samedi 28 décembre 2024

Mon bilan séries 2024

Parmi les séries que j’ai regardées cette année, voici mes préférées, classées en trois catégories : les mini-séries (quelques épisodes et pas plus), les nouvelles séries (dont une saison 2 est confirmée ou probable) et les séries en cours. 

Les séries en cours


For All Mankind (sur Apple TV+)
For all Mankind demeure sans doute ma série en cours préférée, une réussite majeure qui parvient, saison après saison, à se renouveler, dans un genre que j’apprécie particulièrement : l’uchronie. L’entremêlement des récits intimes et des enjeux géopolitiques est toujours très bien dosé et l’issue de l’intrigue en fin de saison est toujours incertaine, jusqu'aux derniers instants de l'épisode final. Magistral.
Lire ma critique de la saison 4


The Bear (sur Disney+)
La recette évolue un peu mais c'est toujours un régal ! The Bear demeure incontestablement une des toutes meilleures séries du moment, avec une qualité d’écriture et de réalisation au-dessus du lot, et une interprétation de haut vol pour incarner des personnages touchants, et parfois énervants. Des personnages très humains... Et c’est pour ça qu’on les aime !
Lire ma critique de la saison 3


Slow Horses (sur Apple TV+)
Toujours un petit bijou d’humour et d’action. La meilleure série d’espionnage du moment. Les saisons sont courtes, sans baisse de rythme pour une intrigue efficace qui réserve toujours son lot de rebondissements et de surprises. Avec le toujours génial Gary Oldman qui nous régale à chacune de ses apparitions à l’écran. 
Lire ma critique de la saison 4


House of the Dragon (sur Max)
Certains diront sans doute que c’est une saison d’attente, voire une saison frustrante. Mais House of the Dragon est avant tout une série politique, sur le pouvoir, avec ses jeux d’influences, ses alliances et ses trahisons. Avec aussi ses hésitations, ses atermoiements, ses incertitudes et ses résistances. Et cette saison 2 prend le temps de le montrer, de manière convaincante. 
Lire ma critique de la saison 2


Kleo (sur Netflix)
Après une saison 1 qui avait créé la surprise, la saison 2 confirme : Kleo est une série d’espionnage très originale, abracadabrantesque, pleine d’humour et d’action, qui propose une version alternative et franchement barrée de la Guerre Froide, au moment de la chute du mur de Berlin. 
Lire ma critique de la saison 2


Shrinking (sur Apple TV+)
C’est la série feel-good du moment ! Sans révolutionner le genre, Shrinking est une série très attachante, qu’on regarde avec plaisir, pour sa galerie de personnages réjouissants (Harrison Ford !) et sa façon légère d’aborder des sujets graves. 
Lire ma critique de la saison 2


Les nouvelles séries

Shogun (sur Disney+)
Une grande fresque historique, romanesque et épique. Nouvelle adaptation du roman de James Clavell, la série fait le choix de l’authenticité dans la reconstitution historique, pour s’éloigner d’une adaptation trop occidentalo-centrée. Et le résultat est franchement très convaincant, somptueux. Une vraie réussite, qui a de l’ampleur et du souffle. 
Lire ma critique de la saison 1


Sugar (sur Apple TV+)
Une série policière, au début assez classique, un bel hommage aux films noirs, dans une esthétique rétro, avec une voix off introspective très présente… jusqu’à un incroyable twist, complètement inattendu, qui fait prendre à la série une nouvelle tournure pour ses derniers épisodes ! 
Lire ma critique de la saison 1

Les mini-séries

Masters of the Air (surApple TV+)
C’est haletant, instructif, impressionnant de réalisme, remarquablement réalisé et interprété. Masters of the Air est bel et bien le digne successeur de Band of Brothers (qui reste sans doute insurpassé) et The Pacific. C'est ce qui se fait de mieux dans le genre spécifique des séries de guerre. 
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Ripley (sur Netflix)
Tournée dans un sublime noir et blanc, la série est un thriller extrêmement bien construit, dans une esthétique évoquant l’âge d’or des films noirs. Car c’est bien une série noire, sombre voire dérangeante.
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Une amie dévouée (sur Max)
La série parvient avec finesse à évoquer la complexité d’un personnage qui crée en nous des sentiments ambivalents : de la sidération et de l’effroi lorsqu’on prend conscience de la souffrance qu’elle ajoute aux victimes, mais aussi de la pitié pour une femme perdue, victime de sa mythomanie. 
Lire ma critique complète


Ne dis rien (sur Disney+)
La série est passionnante pour l’immersion qu’elle propose au sein de l’IRA, au cœur des troubles de la guerre civile en Irlande du Nord, ses enjeux, ses stratégies de guerre, les méthodes radicales utilisées, y compris du côté de la police britannique… Une excellente série, troublante à plusieurs égards. 
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mercredi 25 décembre 2024

Shrinking (saison 2) : Confirmation pour la série feel-good du moment

 

La deuxième saison de la série feel-good du moment sur Apple TV+ vient de se terminer. Sans révolutionner le genre, Shrinking est une série très attachante, qu’on regarde avec plaisir, pour sa galerie de personnages réjouissants et sa façon légère d’aborder des sujets graves. 

On est clairement dans la lignée de Ted Lasso, cette fois non pas dans le milieu du football mais de la psychothérapie. Enfin disons que c’est le contexte de la série, le cadre de l’action, mais il ne faut pas s’attendre à une série du genre d’En thérapie ! Les trois personnages principaux sont psychothérapeutes et partagent le même cabinet mais c’est avant tout un prétexte pour bâtir une comédie chorale autour de nombreux personnages. Jimmy est en deuil depuis le décès soudain de sa femme Tia dans un accident de voiture, Gaby était la meilleure amie de Tia et Paul est atteint de la maladie de Parkinson. 

Autant dire qu’avec un tel pitch, on aurait pu s’attendre à une série larmoyante or c’est avant tout une comédie, une série légère aux dialogues vifs et aux personnages savoureux. Tout comme Ted Lasso, Shrinking est certes pétrie de bons sentiments mais c’est surtout très drôle et très bien joué. Harrison Ford en vieux psychothérapeute bougon et de mauvaise foi, ça vaut le détour ! 

Cela n’empêche pas la série d’aborder des sujets aussi sérieux voire graves que le deuil, la maladie, les traumatismes, la culpabilité et la honte... Elle parle aussi de la complexité des relations familiales, dans le couple, entre parents et enfants, ou de l’importance de l’amitié, la fidélité, l’engagement… tout cela non seulement avec les trois personnages principaux mais aussi tous ceux qui les entourent. Forcément, la série réserve aussi quelques moments d’émotion. Ainsi, le dernier épisode de la saison 2 fait tout pour nous mettre la larme à l’oeil… C'est le jeu de ce genre de série, et Shrinking parvient à trouver plutôt un bon équilibre tout en gardant sa légerté et son humour. 

Une saison 3 a déjà été comandée, et on s'en réjouit. 

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Shrinking, une série créée par Jason Segel, Bill Lawrence, Brett Goldstein (II)
avec Jason Segel, Harrison Ford, Jessica Williams (II)
2 saisons disponibles sur Apple TV+

lundi 23 décembre 2024

Dune - Prophecy : En attendant la suite...

 

Quelques 10000 ans avant la naissance de Paul Atréides et les événements racontés dans Dune, une communauté de soeurs (qui deviendra ensuite le Bene Gesserit), dirigée par Valya Harkonnen, et secondée par sa soeur Tula, met en place une stratégie à très long terme pour contrôler l’empire. Mais elles devront d’abord faire face à un redoutable ennemi mystérieux et inattendu. 

Dune : Prophecy se présente vraiment comme la série préquelle des deux films de Denis Villeneuve. On est clairement dans le même univers visuel et c’est probablement là la première qualité de la série. Ça a de la gueule et le potentiel est là ! 

