mardi 9 août 2022

The Sandman : dans le monde des rêves

 

En 1916, le Seigneur des rêves est emprisonné par un homme qui se fait appeler le mage. Durant sa captivité, on lui vole ses outils : son casque, son rubis et sa pochette de sable. Plus d’un siècle plus tard, il parvient à se libérer. Il commence alors un périple à travers les mondes, pour retrouver ses outils et récupérer son pouvoir, et pour réparer les dégâts liés à son absence, dans son royaume et dans le monde éveillé.


The Sandman est l’adaptation en série, attendue depuis longtemps par les fans, des romans graphiques éponymes écrits par Neil Gaiman. Je précise que je ne les connais pas et que je ne sais donc pas dans quelle mesure la série est fidèle (il semble que ce soit le cas, avec quelques changements de genre chez certains personnages) et parvient à retranscrire l’univers et l’ambiance de la BD. Mais je connais bien les romans de Neil Gaiman et j’ai bien retrouvé dans la série l’univers fantastique propre à l’auteur, qui plonge ses racines dans les croyances et les mythologies, avec lesquelles il aime jouer. Nul doute que tout le monde n’entrera pas dans cet univers… moi, je l’ai trouvé assez fascinant, transcrit de manière convaincante, notamment visuellement, malgré quelques imperfections de la série. 


L’univers de The Sandman est sombre, gothique et onirique, mais pas sans espoir, avec des personnages complexes et un monde vaste. Le personnage principal a plusieurs noms, Morpheus, Sandman ou tout simplement Rêve. Il appartient aux Eternels (Endless en vo), des représentations anthropomorphiques d’idées ou de concepts, reflets de l’âme humaine. Ils sont au nombre de sept (certains n’apparaissent que très peu voire pas du tout dans la série) dont le nom commence toujours par un D en anglais : Dream (Rêve), Death (Mort), Desire (Désir), Despair (Désespoir), Destiny (Destin), Delirium (Délire) et Destruction (Destruction). 


The Sandman est un conte philosophique, qui joue sur les différents sens du mot rêve, explorant les interactions entre le “monde éveillé” et le “monde des rêves” pour sonder l’âme humaine et évoquer des questions existentielles autour de la vie et la mort, le deuil, l’espoir, la foi et les croyances… Nos rêves sont-ils des mensonges ou des espoirs ? Nos mensonges ne sont-ils pas souvent des rêves que nous dissimulons ? Est-ce que ce ne sont pas nos rêves qui font de nous des humains ? 


Les épisodes sont bien liés entre eux mais pratiquement chacun a sa cohésion propre et ne se termine pas forcément par l’habituel cliffhanger qui crée l’attente de l’épisode suivant (même s’il y en a quand même un ou deux). La série se construit plutôt comme un tableau d’ensemble qui se dessine par touches successives, ou qui s’esquisse à peine parfois, un kaléidoscope onirique qui tient souvent plus du cauchemar que du rêve paisible.  


Les meilleurs épisodes sont, selon moi, les épisodes 4, 5 et 6. Dans l’épisode 4, Rêve doit aller en enfer pour récupérer un de ses objets dérobés et pour cela il devra affronter en duel… Lucifer. Dans l’épisode 5, sans doute le plus cynique de la série (avec l’épisode 9 et sa convention soi-disant sur les céréales), John Dee va tester sur les clients d’un bar où il s’est installé, avec l’aide du rubis de Rêve, si le monde ne serait pas meilleur avec des humains parfaitement honnêtes les uns envers les autres. Et dans l’épisode 6, Rêve accompagne sa soeur, Mort, qui lui conseille de renouer contact avec une vieille connaissance qui refuse de mourir. 


Dans l’ensemble, la première moitié de la saison, jusqu’à l’épisode 6, est vraiment très bien. On y trouve les épisodes les plus sombres, les plus denses et les plus profonds. La deuxième partie perd un peu en intensité, avant un final qui ouvre quand même l’appétit pour une saison 2… si Netflix commande une suite, évidemment. Et on peut l’espérer car The Sandman, malgré ses imperfections, est une mini-série originale avec un univers singulier et riche, que la saison 1 n’a pu qu’effleurer.


(19 août 2022) : Netflix a mis récemment en ligne un épisode bonus, en deux volets : "un rêve de mille chats" et "Calliope". Le premier est un malicieux film d'animation de 15 minutes environ avec des chats qui rêvent d'un autre monde, le second est une histoire autonome qui s'inscrit dans l'univers de la série, autour d'un écrivain en mal d'inspiration (un deuxième volet qui apporte au passage une révélation sur le passé de Morpheus...).

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The Sandman, une série créée par Neil Gaiman et Allan Heinberg

1 saison (10 épisodes + 1) disponible sur Netflix






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