jeudi 23 décembre 2021

Dopesick : l'envers du décor d'un scandal sanitaire. Glaçant.

 

Inspirée de faits réels, et adaptée de l’ouvrage “Dopesick: Dealers, Doctors, and the Drug Company that Addicted America” de Beth Macy, la mini-série évoque la crise des opiacés aux Etats-Unis, qui a vu monter en flèche le nombre de morts par overdose, et dont l'OxyContin, produit par Purdue Pharma, est considéré comme le principal responsable. 

La narration est relativement complexe mais quand même assez facile à suivre, avec des allers-retours incessants principalement entre les années 90 (la mise sur le marché du médicament puis la montée du trafic d’opioïdes) et les années 2000 (la progression de l’enquête). Le scénario tient en haleine tout au long des 8 épisodes, en s’intéressant d’une part aux manoeuvres de Purdue Pharma, et en particulier Richard Sackler son président, pour maximiser les gains des ventes de l’Oxycotin ; d’autre part à l'enquête menée dans les années 2000 ; et enfin aux effets désastreux de la crise des opiacés sur la population, en se centrant sur une petite commune minière des Appalaches. Ici, les personnages sont fictifs mais inspirés de faits réels. 

Série politique, Dopesick est une charge en règle contre Purdue Pharma, dénonçant leurs méthodes commerciales scandaleuses (désinformation, pressions et intimidations, manœuvres politiques, corruption...). La question n’est pas de nier l’efficacité du médicament mais de modifier son classement qui laisse entendre, à tort, qu’il ne provoquerait pratiquement aucune addiction. Mais cela impliquerait de réglementer son accès et son administration par les médecins… et ça réduirait considérablement le profit que le laboratoire peut en tirer. Bref, c’est juste une histoire de fric ! Il faut savoir qu’en 2021, Purdue Pharma, après plusieurs procédures judiciaires, a finalement accepté de verser 4,5 milliards de dollars aux victimes en échange d'une certaine immunité pour ses propriétaires, la famille Sackler… 

La série, qui fait froid dans le dos, est remarquablement réalisée, avec une précision quasi documentaire. On peut toujours discuter de certains thèmes connexes ajoutés dans les personnages fictifs qui évoquent les victimes mais on ne peut nier l’efficacité dramatique de la série, avec un épisode final, qui nous conduit jusqu’à aujourd’hui, d’une force émotionnelle intense. 

Le casting est prestigieux. Michael Keaton est bouleversant dans le rôle d’un médecin de campagne qui, après avoir administré de l’OxyContin à ses patients, en prend lui-même et tombe dans l’addiction. L’excellent Michael Stuhlbarg est glaçant en Richard Sackler, président de Purdue Pharma au cynisme absolu. Il faut ajouter Peter Sarsgaard, en assistant obstiné du procureur de Virginie, Will Poulter en commercial au service de Purdue Pharma, Rosario Dawson en agent déterminée de la DEA, ou Kaitlyn Dever en jeune fille devenue toxicomane à cause de l’OxyContin. 

Une série passionnante... et glaçante !

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Dopesick, une mni-série créée par Danny Strong
8 épisode d'une heure environ, disponibles sur Disney+


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