Le récit, qui tourne essentiellement autour d’intrigues politiques, lorgne un peu du côté de Game of Thrones. Pourquoi pas ? Ça se défend tout à fait. Mais la série manque quand même un peu de souffle, même si le dernier épisode s’emballe (un peu trop d’ailleurs)… 

En réalité, cette saison 1 ressemble plus à une longue et assez luxueuse introduction à l’univers étendu de Dune. A la fin de la saison, les pions sont en place, les enjeux sont posés… il faudra attendre la saison 2 pour que la série décolle vraiment et développe tout son potentiel. En tout cas on l’espère !

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Dune : Prophecy, une sériée créée par Diane Ademu-John
avec Emily Watson, Olivia Williams, Travis Fimmel
Disponible sur Max

samedi 21 décembre 2024

Ne dis rien : Une plongée saisissante dans les eaux troubles de l’IRA

 

Irlande du Nord, en 1972, Jean McConville, une veuve mère de dix enfants, est enlevée chez elle par des membres de l’IRA, accusée d’être une indic au service de l’armée britannique. Au même moment, Dolours et Marian, deux soeurs dont le père est un militant de l’IRA veulent elles aussi s’engager dans la lutte contre la présence britannique en Irlande. 

Adaptation à l’écran du livre éponyme du journaliste d’investigation américain Patrick Radden Keefe, la série est passionnante pour l’immersion qu’elle propose au sein de l’IRA, au coeur des troubles de la guerre civile en Irlande du Nord, ses enjeux, ses stratégies de guerre, les méthodes radicales utilisées, y compris du côté de la police britannique… Le récit pose la question : jusqu’où est-on prêt à aller pour ses convictions et à quel prix ? 

Le récit s’étend sur une trentaine d’années, jusqu’au décès de Dolours Price, principale témoin de l’histoire. On a le temps de voir l’évolution des différents personnages de l’intrigue, leurs choix personnels et politiques, leurs combats, leur radicalité, leurs compromissions parfois… mais aussi leurs doutes et leurs remords, des années après les faits. Auraient-il pu, auraient-ils dû, agir autrement ? La série n’oublie pas non plus les victimes collatérales du conflit, notamment les “disparus” et leurs familles. 

La série est dense, tendue, intense. Elle réserve aussi des moments d’une grande densité émotionnelle, surtout vers la fin. Je pense par exemple à l’épisode qui évoque la grève de la fin des deux soeurs en prison, ou celui de la recherche du corps de leur mère par les enfants de Jean McConville, des années après sa disparition. 

Bref, Ne dis rien est une excellente série, troublante à plusieurs égards, qui suscite un certain nombre de questions… Il faut aussi noter qu’elle bénéficie d’un casting remarquable, en particulier Lola Petticrew et Hazel Doupe dans le rôle des deux soeurs Price. Assurément une des meilleures séries de l’année.

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Ne dis rien, une sériée créée par Joshua Zetumer
avec Lola Petticrew, Hazel Doupe, Anthony Boyle

samedi 30 novembre 2024

Espion à l'ancienne : Un bonbon un peu sucré mais qu’on déguste avec une réelle gourmandise

 

Charles se morfond depuis le décès de son épouse, de la maladie d’Alzheimer. Alors que sa fille l’encourage à trouver une activité, il répond à une petite annonce et est engagé par une détective privée pour une mission d'infiltration dans une maison de retraite, afin de démasquer l’auteur de vols au sein de l’établissement. 

Espion à l’ancienne (A Man on the Inside en vo) est une mini-série feel-good qui est, certes, un bonbon un peu sucré mais qu’on déguste avec une réelle gourmandise, surtout qu'elle a le bon goût de ne compter que 8 épisodes. Si c’est avant tout une série de comédie, la recette est bien équilibrée entre humour et émotion, légèreté et gravité. Les différents personnages, les dialogues et les situations sont assez savoureuses, mais la série évoque aussi plusieurs sujets très sérieux, et d’une jolie façon, comme le deuil, le veuvage, la vieillesse, la fin de vie, mais aussi l’amitié, la relation des parents avec leurs enfants adultes… Le tout est traité avec bienveillance et générosité. 

Dans le rôle de Charles, on retrouve le toujours impeccable et pince-sans-rire Ted Danson (The Good Place, également créée par Michael Schur), entouré d’un joli casting dans lequel on retrouve quelques acteurs de Brooklyn Nine-Nine, du même Michael Schur. Si vous avez aimé ces deux séries, vous devriez aussi apprécier Espion à l’ancienne... 

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Espion à l'ancienne, une série créée par Michale Schur
avec Ted Danson, Mary Elizabeth Ellis, Lilah Richcreek Estrada
Disponible sur Netflix

lundi 11 novembre 2024

The Penguin : Une pure série de gangsters dans l’univers poisseux de Gotham

 

Oswald Cobb, simple homme de main dans la pègre de Gotham, rêve de devenir le boss… pour rendre sa mère fière. Et il est prêt à tout pour y arriver. Dénigré à cause de son physique et de son handicap, il est aussi animé d’un sentiment de vengeance. Mais sa plus grande adversaire se révélera être une femme, Sofia Falcone, surnommée la tueuse au pendu, dont la sortie surprise de l’asile d’Arkham va rebattre les cartes. 

La série spin off du Batman de Matt Reeves est une pure série de gangsters, très sombre et violente. Elle décrit la prise de pouvoir d’un monstre, qui se révèle comme tel au fil des épisodes (le paroxysme étant atteint au cours d’une scène glaçante dans le dernier épisode). On est bien dans l’univers dark du film de Matt Reeves, dans un Gotham toujours très glauque… mais sans Batman, même si l’action de la série démarre tout de suite après les événements du film. 

L’absence de l’homme chauve-souris se fait quand même un peu sentir, il faut bien l’avouer... mais la série se révèle toutefois très bonne dans son genre, et enrichit de manière évidente le Batverse de Matt Reeves, avec un Pingouin très éloigné de celui qui était proposé par Tim Burton dans son film baroque de 1992. Celui-ci est poisseux et inquiétant. 

La série est portée par une double prestation de haut vol. Celle de Colin Farrel, évidemment, plus que méconnaissable dans la peau d’Oswald Cobb, alias le Pingouin. Et celle de Cristin Milioti, étonnante en Sofia Falcone trouble et froide. 

Enfin, à la fin de l’ultime épisode, comme en témoigne le fameux signe de Batman projeté dans le ciel de Gotham, tout est prêt pour The Batman 2. Avec, cette fois, le retour de Bruce Wayne, qui trouvera sans doute dans le Pingouin un redoutable adversaire. 

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The Penguin, une série créée par Lauren LeFranc
avec Colin Farrell, Cristin Milioti, Rhenzy Feliz
8 épisodes disponbles sur Max

vendredi 8 novembre 2024

La diplomate (saison 2) : Un thriller politique aux accents féministes, toujours aussi efficace

Le thriller politique de Netflix, aux accents féministes, autour de la figure d’une diplomate américaine parachutée à Londres en pleine crise internationale, avec son mari sur le dos, est de retour depuis quelques jours. La fin de la saison 1 nous avait laissé sur un cliffhanger… explosif, et on avait hâte de connaître la suite.

Ça redémarre dès le premier épisode sur les chapeaux de roue ! Sans révolutionner le genre du thriller politique, la série se montre redoutablement efficace et réjouissante. Elle nous embarque, tout au long de ses six épisodes, dans une histoire certes assez abracadabrantesque, mais haletante, avec des personnages fictifs, tout en ménageant plusieurs références aux réalités géopolitiques de notre monde réel. C’est plein de fausses pistes et de rebondissements, les personnages sont savoureux, les dialogues très bien écrits, c’est souvent vraiment drôles, le casting impeccable… que demander de plus ? 

