jeudi 31 décembre 2020

Mon bilan séries 2020


 2020 a été une année riche en séries de qualité ! Et j'ai ai sans doute regardé un peu plus que d'habitude, avec les contraintes sanitaires et la fermeture des salles de cinéma une bonne partie de l'année. Voici donc un bilan personnel, avec mes séries préférées :

  • Une série qui s’est terminé cette année
  • Trois excellentes mini-séries (un format que j’apprécie particulièrement)
  • Quatre série encore en cours


Une série qui s’est terminée cette année 

Dark

Dark est une série phénomène allemande, qui s’est terminée cette année en apothéose avec sa saison 3. L’intrigue, complexe, est vertigineuse et haletante. Ce qui est certain, c’est qu’en trois saisons et 26 épisodes, Dark aura su nous tenir en haleine et faire chauffer nos neurones ! C’est une série plutôt exigeante, où il ne faut pas craindre de ne pas tout comprendre… mais la persévérance est récompensée : (presque) tout s’explique à la fin ! Et on termine l’épisode final en ayant la satisfaction d’avoir achevé un sacré voyage… Ma critique de la saisons 3 



Trois mini-séries

Tales from the Loop

Cette mini-série est une merveille ! La série est basée sur les étonnantes illustrations de l'artiste suédois Simon Stålenhag, avec un scénario original de Nathaniel Halpern (co-scénariste de la série Legion). C’est une sorte d’uchronie, qui se déroule dans les années 80, mais avec certaines technologies qui n’existent pas encore aujourd’hui… sans doute à cause du centre de recherches autour duquel se déroule la série. On est très loin des séries de SF habituelles, à grand renfort d’effets spéciaux et regorgeant de scènes d’action. Ici, ce qui compte avant tout, c’est l’émotion, l’humanité, la poésie. Le ton est souvent contemplatif et nostalgique. Les images sont sublimes. Ma critique complète

Unorthodox

Cette mini-série (4 épisodes de 50 minutes environ) est inspirée d’une histoire vraie, celle de Deborah Feldman, qui a raconté son parcours dans son roman autobiographique Unorthodox : Le rejet scandaleux de mes racines hassidiques. Le scénario de la série prend des libertés par rapport à l’histoire originale mais s’en inspire fortement. C’est avant tout une série que parle de liberté, à travers le destin d’une jeune femme qui prend son envol, avec difficulté, après s’être échappé d’une communauté qui l’étouffait. Passionnant. Ma critique complète


Le jeu de la dame

C’est la série surprise de l’année. Arrivée discrètement sur Netflix à l’automne, elle a rapidement fait le buzz pour devenir la série la plus visionnée de l’histoire de la plateforme ! Et c’est mérité. La mini-série de 7 épisodes, qui se déroule dans le petit monde des échecs en pleine Guerre Froide, est avant tout le portrait d’une orpheline qui voit dans les échecs l'occasion d'une revanche sur la vie. Mais elle doit pour cela surmonter son passé et ses blessures, affronter ses obsessions et ses addictions. Ma critique complète



Quatre séries en cours

The Expanse

C’est, tout simplement, la meilleure série de science-fiction en cours. Elle se déroule dans un univers passionnant, complexe et riche, un monde aux enjeux sociopolitiques multiples entre les terriens, les martiens et les ceinturiens. Ajoutez à cela une mystérieuse molécule extraterrestre extrêmement dangereuse et incontrôlable, des actes héroïques, des rebondissements et un univers visuel très réussi… La saison 4 est sortie en début d’année, la saison 5 vient de commencer et confirme toutes ses promesses. Si vous ne connaissez pas : foncez ! Ma critique de la saison 4

Better Call Saul

La série spin off de Breaking Bad (sans doute ma série préférée de tous les temps…), centrée sur Saul Goodman, l’avocat excentrique et borderline, continue à se hisser au niveau de son aînée. 

Comme Breaking Bad, la série sait explorer avec finesse le côté sombre du coeur humain, tout en gardant une tendresse pour ses personnages, avec leurs failles et leur personnalité complexe. Et puis il y a toujours ce ton fait d’humour noir grinçant et très réjouissant. Après la saison 5 sortie cette année, il ne reste plus que la saison finale ! Ma critique de la saison 5

The Crown

La saison 4 nous emmène dans les années 80, avec deux nouveaux personnages essentiels : Margaret Thatcher et Diana Spencer. La force de The Crown, c’est à la fois de nous faire pénétrer dans l’intimité de la famille royale d'Angleterre tout en évoquant de grands événements géo-politiques ou sociaux qui ont marqué l’histoire. Toujours aussi royal ! Ma critique de la saison 4

Inside No. 9

Inédite en France, Inside No. 9 est une série très british… mais à la sauce humour noir. Arte a mis les quatre premières saisons à disposition sur sa plateforme arte.tv (une 5e saison est déjà sortie en Angleterre et la BBC a annoncé une 6e et une 7e saison). Et c’est génial ! C’est une série d’anthologie, dont les épisodes sont indépendants les uns des autres et durent 30 minutes. Ils ont pour seul point commun le numéro 9 (en général le numéro d’une porte derrière laquelle se déroule l’histoire) et se terminent par une chute inattendue.  Ma critique des 4 première saisons


mardi 1 décembre 2020

Inside No. 9 : une série très british à la sauce humour noir, un vrai régal !


Il y a quelques semaines, Arte a mis en ligne sur sa plateforme de streaming (arte.tv) plusieurs séries britanniques inédites en France. Parmi elles, Inside No. 9 est une réussite totale, qui a reçu de nombreux prix au Royaume-Uni. Une série très british… mais à la sauce humour noir. 

Arte met à disposition 4 saisons de 6 épisodes (une 5e saison est sortie en Angleterre en 2020 et la BBC a annoncé une 6e et une 7e saison). C’est une série d’anthologie, dont les épisodes sont indépendants les uns des autres et durent 30 minutes. Ils ont pour seul point commun le numéro 9 (en général le numéro d’une porte derrière laquelle se déroule l’histoire). 

