La mini-série de Netflix sur Bernard Tapie est un portrait, sous la forme d’une fiction librement inspirée de faits réels. Un panneau explicite le dit au début de chaque épisode : “On reconnaîtra dans le parcours du héros des faits déjà connus du public. Au-delà, le rôle joué par l’entourage, les situations de vie privée et les dialogues sont fictionnels.”
Cela dit, tous les éléments du parcours de Bernard Tapie évoqués dans la série ne sont pas forcément connus. C’est le cas par exemple de la création de Coeur assistance, un service médical d’urgence cardiaque, qui fonctionnait par abonnement (!), créé par Bernard Tapie en 1974. Y compris le spot publicitaire tourné par ses soins (et dont on peut d’ailleurs découvrir un extrait dans les images d'archives qu'on voit à la fin de la série).
Mais, au-delà des faits publics plus ou moins connus, beaucoup de choses se sont décidées dans le privé. Un documentaire aurait recueilli les témoignages des proches et de l'entourage de Bernard Tapie. Et on aurait eu leur version des faits. L’option choisie est celle de la fiction, pour imaginer les situations et les dialogues tels qu’ils auraient pu se dérouler. Et pour donner au portrait la valeur d’une parabole : décrire la trajectoire d’un homme qui part de rien et qui par sa force de caractère, son culot, sa ténacité et ses méthodes de bonimenteur s’extrait de sa condition sociale et grimpe presque tout en haut de l’échelle... puis sa trajectoire inverse, celle d’une chute qui le ramène d’une certaine façon à sa condition initiale. Le portrait est assez contrasté et fait de lui à la fois un coupable, certes, mais aussi d’une certaine façon une victime, et permet en tout cas de poser la question de la réussite. Comment la définir ? Et à quel prix la poursuivre ?
La série s’arrête en 1997, au moment de l’incarcération de Bernard Tapie, après avoir été condamné dans l’affaire de corruption de joueurs de Valenciennes. Le dernier épisode réserve d’ailleurs ce qui est sans doute la meilleure scène de toute la série : un long face-à-face dans le bureau du procureur de Valenciennes entre Bernard Tapie et Eric de Montgolfier. La rencontre a bien eu lieu… mais la scène elle-même est fictive, ses dialogues sont inventés. Les choses ne se sont sans doute pas passées comme dans la série, même s’il y a sans doute une part de vérité… mais la scène est saisissante. Elle décrit de façon remarquable le tournant que cet épisode a représenté pour Bernard Tapie qui, jusqu’ici, arrivait toujours à se relever, malgré ses échecs, malgré ses condamnations même parfois. Là, il est vaincu, piégé presque par lui-même, face à un adversaire qui se montre plus malin que lui.
Un des points forts de la série est son casting. Laurent Lafitte est tout à fait convaincant dans le rôle de Bernard Tapie (même s’il est quand même trop âgé pour incarner le Tapie jeune des premiers épisodes...). Même si la ressemblance physique est approximative - mais pas inexistante - il arrive quand même à représenter assez bien l’image qu’on se fait du personnage. Les actrices et acteurs qui l’entourent sont aussi très bons, notamment Joséphine Japy dans la rôle de Dominique, la femme de Tapie, et Camille Chamoux dans le rôle de Nicole, la comptable puis assistante de Bernard Tapie. Tout comme David Talbot, dans son unique scène, mais très marquante, en tant qu’Eric de Montgolfier.
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