Déjà convaincante dans sa première saison, la série est peut-être encore meilleure dans sa saison 2. Et le dernier épisode nous propose un nouveau autre cliffhanger de taille, un rebondissement inattendu qui fait saliver pour la saison 3, heureusement déjà annoncée… 

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La diplomate (saison 2), une série créée par Debora Cahn
avec Keri Russell, Rufus Sewell, David Gyasi

vendredi 1 novembre 2024

Une amie dévouée : une mini-série passionnante et dérangeante

 

Inspirée d’un livre-enquête (La mythomane du Bataclan, d’Alexandre Kauffmann), la mini-série est passionnante et dérangeante, d’autant plus qu’elle s’inspire de faits réels. Elle explore les mécanismes du mensonge, et décrit son engrenage implacable. Il y a quelque chose de vertigineux dans le récit de cette femme un peu perdue, en quête d’amour et de reconnaissance, qui s’enferme dans son mensonge tout en se donnant corps et âme dans une association de victimes… Elle déploie des trésors d’ingéniosité pour maintenir l’illusion, fait toujours preuve d’aplomb et de culot… et tout le monde se fait avoir. 

La série parvient avec finesse à évoquer la complexité d’un personnage, magistralement incarné par Laure Calamy, qui crée en nous des sentiments ambivalents : de la sidération et de l’effroi lorsqu’on prend conscience de la souffrance qu’elle ajoute aux victimes, trahies par sa tromperie, mais aussi de la pitié pour une femme perdue, victime de sa mythomanie. 

Autour de Laure Calamy, un très bon casting, avec notamment, le toujours excellent Arieh Worthalter.  

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Une amie dévouée, une mini-série créée par Jean-Baptiste Delafon et Fanny Burdino
avec Laure Calamy, Arieh Worthalter, Annabelle Lengronne, Ava Baya
4 épisodes, disponibles sur Max

lundi 21 octobre 2024

Culte : En coulisses, un retour aux origines de la télé-réalité

 

Culte revient, en 6 épisodes de 45 minutes environ, sur le phénomène Loft Story, la première émission de télé-réalité en France, en 2001. Un programme qui a marqué l’histoire de la télévision, qui a rassemblé jusqu’à 50% des téléspectateurs et qui a déchaîné les passions.

Comme le dit bien le panneau au début de chaque épisode, la série est librement inspirée de la (télé-)réalité. Si on y retrouve bien les premiers candidats de l’émission de 2001, Loana en tête, et une reconstitution précise du fameux loft et de certaines scènes (dont celle, fameuse, de la piscine…), c’est surtout aux coulisses que s’intéresse la série. Et là, les personnages sont fictifs… même s’ils s’inspirent largement de la réalité. L’histoire est en large partie une fiction, qui force un peu le trait parfois mais qui fait mouche la plupart du temps dans son évocation sans concession du petit monde de la télévision avec ses producteurs aux dents longues, ses enjeux financiers, la guerre entre les chaînes, à une époque où il n’y avait encore que 6 chaînes hertziennes et où le streaming n’existait pas. Car on est bien en 2001 : les smartphones n’avaient pas encore été inventés, on devait se connecter à Internet via un modem (avec son bruit significatif) et on utilisait encore des fax. 

Il faut reconnaître que la série est bien écrite et que le scénario se révèle haletant, dans un format idoine de six épisodes, qui se termine tous par un cliffhanger. La grammaire sérielle est respectée. 

Il est assez intéressant de porter un regard sur Loft Story, plus de vingt ans après sa sortie, en connaissant l’héritage de la télé-réalité, qui a envahi les écrans, dans des versions infiniment plus trash… sans parler des réseaux sociaux qui en sont aussi un peu les héritiers. Les questions qu’elle pose restent d’actualité, autour de voyeurisme, de la célébrité, de l’intimité et de la vie privée, des mécanismes de manipulation… Une série qui rappelle que la télé-réalité, c’est avant tout de la télé… et que ça n’a pas grand chose à voir avec la réalité. Comme les réseaux sociaux n’ont pas grand chose à voir avec la vraie vie… 

Parmi les lofteurs, c’est sur Loana que la série s’arrête essentiellement, personnage emblématique de la télé-réalité, sincère mais un perdue, consciente d’être manipulée et utilisée par les autres, réduite à son physique, mais sans arriver à s’en échapper. L’autre personnage central de la série, c’est Isabelle de Rochechouart, qui s’inspire largement d’Alexia Laroche-Joubert. Une jeune productrice ambitieuse, qui doit se battre comme une lionne, avec des méthodes plus ou moins orthodoxes, pour faire sa place dans un milieu d’hommes. La série a ici un certain parfum contemporain, post #MeToo. Les deux personnages sont incarnées par deux jeunes actrices qui se révèlent remarquables, Marie Colomb en Loana et Anaïde Rozam en Isabelle. 

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Culte, une mini-série créée par Matthieu Rumani et Nicolas Slomka
avec Marie Colomb, Anaïde Rozam, César Domboy

mercredi 9 octobre 2024

Slow Horses (saison 4) : Action, espionnage et humour british. Toujours un régal.

 

Slow Horses en est déjà à sa saison 4, qui vient de se terminer sur Apple TV+, et elle est sans nul doute une des mes séries en cours préférées, un petit bijou d’humour et d’action. 

C’est d’abord une très bonne série d’espionnage. Les saisons sont courtes, sans baisse de rythme pour une intrigue efficace qui réserve toujours son lot de rebondissements et de surprises. Le récit est tendu, d’autant qu’on sait, depuis la saison 1, que des personnages importants peuvent à tout moment mourir. Mais c’est aussi et surtout une série où l’humour - british évidemment, et souvent assez caustique et noir - a toute sa place. Les personnages sont bien caractérisés, avec certains d’entre eux qui sont particulièrement savoureux, à commencer par Jackson Lamb, chef bourru à l’hygiène douteuse d’une unité un peu particulière où sont mis au placard pour diverses raisons plus ou moins claires des agents du MI5. Il est incarné par un génial Gary Oldman qui nous régale à chacune de ses apparitions à l’écran. A noter que le reste du casting est excellent, que ce soit pour les personnages récurrents ou pour les guests de cahque saison (Hugo Weaving dans la saison 4). 

Heureusement, une saison 5 est déjà annoncée, comme en témoignent les quelques images diffusées à l’issue de l’épisode final. Vite, vite, la suite ! 

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Slow Horses (saison 4), une série créée par Will Smith
avec Gary Oldman, Jack Lowden, Kristin Scott Thomas
disponible sur Apple TV+

jeudi 3 octobre 2024

Les Anneaux de Pouvoir (saison 2) : visuellement somptueux, et toujours un peu frustrant...

 

La saison 2 des Anneaux de pouvoir vient de se terminer sur un épisode épique assez réussi. Adapter Tolkien à l’écran est une gageure. Surtout à partir d’un matériau un peu disparate et parcellaire (Amazon n’ayant les droits que sur les appendices du Seigneur des Anneaux, et pas le Silmarillion ou Les Contes et légendes inachevées) pour une histoire foisonnante qui s’étend sur plusieurs siècles… et qu’il faut condenser sur quelques années seulement pour les intégrer dans le format d’une série. Dans ces conditions, le récit sera forcément un peu frustrant… 

Mais la série a tout de même des atouts, à commencer par son plus gros point fort : son univers visuel somptueux. Les décors, les costumes, avec énormément de détails, sont une réussite totale et le plaisir de l’immersion en Terre du Milieu est bien là. 

Tout n’est pas parfait par ailleurs. Les différents arc narratifs ne sont pas d’égal intérêt, ils sont aussi trop nombreux pour les traiter de façon pleinement satisfaisante. Il y a des problèmes de rythme, quelques facilités de scénario voire des incohérences… mais aussi de belles réussites comme le récit autour de la confection des anneaux et les stratagèmes de séduction de Sauron envers Celebrimbor, ou comme les scènes parmi les nains à Khazad-Dûm qui figurent sans doute parmi mes préférées (y compris dans la séquence d’ouverture du dernier épisode).