Le scénario de chaque épisode est d’une précision redoutable et d'un étonnante inventivité, explorant une grande diversité de genres. Plusieurs sont drôles, du burlesque à l’absurde, mais d’autres sont dramatiques, nostalgiques et même, parfois, très émouvants. D’autres, enfin, empruntent les chemins du fantastique voire de l’horreur (au moins un épisode par saison) ! Et surtout, ils ont tous en commun d’avoir une chute inattendue, souvent caustique et qui change complètement la perception de l’histoire qu’on vient de nous raconter. C’est vraiment remarquable et même, souvent, brillant ! Ca peut même nous faire réfléchir sur de nombreuses questions sociales, intimes ou existentielles. 

Il faut quand même préciser que ce n’est pas forcément un programme tout public (d’ailleurs, un avertissement avant chaque épisode précise que le programme comporte des scènes déconseillées au public jeune ou sensible). L’humour noir et le cynisme qui traversent toute la série réjouiront les uns (comme moi !) mais ne plairont pas aux autres… 

Les deux créateurs et scénaristes de la série, Reece Shearsmith et Steve Pemberton, jouent dans tous les épisodes et ils sont formidables, comme tous les comédiens dont ils s’entourent au gré des épisodes. 

Comme dans toute série d’anthologie, il y a des épisodes qu’on peut préférer à d’autres. C’est une question de goût... Pour moi, c’est amusant, c’est probablement le deuxième épisode de chaque saison qui m’a le plus emballé : “A Quiet Night in” (saison 1), pratiquement sans aucune dialogue, m’a fait mourir de rire, “The 12 Days of Christine” (saison 2) et “Bernie Clifton's Dressing Room” (saison 4) m’ont touché par leur dénouement émouvant, “The Bill” (saison 3) est d’une efficacité redoutable. Mais tous les autres épisodes sont excellents et surprenants. Un vrai régal. 

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Inside No. 9, une série créée par Reece Shearsmith et Steve Pemberton

24 épisodes de 30 minutes disponibles gratuitement sur www.arte.tv 


jeudi 19 novembre 2020

The Crown - Saison 4 : toujours aussi royal !

 

La très attendue saison 4 de The Crown est arrivée dimanche sur Netflix. Disons-le tout de suite, c’est toujours une merveille. On ne fait pas mieux en matière de série historique. 

Cette saison nous emmène dans les années 80, avec deux nouveaux personnages essentiels : Margaret Thatcher et Diana Spencer. La force de The Crown, c’est à la fois de nous faire pénétrer dans l’intimité de la famille royale d'Angleterre tout en évoquant de grands événements géo-politiques ou sociaux qui ont marqué l’histoire. Ainsi, au cours de cette saison sont évoqués les luttes violentes de l’IRA, l’apartheid en Afrique du Sud, la guerre des Malouines ou les conséquences sociales du thatchérisme. 

En ce qui concerne le côté intime, il semble que Buckingham Palace soit particulièrement fâché du traitement que la série réserve à la famille royale dans cette saison… Il faut dire que personne n’est épargné (en particulier le prince Charles… alors que le prince Philip, époux de la reine, s’en sort peut-être le mieux). Pour autant, je trouve surtout que les membres de cette famille pas comme les autres en ressortent finalement plus humains, certes avec leurs failles et leurs travers. Mais ils apparaissent comme frustrés, contraints voire blessés par les usages et traditions, le protocole et le devoir. C’est particulièrement visible dans le cas de Charles et Diana. Et l’excellent dernier épisode, qui se termine lors d’une fête de Noël, toute la famille royale étant réunie, en est cruellement révélateur. 

lundi 2 novembre 2020

Le jeu de la dame : la réussite par les échecs

Elizabeth Harmon a neuf ans quand elle se retrouve orpheline. Elle est alors placée dans une institution religieuse stricte. Elle va se lier d’amitié avec Jolene, un jeune fille de quelques années son aînée. Un jour, par hasard, elle voit le concierge, un homme solitaire, jouer aux échecs. Elle est fascinée et veut apprendre le jeu. Elle va se révéler particulièrement douée. Véritable prodige des échecs, elle va petit à petit se faire sa place dans un milieu presque exclusivement masculin. Tout en luttant contre ses obsessions et ses addictions, elle va tout faire pour devenir la plus grande joueuse d’échec du monde et battre le meilleur, le russe Vasily Borgov. 

La série n’est pas tirée d’une histoire vraie… c’est une fiction. Mais elle est très documentée sur le monde des échecs et s’inscrit dans une reconstitution minutieuse des années 60. En pleine Guerre Froide, les échecs devenaient presque une métaphore de la lutte entre l’Est et l’Ouest. 

Mais la mini-série de 7 épisodes est avant tout le portrait d’une orpheline qui voit dans les échecs l'occasion d'une revanche sur la vie. Mais elle doit pour cela surmonter son passé et ses blessures, affronter ses obsessions et ses addictions. Plusieurs rencontres sur son chemin seront déterminantes : Jolene à l’orphelinat, M. Schaibel, le concierge, sa mère adoptive, plusieurs adversaires aux échecs qui deviendront ses amis… La façon dont sont évoquées les relations avec ces différents personnages est très réussie, faisant de la série une belle histoire d’amitiés.  

vendredi 9 octobre 2020

The Boys - saison 2 : toujours aussi caustique !

 

La saison 2 de The Boys vient de se terminer. Quel bilan ? L’effet de surprise de la saison 1 (que j’avais beaucoup appréciée) s'est estompé... et il faut avouer qu’il m’a fallu un peu de temps pour entrer dans une saison 2 qui peine un peu à se renouveler, surtout au début. Mais plus la nouvelle super-héroïne, Stormfront, prend de la place (et révèle de plus en plus de secrets la concernant), plus la série regagne en intérêt. L’opération rédemption de The Deep (L’homme poisson) est aussi un arc narratif assez savoureux. Et puis on adore toujours détester Homelander (encore impeccablement incarné par Antony Starr)... 

