faiblesse des autres ou on profite du système… On se rend compte qu’on est plus fort en s’unissant et s’entraidant… mais les organisateurs s’arrangent pour que ces alliances ne durent pas. A cet égard, le formidable épisode 6, sans doute le meilleur de la série (celui avec le jeu de billes) est aussi le plus terrible ! Jusqu’où est-on prêt à aller pour sauver sa peau ? La vie n’est-elle finalement qu’un jeu cruel et dangereux ? 

Avec un cynisme mordant, les organisateurs du jeu rappellent sans cesse que tout dans leur jeu est parfaitement équitable et démocratique. Les participants ont même la possibilité de voter, à tout moment, pour arrêter le jeu... ou la liberté de revenir lorsqu’ils l’ont quitté. Et on comprend ici la critique de nos sociétés occidentales, démocratiques et pourtant manipulatrices, égalitaires et créant pourtant des inégalités et des injustices, des sociétés impitoyables et génératrices de violence. 

Le scénario est malin, riche en rebondissements. Et la fin vous réserve quelques surprises de taille… Car l’intrigue se termine par une vraie conclusion, même si c’est une fin ouverte, même si beaucoup de questions restent sans réponse. Vu le succès de la série, une saison 2 risque d’être commandée… mais je ne suis pas sûr que ça soit une bonne idée. Je trouve que la fin proposée est excellente et qu’on devrait en rester là. 

Incontestablement, Squid Game est une série caustique et dérangeante qui mérite d’être vue… pour un public averti tout de même (elle n'est pas faite pour les enfants !), vu la violence explicite (mais qui se justifie tout à fait pour le propos de la série). 

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Squid Game, une mini-série créée par Hwang Dong-hyuk
9 épisodes d'une heure environ, disponibles sur Netflix


mercredi 28 juillet 2021

Katla : conte fantastique sous les cendres d'un volcan

 

Katla, c’est le nom d’un volcan sous-glaciaire en Islande. Voilà un an qu’il est entré en éruption et a recouvert tout le paysage de cendres. La petite ville de Vik, voisine du volcan, a été évacuée. Seules quelques habitants sont restés et assurent les services nécessaires. Quelques scientifiques sont aussi sur place pour observer le volcan. Un jour, une jeune femme, nue et couverte de cendres et de boue, est aperçue sur le glacier. Alors qu’on pense dans un premier temps qu’il s’agit peut-être d’une touriste suédoise, sa véritable identité va se révéler bien plus troublante. D’autant que d’autres être mystérieux recouverts de cendres et de boue vont faire surface, tous liés d’une manière ou d’une autre à tel ou tel habitant du village. 

Katla est une mini-série islandaise intrigante et sombre, un conte fantastique à la portée métaphysique. Le récit, qui emprunte à la fois aux légendes islandaises et au fantastique moderne, revêt une dimension philosophique intéressante sur l’identité, et autour du deuil et de la culpabilité. Chaque personnage de la série se retrouve face à des êtres mystérieux qui les confrontent à un traumatisme personnel non résolu : une soeur disparue, un enfant tragiquement décédé, une liaison ancienne, une épouse en fin de vie et complètement dépendante... Vont-ils, finalement, les aider à surmonter leurs traumatismes ou, au contraire, seront-ils submergés par eux ? 

Le récit est lent, l'atmosphère est lourde : ce n’est pas vraiment une série légère faite pour vous détendre. Ça devient même plutôt dérangeant à la fin, en particulier dans les dénouements du dernier épisode. Visuellement, c’est assez saisissant : les paysages souvent étonnants de l’Islande sont ici inquiétants, tout entiers recouverts de cendres. Certes, tout n’est pas parfait, le récit n’est pas sans quelques invraisemblances… mais Katla est bien une mini-série assez fascinante, visuellement très réussie, et qui nous fait réfléchir sur les fantômes de notre passé qui peuvent parfois nous hanter (et ici, ils prennent littéralement chair !). 

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Katla, une série créée par Baltasar Kormákur et Sigurjón Kjartansson

8 épisodes de 45 minutes environ, disponibles sur Netflix



jeudi 15 juillet 2021

Loki : bienvenue dans le multivers !

