lundi 9 février 2015

It Follows : flippant et magistral

It Follows est un film de genre qui repose sur une grande peur classique : l'impression d'être suivi. Par une sorte de malédiction, une lycéenne se retrouve suivie par "quelqu'un", qui prend la forme de proches ou d'inconnus, et qui marche lentement, cherchant à la tuer. Il n'y a qu'une seule échappatoire : transmettre la malédiction à quelqu'un d'autre, par le biais d'une relation sexuelle. Mais si cette personne "contaminée" est tuée, alors on remonte la chaîne... Bien-sûr, personne ne voit ces êtres tueurs, sauf celui qui est suivi, et celui qui lui a transmis la malédiction.

L'histoire est vraiment flippante et magistralement mise en scène. Il faut souligner la beauté formelle des images et la qualité des plans. Avec en particulier un usage remarquable du second plan, jusque dans la dernière scène du film. Je pense notamment à une scène dans un lycée où la caméra tourne lentement à 360° et où on voit par la fenêtre quelqu'un s'avancer petit à petit, inexorablement... Le spectateur se retrouve dans la situation de la victime, à scruter la foule ou le paysage pour voir si "il" arrive ! L'angoisse est remarquablement entretenue. Vous ne pourrez plus marcher dans la rue comme avant, sans observer ceux qui vous entourent !

L'histoire manie de nombreux symboles. Le fait que les héros du film soient des adolescents n'est pas un hasard... Des adolescents qui se retrouvent seuls face aux dangers, les parents étant totalment absents, pour différentes raisons. De plus le film se passe à Detroit, véritable ville fantôme. L'histoire fait penser aux chaînes morbides qui menacent de mort ceux qui ne la transmettent pas. La "malédiction" qui se transmet par les relations sexuelles fait planer l'ombre du SIDA. Tout cela donne au film une dimension plus profonde, quasi existentielle.

It Follows est un film angoissant, parfaitement maîtrisé; Un film qui parle de la mort, de l'angoisse de vivre face à une mort inexorable. Mais le film veut montrer qu'on ne peut pas y faire face seul. Le véritable amour est peut-être de choisir de partager les mêmes dangers.

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