Malgré une saison globalement un peu moins réussie que la première, The Boys reste donc une série à connaître : caustique, violente et indéniablement politique. Cette évocation déformée de l’Amérique d’aujourd’hui, avec des super-héros qui, pour la plupart, sont de belles ordures hypocrites, demeure une satire féroce et assez jouissive. On retrouve des thématiques déjà présentes dans la saison 1 : le triptyque religion, fric et pouvoir, l’obsession de l’image médiatique, le racisme, le sexisme, les discours lénifiants et hypocrites qui cachent des motivations bassement mercantiles… et cette fois s’y ajoute une bonne dose de populisme. Mais pour pleinement profiter de la série, il faut évidemment savoir prendre du recul et apprécier le second degré et l'humoir noir. 

Et puis, avouons que la toute fin de la saison met en place ses pions pour la saison 3 de façon habile. On a vraiment envie de connaître la suite ! 

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The Boys, une série créée par Eric Kripke
2 saisons de 8 épisodes, disponibles sur Amazon Prime Video


mardi 29 septembre 2020

The Spy : l'histoire vraie d'un espion israélien en Syrie

 
The Spy est une mini-série d’espionnage passionnante (diffusée en France sur OCS, elle vient d’arriver sur Netflix) qui raconte l’histoire vraie d’un des plus célèbres espions du Mossad dans les années 60, Eli Cohen. Recruté en 1961, il sera formé puis envoyé en Argentine sous couverture auprès de dignitaires syriens exilés en Amérique du Sud, sous le nom de Kamel Thaabet. Il parviendra ensuite à entrer en Syrie et s’y installer. Sous couvert d’une entreprise d’import - export, il fera parvenir au Mossad de nombreuses informations cruciales. Petit à petit, il va en effet réussir à s'infiltrer jusque dans les plus hautes sphères du pouvoir syrien, devenant même un proche conseiller du président, avant d’être démasqué et exécuté en public (son sort nous est connu dès la scène d’ouverture). 

Ce qui est passionnant, c’est cette histoire incroyable d’infiltration par un homme tout ce qu’il y a de plus normal, patriote et déterminé, qui devient un espion redoutablement efficace. Tiraillé entre son personnage syrien et sa véritable identité, entre sa loyauté à sa mission et son amour pour sa femme qu’il a laissée en Israël et qui ne sait rien de ce qu’il fait, loin de ses enfants qui grandissent sans lui. 

mardi 1 septembre 2020

Counterpart : une série passée inaperçue à découvrir de toute urgence !

 

Howard Silk est employé, à Berlin, dans une agence rattachée à l’ONU. Malgré ses années de service, il ne parvient pas à obtenir de promotion. Il ne comprend pas pourquoi. D’autant qu’il ne saisit pas vraiment l’utilité de ce qu’il fait au quotidien. Mais un jour, il est convoqué par ses supérieurs et découvre la vérité sur l’agence dans laquelle il travaille. Dans le sous-sol du bâtiment, un portail conduit vers un monde parallèle au nôtre, apparu suite à une expérience scientifique pendant la Guerre Froide, à la fin des années 80. Il se retrouve alors face à son double, en tout point identique à lui-même, du moins physiquement. Parce que l’autre Howard Silk est un redoutable agent de terrain, expérimenté et sans pitié. Comment, avec le même ADN, la même enfance, ont-ils pu devenir si différents l’un de l’autre ? Et pourquoi révèle-t-on la vérité à Howard ? Quel danger menace le monde ? 

Je suis tombé un peu par hasard sur cette série… et je n’ai pas pu m’en détacher. Elle a été arrêtée après deux saisons, au grand dam des fans et malgré un vrai succès critique… mais les audiences n’ont pas suivi. C’est sans doute dommage. Mais en réalité, la fin ouverte qui termine la saison 2 est en soi satisfaisante : on arrive au terme d’un arc narratif cohérent, en ayant eu suffisamment d’explications et de révélations pour ne pas être frustré qu’il n’y ait pas de suite… même s’il y avait bien-sûr du potentiel pour continuer. 

jeudi 6 août 2020

The Umbrella Academy (saison 2) : toujours aussi divertissant... et un peu frustrant

Tout d’abord, un petit rappel de l’univers de la série, inspirée d’une BD. En 1989, le même jour, 43 bébés sont nés inexplicablement de femmes qui n’étaient pas enceintes. Sir Reginald Hargreeves, un milliardaire, décide alors d’adopter sept de ces enfants et crée la Umbrella Academy pour les entraîner et les préparer à sauver le monde… 

Sans rien dévoiler de la saison 1, pour ceux qui ne l’ont pas vue, disons simplement que la saison 2 reprend exactement là où la première saison s’est terminée. La famille un peu barrée de super-héros est de retour, mais cette fois elle est dispersée dans les années 60 (à cause d’un voyage dans le temps pas bien maîtrisé). Seul problème : ils ont emmené l’apocalypse avec eux. Ils se retrouvent en effet, à nouveau, à quelques jours d’une fin du monde qu’il vont tenter d’empêcher. 

Ce retour dans le temps permet d’intégrer à l’intrigue certaines obsessions (ou blessures profondes) américaines comme l’assassinat de JFK, la ségrégation raciale ou la guerre du Vietnam… On y ajoute des problématiques contemporaines (mais pas nouvelles pour autant) comme les violences conjugales, l’identité sexuelle, les phénomènes sectaires… Et on n’oublie pas des thèmes qui fonctionnent toujours outre-Atlantique (et ailleurs) comme celui des conspirations et, bien-sûr, de la famille, même si c’est à travers une famille un peu particulière et totalement dysfonctionnelle.  

jeudi 30 juillet 2020

Dispatches from Elsewhere : un OVNI télévisuel, bizarre et philosophique


Peter a une vie morne, sans saveur. Il est un peu paumé. Attiré par d’étranges publicités dans la rue, il se rend dans les locaux du mystérieux Jejune Institute. Il va se retrouver embarqué dans un étrange jeu de piste urbain, à la recherche de la mystérieuse Clara. Il va faire équipe avec Simone, Fredwynn et Janice. L’intrigue de la série est inspirée d’un documentaire sorti en 2013 (The Institute) qui relate une aventure un peu folle lancée à l’initiative d’un artiste, Jeff Hull, à San Francisco : un immense jeu de piste rassemblant plusieurs milliers de personnes qui découvraient une fausse société secrète, le Jejune Institute. La série a un peu le même point de départ mais trace sa propre route, et s’amuse avec le spectateur : qu’y a-t-il derrière ce jeu ? Et d’ailleurs, est-ce vraiment un jeu ? 