 

La série se déroule après les événements d'Avengers : Endgame. Alors si vous n’avez pas vu le film et que vous ne voulez pas être spoilé, il vaut mieux arrêter ici votre lecture… Après avoir dérobé le Tesseract, en 2012, après la bataille de New-York, lors du casse temporel des Avengers, Loki se retrouve dans une réalité alternative. Mais il est aussitôt arrêté par d’étranges miliciens qui l’emmènent auprès du TVA, le Tribunal des Variations Anachroniques (Time Variance Authority en vo), un organisme qui veille à préserver l’éternel flux temporel (sacred timeline en vo) en arrêtant les personnes qui risquent d’altérer le passé ou le présent. Mobius, un agent du TVA, va demander à Loki de l’aider à retrouver une autre version de lui-même, insaisissable, qui crée le chaos à différentes époques. 

Parmi les séries Marvel sorties sur Disney+, Loki est plus proche de WandaVision que de Falcon et le soldat de l’hiver, par son univers décalé et son humour très présent. Et il faut dire qu’on est plutôt heureux de retrouver un des personnages iconiques du MCU, Loki, le demi-frère de Thor, manipulateur et menteur hors-pair, incarné par l'excellent Tom Hiddlestone. Un personnage qui se révélera d’ailleurs aussi sous un autre jour dans la série… 

Loki est aussi l’occasion de développer le concept de multivers, à peine esquissé jusqu’ici, et qui sera au coeur de la phase 4 du MCU. Et ça nous donne l’occasion de croiser plusieurs versions alternatives de Loki, plus ou moins proches du personnage que nous connaissons (et plus ou moins farfelues !). L'intrigue permet aussi d'évoquer, en passant et en s'amusant, la question du libre-arbitre et du déterminisme... 

Encore une fois, la série est une réussite et témoigne du fait que, désormais, le MCU passera forcément aussi par les séries et non seulement les long-métrages au cinéma, un format qui convient d’ailleurs très bien à cet univers. Loki est une série suffisamment inventive, bien dosée en humour et en action, et réserve assez de surprises pour tenir en haleine dans ses 6 épisodes. Jusqu’à la découverte, surprenante, du grand méchant qui tire les ficelles, dans le dernier épisode, et le twist final, qui prépare la suite, non seulement du MCU mais aussi de la série… puisque la très courte scène post-générique annonce officiellement que Loki reviendra pour une saison 2. Nous serons au rendez-vous !  

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Loki, une série créée par Michael Waldron. 6 épisodes de 45 minutes environ, disponibles sur Disney+


mercredi 26 mai 2021

The Underground Railroad : une série d'une beauté époustouflante pour une réalité terrifiante

 

Peu de temps avant la guerre de Sécession, Cora, une jeune esclave, s’enfuit d’une plantation en Géorgie et découvre le mythique chemin de fer clandestin, un réseau souterrain et secret où des trains emmènent les esclaves en fuite loin des Etats esclavagistes du Sud. Mais elle doit rester sur ses gardes car elle est poursuivie par un redoutable chasseur d’esclave, bien décidé à la retrouver et la ramener à son propriétaire.

Adaptation en mini-série du roman éponyme de Colson Whitehead, qui a reçu le prestigieux prix Pulitzer, The Underground Railroad fait référence au réseau clandestin qui existait bel et bien et aidait les esclaves en fuite à rejoindre le Nord, jusqu’au Canada. Mais dans le roman comme dans la série, inspiration géniale, ce réseau est matérialisé par un vrai chemin de fer souterrain.  

Réalisée par Barry Jenkins (oscarisé pour Moonlight), la mini-série est un pur chef d’oeuvre, ne mâchons pas nos mots. Pourtant, je n’avais pas été pleinement convaincu par Moonlight ou Si Beale Street pouvait parler, des films dans lesquels je trouvais un certain maniérisme et des longueurs. Mais toutes ces réserves disparaissent ici et je reste sous le choc de The Underground Railroad. Le temps long de la série se prête parfaitement au talent du réalisateur. Son lyrisme et son esthétisme sont là pour évoquer l’intolérable voire l’insoutenable. C’est fascinant et terrible à la fois. Car les images sont à couper le souffle, avec un travail extraordinaire sur la lumière, des plans parfois follement sophistiqués, toujours inventifs. Tout fascine formellement. Quant à l’histoire, poignante, éprouvante parfois, allant jusqu’à être difficilement supportable dans certaines scènes, elle est d’une force incroyable. 

