Au mois de juillet 1984, on découvre avec horreur, dans une petite ville de l’Utah, le meurtre sanglant de Brenda Wright Lafferty et de son bébé âgé de 15 mois seulement. Les Lafferty sont une famille influente de la communauté mormone, très largement majoritaire dans la région. Le mari de Brenda, Allen, retrouvé couvert de sang, est d’abord suspecté du meurtre. Mais les enquêteurs vont vite se rendre compte qu’il faut aller plus loin pour résoudre l’affaire.
Inspiré d’une terrible histoire vraie, Sur ordre de Dieu (Under the Banner of Heaven en vo) est une mini-série policière captivante… et assez terrifiante. L'épisode final, qui dure 90 minutes, est particulièrement haletant et certaines scènes demandent d'avoir le coeur bien accroché. La série se base sur le livre éponyme de John Krakauer mais elle prend des libertés avec les faits : c’est une fiction inspirée d’un fait réel, pas un documentaire. Ainsi, les deux inspecteurs qui mènent l’enquête sont des personnages fictifs. L’un est lui-même Mormon, l’autre est natif américain. Ce choix scénaristique n’est pas dû au hasard : il sera l’occasion de souligner les racines très américaines, y compris dans ses zones d’ombre, du mormonisme. Les deux enquêteurs sont au coeur du récit qui se construit autour de trois fils narratifs : celui de la famille Lafferty, dont les frères vont petit à petit tomber dans une forme d’intégrisme effrayant ; celui de Jeb, le flic mormon, simple croyant, bon père de famille, qui va voir sa foi être ébranlée par les révélations auxquelles il va être confronté ; et celui des origines de l’Eglise mormone, avec son fondateur Joseph Smith, entre histoire, légende et mensonges. C’est, à mon sens, ce troisième fil narratif qui est le moins convaincant, sans doute un peu trop démonstratif dans sa charge contre l'Eglise mormone.
Il faut mentionner que Dustin Lance Black, le créateur de la série, est lui-même issu d’une famille mormone, une éducation avec laquelle il a pris ses distances aujourd’hui. Mais de ce fait, l’évocation qu’il fait dans la série de la vie quotidienne d’une famille mormone - avec des nuances ; tout le monde n’est pas mis dans le même sac intégriste - sent quand même le vécu. L’organisation hyper-patriarcale, le sexisme omniprésent où les femmes n’ont pas d’autre rôle que celui de servantes soumises à leur mari, les pratiques religieuses strictes et parfois surprenantes, avec un langage parfois obscure et souvent sectaire... C’est étonnant et parfois assez glaçant. Tout comme l’évocation globale de “l’Eglise de Jésus-Christ des saints des derniers jours” où, pour préserver la réputation de l'organisation, on cherche à imposer une loi du silence et étouffer les affaires en les réglant de façon interne.
Mais ce qui fait le plus froid dans le dos, c’est le récit autour des frères Lafferty et sa spirale vers l’intégrisme et la folie meurtrière, qui s’inscrit ici dans le cadre du mormonisme mais qui dit quelque chose de toutes les trajectoires vers les intégrismes, cercles vicieux qui entraînent ceux qui s'y laissent prendre vers l’aveuglement et la folie, jusqu’à l’irréparable.
Le casting est excellent. Dans le rôle principal, celui de Jeb, le flic Mormon, Andrew Garfield est très juste et touchant. Le duo qu’il forme avec Gil Birmingham fonctionne très bien. Et dans les rôles de Ron et Dan Lafferty, Sam Worthington et Wyatt Russell sont particulièrement inquiétants…
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