Dispatches from Elsewhere est un OVNI télévisuel, une série bizarre et étonnante. On est, assez souvent, un peu perdus. Comme les quatre personnages principaux d’ailleurs. Qu’est-ce qui est réel et qu’est-ce qui ne l’est pas ? Qui sont vraiment les différents personnages ? Et pourquoi le directeur du Jejune Institute s’adresse-t-il directement à nous, spectateurs ? Si vous voulez regarder bien tranquillement dans votre fauteuil une série au récit linéaire et limpide, obéissant à une logique implacable, passez votre chemin, cette série n’est pas pour vous ! Mais si, comme moi, vous avez aimé des séries comme The OA ou Maniac, si vous êtes prêts à vous laisser embarquer dans un univers étrange et parfois absurde, sans vouloir absolument tout comprendre, l’expérience vaut la peine d’être vécue ! Car il serait vain de vouloir tout comprendre, et de chercher à reconstituer le puzzle. Il manque, intentionnellement, des pièces. Sans doute pour que nous les trouvions nous-mêmes. 

jeudi 9 juillet 2020

Ozark : chronique d'une famille dans une spirale infernale

Marty Byrde est conseiller en gestion financière… mais il blanchit aussi de l’argent pour le compte d’un cartel mexicain de la drogue. Alors qu’une somme importante a disparu, Marty est contraint de quitter Chicago et emmène toute sa famille s’installer au bord du lac des Ozarks, dans le Missouri, où il va devoir trouver des solutions pour blanchir l’argent du cartel et rembourser sa dette, tout en échappant au FBI qui garde un oeil sur lui.  

Ozark est une série de gangster autour d’une famille, non pas une famille de mafieux (comme dans les Sopranos) mais une famille américaine moyenne, qui se retrouve embarquée dans une spirale infernale (donc plutôt comme Breaking Bad…). La série est noire, assez cynique, parfois crue et violente. Et elle se bonifie au fil des saisons. Je trouve en effet qu’il lui faut un peu de temps, dans la première saison, pour vraiment trouver ses marques. Mais le ton est finalement trouvé, et les saisons 2 et 3 nous emportent vraiment.  

Ozark décrit ce qu’on pourrait appeler le mécanisme de l’engrenage du mal, qui, à partir d’une “petite” concession morale, finit par emporter tout le monde, dans une fuite en avant inexorable. Et il faut avouer que dans la série, c’est implacable et cruel. Et sanglant. 

jeudi 2 juillet 2020

Dark : la fin réussie d'un voyage vertigineux et haletant


Comment résumer Dark dont la troisième et dernière saison a été mise récemment en ligne sur Netflix ? J’aurais envie de répondre : c’est impossible ! Rappelons simplement comment ça commence : dans une petite ville allemande, un enfant disparaît mystérieusement. Après, ça devient compliqué, avec des secrets et des liens multiples qui se révèlent petit à petit entre les membres de quatre familles, des voyages dans le temps, des paradoxes temporels, des rebondissements incessants… bref, une intrigue assez vertigineuse ! Dark est sans doute une des séries les plus ambitieuses et les plus complexes que je connaisse, et elle se termine avec une saison 3 réussie.

Il faut le dire, chaque saison est plus noire et plus complexe. Même si l’ambiance est sombre (particulièrement dans cette saison finale), il y a un certain côté ludique à démêler l’écheveau des différents fils narratifs et des liens entre les personnages. Et c’est un véritable casse-tête, qui se confirme et s’accentue pour la saison finale. (SPOILER : puisqu’en plus du voyage temporel vient s’ajouter le voyage entre deux mondes parallèles). Alors avouons-le, pendant les trois quarts de la saison, il nous arrive d’être un peu perdus. Il peut même être légitime parfois de mettre l’épisode en pause pour prendre le temps de bien identifier les liens qui unissent les différents personnages en présence. Et puis, dans l’avant-dernier épisode, toutes les pièces du puzzle se mettent en place, et (presque) tout devient clair voire évident, en tout cas cohérent ! Quant au dernier épisode, il propose un final convaincant, avec une certaine poésie, qui finit par conférer à la série une dimension de fable métaphysique. 

mercredi 17 juin 2020

The Looming Tower : dans les coulisses du 11 septembre



Adaptation du best-seller éponyme - et prix Pulitzer - de Lawrence Wright, The Looming Tower évoque les coulisses des événements qui ont conduit au drame du 11 septembre 2001, les rivalités entre la CIA et le FBI mais aussi, dans une moindre mesure, la trajectoire des terroristes qui ont détourné les avions le 11 septembre. 

Les principaux protagonistes de l’histoire sont John O’Neill, le chef du département antiterroriste du FBI, et Martin Schmidt, le chef du département antiterroriste de la CIA. Deux caractères bien trempés, à la tête de deux services rivaux qui ont du mal à partager leurs informations… Entre les deux, Richard Clarke, le conseiller aux questions de sécurité à la Maison Blanche, et sur le terrain, Ali Soufan, un agent du FBI d'origine libanaise, musulman et seul arabophone de la cellule antiterroriste de New York. 

Un bandeau au début de chaque épisode le précise : si certains éléments de la série ont été romancés ou inventés, l’histoire s’inspire bel et bien de faits réels. Pour l’appuyer, la série intègre d’ailleurs plusieurs images d’archives. Ainsi, par exemple, à la fin de l’épisode 9, on voit des images des auditions de la commission d’enquête sur les événements du 11 septembre où s’expriment le directeur de la CIA et Condoleezza Rice, la conseillère à la sécurité nationale de George W. Bush. On y entend mot pour mot ce qui était mis dans la bouche de ces deux personnages dans la reconstitution faite de ces auditions, peu de temps auparavant, dans la série. Des aveux assez affligeants de négligence et de rétention d’information, sans lesquels beaucoup de choses auraient pus se passer différemment le 11 septembre… 

mercredi 3 juin 2020

Space Force : The Office dans l'espace


Sept ans après la fin de The Office, Space Force signe le retour de Greg Daniels et Steve Carell dans une “série de bureau”, même si le bureau est ici une base militaire perdue au fin fond du Colorado. Steve Carell y incarne cette fois un Général quatre étoiles, tout juste promu chef de la toute nouvelle Space Force, avec pour mission d’envoyer à nouveau des américains sur la Lune en 2024. Il y a bien un peu de Michael Scott chez le Général Naird, même si le personnage est différent : c’est un de ces losers magnifiques que Steve Carell sait si bien rendre attachant. 