Rarement on n’aura vu une telle évocation de l’esclavagisme en Amérique, où s’expriment le racisme et la haine, et les discours suprémacistes insupportables, où des êtres humains, parce qu’ils ont la peau noire, sont traités comme des bêtes, pires que du bétail, comme de simples possessions appartenant à leurs maîtres qui ont un pouvoir absolu sur eux. 

C’est une série qu’il faut prendre le temps de regarder. Accepter son rythme lent mais extrêmement chargé. N’essayez pas de la binge watcher... Chaque épisode doit se digérer et ça demande un peu de temps. Certaines images ne vous quittent pas. Y a-t-il quelques longueurs parfois ? Peut-être… mais si peu. Et c’est tellement beau, parfois même sublime. Certains épisodes sont bien-sûr plus forts que d’autres : le premier épisode est un choc, le neuvième peut-être encore plus. Et l’ensemble est impressionnant. 

Les nombreux acteurs qu’on suit sur un ou plusieurs épisodes sont tous excellents et Thuso Mbedu, totalement inconnue, est tout simplement incroyable dans le rôle de Cora. 

Regarder en face la réalité insoutenable d’un passé aussi sombre est important pour comprendre le présent. Car les racismes d’aujourd’hui sont encore les héritiers terrifiants de l’esclavagisme d’hier. A cet égard, The Underground Railroad est une mini-série indispensable. 

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The Underground Railroad, une mini-série de Barry Jenkins
10 épisodes (d'au moins une heure, sauf pour deux épisodes plus courts) disponibles sur Amazon Prime Video


samedi 8 mai 2021

Yellowstone : ton univers impitoyable !

 

Yellowstone, c’est le nom d’un ranch immense dans le Montana (le propriétaire en fait le tour à bord de son hélicoptère !) qui appartient à John Dutton, l’homme le plus influent de toute la région, patriarche qui règne d’une main de fer sur sa famille dysfonctionnelle, hantée par le fantôme de la mère, décédée accidentellement plusieurs années auparavant. 

Alors que la série fait un carton aux USA où trois saisons sont déjà sorties, la première saison vient seulement d’arriver en France, sur la plateforme Salto. 

Western contemporain, une sorte Dallas moderne, avec son univers impitoyable, mais dans le Montana, Yellowstone est une série âpre et sombre, où règne le fric, la corruption et la violence, un Western où les cow-boys et les indiens se rendent coup pour coup, avec les mêmes armes capitalistes. Il n’y a pas vraiment de gentils dans Yellowstone… 

On ne peut pas dire non plus que la série soit féministe… Les personnages féminins sont un peu caricaturaux, et dans cet univers macho, si les femmes veulent s’en sortir, il faut qu’elles agissent comme des mecs, en utilisant les mêmes méthodes. Et puis il y a aussi un côté soap opera qui peut finir par agacer un peu à la longue… 

Mais Yellowstone est une série qui a tout de même plusieurs atouts à souligner : le soin de la réalisation (tous les épisodes sont réalisés par Taylor Sheridan, également scénariste), les paysages magnifiques du Montana, écrin grandiose de chaque épisode, mais aussi Kevin Costner, absolument remarquable dans le rôle principal de la série. 

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Yellowstone, série de Taylor Sheridan

La saison 1 (9 épisodes de 50 minutes environ) est disponible sur Salto



samedi 1 mai 2021

Shadow and Bone : divertissant et visuellement très réussi

 

Le Fold, un brouillard maléfique extrêmement dense, scinde le royaume de Ravka en deux depuis des siècles. Extrêmement périlleux à traverser, peuplé de monstres terrifiants, le Fold a été créé par le reoutable Hérétique noir, qui avait le pouvoir invoquer les ténèbres. Dans ce royaume, on teste dès le plus jeune âge les enfants pour discerner ceux qui ont développé des pouvoirs magiques. On les nomme les Grishas. Ils sont divisés en plusieurs ordres selon leurs pouvoirs. Alina Starkov avait échappé au test, pour ne pas être séparé de Mal, son ami d’enfance. Plus tard, devenue cartographe, elle est engagée dans une traversée du Fold lorsque son pouvoir est révélé accidentellement : elle semble capable d’invoquer la lumière. Sera-t-elle l’élue qui va détruire le Fold ? 