Le bilan est donc, pour moi, globalement positif. Malgré ses limites et ses défauts, j’ai pris du plaisir à regarder cette saison 2 et je serai heureux de voir la suite ! 

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Les Anneaux de Pouvoir, une série créée par John D. Payne et Patrick McKay
avec Morfydd Clark, Charles Edwards, Charlie Vickers
8 épisodes (pour la saison 2) disopnibles sur Amazon Prime Video

samedi 7 septembre 2024

Kaos : La mythologie grecque mise au goût du jour. Caustique et malin.

 

Dans sa luxueuse villa du mont Olympe, Zeus est persuadé qu'il est en danger : une prophétie annonçant le délitement de son règne est peut-être en train de se réaliser. De plus en plus paranoïaque, il inquiète sa femme Héra et son frère Poséidon (qui par ailleurs ont des choses à cacher au roi de dieux). Dans le même temps, en Crète, Eurydice (Riddy pour les intimes) essaye de trouver le courage de quitter Orphée, son mari, un chanteur très connu. Ariane, la fille du roi Minos, tente d’apaiser les tensions avec les réfugiés troyens mais aussi de découvrir la vérité sur la mort de son frère jumeau alors qu’ils étaient enfants. Quant à Cénée, il attend, dans les Enfers, la renaissance promise par les dieux après la mort. 

Je dois avouer que j’ai eu un peu de mal à entrer dans la série. Je m’attendais à quelque chose de plus déjanté et fun. Mais j’ai persévéré et au bout de deux ou trois épisodes, j’ai commencé à vraiment accrocher. La série n’est, certes, pas déjantée mais elle n’est pas dénuée d’humour, loin de là. Un humour plutôt noir, assez caustique et cynique. Le casting est excellent, autour d'un Jeff Goldblum qu'on adore détester en Zeus. 

Et puis surtout, la transposition de la mythologie grecque dans un monde moderne est maline et souvent bien trouvée, avec des personnages antiques revisités qui se révèlent tout à fait contemporains. Ces divinités toutes-puissantes et hors-sols, cyniques et cruelles, ressemblent beaucoup à un portrait caustique de quelques ultra-riches d’aujourd’hui. Les affres rencontrées par les différents personnages font écho à bien des problématiques modernes. On y parle de pouvoir, de politique, d’amour, de sexe, de liberté, de fatalité, de religion, de manipulation…  

La fin de la saison est ouverte… et annonce une possible saison 2. Apparemment, Charlie Covell, la showrunneuse de la série, aimerait faire trois saisons. A suivre, donc… Parce que si une suite il y a, elle promet d’être épique et pleine de surprises. 

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Kaos, une série créée par Charlie Covell
avec Jeff Goldblum, Janet McTeer, Stephen Dillane
8 épisodes disponibles sur Netflix

mardi 3 septembre 2024

En place (saison 2) : Une fable politique, satirique et utopique, où les vannes fusent.

 

A la fin de la saison 1 (spoiler), et à la suite d’improbables rebondissements, Stéphane, éducateur de banlieue, se retrouve élu président de la République. La saison 2 nous raconte les premiers jours du mandat du nouveau président élu. Il devra trouver un premier ministre (ou une première ministre) pour former un gouvernement, et préparer des législatives très incertaines. 

On retrouve bien dans la série le ton Jean-Pascal Zadi : un humour décomplexé, parfois assez gonflé, sur fond d’utopie généreuse, une sorte de fable politique et sociale où les vannes fusent. Alors forcément, il y a du déchet : toutes les vannes ne font pas mouche mais certaines sont vraiment drôles.  

Et puis il y a ce personnage central, sorte d’anti-président jupitérien, qui n’y connaît rien à la politique et se retrouve complètement dépassé par la situation… mais qui est aussi animé d’un idéal social et solidaire. Un peu naïf, certes, mais généreux. Alors il casse les codes, dans son langage, son look, ses méthodes de communication (il envisage quand même de faire une déclaration officielle en direct à la télé en rap freestyle), freiné par ses conseillers, pas toujours très avisés eux non plus. 

Les personnages qui gravitent autour de lui sont caricaturaux et souvent savoureux, mélange de ratés pathétiques (mais parfois attendrissants), d’arrivistes ambitieux et de politicards prêts à tout pour arriver au pouvoir. Et comme dans toute caricature, ils renvoient de manière déformée et ironique au réel. Car la série se nourrit de la réalité politique d’aujourd’hui. On a droit à la montée de l’extrême droite, aux portes du pouvoir, aux effets de l’inflation, à la grogne sociale, et même à un équivalent français de l’envahissement du Capitole par les partisans de Trump. La série évoque aussi les thèmes que Jean-Pascal Zadi aime aborder, notamment autour du racisme et des communautarismes. 

Derrière la satire sociale et la charge contre une classe politique déconnectée du peuple (de quelque bord qu'il soit) transparaît un espoir : malgré tout, tout n’est pas perdu, y compris en politique. Et on peut encore rêver d’une société plus solidaire et juste… Et une série satirique qui veut garder espoir, ça mérite d’être souligné ! 

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En place, une série créée par Jean-Pascal Zadi et François Uzan
avec Jean-Pascal Zadi, Eric Judor, Benoît Poelvoorde

vendredi 16 août 2024

Kleo : Un retour toujours aussi barré en Allemagne de l'Est

 

Kleo est de retour ! Et ça va de nouveau saigner… L’ex-espionne est-allemande revient, toujours aussi dangereuse et toujours aussi en colère. Le ton de cette série allemande très réjouissante - et adoubée par Stephen King ! - fonctionne toujours aussi bien. Après une saison 1 qui avait créé la surprise, la saison 2 confirme : Kleo est une série d’espionnage très originale, abracadabrantesque, pleine d’humour et d’action, qui propose une version alternative et franchement barrée de la Guerre Froide, au moment de la chute du mur de Berlin. 

Suite directe de la première saison, le récit reprend la chasse à la fameuse valise rouge qui contient un secret capable de faire vaciller le monde et qui attise forcément la convoitise de tous les services secrets. On retrouve aussi la même galerie de personnages ubuesques (enrichie de quelques nouveaux venus), dans un récit qui, une fois de plus, va tourner au jeu de massacre. Mais dans cette saison, Kleo va devoir aussi explorer des souvenirs effacés de son enfance pour mener sa quête… et elle n’est pas au bout de ses surprises ! 

Insolite et très réjouissante, Kleo est une réussite, surtout si vous êtes amateur de récit décalé et d’humour noir. Et compte tenu du dernier twist à la toute fin de l’épisode final, ce n’est pas terminé : une saison 3 est de toute évidence en préparation, et on ne peut que s’en réjouir ! 

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Kleo (saison 2), une série créée par Hanno Hackfort, Richard Kropf et Bob Konrad
avec Jella Haase, Dimitrij Schaad, Julius Feldmeier
6 épisodes disponibles sur Netflix

mardi 13 août 2024

House of the Dragon (saison 2) : War is coming ! Mais pas tout de suite...

 

Deux ans d’attente pour connaître la suite de la série préquel de Game of Thrones dont l’action se déroule quelque 200 ans plus tôt. On retrouve avec plaisir ce qui fait toute la valeur de la série : des décors et des costumes somptueux, une réalisation extrêmement soignée, avec un travail remarquable sur la lumière, et des effets spéciaux réussis (notamment pour l’animation des dragons impressionnants). Esthétiquement, il n’y a rien à dire : House of the Dragon est au top. 

Au niveau de l’histoire, sans trop spoiler, disons qu’à la fin de la saison, la guerre qu’on sentait imminente n’est toujours pas déclarée, malgré quelques escarmouches (tout de même très dévastatrices lorsque des dragons sont dans le coup…). Et puis il y a quand même quelques personnages importants qui meurent, comme toujours dans l'univers de Game of Thrones. Alors certains diront sans doute que c’est une saison d’attente (à la fin, plus aucun doute n’est possible, la saison 3 sera celle de l’affrontement inévitable, tout est désormais vraiment en place… et ça va saigner !), voire une saison frustrante, notamment pour les amateurs de scènes épiques et de grandes batailles, qui trouveront sans doute que le récit est lent et certains épisodes bavards…. Mais House of the Dragon est avant tout une série politique, sur le pouvoir, avec ses jeux d’influences, ses alliances et ses trahisons. Avec aussi ses hésitations, ses atermoiements, ses incertitudes et ses résistances. Et cette saison 2 prend le temps de le montrer. 