Série satirique, qui s’amuse de l’appareil administratif américain, de la rigidité militaire, des relations internationales, des rivalités avec la Russie ou la Chine ou des stratégies de communication douteuses… Space Force est aussi un pamphlet anti-Trump ! La Space Force, c’est quand même bien son idée dans la vraie vie ! Et la série s’en inspire largement, surfant sur les nombreuses moqueries essuyées par le projet du président américain. Un président qui, même s’il n’est jamais nommé dans la série, est souvent évoqué de manière à peine cachée : on sait bien qui est ce président impulsif et accro à twitter dont parle la série… Mais il n’y a pas que Donald Trump qui est tourné en dérision… sa femme Mélania aussi, qui s’autoproclame styliste pour les nouveaux uniformes ridicules de la Space Force ! 

lundi 11 mai 2020

The Eddy : pour l'amour du jazz


The Eddy, c’est le nom d’un club de jazz à Paris, tenu par Elliot, autrefois célèbre pianiste new-yorkais, et son associé Farid. Tandis qu’Elliot découvre que Farid est sans doute impliqué dans une affaire douteuse, dont même Amira, la femme de Farid, ne savait rien, sa fille Julie, une adolescente perturbée, débarque à Paris pour vivre chez son père. Eliott va devoir gérer ses relations difficiles avec sa fille tout en essayant de sauver le club…  

Produit notamment par Damien Chazelle (La La Land, Whiplash), la série compte 8 épisodes d’une heure environ, dirigés par plusieurs réalisateurs. Damien Chazelle lui-même réalise les deux premiers (qu’il a tournés en 35 mm !). Et il faut dire que le premier épisode est assez exceptionnel. Tout commence par un formidable plan séquence : l’immersion est immédiate dans le club de jazz. La suite de l’épisode est bien construite, rythmée, libre. On découvre les protagonistes et les enjeux de l’histoire. Et puis il y a la musique, le jazz ! On est tenu en haleine jusqu’au rebondissement, inattendu, à la fin de l’épisode. Vraiment excellent !

vendredi 8 mai 2020

Parlement : une série satirique sur les coulisses du parlement européen


Samy est un jeune nouvel assistant parlementaire qui ne connaît pas grand chose aux institutions européennes. Il débarque à Bruxelles au lendemain du vote du Brexit et est un peu perdu. Mais il se rendra vite compte que le parlementaire dont il est devenu l’assistant, un député centriste français, ne lui sera pas d’une grande aide. Se retrouvant avec un amendement à défendre sur les bras, à propos de la régulation de la pêche des requins, il va essayer de s'en tirer comme il peut... 

Une série sur les coulisses du Parlement européen ? Pas sûr, à priori, que le sujet passionne. Mais c’est une comédie. Et la saison de fait que 10 épisodes de 25 minutes… alors on peut se laisser tenter. Et franchement, ça vaut vraiment le coup ! Une très agréable surprise. 

dimanche 3 mai 2020

The Man in the High Castle : et si les nazis avaient gagné la guerre ?

Ce ne sont pas les Alliés qui ont remporté la Deuxième Guerre Mondiale mais l’Axe... Après que les nazis ont largué une bombe atomique sur Washington en décembre 1945, les Etats-Unis ont finalement capitulé en 1947. Le Troisième Reich et l’Empire du Japon se sont réparti le monde. L’Amérique est divisée en trois territoires : de la côte est aux Montagnes Rocheuses, elle est sous occupation nazie, avec New York comme capitale, la côte est est sous contrôle nippone avec San Francisco comme capitale, et une zone neutre sépare les deux empires.

En 1962, Adolf Hitler est malade et les tensions entre l’Allemagne et le Japon sont de plus en plus fortes. Mais de mystérieux films circulent en Amérique, associés à un homme qu’on appelle le “Maître du Haut-Château”. La Résistance s’efforce de les lui transmettre alors que les nazis tentent de les récupérer. Hitler est fasciné par ces films. En effet, dans ces films, ce sont les Alliés qui ont gagné la guerre !

mercredi 22 avril 2020

Better Call Saul : une saison 5 qui nous comble... avant la saison ultime

L’avant-dernière saison du brillant spin off de Breaking Bad vient de se terminer. C’est très rare les spin-offs qui ne déçoivent pas... Et non seulement Better Call Saul ne déçoit pas, mais il n’a pas à rougir de la comparaison avec son prédécesseur. En plus de revoir, avec plaisir, certains personnages emblématiques (et il y en a de nouveaux dans cette saison 5 !), on retrouve plusieurs ingrédients de Breaking Bad. D’abord, une esthétique singulière, un rythme particulier, qui sait prendre son temps, parfois sur des détails qui peuvent paraître insignifiants, comme dans l’épisode culte de Breaking Bad, avec la mouche dans le laboratoire… Dans Better Call Saul, en saison 5, ce sont des fourmis autour d’une boule de glace !