La série s’inspire d’une saga de la littérature jeune adulte et mélange, semble-t-il (je ne les ai pas lu…) des éléments tirés de la trilogie Grisha et de la duologie Six of Crows, écrites par Leigh Bardugo. L’intrigue se situe dans un monde imaginaire, un univers fantasy à l’ambiance Steam Punk, qui ressemble à la Russie tsariste du XIXe siècle (avec de la magie en plus). C’est d’ailleurs la grande force de la série qui parvient à créer ce monde de façon convaincante. Visuellement, c’est très réussi et assez original pour une série de fantasy (ça rappelle un peu, à certains égards, le monde de Carnival Row). 

En plus d’Alina et Mal, on suit notamment le général Kirigan, qui accueille et forme les Grishas dans son palais, et un petit groupe de bandits dirigée par Kaz Brekker, à l'affût de tout contrat pouvant lui rapporter un maximum d’argent. L’univers est suffisamment riche et les personnages suffisamment attachants - et incarnés par une bande de jeunes acteurs pour la quasi totalité inconnus mais franchement bons - pour qu’on suive la série avec plaisir. Il y a bien-sûr un petit goût de déjà vu dans l’intrigue qui ne révolutionne pas le genre, et qui coche toutes les cases de ce type d’histoires : le bien et le mal, une prophétie, un parcours initiatique, avec de l’action, de la magie et de l’amour… Mais le tout reste très familial : on est loin de la violence et de l’ampleur des intrigues politiques de Game of Thrones

Shadow and Bone, qui va sans doute faire un carton sur Netflix, est donc une assez jolie réussite, une série à voir sans hésiter pour se divertir. On attend la suite !

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Shadow and bonne : la saga Grisha. Une série de Eric Heisserer.

8 épisodes de 50 minutes envisron, disponibles sur Netflix. 



vendredi 23 avril 2021

Falcon et le soldat de l’hiver : Marvel façon buddy movie

 

Disney+ enchaîne avec les séries Marvel, après Wanda Vision, c’est au tour de Falcon et le Soldat de l’hiver, une mini-série en 6 épisodes dont la plateforme vient de diffuser le dernier volet. Moins original que WandaVision, Falcon et le soldat de l’hiver renoue avec un univers plus classique chez Marvel, empruntant au passage les codes du buddy movie (un duo mal assorti, des punchlines, de l’action). 

Et on peut dire que la mini-série fait le job. C’est divertissant, plutôt spectaculaire et ça se regarde sans ennui. La série se permet aussi une certaine dimension politique, qui entre en écho avec des préoccupations contemporaines (immigration, racisme, patriotisme, suprémacisme) même si le discours de Sam à la fin du dernier épisode est quand même franchement trop appuyé… 

Evidemment, comme pour WandaVision, la série est aussi l’occasion (voire le prétexte) de préparer la nouvelle phase du MCU, avec l’arrivée de nouveaux super-héros (dont un nouveau Captain America) et de nouveaux méchants qu’on aura sans doute l’occasion de croiser prochainement au cinéma. En tout cas, on espère que ce sera le cas de Zemo, parce que son passage dans la série était peut-être le meilleur moment du show. 

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Falcon et le soldat de l'hiver, une mini-série de 6 épisodes de 45 minutes environ, diffusés sur Disney+



mardi 13 avril 2021

Le serpent : fascinant et glaçant

 

Dans les années 70, à Bangkok, Alain Gautier se présente, avec son épouse Monique, comme un diamantaire. En réalité, il se nomme Charles Sobhraj et sa complice se nomme Marie-Andrée Leclerc. Ils droguent, volent et tuent de jeunes hippies, subtilisant leur passeport pour emprunter leur identité. Herman Knippenberg, un diplomate néerlandais, commence alors à enquêter sur le meurtre d’un couple de touristes hollandais et découvre des indices qui vont le mener jusqu’à Gautier / Sobhraj… 

La mini-série suit la traque de Sobhraj par Knippenberg avec un procédé qui déroute un peu. En effet, le récit fait d’incessants sauts dans le temps, en avant et en arrière. On est un peu perdus au début... Mais le procédé se révèle finalement assez astucieux et ajoute même au mystère d’un personnage insaisissable, dont l’histoire se dévoile peu à peu, par strates successives. Des révélations surprenantes viennent apporter une lumière nouvelle sur tel ou tel événement, certaines scènes reviennent plusieurs fois, mais notre regard change sur elles, en fonction des nouveaux éléments à notre disposition. S’il faut un peu de temps, au début, pour entrer dans la série, alors que les choses se mettent en place doucement, il faut avouer qu’ensuite ça devient assez addictif, jusqu’au dernier épisode qui évoque, dans sa deuxième partie, les suites abracadabrantesques de son arrestation… 

Le serpent est une mini-série remarquable, à la fois le portrait glaçant et sans complaisance d’un tueur en série insaisissable et l’évocation de l’obstination d’un diplomate, prêt à mettre en danger sa carrière et son couple pour sa quête de justice. 

