La réalisation de Bennett Miller est admirable, d'une grande finesse, jouant les contrastes entre de très gros plans et des plans larges, exploitant remarquablement la lumière et proposant parfois de sublimes plans dans la pénombre. Il y a une tension, palpable dès les premières images. Et puis un engrenage qui s'enclenche dès la rencontre avec John du Pont. Même sans connaître le fait divers à l'origine du film, on sent très vite que ça va mal finir. Et pourtant quand le drame surgit, à la fin du film, quel choc !
Le film est porté par un formidable trio d'acteurs. Channing Tatum dans le rôle de Mark Schultz est impressionnant, tout en muscles... mais aussi tellement fragile. Incapable de se prendre en main, s'il se détache de son grand frère c'est pour tomber dans le filet d'un père de substitution toxique en la personne de du Pont. Mark Ruffalo, dans le rôle du grand frère Dave Schultz, est méconnaissable. Il incarne de façon très touchante ce bon père de famille et grand frère protecteur. Quant à Steve Carrell, il est tout bonnement incroyable dans le rôle de John du Pont, personnage à la fois pathétique et terrifiant, richissime héritier d'une grande famille, qui croit que tout peut s'acheter. Ses discours patriotiques, sa façon de vouloir prouver à sa mère, qui l'écrase, qu'il peut réussir, sa volonté, coûte que coûte, quitte à tricher et manipuler la réalité, d'apparaître comme un leader, un mentor, un gagnant. Voilà autant de traits d'une caricature grinçante du rêve américain.
Foxcatcher est un grand film, un drame poignant et inquiétant, filmé avec beaucoup de finesse et remarquablement interprété. Un film dont le choc des dernières images reste gravé longtemps après la fin du générique.
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