samedi 30 septembre 2023

L'orchestre : tragi-comédie loufoque dans un orchestre

 

Jeppe vient d’être nommé directeur adjoint de l’orchestre symphonique de Copenhague. Mais il ne connaît pas grand-chose à la musique et a du mal à s’affirmer dans son poste. Bo est deuxième clarinettiste de l’orchestre… et son seul but est de devenir premier clarinettiste. Ils vont devenir amis en trouvant en Simon, le premier clarinettiste, un ennemi commun (mais pas pour les mêmes raisons…).

L’orchestre est une série danoise comique, aux accents loufoques et caustiques, qui se déroule, et c’est son originalité, au sein d’un orchestre symphonique, une entreprise comme une autre, ou presque. Même si on entend pas mal de musique et qu’on assiste à quelques scènes de répétition ou de concert, il ne s’agit pas du tout d’une série documentaire… mais on découvre quand même un peu le fonctionnement d’un orchestre. C’est avant tout l’occasion d’une histoire tragi-comique, où l’orchestre agit comme un microcosme, théâtre de jeux de pouvoir et de batailles d’ego, de rivalités et de coups bas, de loyauté et de trahison… 

La série est construite autour de ses deux anti-héros, deux losers attachants et drôles (parfois malgré eux), incarnés par deux excellents comédiens, Rasmus Bruun et Frederik Cilius Jørgensen. Jeppe est un gentil, mais maladroit et emprunté, et Bo, un ours mal léché et frustré. Plusieurs autres personnages, assez bien caractérisés, gravitent autour d’eux, donnant l’occasion de quiproquos, de situations cocasses et de dialogues assez savoureux. La série arrive aussi à émouvoir, un peu, surtout vers la fin. Et derrière la satire, différents sujets de société affleurent, autour des rapport entre les hommes et les femmes ou des relations humaines dans le monde du travail, par exemple. 

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L'orchestre, une série de Mikkel Munch-Fals
avec Frederik Cilius Jørgensen, Rasmus Bruun
Saison 1 (10 épisodes) disponible sur france.tv 
(jusqu’au 17/11/2023)

vendredi 22 septembre 2023

Tapie : Portrait d’un bonimenteur flamboyant

 

La mini-série de Netflix sur Bernard Tapie est un portrait, sous la forme d’une fiction librement inspirée de faits réels. Un panneau explicite le dit au début de chaque épisode : “On reconnaîtra dans le parcours du héros des faits déjà connus du public. Au-delà, le rôle joué par l’entourage, les situations de vie privée et les dialogues sont fictionnels.”

Cela dit, tous les éléments du parcours de Bernard Tapie évoqués dans la série ne sont pas forcément connus. C’est le cas par exemple de la création de Coeur assistance, un service médical d’urgence cardiaque, qui fonctionnait par abonnement (!), créé par Bernard Tapie en 1974. Y compris le spot publicitaire tourné par ses soins (et dont on peut d’ailleurs découvrir un extrait dans les images d'archives qu'on voit à la fin de la série). 

Mais, au-delà des faits publics plus ou moins connus, beaucoup de choses se sont décidées dans le privé. Un documentaire aurait recueilli les témoignages des proches et de l'entourage de Bernard Tapie. Et on aurait eu leur version des faits. L’option choisie est celle de la fiction, pour imaginer les situations et les dialogues tels qu’ils auraient pu se dérouler. Et pour donner au portrait la valeur d’une parabole : décrire la trajectoire d’un homme qui part de rien et qui par sa force de caractère, son culot, sa ténacité et ses méthodes de bonimenteur s’extrait de sa condition sociale et grimpe presque tout en haut de l’échelle... puis sa trajectoire inverse, celle d’une chute qui le ramène d’une certaine façon à sa condition initiale. Le portrait est assez contrasté et fait de lui à la fois un coupable, certes, mais aussi d’une certaine façon une victime, et permet en tout cas de poser la question de la réussite. Comment la définir ? Et à quel prix la poursuivre ?