Parmi le casting, Tahar Rahim est fascinant dans l’incarnation de ce monstre froid et manipulateur. Jenna Coleman est aussi très bien… mais pas une seconde elle ne passe pour une québécoise (on a même parfois du mal à la comprendre quand elle parle en français !). Dommage. 

La fascination qu'exerce un personnage tel que Sobhraj est assez dérangeante... Aussi insaisissable soit-il, il révèle les parts d'ombre les plus sombres qui peuvent résider dans le coeur humain et qui peuvent conduire aux actes les plus sordides. 

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Le serpent, une mini-série de Richard Warlow et Toby Finlay
8 épisodes de 55 minutes environ disponibles sur Netflix


lundi 5 avril 2021

A Confession : une mini-série policière passionnante, du côté des victimes

 

Sian O’Callaghan, une jeune femme de 22 ans, est portée disparue. L’enquête est confiée à l’officier Steve Fulcher dont les soupçons finissent par se porter sur un chauffeur de taxi. Gardant l’espoir que la jeune fille est encore en vie et séquestrée quelque part, il retarde au maximum l’arrestation du suspect qu’il fait suivre. Et pour obtenir des aveux et retrouver la jeune fille, il s’accorde quelques petites entorses à la procédure… et il obtiendra les aveux, au-delà même de ce qu’il imaginait. Mais il devra en payer le prix fort. 

Inspirée d’une histoire vraie, la mini-série (sortie en 2019 et disponible depuis peu sur Salto) est passionnante, avec un récit anti-spectaculaire mais redoutablement efficace, et d’une grande intensité. Il y a bien-sûr l’enquête qui, si elle tient en haleine, n’est pourtant pas la préoccupation centrale de la série. En effet, le récit s'intéresse avant tout aux victimes, aux proches et aux familles, brisés par le drame, mais aussi au policier pris au piège, dont la carrière est brisée, et la vie à jamais changée. 

C’est sobrement mais minutieusement réalisé, et formidablement interprété, notamment par Martin Freeman, parfait dans le rôle de Steve Fulcher, Siobhann Finneran, très touchante dans le rôle de la mère de Sian, et Joe Absolom, absolument glaçant dans le rôle du tueur. 

La série est également intéressante pour les questions qu’elle pose, en particulier autour de la justice : on y évoque le besoin impératif de justice pour les victimes, mais aussi le défi de l’exercice de la justice, le bien-fondé des procédures judiciaires, l’humanité (ou pas) du système judiciaire et des institutions qui lui sont liées. Mais la série pose aussi de grandes questions morales, sur ce qu’implique l’intégrité, sur les conséquences de nos choix, sur le respect ou non des règles quand une vie est en jeu… 

Bref, en un mot : passionnant ! 

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A Confession, une mini-série britannique créée par Jeff Pope. 

6 épisodes de 45 minutes environ, disponibles sur Salto



vendredi 5 mars 2021

WandaVision : Marvel façon sitcom, original et divertissant


Avertissement : cet article contient quelques spoilers (très peu), notamment sur l’univers cinématographique de Marvel (MCU), sans lesquels il est absolument impossible de parler de la série ! 

Nous sommes au lendemain des événements du dernier film des Avengers : Endgame. La moitié de l’humanité est donc de retour, dont Wanda Maximoff… et Vision, qui pourtant était mort avant le claquement de doigts de Thanos ! Mais comment donc peut-il être vivant ?

Si vous ne connaissez rien du MCU, vous allez passer à côté des nombreuses références à l’univers. Mais ça ne veut pas dire que vous n’allez pas vous amuser devant WandaVision. Et comme de toute façon, dès le premier épisode, la série brouille les cartes en nous projetant directement dans une sitcom façon Ma sorcière bien-aimée… tout le monde est un peu perdu au début. 

Il faut le dire, dès le premier épisode, la surprise est de taille : un écran réduit, une image en noir et blanc, et Wanda et Vision qui forment le couple parfait, en plein milieu des années 50. Chaque épisode nous fera faire un bond d’une dizaine d’années, dans l’univers des sitcoms, jusqu’à nos jours, avec des génériques d’époque et des coupures publicité (référencées Marvel). Ce côté hommage aux sitcoms est vraiment amusant, très américain, autour de la famille parfaite, et tout à fait réussi. 

