vendredi 13 mai 2022

Ozark : un final magistral pour une série noire devenue grande

Ce n’est pas facile de bien terminer une série. Beaucoup s’y sont cassé les dents, provoquant parfois la colère des fans. De toute façon, un final de série fait rarement l’unanimité, et c’est le cas de la série Ozark, dont la saison finale a été récemment mise en ligne sur Netflix. Mais pour ma part, je l’ai trouvé parfaite, tout à fait cohérente avec l’ensemble de la série, tout en étant indécise jusqu’au bout. Magistral. 

Ozark est incontestablement une série qui s’est bonifiée au cours des saisons. Elle commence comme une bonne série, sans plus, et se termine comme une grande série noire.

Petit rappel du pitch de la série. Marty Byrde est conseiller en gestion financière… mais il blanchit aussi de l’argent pour le compte d’un cartel mexicain de la drogue. Alors qu’une somme importante a disparu, Marty est contraint de quitter Chicago et il emmène toute sa famille s’installer au bord du lac des Ozarks, dans le Missouri. Il va devoir trouver des solutions pour blanchir l’argent du cartel et rembourser sa dette, tout en échappant au FBI… 

Ozark est une série dans la veine de Breaking Bad, c’est-à-dire noire et cynique, autour d’une famille américaine moyenne qui se retrouve embarquée dans une spirale infernale, à cause d’une “petite” concession morale initiale qui prend petit à petit une ampleur incontrôlable. Ses personnages sont complexes, très humains, avec toute leur part d’ombre. Une série face à laquelle le spectateur se retrouve en empathie avec des anti-héros qui peuvent commettre parfois les pires atrocités… et cela crée un sentiment étrange et fascinant. 

Ozark est une série sur la famille. D’abord la famille américaine moyenne qui, derrière des apparences de respectabilité, peut cacher des actes, des comportements et des secrets pour le moins condamnables. Mais aussi des histoires de familles déstructurées, instables, des familles de sang ou des familles de coeur, qui se construisent au gré des circonstances et des épreuves. La série permet d’aborder des questions nombreuses autour de la loyauté et de la fidélité, de la vérité et du mensonge, des relations dans le couple, des relations entre parents et enfants, du modèle familial à préserver ou non… Et dans la saison finale, c’est la question de la transmission qui est au coeur du récit, à différents niveaux : les enfants peuvent-ils échapper à leur héritage familial où sont-ils contraints de reproduire ce qu’ils ont vécu ? 

Mais Ozark est aussi une série sur notre monde capitaliste et sa violence, un monde où la fin justifie les moyens, où l’argent, et le pouvoir de l’argent, fait tourner la tête et corrompt les relations, les individus et les institutions. Comme le dit Chris Mundy, le showrunner de la série à propos de la saison finale : “Le capitalisme ne fonctionne que s'il y a un gagnant et un perdant.” Ozark l’illustre de façon cinglante…  

Il faut enfin souligner que ce qui fait aussi la réussite de la série, c'est son casting. Jason Bateman et Laura Linney sont extraordinaires dans les rôles de Marty et Wendy Byrde, de même que Julia Garner, la révélation de la série, dans le rôle de Ruth Langmore. 

Oui, Ozark se termine comme une grande série noire, dans un final qui laisse un goût amer. Et c’est bien qu’il en soit ainsi, c’est tout à fait cohérent avec l'histoire de la famille Byrde, et cela sert parfaitement le propos de la série. 

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Ozark, une série créée par Bill Dubuque, Mark Williams

4 saisons (44 épisodes au total) disponibles sur Netflix



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