Au coeur de l’intrigue, il y a cette tentative de repousser autant que possible la guerre, d’envisager jusqu’au bout une solution pacifique, notamment à l’initiative des deux personnages féminins principaux du récit, Rhaenyra et Alicent, incarnées avec brio par Emma d’Arcy et Olivia Cooke. Parce que les hommes, de leur côté, ne demandent qu’à en découdre, quel que soit le camp auquel ils appartiennent ! Je trouve ce choix de scénario intéressant. Et s’il entretient une certaine frustration, c’est sans doute fait exprès ! 

Il faudra maintenant encore attendre deux ans pour connaître la suite avec la saison 3 (4 saisons sont prévues au total). Mais une série d’une telle ampleur demande du temps pour être fabriquée ! Décidément, encore une frustration que le spectateur devra accepter. Si le résultat est à la hauteur, ça en vaut la peine ! 

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House of the Dragon (saison 2), une série créée par George R.R. Martin et Ryan J. Condal
avec Emma D'Arcy, Olivia Cooke, Matt Smith
8 épisodes disponibles sur Max
 

vendredi 26 juillet 2024

Présummé innocent : un thriller psychologique et un récit de procès efficaces

 

Rusty Sabich est un brillant procureur. Il se retrouve tout à coup accusé du meurtre d’une jeune collègue avec laquelle il avait une liaison passionnelle…  

Le roman éponyme, écrit par Scott Turow, a déjà été l’objet d’une adaptation au cinéma, dans un film d’Alan J. Pakula, avec Harrison Ford, en 1990. Cette fois c’est en série que l’histoire est adaptée (avec pas mal de différences dans le scénario). Huit épisodes, c’est peut-être quand même un peu long. Un ou deux épisodes de moins n'auraient sans doute pas nuit à l’intrigue, même si la série parvient à garder le suspense en entretenant savamment une ambiguïté tenace autour de l’accusé, grâce à une narration sinueuse qui brouille les pistes. 

Il faut attendre le dernier épisode pour avoir le verdict… que je ne révélerai pas ici. Et surtout, il faut attendre la toute fin du dernier épisode pour connaître le fin mot de l’histoire. Je ne dirai pas non plus ici s’il correspond au verdict du procès ! 

Thriller psychologique et récit de procès efficaces, la série bénéficie d’un excellent casting avec notamment, autour du toujours impeccable Jake Gyllenhaal, les excellents Ruth Negga, Peter Sarsgaard et Bill Camp. 

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Présumé innocent, une série créée par David E. Kelley
avec Jake Gyllenhaal, Ruth Negga, Bill Camp
8 épisodes disponibles sur Apple TV+

dimanche 21 juillet 2024

The Bear (saison 3) : La recette évolue un peu mais c'est toujours un régal !

 

The Bear revient enfin, et on en avait l’eau à la bouche, tant les deux premières saisons nous avaient régalé ! Cela dit, la série a fait quelque peu évoluer sa recette. Si on retrouve globalement les mêmes ingrédients que dans les deux premières saisons, le ton général est plus à l’introspection. On a bien un ou deux épisodes rythmés, aux dialogues acérés et vifs et au montage nerveux qu’on apprécie. La saison est toutefois plus marquée par les interrogations et les doutes de ses personnages. Carmen s’enferme dans son perfectionnisme. Sydney est de plus en plus indécise quant à son avenir. L’un et l’autre sont prêts à craquer… Et la fin de la saison, qui n’en est pas vraiment une, nous laisse dans l’expectative. Heureusement que le “to be continued” final nous rassure pour la saison 4 qui est prévue depuis un certain temps déjà. 

Chaque épisode a son identité. Certains sont presque entièrement concentrés sur un des personnages secondaires de la série. L’épisode flashback autour de Tina est sans doute le plus émouvant de la saison. Un petit bijou. Et celui centré sur Natalie permet de retrouver aussi le personnage haut en couleur de la mère, incarnée par Jamie Lee Curtis. Car plusieurs guests aussi font leur retour dans cette saison, avec un plus un petit nouveau, John Cena, pour un épisode très drôle autour des deux frères Fak. 

La saison commence avec un épisode qui donne le ton. Très peu de dialogues pour une succession d’images qui mêle le passé et le présent, et même le futur puisque certaines scènes se retrouveront dans la suite de la saison. Une façon déstructurée, mais assez magistrale, d’évoquer le chemin parcouru par Carmen, son apprentissage de la cuisine faite de rencontres et de découvertes, mais aussi d’humiliations et de souffrances, et de nous préparer par la même occasion à la suite de la saison.

A la fin, si on reste, forcément, un peu sur notre faim pour une intrigue qui reste irrésolue, c’est bien aussi parce que cette saison 3 était celle des interrogations et des remises en question. On aura toutefois eu l’occasion de s’arrêter vraiment sur les personnages (on aurait peut-être aimé passer un peu plus de temps avec Marcus), et on espère que la saison 4 (la dernière ?) sera celle des réponses et des résolutions. 

The Bear demeure incontestablement une des toutes meilleures séries du moment, avec une qualité d’écriture et de réalisation au-dessus du lot, et une interprétation de haut vol pour incarner des personnages touchants, et parfois énervants. Des personnages très humains... Et c’est pour ça qu’on les aime ! 

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The Bear (saison 3), une série créée par Christopher Storer
avec Jeremy Allen White, Ayo Edebiri, Ebon Moss-Bachrach
10 épisodes disponibles sur Disney+

vendredi 19 juillet 2024

The Boys (saison 4) : Toujours aussi trash et caustique mais un essoufflement se confirme

 

The Boys, c’est une des séries phénomènes du moment, qui se déroule dans une Amérique fictive où les superhéros pullulent, des héros qui pour la plupart sont des gens bien peu recommandables, quand ce ne sont pas tout simplement des salauds avides de pouvoir.  

La saison 4 vient de se terminer et c’est toujours aussi trash, violent, sanglant et caustique. Mais je trouve que l'essoufflement que j’avais déjà ressenti pour la saison 3 a tendance à se confirmer. Le propos politique de la série, avec sa charge anti-Trump, est encore plus explicite désormais. C’est d’ailleurs sans doute une des limites de la série : son attaque non seulement frontale mais franchement très appuyée contre la droite conservatrice américaine devient un peu lourdingue. C’était sans doute plus intéressant quand la critique était plus subtile et plus large… 

Cela ne veut pas dire que la série soit devenue sans intérêt. Son ton caustique et son humour noir, son côté provocateur qui fait voler en éclat les limites, y compris celles du bon goût, gardent un certain côté jouissif qui fonctionne un peu par intermittence. Certains épisodes sont réussis, comme par exemple, celui qui se déroule à la ferme et qui est complètement dément. 

Par ailleurs, le final de la saison fournit un lien explicite avec Gen V, le spin-off de The Boys, dont la saison 1 a finalement été plus intéressante que les deux dernières saisons de la série d’origine. Un rapprochement des deux intrigues pourrait ouvrir de nouvelles perspectives, avant la cinquième et dernière saison annoncée pour The Boys. A suivre... 