Ensuite, ici encore, la série se concentre sur l’évocation de la trajectoire d’un homme, embarqué, d’abord un peu malgré lui, dans une spirale infernale dont il ne pourra sortir. Si le héros de Breaking Bad était un bon type au début qui devient de plus en plus le pire des salauds (même si on garde quand même une certaine empathie pour lui jusqu’au bout), Saul Goodman, on le connaît. Et au début de Better Call Saul, on se demande vraiment comment ce pauvre Jimmy McGill va bien pouvoir devenir le Saul Goodman qu’on connaît ! On sait comment il va finir… mais pas comment il va y arriver. Comme Walter White va devenir Heisenberg, un baron de la drogue, parce qu’il veut mettre sa famille à l’abri alors qu’il va mourir, Jimmy McGill va devenir Saul Goodman, un avocat véreux haut en couleurs parce qu’il rêve de devenir avocat comme son frère. L’un va se battre contre un cancer. L’autre va s’efforcer de s’extraire de l’emprise toxique et humiliante de son grand frère. Comme Breaking Bad, Better Call Saul sait explorer avec finesse le côté sombre du coeur humain, tout en gardant une tendresse pour ses personnages, avec leurs failles et leur personnalité complexe. Et puis il y a toujours ce ton fait d’humour noir grinçant et très réjouissant. Et le casting… Bob Odenkirk fait toujours merveille !

samedi 11 avril 2020

Unorthodox : un envol vers la liberté

Esty, une jeune femme de dix-neuf ans, décide de fuir un mariage arrangé par sa famille juive ultra-orthodoxe à New-York. Elle part pour Berlin. Après avoir appris sa grossesse, son mari part lui aussi pour l'Allemagne, avec son cousin, dans le but de la retrouver.

Cette mini-série (4 épisodes de 50 minutes environ) est inspirée d’une histoire vraie, celle de Deborah Feldman, qui a raconté son parcours dans son roman autobiographique Unorthodox : Le rejet scandaleux de mes racines hassidiques. Le scénario de la série prend des libertés par rapport à l’histoire originale mais s’en inspire fortement. Globalement, les flashbacks sur la vie d'Esty en tant que membre de la communauté hassidique sont pour la plupart empruntés au roman. Les événements qui lui arrivent à Berlin sont en général de la fiction (c’est d’ailleurs là que la série connaît, parfois, quelques petites faiblesses, notamment dans le troisième épisode), y compris la poursuite d'Esty par son mari avec son cousin, qui veut toutefois représenter la pression exercée par la communauté sur ses membres.

mardi 7 avril 2020

Tales from the Loop : tout simplement une merveille !

Quelque part en Ohio, Mercer est une petite ville qui se trouve à proximité d’un centre de recherches expérimentales, que tout le monde appelle “The Loop” (“la Boucle”). On ne sait pas vraiment ce qui s’y passe, sous terre. Son fondateur affirme qu’il s’y efforce de prouver que ce qu'on dit impossible est possible…

Autant le dire tout de suite, Tales from the Loop est une merveille ! La série est basée sur les étonnantes illustrations de l'artiste suédois Simon Stålenhag, avec un scénario original de Nathaniel Halpern (co-scénariste de la série Legion). C’est une sorte d’uchronie, qui se déroule dans les années 80, mais avec certaines technologies qui n’existent pas encore aujourd’hui… sans doute à cause du centre de recherches. On est très loin des séries de SF habituelles, à grand renfort d’effets spéciaux et regorgeant de scènes d’action. Ici, ce qui compte avant tout, c’est l’émotion, l’humanité, la poésie. Le ton est souvent contemplatif et nostalgique. Les images sont sublimes. La musique hypnotique de Paul Leonard-Morgan et Philip Glass accompagne le tout parfaitement. Les personnages sont attachants, et les histoires toujours surprenantes et belles. Un sans faute !

Chaque épisode est centré sur un personnage et évoque la plupart du temps sa rencontre avec un objet lié au Loop et les conséquences inattendues de cette découverte. Les épisodes sont interconnectés sans pour autant proposer un récit linéaire. Ainsi, au fil des épisodes, on découvre les différents personnages, leur histoire et leurs liens les uns avec les autres. Chaque récit permet aussi d’évoquer un thème particulier, toujours en lien avec la condition humaine : la vie, l’amour, la mort… la responsabilité de parents, la solitude, l’accueil de la différence… Mon épisode préféré est peut-être l’épisode 4. C’est une merveille d’humanité, qui parle, comme rarement, de la mort et de la séparation. C’est simple, beau et profond à la fois.

Un fil rouge traverse l’ensemble de la série : le temps, caractéristique essentiel de la condition humaine, évoqué sous différents aspects, jusqu’à en devenir, dans le dernier épisode, assez vertigineux.

J’ai vraiment eu la larme à l’oeil à la fin du dernier épisode... Non seulement parce que l’histoire était émouvante et belle, mais aussi parce que j’étais triste d’arriver déjà à la fin de la série. Même si les huit épisodes forment un tout cohérent, qui se suffit à lui-même (la conclusion est magnifique !), qui sait si une saison 2 ne peut pas voir le jour ? On l'espère en tout cas... Tout est possible dans l’univers magique de The Loop !

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Voir la bande-annonce de la série : https://www.youtube.com/watch?v=Kt95Y_DI2sE


jeudi 2 avril 2020

I am not okay with this : malaise et colère des ados d'aujourd'hui

Sydney a 17 ans. C’est une ado mal dans sa peau, pas très sociable, qui n’a qu’une véritable amie, Dina. Et puis il y a aussi Stan, son voisin un peu bizarre… Le père de Syd vient de se suicider, et ça n’arrange pas les choses pour elle. En réalité, la jeune fille a du mal à gérer sa colère, d’autant que cette dernière semble provoquer autour d’elle des événements étonnants qu’elle ne contrôle pas.

On retrouve, sous certains aspects, un ton proche de The End of the F*** World (autre série Netflix autour de l’adolescence), en un peu moins trash, et quand même plus prévisible. Ce n’est pas étonnant puisque que la série est une adaptation d’un comics du même auteur, Charles Forsman. Moins radicale (et quand même moins réussie) que The End of the F*** World, I am not okay with this mérite quand même le détour, notamment pour le reflet qu’elle offre de la jeunesse d’aujourd’hui.

C’est en effet une série sur les adolescents, leur colère et leur malaise, qui aborde, en sept petits épisodes de 20 minutes, à peu près toutes les questions liées depuis toujours à l’adolescence (le lien aux parents, le quête d’identité, l'amitié, l’éveil à la sexualité…) et celles qui se posent sans doute plus aujourd’hui (autour du genre, de l’homophobie, du harcèlement scolaire...). Forcément, ça fait un peu beaucoup pour aller au fond des choses… mais la série est attachante par ses personnages principaux, et elle intrigue par son côté fantastique. Le twist final peut même laisser entendre que la saison 2 (si elle est confirmée) pourrait élargir la perspective, et développer un peu plus cette dimension.

