lundi 28 octobre 2013

Gravity : enthousiasmant !

Dès les premières images du film, on sait qu'on va vivre une expérience incroyable, unique. L'ouverture est magique, avec des images d'une beauté à couper le souffle dans un long plan séquence qui nous place immédiatement en apesanteur.

La prouesse du film est dans sa réalisation. Extraordinaire. Avec une virtuosité éblouissante, Alfonso Cuarón parvient a recréer l'impression d'apesanteur avec un réalisme remarquable, grâce à une caméra sans cesse en mouvement, et un passage incessant d'une caméra objective à une caméra subjective. Les scènes d'action sont très impressionnantes et nous scotchent à notre fauteuil. Les scènes plus contemplatives sont admirables. Et on partage l'angoisse et le sentiment d'oppression d'une Sandra Bullock parfaite : on a parfois l'impression de manquer d'air nous aussi !

Incontournable avec un tel sujet, la dimension métaphysique ne manque pas, par la confrontation à l'immensité de l'espace, le sentiment de solitude, la proximité de la mort... La mort est évidemment présente dans le film, mais le film est aussi truffé d'images évoquant la naissance et la vie (position foetale de Sandra Bullock à son retour dans la navette, véritable cordons ombilicaux qui la relie à la station spatiale...) [spoiler] La fin du film, très belle, est à cet égard une véritable métaphore de la naissance : avec la sortie du module spatial immergé dans l'eau, l'arrivée sur le rivage, et la difficile station debout. Une véritable résurrection d'un personnage qui a su lâcher prise et choisir la vie, alors qu'elle était encore hantée par la mort de sa fille. [/spoiler] La dimension spirituelle n'est pas absente non plus. Je pense notamment à la scène où le personnage de Sandra Bullock se voit mourir, seule, démunie face à la mort, personne ne lui ayant appris à prier... Au-delà de la prouesse technique extraordinaire, le film ne manque donc pas de profondeur métaphysique.
Gravity, c'est du jamais vu. Une expérience extraordinaire. Un très grand film, sans doute le film de l'année. Enthousiasmant !

vendredi 18 octobre 2013

9 mois ferme : burlesque, tendre et déjanté

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Une juge d'instruction, célibataire endurcie, découvre qu'elle est enceinte au cinquième mois de sa grossesse. Il faut dire qu'elle est tombée enceinte suite à un réveillon bien arrosé, et elle n'a aucun souvenir des événements ! Elle finit par apprendre que le père n'est autre qu'un criminel notoire, accusé de globophagie (je vous laisse chercher le sens de ce mot...). S'ensuivra une série de quiproquos et de situations comiques des plus réjouissantes, à un rythme soutenu et porté par la folie douce de Dupontel. 90 minutes de plaisir.

Autour du duo Sandrine Kiberlain / Albert Dupontel, qui fonctionne très bien, il faut mentionner des seconds rôles savoureux : l'avocat bègue (la plaidoirie est à pleurer de rire), le médecin légiste jovial (l'autopsie : une scène gore jubilatoire), le juge relou de chez relou, le flic crétin... Et quelques invités surprises (Terry Gilliam en psychopathe derrière les barreaux, Jean Dujardin en interprète du journal télévisé en langue des signes...).
On est bien-sûr dans la caricature ! Mais ça fonctionne parfaitement. Et finalement, le film est une fable à la fois burlesque, tendre et déjantée, qui n'oublie pas d'égratigner au passage un système judiciaire froid et implacable et des médias si avides de faits divers qu'ils en viennent à raconter n'importe quoi.
Bref, vraie réussite, 9 mois ferme pourrait bien être tout simplement la comédie de l'année !

vendredi 4 octobre 2013

Spyrium : un minerai et des ouvriers pour faire chauffer les neurones. Le bonheur, quoi !

La parution du nouveau jeu de William Attia, auteur de l'excellentissime Caylus, est forcément un événement ludique ! Très attendu, le jeu est, à mon avis, une vraie réussite.
Voici le pitch : un nouveau minerai, aux vertus extraordinaires, vient d'être découvert, le spyrium. Il s'agira donc pour les joueurs d'exploiter le nouveau minerai : le récolter dans des mines, le transformer dans des usines ou l'étudier dans des laboratoires.
Jeu de gestion et de développement, Spyrium utilise le mécanisme du placement d'ouvriers d'une manière originale. Le plateau de jeu est constitué de 9 cartes disposées en carré et formant le marché. Les cartes représentent soit des bâtiments à construire, soit des personnages à utiliser, soit des techniques à breveter. Chaque tour est composé de deux phases. Dans la première on peut placer des ouvriers sur le marché, dans la deuxième on peut récupérer les ouvriers placés ou activer des bâtiments construits. Mais une fois que la phase deux est amorcée, on ne peut plus revenir en arrière ! Tout est donc question de timing, certains joueurs peuvent encore être en phase une alors que d'autres sont déjà en phase deux. L'astuce, c'est que plus il y a d'ouvriers autour d'une carte, plus l'activation de la carte coûte cher... ou plus elle rapporte d'argent si on choisit de récupérer un ouvrier sans activer la carte.
Spyrium est un vrai jeu de gestion, tendu mais fluide, avec une belle interactivité. L'idée toute simple des deux phases s'avère très efficace. Plusieurs stratégies sont possibles pour gagner et celui qui prend de l'avance en début de partie ne sera pas forcément celui qui gagnera. Il faut vraiment attendre le décompte final pour connaître le vainqueur.
Un jeu de gestion et de développement avec une seule ressource ? William Attia l'a fait ! Un vrai plaisir ludique, plutôt pour joueurs avertis...
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Spyrium, un jeu de William Attia, pour 2 à 5 joueurs, édité par Ystari.

mardi 1 octobre 2013

Rush : biopic à 300 à l'heure

Rush, c'est l'histoire d'une rivalité entre deux pilotes surdoués que tout oppose. James Hunt, grand playboy casse-cou. Et Nikki Lauda, petit, perfectionniste et très sûr de lui. Deux personnages insupportables dont la rencontre ne pouvait que faire des étincelles... et inspirer un scénario de film !

On est dans les années 70, période épique de la Formule 1 où à chaque grand prix les pilotes risquaient littéralement leur vie. Du coup, le film est aussi l'occasion d'évoquer deux façons d'affronter la mort. Soit en la défiant, comme James Hunt. Soit en voulant la maîtriser, comme Nikki Lauda (qui ne tolérait que 20% de chance de mourir, mais pas un de plus). Faut-il défier la mort pour profiter de la vie ?

Les scènes au coeur de la course sont vraiment réussies, spectaculaires et originales (les gros plans à l'intérieur du casque des pilotes), y compris l'accident. Très belles scènes aussi lorsque Nikki Lauda est soigné de ses blessures à l'hôpital alors qu'il regarde à la télévision son rival gagner courses après courses. Ses cris de douleur semblent autant dûs à ses blessures qu'à ce qu'il voit !

Bref : belle réalisation de Ron Howard, bon casting (Chris Hemsworth et Daniel Brühl ressemblent vraiment aux originaux), scénario qui tient la route. Vraiment bien.