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The Boys (saison 4), une série crée par Eric Kripke
avec Karl Urban, Jack Quaid, Antony Starr
8 épisodes disponibles sur Amazon Prime Video

jeudi 18 juillet 2024

Star Wars - The Acolyte : La série s'en sort plutôt bien, bilan globalement positif

La nouvelle série Star Wars vient de se terminer sur Disney+. Les séries en live action dans l’univers de Star Wars n’ayant pas toutes convaincu, loin de là, on attendait la petite dernière avec un peu d'appréhension... Sans être une grande série et sans atteindre la qualité à ce jour inégalée d’Andor, dont on attend avec impatience la saison 2, The Acolyte s’en sort plutôt bien, se hissant probablement à un niveau semblable à The Mandalorian

Du côté positif, l’histoire s’insère bien dans l’univers de Star Wars, un siècle avant la naissance de l’Empire, et avec la mise en place de plusieurs éléments essentiels préparant la prélogie. Il y a aussi les scènes de combats au sabre laser, qui sont souvent spectaculaires. Et puis l’incertitude liée au sort des différents personnages : sans trop spoiler, disons simplement qu’il y a des morts, et pas seulement chez des personnages secondaires de l’intrigue. 

Du côté négatif, la saison accuse quelques baisses de tension, ce qui est un peu dommage dans une série si courte (8 épisodes de moins de 40 minutes), et les dialogues ne sont pas toujours extraordinairement inspirés... 

Le bilan est donc globalement positif. L’épisode final ouvre des pistes intéressantes pour la suite, notamment avec l’apparition succincte de deux personnages, bien connus des fans, et sans doute appelés à jouer un rôle important dans la saison 2 qui, si elle n’est pas encore officiellement commandée, est clairement envisagée par les scénaristes.

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Star Wars : The Acolyte, une série créée par Leslye Headland
avec Amandla Stenberg, Jung-jae Lee, Charlie Barnett
8 épisodes disponibles sur Disney+

vendredi 14 juin 2024

Becoming Karl Lagerfeld : Portrait d’un personnage mystérieux en quête de reconnaissance

En 1972, Karl Lagerfeld a 38 ans. Il se définit lui-même comme mercenaire du prêt-à-porter mais son ambition est de devenir le couturier le plus reconnu, à une époque où le roi incontesté de la mode est Yves Saint Laurent et où Pierre Bergé règne sans partage à la tête de la plus prestigieuse maison de couture. C’est aussi l’année où Karl Lagerfeld rencontre Jacques de Bascher, jeune dandy séducteur et fantasque… 

Librement inspiré de la vie de Karl Lagerfeld, la série n’est pas un biopic classique qui évoquerait la vie de son personnage principal, ni même l’ensemble de sa carrière. La bonne idée du scénario est de s’être limité à une durée d’une dizaine d’années, jusqu’au tout début des années 80, le récit s’arrêtant au moment où Karl Lagerfeld s’apprête à être embauché comme directeur artistique de Chanel. Ce sont les années charnières au cours desquelles Karl est devenu Lagerfeld. 

C’est le portrait d’un homme mystérieux, qui s’est construit une carapace et a façonné un personnage, de sa solitude et de sa quête immense de reconnaissance. C’est aussi l’histoire d’une ambition et d’une revanche, celle d’un créateur de mode négligé par ses pairs et qui veut réussir, être reconnu pour son talent. C’est enfin le portrait d’une époque, les années 70, avec leurs excès et leur insouciance, avant les années SIDA, sous le prisme du petit monde de la mode. Tout le travail de reconstitution (costumes, décors...) est remarquable et d'une grande précision. 

La série évoque la relation essentielle de Karl avec sa mère, sa rivalité avec Yves Saint Laurent, ses rapports compliqués avec Pierre Bergé, et surtout son histoire d’amour complexe, tourmentée et contrariée avec Jacques de Bascher. Il y a du tragique dans cette histoire, très bien mise en scène par Jérôme Salle et Audrey Estrougo qui se répartissent la réalisation des épisodes. 

Le casting est remarquable. On savait déjà Daniel Brühl bon acteur, il est excellent dans le rôle de Karl Lagerfeld. Il y a aussi la révélation de Théodore Pellerin, acteur canadien déjà croisé en Marquis de Lafayette dans la série Franklin, qui incarne brillamment Jacques de Bascher. A noter également la bande originale très réussie composée par Sacha et Evgueni Galperine. 

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Becoming Karl Lagerfeld, une série créée par Isaure Pisani-Ferry et Jennifer Have 
avec Daniel Brühl, Théodore Pellerin, Alex Lutz, Arnaud Valois
6 épisodes disponibles sur Disney+

vendredi 17 mai 2024

Sugar : bel hommage aux films noirs... mais pas que !

 

John Sugar est détective privé. Il est engagé par Jonathan Siegel, un célèbre producteur hollywoodien dont la petite-fille a disparu. Au cours de son enquête, il découvre les secrets de la famille Siegel. Ses recherches font aussi remonter à la surface un événement douloureux de son propre passé familial. 

Dans toute sa première partie, qui couvre environ les deux tiers de la saison, Sugar est une série policière, au début assez classique, un bel hommage aux films noirs, dans une esthétique rétro, avec une voix off introspective très présente, le récit intégrant même plusieurs courts extraits de films des années 1940 et 1950. Le héros, incarné à la perfection par le génial Colin Farrell, est un détective solitaire, taciturne, mais altruiste. Il n’aime pas faire du mal aux gens, il déteste la violence. Tout ce qu’il veut, c’est retrouver les disparus et les rendre à leurs proches. 

Et puis, à la fin de l’épisode 6, survient un incroyable twist, complètement inattendu. En tout cas moi, je n’ai rien vu venir ! La série prend alors une nouvelle tournure pour ses derniers épisodes. Je ne vais évidemment rien dévoiler ici mais ce twist fonctionne vraiment bien, il éclaire tout le récit sous un jour nouveau, sans pour autant qu’on ait besoin de revoir tous les épisodes qui précèdent pour tout comprendre. 

La série se termine sur un vrai dénouement, une résolution de l’intrigue, mais propose une fin suffisamment ouverte pour qu’on perçoive qu’une saison 2 est clairement envisagée. Espérons qu’elle sera en effet produite, parce que la série est encore une nouvelle belle réussite à mettre au crédit de Apple TV+, dont le catalogue est décidément d’une qualité globale remarquable.

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Sugar, un série créée par Mark Protosevich
avec Colin Farrell, Kirby Howell-Baptiste, Amy Ryan
8 épisodes disponibles sur Apple TV+

mardi 23 avril 2024

Shogun : une grande fresque historique, romanesque et épique

Au Japon, en 1600, c’est un conseil de régents qui dirige le pays jusqu’à ce que le fils héritier soit en âge d’exercer le pouvoir. Mais le conseil est fragilisé par des rivalités internes. L’un de ses membres, Ishido, parvient à retourner le conseil contre son ennemi au sein des régents, Toranaga. C’est alors qu’un navire, l’Erasmus, s’échoue non loin d’un village de pêcheurs. L’équipage est capturé, avec son capitaine anglais et protestant, alors que le pays est en partie sous l’influence commerciale et religieuse du Portugal catholique. Toranaga y voit une occasion de retourner la situation en sa faveur et, pourquoi pas, accéder au pouvoir absolu, celui du Shogun. Pour communiquer avec Blackthorne, Toranaga emploie Mariko, une jeune femme devenue catholique et ayant suivi l’enseignement des Jésuites portugais…   

Inspiré du roman de James Clavell, déjà adapté pour le petit écran dans les années 80 (avec Toshiro Mifune et Richard Chamberlain), Shogun est une grande fresque historique, romanesque et épique. Par rapport à la première adaptation en série (dont il me reste quelques bribes en souvenir), la nouvelle série a fait le choix de l’authenticité dans la reconstitution historique, pour s’éloigner d’une adaptation trop occidentalo-centrée. Et le résultat est franchement très convaincant. La reconstitution du Japon féodal est impressionnante, dans des décors et des costumes somptueux. Je suis bien incapable de dire si l’ensemble est historiquement fiable mais en tout cas, ça y ressemble ! 