Les jeunes acteurs sont remarquables, en particulier Sophia Lillis (déjà remarquée au cinéma dans le film Ça), vraiment excellente dans le rôle de Syd. On n’a sans doute pas fini d’entendre parler d’elle… A noter aussi Wyatt Oleff (lui aussi au casting de Ça), très bon dans le rôle de Stan.

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Bande annonce de la série : https://www.youtube.com/watch?v=5XUzgqfu05I 


dimanche 29 mars 2020

Kingdom : une somptueuse série de zombies coréenne

Au Moyen-Âge, en Corée, quelques années après les invasions japonaises, des rumeurs circulent selon lesquels le roi serait gravement malade. Au même moment, une contagion étrange se répand dans le pays, qui transforme les personnes qu’elle atteint en assoiffés de sang et de chair humaine. Des hordes de zombies commencent à déferler sur le royaume… Quel mystère se cache derrière cette maladie, quels enjeux politiques se jouent en arrière-plan ?

Recommander, en pleine épidémie mondiale, une série de zombies, est-ce bien raisonnable ? Mais j’assume… Même si c’est une fiction, dont l’intrigue n’a rien à voir avec la crise que nous traversons, il est probable qu’on la regarde quand même un peu différemment… ou du moins qu’elle produise des échos particuliers pour nous aujourd’hui.

Disons-le tout de suite, la série est réservée à un public averti, capable de prendre du recul avec certaines images plutôt gores, qui sont toutefois le lot habituel des films ou des séries de zombies. Mais pour peu qu’on ne soit pas rebuté par ce genre, Kingdom est une série remarquable. Elle est même assez somptueusement produite : les décors, les costumes, le nombre de figurants. Elle est aussi épique, avec de nombreuses scènes impressionnantes (d’autant que, comme toujours, les zombies coréens courent vite !). La longue scène, dans le dernier épisode de cette saison 2, sur un lac gelé, est même assez extraordinaire. On en prend plein les yeux et on ne s’ennuie pas une seconde.

Mais l’intérêt de l’histoire est aussi et surtout dans son sous-texte. Comme toujours dans les bons films ou séries de zombies - qui ne cherchent pas seulement à nous faire peur - l’histoire a une dimension sociale et politique. Dans la saison 2, l’intrigue se complexifie, révélant les enjeux cachés, les complots et les plans machiavéliques, nourris par une soif de pouvoir ou un désir de vengeance. L’intrigue oppose un prince héritier qui refuse le confort auquel il pourrait prétendre pour être auprès de son peuple, aux dirigeants d’un royaume despotique prêt à sacrifier les plus faibles pour ce qu’ils considèrent comme le bien commun mais relève plus de la préservation de leurs privilèges. Pour les uns, la solidarité doit primer, pour les autres la fin justifie les moyens… La crise révèle le courage, l’altruisme et l’esprit de sacrifice des uns, mais aussi la lâcheté et l’égoïsme des autres (comme aujourd’hui peut-être ?...).

Dans la saison 2, des mystères liés à la contagion sont levés, et des intrigues politiques se résolvent… Mais les dernières minutes de la saison montrent que tout n’est pas fini, et les derniers rebondissements annoncent une saison 3 que l’on attend avec impatience !

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Bande annonce de la saison 1 (pour ne rien spoiler...) : https://www.youtube.com/watch?v=Ekoik5pDc7I 

mardi 24 mars 2020

The English Game : le football est plus qu'un jeu...

Dans les années 1870, le football n’avait que quelques années d’existence et était réservé aux élites de la société. L’équipe des Old Etonians (constituée d’anciens étudiants du prestigieux Eton College) est détentrice de nombreux trophés et favorite pour la FA Cup. Mais pour la première fois, une équipe ouvrière parvient à atteindre les quarts de finale de la coupe d’Angleterre ; le patron de l’équipe du Darwen FC, ville industrielle du Nord de l’Angleterre, fait alors venir deux joueurs d’Ecosse, et propose de les payer pour qu’ils intègrent son équipe (ce qui était alors interdit par le règlement…).

Inspirée par l’histoire vraie de Fergus Suter et Jimmy Love, considérés comme les premiers joueurs de football “professionnel” de l’histoire, la mini-série de Netflix (6 épisodes de 45 minutes) raconte les origines du football moderne, et les débuts de la démocratisation d’un jeu appelé à devenir le sport le plus populaire au monde. Mais on le voit dans les reconstitutions de matches, le football d’alors ne se pratiquait pas vraiment comme aujourd’hui... Et la révolution apporté par Suter était d’élargir le jeu, de ne pas seulement foncer tête baissée vers le but mais de favoriser un jeu de passes, en équipe.

Les intrigues que la série développe autour de Fergus Suter et Jimmy Love, passablement romancées d’après ce que j’ai compris, permettent de souligner que le football alors était plus qu’un jeu, c’était l’occasion pour les classes populaires d’échapper à leur quotidien rude et souvent misérable… et pour les élites d'essayer de conserver leurs privilèges (elles voient d’un très mauvais oeil le fait que des équipes ouvrières tentent de leur “voler” leur jeu !). A cet égard, l’intrigue autour d’Arthur Kinnaid, capitaine de l’équipe des Old Etonians (et qui deviendra ensuite président de la fédération de football anglaise), est intéressante. D’autres éléments de l’intrigue permettent d’approfondir l’évocation de la réalité sociale de l’époque, avec notamment la place des femmes, le poids de la tradition, les tensions sociales…

Très bien produite et réalisée, on trouve dans cette mini-série tout ce qu’on aime des belles séries britanniques : un souci minutieux pour la reconstitution historique, avec des décors et des costumes magnifiques, mais aussi des personnages attachants, très bien joués par des comédiens convaincants.