La série s’arrête en 1997, au moment de l’incarcération de Bernard Tapie, après avoir été condamné dans l’affaire de corruption de joueurs de Valenciennes. Le dernier épisode réserve d’ailleurs ce qui est sans doute la meilleure scène de toute la série : un long face-à-face dans le bureau du procureur de Valenciennes  entre Bernard Tapie et Eric de Montgolfier. La rencontre a bien eu lieu… mais la scène elle-même est fictive, ses dialogues sont inventés. Les choses ne se sont sans doute pas passées comme dans la série, même s’il y a sans doute une part de vérité… mais la scène est saisissante. Elle décrit de façon remarquable le tournant que cet épisode a représenté pour Bernard Tapie qui, jusqu’ici, arrivait toujours à se relever, malgré ses échecs, malgré ses condamnations même parfois. Là, il est vaincu, piégé presque par lui-même, face à un adversaire qui se montre plus malin que lui.

Un des points forts de la série est son casting. Laurent Lafitte est tout à fait convaincant dans le rôle de Bernard Tapie (même s’il est quand même trop âgé pour incarner le Tapie jeune des premiers épisodes...). Même si la ressemblance physique est approximative - mais pas inexistante - il arrive quand même à représenter assez bien l’image qu’on se fait du personnage. Les actrices et acteurs qui l’entourent sont aussi très bons, notamment Joséphine Japy dans la rôle de Dominique, la femme de Tapie, et Camille Chamoux dans le rôle de Nicole, la comptable puis assistante de Bernard Tapie. Tout comme David Talbot, dans son unique scène, mais très marquante, en tant qu’Eric de Montgolfier. 

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Tapie, une mini-série créée par Tristan Séguéla et Olivier Demangel
Avec Laurent Lafitte, Joséphine Japy, Camille Chamoux
7 épisodes disponibles sur Netflix

vendredi 15 septembre 2023

Fondation (saison 2) : malgré la réussite visuelle, un sentiment encore mitigé...

 

J’avais terminé la saison 1 avec un sentiment mitigé… je termine la saison 2 un peu dans le même état d’esprit. Ce n’est pas un problème que la série soit plus une relecture qu’une adaptation des romans d’origine. Ces derniers datent des années 1940-1950, il serait absurde de les adapter tels quels aujourd’hui. Alors on garde l’idée globale, avec la psychohistoire qui permet de prévoir l’avenir à grande échelle, la création d’une Fondation pour limiter le temps de chaos qui suivra la chute de l’empire, et les différents personnages principaux, mais revisités. Et puis comme il faut avoir des héros qui restent tout au long de la série, qui s’étend déjà sur 150 ans, on trouve le moyen pour certains, ici en particulier Hari Seldon et Gaal Dornick, de traverser le temps. Pourquoi pas ? Le problème, c’est que c’est parfois un peu confus voire bancal. 

Mais commençons par les points positifs, parce qu’il y en a. Tout d’abord, la qualité esthétique indéniable de la série. C’est assez somptueux, impressionnant, parfois spectaculaire. C’est sans doute la grande réussite de la série. Il y a aussi l’arc narratif qui décrit le déclin de l’Empire, avec notamment cette idée assez géniale de la dynastie génétique, en clonant l'empereur de génération en génération, et en faisant coexister un version jeune (“Aube”), mûre (“Jour”) et âgée (“Crépuscule”), Jour étant l’empereur actif, secondé par ses frères Aube et Crépuscule. C’est vraiment la meilleure idée de la série, parfaite pour évoquer la soif de pouvoir et de contrôle absolu d’un empire voué à décliner… D’autant que Lee Pace, dans le rôle de Jour, est parfait. 