En 10 épisodes d’une heure environ, la série prend le temps de développer l’intrigue dans toute sa complexité, avec ses jeux politiques, ses complots et ses trahisons, le tout dans un monde qu’on découvre avec les yeux de Blackthorne, apprenant les us et coutumes d’une culture dont il est complètement étranger, et dont il devra apprendre les codes, notamment autour de l’honneur. Mais la série sait aussi se montrer épique dans des scènes de combat spectaculaires, et romanesque dans une intrigue amoureuse contrariée. Bref, le spectacle est au rendez-vous ! 

Avec un casting d’excellente qualité, de nombreux acteurs et actrices japonais (Hiroyuki Sanada est impérial dans le rôle de Toranaga et Anna Sawai remarquable dans celui de Mariko), Shogun est une vraie réussite, une mini-série qui a de l’ampleur et du souffle. 

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Shogun, une série créée par Justin Marks et Rachel Kondo
avec Hiroyuki Sanada, Cosmo Jarvis, Anna Sawai
10 épisodes disponibles sur Disney+

vendredi 12 avril 2024

Ripley : un sublime noir et blanc pour une série noire fascinante

Tom Ripley est un petit escroc new-yorkais au début des années 1960. Une occasion inespérée se présente à lui lorsqu’un homme très riche l’approche et souhaite l’engager pour aller en Italie et tenter de convaincre son fils, qui profite d’une vie oisive dans une magnifique villa au bord de la mer, de rentrer aux Etats-Unis.

Tournée dans un somptueux noir et blanc, la série revisite le roman Monsieur Ripley de Patricia Highsmith, déjà adapté par deux fois à l’écran (Plein soleil, réalisé par René Clément en 1960 et Le talentueux M. Ripley réalisé par Anthony Minghella en 1999). Le format série (8 épisode d’une heure environ) permet au récit de prendre son temps, de développer les personnages et de petit à petit évoquer l’engrenage dans lequel Tom Ripley met le doigt, avant de s’élancer dans une terrible fuite en avant faite de mensonges, de manipulations et de violence. 

Tous les épisodes ont été écrits et réalisés par Steven Zaillian et son travail est remarquable : le soin apporté à l’image, les cadrages, la mise en scène… c’est vraiment très beau. Tournée dans un sublime noir et blanc, la série est un thriller extrêmement bien construit, dans une esthétique évoquant l’âge d’or des films noirs. Car c’est bien une série noire, sombre voire dérangeante. Le personnage de Tom Ripley n’a rien de sympathique. Il est terriblement froid et inquiétant, un manipulateur glaçant et prêt à tout. Et la façon dont l’excellent Andrew Scott incarne le personnage est assez magistrale ! Voilà qui accentue le malaise qu’on peut ressentir face à la fascination suscitée par un tel anti-héros… 

La façon dont la série se termine laisse clairement la possibilité d’une suite… et il se trouve que Patricia Highsmith a écrit cinq romans autour du personnage de Tom Ripley. Il y a donc de la matière pour plusieurs saisons. On espère que ce sera le cas !

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Ripley, une série créé par Steven Zaillian
avec Andrew Scott, Dakota Fanning, Johnny Flynn
8 épisodes, disponibles sur Netflix

jeudi 28 mars 2024

Constellation : De la SF à mystère, énigmatique et assez fascinante

 

Jo est astronaute. Lors d’une mission à bord de l’ISS, un grave incident se produit qui coûte la vie à un membre de l’équipage. Jo s’en sort et retourne sur Terre. Mais elle a l’étrange impression que tout n’est pas revenu comme avant, la vie qu’elle retrouve n’est pas comme celle qu’elle a connu. Même son mari et sa fille sont différents. 

Constellation est une série de science-fiction à mystère, énigmatique et assez complexe dans sa narration. Dans les premiers épisodes, on est un peu perdus, on ne sait pas sur quel pied danser. Qu’est-ce qui est vrai et qu’est-ce qui n’est pas ? C’est évidemment volontaire : on veut, un peu, nous faire ressentir ce que ressent l’héroïne. Et puis, petit à petit, on se rend compte qu’il n’y a pas que l’héroïne qui est en cause, que c’est encore plus complexe qu’on l’imaginait.  

Peut-être que certains spectateurs se décourageront devant les mystères qui se multiplient… J’avoue que pour ma part, je me suis vraiment pris au jeu et j’ai été porté par le récit. On est constamment à s’interroger sur ce qui nous est montré, on essaye de faire le lien entre ce qu’on voit, ce qu’on entend… Et puis quand on pense avoir un semblant d’explication, quelque chose arrive qui remet tout en cause. A la fin, dans le dernier épisode, on peut penser qu’on se dirige vers une solution acceptable, même si de nombreuses questions demeurent irrésolues. Et puis la dernière image nous offre un dernier revirement inattendu. On est loin d’avoir tout compris. Le créateur de la série en a gardé sous le pied, nul doute qu’il espère qu’une saison 2 soit commandée par Apple. On verra bien… 

En attendant, cette première saison nous offre une histoire assez fascinante, créant chez le spectateur un certain inconfort troublant. Même si la série n’a pas de suite, elle est déjà intéressante. Au-delà de la science-fiction et du mystère, la série touche à plusieurs genres, elle est aussi un drame intime et existentiel, un thriller paranoïaque, un film de fantôme, une fable philosophique. On y parle de deuil, d’identité, de dualité… Sur des questions aussi complexes, on peut admettre de ne pas avoir toutes les réponses ! 

Un des atouts de la série est aussi son actrice principale, l’excellente Noomi Rapace y est remarquable et intense, dans un rôle complexe. A noter aussi la jeune Davina Coleman qui joue le rôle d’Alice, la fille de Jo. 

En tout cas, en ce qui me concerne, j’espère qu’il y aura une saison 2 !

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Constellation, une série créée par Peter Harness
avec Noomi Rapace, Jonathan Banks, James D'Arcy, Davina Coleman
8 épisodes, disponibles sur Apple TV+

mardi 26 mars 2024

Extraordinary (saison 2) : Friends chez les super-héros, toujours aussi délirant

 

Dans un univers où tout le monde, à l’âge de 18 ans, se découvre un super-pouvoir, Jen n’est pas comme les autres. A 25 ans, elle n’a toujours pas découvert son pouvoir… Dans la saison 2, disponible depuis peu sur Disney+, Jen décide d’aller consulter dans une clinique spécialisée pour essayer de comprendre les blocages qui empêchent l’émergence de son pouvoir. Le thérapeute qu’elle va voir a justement le super-pouvoir de matérialiser l’inconscient de ses patients. Et chez Jen, c’est vraiment un sacré bazar… 

De son côté, le petit ami de Jen, qui était auparavant son chat (puisque son super-pouvoir est de se transformer en chat), apprend quelque chose d'inattendu sur son passé qui bouleverse sa vie. Carrie, la meilleure amie de Jen, a décidé de rompre avec Kash… mais pas facile de tourner la page quand on vit sous le même toit. 

Extraordinary est sans doute l’une des séries les plus drôles du moment, mêlant l’univers d’une série de colocs à la manière de Friends à un univers de super-héros délirant. Les épisodes courts de l’ordre d’une demi-heure s’enchaînent à un rythme effréné, dans un humour assez déjanté - certes assez régulièrement en dessous de la ceinture - avec des personnages hauts en couleurs et des situations délirantes. 

C’est vraiment drôle, les huit épisodes de la saison passent très vite et, mine de rien, la série évoque en passant pas mal de thématiques, notamment autour de la normalité et de la différence, qui ne sont pas inintéressantes. 

