On sait que les Américains n’hésitent pas à s’attaquer à des affaires récentes pour en faire un film ou une série. Mais en l’occurrence, le défi était de taille puisque le procès d’Elizabeth Holmes vient à peine de se dérouler et que même si elle a été reconnue coupable de fraudes multiples, sa peine n’a même pas encore été prononcée (mais elle risque 20 ans de prison…) ! The Dropout raconte l’hallucinante histoire vraie du scandale de Theranos et sa jeune fondatrice, Elizabeth Holmes, la plus jeune “self-made” milliardaire de l’histoire. A 19 ans, elle arrête ses études à Stanford pour créer une start-up et développer une machine permettant de faire de nombreux tests sanguins sans seringue, avec juste une goutte de sang prélevée. Le problème, c’est que la machine n’a jamais fonctionné.
On suit ainsi le parcours de l’étudiante brillante, et ambitieuse, qui rêve de changer le monde à la façon de Steve Jobs. On voit ses certitudes quant à son idée géniale, selon elle, et son incapacité à entendre les réserves et les critiques qui lui sont formulées. Il y a ensuite son ascension fulgurante, alors même que la machine n’a pas reçu d’autorisation des autorités sanitaires, et la construction d’un véritable empire sur la base de tests falsifiés, de mensonges et de dissimulations, de pression interne et de dissimulation, d’opération marketing et de lobbying qui ont convaincu des investisseurs, et non des moindres, à engager des centaines de millions de dollars dans l’entreprise. La série évoque enfin la chute brutale, précipitée par quelques scientifiques animés par une volonté de revanche, deux jeunes ex-employés de Theranos et un journaliste du Wall Street Journal.
Avouons-le, The Dropout met un peu de temps à démarrer. Les premiers épisodes manquent de rythme et d’originalité. Mais au fil des épisodes, la série monte en puissance, la tension augmente sensiblement et le récit devient petit à petit passionnant. La deuxième moitié du show est une réussite totale. Il faut aussi souligner la performance impressionnante d’Amanda Seyfried dans le rôle d’Elizabeth Holmes. Son incarnation du personnage est bluffante : son travail sur la posture, l’attitude, la voix… regardez sur YouTube des interviews de la véritable Elizabeth Holmes pour vous en convaincre ! A ses côtés, l’ensemble du casting est excellent, jusque dans ses seconds rôles, avec une mention spéciale pour William H. Macy.
The Dropout se révèle être une série passionnante, et assez alarmante, sur les travers d’un capitalisme effréné. Elle montre jusqu’où l’ambition et les certitudes absolues peuvent mener, au détriment d’investisseurs qui se laissent berner et d’employés fascinés qui se retrouvent du jour au lendemain sans travail. C'est une histoire qui fait froid dans le dos, parce que c’est bien la santé de milliers de personnes qui est en jeu, sacrifiée sur l’autel de l’ambition d’une jeune femme qui rêve de changer le monde, et qui semble s’aveugler elle-même, complètement déconnectée de la réalité. Enfin, effet collatéral, ce scandale impacte aussi négativement la cause des femmes, la figure d'Elizabeth Holmes agissant comme un épouvantail (elle s'est elle-même défendu avec une argumentation sexiste fallacieuse)...
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