Au final, The English Game est vraiment un belle réussite… qui en plus nous permet de voir du football à l’heure où toutes les compétitions ont été arrêtées, épidémie de covid-19 oblige !
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Bande-annonce de la mini-série :

dimanche 23 février 2020

Carnival Row : un gros potentiel pas encore pleinement exploité

Dans un monde fantastique où les humains coexistent avec des créatures mythologiques (des fées aux ailes bleutées, des centaures ou des pucks, sortes de créatures mi-humain mi-bouc), le détective Rycroft Philostrate mène l’enquête sur des meurtres mystérieux et violents commis à Carnival Row, le quartier populaire de la capitale. A cette occasion, il va renouer le contact avec Vignette Stonemoss, une jeune fée avec qui il avait entretenu une relation amoureuse pendant la guerre.

Carnival Row, c’est d’abord un univers steampunk et fantasy des plus réjouissants. Le mélange des deux genres fonctionne bien, avec sa mythologie propre, créant un monde original, qui permet d’aborder des thématiques liées au racisme, à l’immigration ou aux inégalités sociales. Visuellement, c’est assez somptueux : les décors, les costumes, les différentes créatures... et cette ville qui rappelle Londres à l’époque Victorienne. Une très belle réussite.

On peut regretter toutefois que l’intrigue, globalement, peine un peu à avancer, au moins pendant les deux tiers de la saison. Tout s’accélère, peut-être même un peu trop, dans le dernier épisode. Par contre, tout est en place à la fin pour une saison 2 qui peut être passionnante, si l’intrigue est mieux maîtrisée. En tout cas, la série a un potentiel indéniable !



vendredi 14 février 2020

The Expanse : la saison 4 est une réussite, on est rassuré !

Quelque 200 ans dans le futur, l'humanité a colonisé le système solaire. La Terre est dirigée par un gouvernement mondial géré par l’ONU, Mars, en pleine expansion, se place en rivale de la Terre, et les colonies de la ceinture d’astéroïdes, avec ses exploitations minières, sont un peu les laissés pour compte mais ont des velléités indépendantistes.

La série s’inspire d’une série de romans éponymes, signés James S. A. Corey. Elle était diffusée aux USA sur la chaîne Syfy (et Netflix en France) mais elle avait été arrêtée après trois saisons. Amazon a toutefois repris les droits et produit une saison 4. Et c’est heureux parce que The Expanse est incontestablement une des meilleures, sinon la meilleure série de SF pure en cours. 

La saison 1 démarrait avec l’enquête d’un détective, chargé de retrouver une jeune femme disparue, et qui va révéler une vaste conspiration qui menace la survie de l’humanité. Je ne vais pas trop en dire sur le scénario, relativement complexe et riche, avec un fond sociopolitique, une mystérieuse molécule extraterrestre extrêmement dangereuse et incontrôlable, et un équipage disparate qui va petit à petit se former, avec des terriens, des martiens et des ceinturiens, et qui constituera le groupe de héros central de la série autour duquel graviteront de nombreux personnages. On est plutôt dans le genre du Space Opera, avec ses vaisseaux spatiaux et autres objets de technologie avancée, et des effets spéciaux de qualité pour une série. On y rencontre aussi d’autres genres (enquête, aventure…), avec une bonne pincée de chronique sociale et politique (avec ses jeux de pouvoirs, conspirations, trahisons et coups fourrés).

Qu’allait donner la saison 4, après le changement de producteurs et un final spectaculaire et ouvert de la saison 3 ? Il faut avouer que  le début de la saison a besoin d’un petit peu de temps pour prendre ses marques. Mais après quelques épisodes seulement, les nouvelles intrigues sont en place, on a fait connaissance avec les nouveaux personnages et ça démarre vraiment. La saison gagne en intensité et en profondeur, elle devient passionnante. Les rebondissements s’enchaînent, jusqu’à un final, émouvant à certains égards, et qui ouvre de nouvelles pistes pour la saison 5, déjà commandée.

La saison 4 est donc un pari réussi ! The Expanse confirme son statut d’excellente série de SF. On est rassuré pour la suite… et on en redemande !

dimanche 9 février 2020

The Boys : ne rencontrez jamais vos héros !

Hugh, un simple vendeur dans un magasin d'électronique, voit sa fiancée se faire accidentellement tuer devant lui par A-Train, l'homme le plus rapide du monde. Ce dernier est membre des Sept, un célèbre groupe de super-héros. Encore sous le choc, il est approché par Billy Butcher, un homme bourru et violent qui lui révèle que Vought International, l'agence qui défend les Sept, cache à tout le monde les crimes commis par les héros. Car ces derniers sont loin d'être des modèles de vertu... Au même moment, les Sept accueillent une jeune nouvelle recrue, Starlight, qui va découvrir la véritable nature des membres du groupe, de l'intérieur.

The Boys, sortie il y a déjà plusieurs mois sur Amazon Prime, est une série de super-héros politiquement incorrecte. Ici, les super-héros ne sont pas simplement faillibles ou tourmentés, comme on peut le voir dans certains comics. Ce sont de véritables ordures ! Imbus d'eux-mêmes, hypocrites, intéressés exclusivement par leur image et leur cote de popularité, ils sont capables du pire. Bref, comme le dit l'affiche de la série : ne rencontrez jamais vos héros !

La série est un reflet grinçant de l'Amérique d'aujourd'hui (mais le monde occidental en général en prend pour son grade...). Tout y passe : réseaux sociaux, télé réalité, magouilles politiques, religion (presque tout un épisode se déroule lors d'un grand festival chrétien... et c'est assez caustique !) On y évoque la recherche du buzz à tout prix, la mise en scène de la vie privée, l'hypocrisie, les discours lénifiants mais aussi le harcèlement sexuel, le sexisme... Bref, une richesse thématique assez impressionnante !

Très bien produit et réalisé, c'est vif et enlevé, parfois trash et violent (donc pas forcément tout public), c'est aussi plein d'humour, souvent noir et irrévérencieux, qui ne plaira sans doute pas à tout le monde... mais qui moi me ravit ! Et le casting est aussi excellent, à commencer par Antony Starr, génial dans le rôle de Homelander (un vrai salaud derrière ses airs de gendre idéal), ou Karl Urban dans celui de Butcher (hargneux et provocateur).

Le tournage de la saison 2 est déjà terminé... je n'attendrai pas aussi longtemps pour regarder la suite !