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Extraordinary, une série créée par Emma Moran
avec Máiréad Tyers, Sofia Oxenham, Luke Rollason, Bilal Hasna
2 saisons disponibles sur Disney+

dimanche 24 mars 2024

Le problème à trois corps : adaptation convaincante d'un chef d'oeuvre de la SF

Dans les années 60, en pleine révolution culturelle en Chine, une jeune scientifique prend une décision qui aura des répercussions insoupçonnées. De nos jours, une mystérieuse vague de suicides touche la communauté scientifique. Un groupe d’anciens étudiants d’Oxford veut comprendre le suicide incompréhensible d’une de leurs amies. Cela les mènera à un mystérieux jeu en réalité virtuelle, construit autour d’un problème complexe de physique… 

Le Problème à trois corps est l’adaptation du roman éponyme de Liu Cixin, premier volume d’une trilogie qui est un chef d’oeuvre moderne de la science-fiction, une oeuvre foisonnante et vertigineuse, d’une ambition folle, trois gros pavés littéraires passionnants qui nous emmènent loin, très très loin.

J’ai vraiment beaucoup aimé les romans, impressionné par leur densité et leur inventivité. J'attendais donc la série avec une certaine impatience... mais aussi un peu d'appréhension, curieux de voir ce que ça allait donner à l’écran. Et finalement, c’est une bonne surprise. 

Ce sont David Benioff et D.B. Weiss, les créateurs de la série Game of Thrones, qui se sont lancés dans cette périlleuse adaptation, cette fois avec l’aide d’Alexander Woo. Et je trouve qu’ils s’en tirent vraiment pas mal du tout. 

Globalement, la trame générale de l’intrigue est bien respectée. Le scénario s’autorise quand même de nombreuses libertés, ce qui n’est pas forcément un problème. Forcément, il a fallu faire des choix, réduire certains aspects de l’intrigue, en transposer d’autres (la série est passablement occidentalisée par rapport au roman qui se déroule essentiellement en Chine). Les huit épisodes de la première saison couvrent, grosso modo, le récit du premier roman. Les principaux éléments sont bien là. Les différents personnages aussi, même s’ils sont pour la plupart transposés dans un contexte occidental, à Londres, et même si la série leur prête des relations les uns avec les autres qui n’existent pas dans le livre. La série ajoute aussi une petite pointe d’humour plutôt bienvenue. Bref, l'adaptation se révèle plutôt convaincante.

Le mystère, le suspense, la dimension scientifique du genre hard-science, le côté conte philosophique du roman… on retrouve bien tout cela dans la série, même si c’est atténué par rapport au livre. Le roman va évidemment plus loin. Si vous ne le connaissez pas, vous pourrez donc vous plonger dans sa lecture même après avoir vu la série ! Vous vous retrouverez en terrain connu, vous pourrez discerner les différences avec la série, mais vous profiterez de toute la richesse et la profondeur du livre. Et puis vous pourrez enchaîner avec les deux autres volumes de la trilogie, pour vous préparer aux saisons suivantes de la série. En espérant vraiment qu’elles verront le jour !

Au final, Le problème à trois corps est donc une série tout à fait réussie, ambitieuse tout en étant divertissante. Mais ne vous en tenez pas là : lisez les bouquins. Ça en vaut vraiment la peine !

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Le problème à trois corps, une série de David Benioff, D.B. Weiss, Alexander Woo
avec Jovan Adepo, Rosalind Chao, Liam Cunningham
8 épisodes disponibles sur Netflix

dimanche 17 mars 2024

The Gentlemen : une série de gangsters des plus réjouissantes

 

Eddie Horniman hérite, à la surprise générale, du titre de duc et du vaste domaine de son père, alors même qu’il n’est pas l’aîné de la famille. Il va bien vite se rendre compte que le domaine familial dissimule tout un trafic de cannabis, dirigé d’une main de fer par Susie Glass, la fille d’un richissime baron de la drogue. Eddie, bien décidé à libérer sa famille de ce trafic, va devoir prendre les différentes familles de gangsters de Grande-Bretagne à leur propre jeu alors qu’elles convoitent le domaine. Au risque d’y prendre goût… 

En 2020, Guy Ritchie avait réalisé un film déjà intitulé The Gentlemen. C’était un film de gangsters explosif et drôle. La série n’est ni une suite ni vraiment une adaptation du film. C’est un peu une variation sur le même thème, une série de gangster dans le même esprit que le film.

The Gentlemen est donc une série de gangsters des plus réjouissantes : action, cynisme, humour noir, esprit british et hémoglobine. Un cocktail explosif dédié au seul divertissement. Et ça fonctionne très bien ! Au rythme des complots, des trahisons, des rebondissements incessants, des dialogues truculents et des personnages hauts en couleur, on s’amuse vraiment avec The Gentlemen !

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The Gentlemen, une série créée par par Guy Ritchie et Matthew Read
avec Theo James, Kaya Scodelario, Daniel Ings
8 épisodes disponibles sur Netflix

vendredi 15 mars 2024

Masters of the Air : Ce qui se fait de mieux en matière de séries de guerre

 

Après Band of Brothers (2001) qui suivait la Easy Company, du 506e régiment d'infanterie parachutée, de la 101e Division Aéroportée américaine, et après The Pacific (2010) qui racontait de l’intérieur plusieurs batailles de la guerre contre l’Empire du Japon, Masters of the Air est la nouvelle série de guerre produite par Tom Hanks et Steven Spielberg qui s’attache cette fois au 100e groupe de bombardement de la 8e armée de l’air des forces américaines pendant la Seconde Guerre mondiale. 

En 1943, l’armée américaine déploie un détachement en Angleterre, qui servira de base arrière pour les forces aériennes alliées. Au sein de cette 8e Air Force, il y a le 100e groupe de bombardement, les “Bloody Hundredth”, que la série va suivre. 

Les scènes de combats aériens sont assez époustouflantes : on se retrouve au milieu des tirs de DCA et sous les balles des chasseurs ennemis, c’est immersif et très impressionnant ! On mesure un peu le danger auquel ces équipages devaient faire face à 25 000 pieds d’altitude, pour essayer de faire voler leurs engins jusqu’à l’objectif, malgré les dégâts subis, les moteurs qui tombent en panne et les avaries diverses qui rendaient le vol hasardeux. Souvent, les avions rentraient à la base en lambeaux, troués de partout, rendant même leur atterrissage périlleux. Quand ils avaient la chance de rentrer… parce qu’à chaque mission plusieurs équipages ne revenaient pas. On voit, dans la série, ceux qui attendent le retour des avions à la base scruter anxieux l’horizon et compter un à un les avions qu’ils aperçoivent… et il y en a presque toujours qui manquent à l’appel. 

Mais la série évoque aussi la vie quotidienne sur la base, la découverte de l’enfer de la guerre, les états d’âme des soldats entre deux missions, mais aussi le travail de l’ombre des mécaniciens qui devaient réparer le plus rapidement possible les avions. Le récit évoque aussi ce qui pouvait arriver aux membres d’équipages obligés de sauter en parachute de leur avion avant qu’il s’écrase, qui se retrouvaient en terrain ennemi, et pouvaient finir en camps de prisonniers. Le récit évoque aussi l’impact de la guerre, la dévastation qu’elle produit, les haines qu’elle entretient… et en filigrane, les horreurs du régime nazi. 

Bref, les neuf épisodes de la série, chacun d’une durée d’une heure environ, se regardent sans temps mort. C’est haletant, instructif, impressionnant de réalisme, remarquablement réalisé et interprété. La force d’une série, c’est de nous permettre d’accompagner des personnages au long cours, de s’attacher à eux… et de devoir en laisser partir quelques-uns, en l'occurrence. Parce qu’à chaque mission, plusieurs équipages ne revenaient pas. Et la série se termine en beauté, avec un dernier épisode émouvant, et l’évocation pendant le générique de fin de ce qui s’est réellement passé pour plusieurs personnages suivis au cours de la série, après la guerre. 

Masters of the Air est bel et bien le digne successeur de Band of Brothers (qui reste sans doute insurpassé) et The Pacific. C'est ce qui se fait de mieux dans le genre spécifique des séries de guerre. 

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Masters of the Air, une série créée par John Orloff
avec Austin Butler, Callum Turner, Anthony Boyle
9 épisodes disponibles sur Apple TV+