Mais on sent bien, dès le premier épisode, qu’il y a quelque chose qui cloche autour de Wanda et le monde trop parfait qui l’entoure. A partir de l’épisode 4, le mystère commence à être levé, et la plupart des interrogations trouveront une réponse avant la fin de la série. 

C’est clairement la première moitié de WandaVision qui est la plus intéressante et la plus originale. Ensuite, plus on avance dans la mini-série, plus celle-ci se rapproche de l’univers habituel des films Marvel, ce qui coïncide d’ailleurs, dans la série, avec une marque de fabrique des films Marvel : les scènes post-générique (il y en a même deux après l’épisode final). Il ne faut pas oublier qu’un des buts de WandaVision est de préparer la phase 4 du MCU. Si la série se termine sur un dernier épisode épique, celui-ci est tout de même un peu décevant, sans grande surprise et sert surtout à mettre en place les pièces sur l’échiquier de la prochaine phase du MCU au cinéma, où Wanda… ou plutôt Scarlett Witch, devrait jouer un rôle important. 

Malgré ce petit bémol, WandaVision est quand même une mini-série réussie, tout à fait divertissante, et même très originale dans sa première moitié. Elle permet, au passage, d’aborder quelques thématiques intéressantes. On pense, d’abord, à des questions intimes, en particulier la difficulté du deuil et de la perte, mais aussi le couple, la famille, les héritages familiaux… Il y a aussi quelque chose de très actuel dans plusieurs thématiques annexes, autour des réalités alternatives, de la frontière poreuse entre le réel et le virtuel et même, d’une certaine façon, la vie en confinement !

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WandaVision, une mini-série de 9 épisodes de 25 minutes environ (50 pour le dernier), disponible sur Disney+


mardi 9 février 2021

En thérapie : une série passionnante et subtile, une réussite totale

Nous sommes quelques jours à peine après les attentats de novembre 2015 à Paris. Philippe Dayan est psychanalyste. Parmi ses patients, il reçoit chaque semaine Adel, un agent de la BRI traumatisé par son intervention au Bataclan ; Ariane, une jeune chirurgienne en plein désarroi amoureux ; Camille, une adolescente aux tendances suicidaires ; Damien et Leonora, un couple en crise. Lui-même bouleversé par les événements récents, Dayan va demander de l’aide auprès d’Esther, son ancienne analyste, avec qui il avait coupé les ponts depuis plusieurs années. 

En thérapie est l’adaptation française de la série israélienne Be Tipul, déjà adaptée dans plusieurs pays. Chaque épisode de 25 minutes environ est une séance de psychothérapie, du lundi au jeudi, avec les mêmes patients. Le vendredi, le psychanalyste lui-même rencontre son analyste. 

Eric Toledano et Olivier Nakache sont aux manettes : ils réalisent plusieurs épisodes, aux côtés d’autres metteurs en scène chevronnés : Pierre Salvadori, Nicolas Pariser et Mathieu Vadepied. Dans un tel dispositif sobre et minimaliste, le rôle des acteurs et actrices est essentiel. Et ils sont tous formidables. Mentions spéciales à Philippe Pierrot, parfait d’humanité dans le rôle du psychanalyste, Mélanie Thierry, d'une sensibilité exacerbée, et la jeune Céleste Brunnquell, étonnante de justesse. Mais tous les autres sont excellents également. C’est indéniablement une des grandes forces de la série. 

L’idée d’avoir situé ces séances de psychothérapie au lendemain des attentats de Paris en 2015 est excellente. C’est le traumatisme commun qui relie tous les protagonistes de la série, et qui révèle ou accentue les angoisses, les fêlures et les blessures de chacun. Nous sommes témoins de ces échanges, qui qui nous mettent tantôt en empathie, tantôt à distance des patients, presque agacé parfois. Mais aussi interpellé quand des mécanismes ou des problématiques rencontrent les nôtres. D’autant plus quand on voit le thérapeute lui-même être en proie à ses propres angoisses, ses propres questions, dans l’écoute de ses patients. 