Mais en s’écartant passablement du récit originel d’Asimov, la série doit s’efforcer de construire une narration qui intègre les différents personnages des romans. Et c’est parfois un peu laborieux… Le récit souffre de rebondissements pas toujours bien amenés et parfois tirés par les cheveux. L’épisode final de la saison en est un bon exemple. Le lien, inventé dans la série, entre Gaal Dornick et Salvor Hardin, qui ne m’avait pas trop convaincu dans la saison 1, ne fonctionne pas si mal finalement dans la saison 2. Ce qui fonctionne beaucoup moins, ce sont les histoires d’amour presque systématiquement ajoutées pour les différents personnages, sans grand intérêt et qui constituent un ressort trop facile pour essayer d’apporter de l’émotion. Et puis il y a le cas de Demerzel. J’avais été dérangé par le traitement du personnage dans la série par rapport aux romans dans la saison 1, je reste dubitatif dans la saison 2, même si des explications sont données en cours de saison. 

Peut-être que j’apprécierais plus la série si je ne connaissais pas les romans d’Asimov… mais je ne peux pas faire comme si je ne les avais pas lus. Et ça accentue sans doute un peu la frustration que je ressens face à la série… Avec la saison 3 arrivera le fameux personnage du Mulet, que les lecteurs des romans connaissent bien. Il sera quand même intéressant de voir comment la série le traitera. A suivre, malgré tout !

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Fondation, une série créée par David S. Goyer et Josh Friedman
avec Lou Llobell, Jared Harris, Lee Pace
2 saisons disponibles sur Apple TV+

lundi 4 septembre 2023

One Piece : le manga culte en version live action

Voici donc la mini-série en live action (avec des vrais acteurs) du manga phénomène, le plus vendu au monde, publié au Japon depuis 1997 (on en est aujourd’hui à plus de 100 volumes), et adapté en série animée depuis 1999, et comptant aujourd’hui plus de 1000 épisodes. 

Dans un monde essentiellement marin, le rêve de Monkey D. Luffy a toujours été de devenir le roi des pirates. Adolescent, il quitte son village et se lance dans sa quête du One Piece, le trésor mythique du pirate Gold Roger. Mais pour y arriver, il devra trouver un bateau et un équipage pour l’accompagner. Il devra aussi sillonner les mers, en découdre avec les nombreux pirates rivaux et échapper à la Marine qui va le pourchasser. Animé par son rêve, armé de son optimisme à toute épreuve et de ses pouvoirs d’homme élastique qu’il a acquis après avoir mangé un fruit aux vertus magiques, il est persuadé de réussir dans sa quête. 

Je connaissais vaguement l’univers de One Piece, avec ses pirates et ses personnages assez déjantés, mais je n’ai jamais lu les mangas et je n’ai vu que quelques extraits de la série animée. La série Netflix était l’occasion pour moi de vraiment découvrir cet univers si particulier, que j’ai abordé avec un regard innocent. Je suis bien évidemment incapable de dire si la série en live action est fidèle ou non aux originaux, si elle rend justice ou non à l’univers foisonnant du manga… mais j’ai pris beaucoup de plaisir à regarder la mini-série. C’est inventif, plein d’humour, d’action mais aussi d’émotion, avec des personnages réjouissants et hauts en couleurs. La réalisation est efficace, les décors, les costumes, les effets spéciaux fonctionnent bien, le casting, avec beaucoup d’inconnus, se révèle bon. Peut-être aurait-on pu espérer que la série se lâche un peu plus dans une folie douce encore plus assumée, et il faut aussi reconnaître qu’il y a quand même un petit ventre mou au milieu de la saison. Mais c'est trop peu de choses, finalement, pour ternir le plaisir procuré par une série qui est une jolie réussite, et qui donne envie de connaître la suite (et d’en découvrir plus sur ce monde étonnant). 

L’histoire valorise le courage, le dépassement de soi, la force de l’équipe et de l’amitié. Mais l’univers de One Piece est riche et on perçoit bien, en sous-texte, des thèmes tels que l’esclavagisme, le racisme, la corruption du pouvoir, et que bien d’autres pourraient être développés. En tout cas, la matière ne manque pas pour alimenter une saison 2 qu'on attendra avec plaisir ! 

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One Piece, une mini-série de Steven Maeda et Matt Owens
avec Iñaki Godoy, Mackenyu, Emily Rudd
8 épisodes disponibles sur Netflix