Mémoires de jeunesse est une adaptation du livre autobiographique éponyme de Vera Brittain (Testament of Youth en anglais), ses mémoires de la première guerre mondiale.
Vera est une jeune femme qui ne veut pas se laisser enfermer dans le rôle alors assigné aux femmes. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'elle ne veut pas se marier... Mais c'est sans compter sur l'amour qui frappera à sa porte. En tout cas, elle veut devenir écrivain et elle arrive à convaincre son père de se présenter au concours d'entrée à Oxford. Et elle est reçue. Dans la première partie du film, c'est l'argument féministe qui prédomine. On y voit le peu de place laissée aux femmes dans la société de l'époque, la difficulté pour elles d'envisager autre chose que le rôle auquel on les limite (femme au foyer). On s'amuse aussi des rendez-vous galants chaperonnés, où les amoureux s'efforcent de semer celle qui les surveille.
C'est alors que survient la guerre et l'histoire prend une toute autre tournure. En réalité, même sans connaître l'histoire de Vera Brittain, on comprend dès la première scène du film que la guerre laissera pour elle des traces indélébiles : on est au moment de l'Armistice, tout le monde se réjouit dans les rues mais Vera a le visage fermé et fend la foule pour se réfugier dans une église. Alors qu'elle commence à peine ses études, le jeune frère de Vera s'engage dans l'armée. Son fiancé aussi. Et son monde va commencer à s'effondrer. Elle ne peut pas rester sans rien faire et décide de quitter ses études et de s'engager comme infirmière volontaire. Elle finira par se retrouver sur le front, en France, où elle se retrouvera même à soigner... les blessés allemands.
C'est dans cette deuxième partie que se trouvent les scènes les plus fortes, notamment dans les hôpitaux de guerre. Il y a des images chocs, des blessés et des morts venus du front. Mais aussi des scènes d'une grande force émotionnelle, liées au destin de Vera. Impossible de ne pas être bouleversé.
L'histoire de Vera Brittain force le respect et le film lui rend un vibrant hommage. La réalisation de James Kent, même si elle n'a rien de révolutionnaire, est excellente. Les images sont portées par une belle partition lyrique de Max Richter. Et le casting est bon. Avec, en particulier Kit Haringtion (célèbre pour son rôle de John Snow dans la série Game of Thrones).
Mais c'est surtout la performance d'Alicia Vikander, dans le rôle de Vera Brittain, qu'il faut souligner. Elle est déjà à l'affiche actuellement, dans un autre registre, du film Agents très spéciaux, où elle est très bien. Mais ici, elle crève l'écran ! Son interprétation est en tout point remarquable, intense et pleine de finesse à la fois. Une actrice à suivre !
Mémoires de jeunesse est un biopic fort, un drame poignant qui a de remarquables vertus féministes et pacifistes. A cet égard, l'épilogue du film mérite d'être souligné. On y assiste à une scène où Vera prend la parole pour un discours fort et touchant, contre le sentiment de vengeance qui montait alors et contre toute forme de guerre. Et de fait, Vera Brittain deviendra une grande militante pacifiste le reste de sa vie. Derrière le drame se dégage une belle leçon de vie et un exemple qui fait réfléchir.
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