Il y a un petit côté enquête policière, au fil des séances, à voir se dévoiler petit à petit le passé et les traumatismes des patients, à comprendre comment ils peuvent expliquer leurs souffrances et leurs problèmes d'aujourd'hui. A la fin des 35 épisodes, on a l’impression d’avoir cheminé avec eux, de les connaître. Ils nous sont familiers, on est attaché à eux. Chaque arc narratif se termine, dans une dernière semaine qui rompt le rythme habituel des rendez-vous hebdomadaires. Parfois l’histoire se termine bien, parfois non. Mais en général, c’est un peu un mélange des deux. Car dans la vie, les choses sont rarement noires ou blanches… 

En thérapie est une série sur la psychothérapie et la psychanalyse en particulier. Une façon de mieux percevoir les enjeux et les mécanismes d’une thérapie, le positionnement du thérapeute, son lien aux patients… Mais c’est aussi, plus largement, une série sur la vertu de l’écoute et de la parole, et leurs difficultés aussi. En cela, elle nous touche tous.

Une série passionnante et subtile, une réussite totale ! 

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En thérapie, 35 épisodes de 25 minutes environ, diffusés le jeudi soir sur Arte et disponible en intégralité sur www.arte.tv 



mercredi 3 février 2021

The Expanse - saison 5 : Toujours la meilleure série SF en cours !

 

La saison 5 de The Expanse vient de se terminer sur Amazon Prime Video. Si vous ne connaissez pas la série, vous pouvez lire ma critique de la saison 4 où je donne quelques repères sur la série dans son ensemble... 

En tout cas, cette nouvelle saison est à la hauteur des précédentes : The Expanse reste, selon moi, la meilleure série SF en cours (la saison 6 sera la dernière). Ses points forts demeurent les mêmes : son univers visuellement très réussi et précis, la variété et l’évolution de ses personnages, son récit avec une riche dimension politique et sociale, le tout dans un genre Space Opera pleinement assumé. 

Après deux ou trois épisodes qui mettent en place les enjeux de la nouvelle saison, les événements s’accélèrent (l’épisode 4 !) et prennent une tournure inattendue. Tout au long de cette saison 5, la “famille” du Rocinante se retrouve dispersée, chacun des membres se retrouvant en grand danger, différemment liés aux événements qui ébranlent le système solaire, et au contact de personnages qui refont surface ou prennent de l'ampleur. Les rebondissements s’enchaînent, jusqu’au dernier épisode qui se termine de manière suffisamment énigmatique pour donner envie de connaître la suite (et la fin) de l’histoire. En tout cas [spoiler] on n’en a pas encore fini avec la protomolécule ! [/spoiler]

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The Expanse (saison 5) : 10 épisodes d'une heure environ, disponible sur Amazon Prime Video



mardi 5 janvier 2021

The Mandalorian : replonger dans l'univers Star Wars, façon première trilogie


J’ai rattrapé mon retard et j’ai enchaîné les deux saisons de The Mandalorian sur Disney+. Et il faut avouer que c’est une série très plaisante, qui ne peut que ravir les fans de Star Wars. La série se déroule quelques années à peine après l’épisode 6, Le Retour du Jedi, et propose de suivre les aventures d’un chasseur de primes solitaire dans les régions éloignées de la galaxie, là où la Nouvelle République peine à s’imposer et où les résidus de l’Empire déchu espèrent retrouver une gloire perdue. 

Le plaisir premier réside dans l’univers de Star Wars façon première trilogie fort bien restitué. J’ai tout de même trouvé la saison 1 un peu décousue, avec des épisodes trop peu liés les uns aux autres et de valeur inégale. Mais c’est bien meilleur en saison 2. Même si l’intrigue n’est pas d’une profondeur abyssale, elle tient la route, propose plusieurs morceaux de bravoure divertissants et permet de retrouver quelques vieilles connaissances… jusqu’à la surprise ultime du dernier épisode ! Autre petit bémol, le grand méchant de l’histoire (pourtant incarné par l’excellent Giancarlo Esposito) manque d’envergure et est trop peu présent à mon goût… Mais il y a Baby Yoda, évidemment, qui ne peut que vous faire craquer ! Même si j’ai l’impression qu’à l’avenir il ne sera peut-être pas toujours aussi mignon que ça… Mais attendons de voir la suite ! En tout cas, je regarderai la saison 3 avec plaisir. 

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The Mandalorian, une série créée par Jon Favreau
2 saisons de 8 épisodes de 40 minutes environ, disponibles sur Disney+ (en cours)