samedi 13 septembre 2025

Fondation (saison 3) : Une saison 3 toujours ambitieuse, imparfaite mais qui creuse son sillon

 

La saison 3 de l’ambitieuse série de science-fiction inspirée des romans cultes d’Isaac Asimov vient de se terminer sur Apple TV+. Les deux premières m’avaient laissé un sentiment mitigé, un peu moins marqué toutefois en saison 2… 

En fait, plus la série avance, plus je m’y habitue et j’arrive à l’apprécier. Avec cette saison 3, elle reste imparfaite, certes, mais elle creuse son sillon. Les libertés importantes prises avec les romans originels d’Isaac Asimov sont compréhensibles. On ne pouvait pas simplement adapter tels quels une série d’ouvrages de science-fiction écrits dans les années 1940-1950. Il fallait en faire une série du XXIe siècle. 

D’un point de vue visuel, aspect qui m’avait séduit dès la saison 1, c’est toujours une belle réussite, assez spectaculaire. 

C’est au niveau du scénario qu’il y a sans doute à redire. Outre certains rebondissements abrupts voire capillotractés, il y a toujours certains aspects de l’intrigue qui me chiffonnent, notamment autour du personnage de Demerzel. Toutefois, même ici je dois reconnaître que la saison 3 s’en sort pas trop mal. Et puis l’interprétation de Laura Birn est excellente. Les développements autour de l’Empire, et ses trois empereurs clonés simultanés (Aube, Jour et Crépuscule), sont toujours une des grandes réussites de la série. La grande attraction de la saison, c'est évidemment le Mulet, ce personnage mystérieux des romans d’Asimov. La façon dont la série l'interprète est plutôt convaincante, même si le rebondissement ultime dans le final de cette saison interroge quand même un peu… 

Quant à la toute fin de l’épisode final, qui ouvre des perspectives pour la saison 4, déjà confirmée, disons qu’elle témoigne d’une nouvelle appropriation de l’héritage d’Asimov, au-delà des trois romans originels de Fondation mais pas sans échos avec l’oeuvre globale de l’auteur. A suivre… 

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Fondation (saison 3), une série créée par David S. Goyer et Josh Friedman
avec Lou Llobell, Jared Harris, Lee Pace
Disponibles sur Apple TV+

lundi 30 juin 2025

The Bear (saison 4) : Une (dernière ?) saison profondément émouvante

 

Retour en cuisine pour The Bear avec une quatrième saison qui pourrait être la dernière. Cette fois, Carmy et son équipe ont deux mois pour sauver le restaurant. Le compte à rebours est lancé… littéralement, puisque une horloge est déposée dans la cuisine en début de saison pour désigner le temps qu’il reste avant de mettre la clé sous la porte : 1440 heures. 

En réalité, on passe globalement moins de temps en cuisine que dans les saisons précédentes. Mais ça ne veut pas dire que ça ne soit pas réussi. Au contraire, la série parvient à se renouveler avec une saison 4 sans doute plus introspective que les précédentes, mais qui fonctionne bien parce qu’on connaît désormais les personnages et qu’on s’est attaché à eux. Il y a encore, bien-sûr, quelques scènes en cuisine typiques de la série, dans le stress du coup de feu au restaurant, ou avec la gourmandise visuelle de plats qu’on aurait envie de goûter. Mais plus que jamais, l’accent est mis sur l’émotion, pour une série qui devient de plus en plus, au fil de la saison, un mélodrame, profondément émouvant. 

La réalisation est toujours impeccable, le casting toujours aussi convaincant, avec de nouveaux quelques guests qui font leur apparition, ou leur retour. Le récit demeure plein d'humanité, développant sous différents angles les façons dont une seconde chance peut être donnée à ses personnages, malgré leurs blessures et leurs failles. 

Et puis il y a bien-sûr LE morceau de bravoure de la saison. Cette fois c’est l’épisode 7 (qui dure 70 minutes) autour d’un mariage, avec une scène géniale sous une table… Mais, malgré quelques scènes de joutes verbales réjouissantes, c’est avant tout un morceau de bravoure émotionnel, au diapason du ton global de cette saison. 

Beaucoup d’émotion donc, d’autant qu’on ne sait pas encore s’il y aura une suite. Le final de la saison, avec un rebondissement inattendu et malgré une fin ouverte qui laisse pas mal de questions en suspens, ressemble quand même beaucoup à une conclusion. Et d'ailleurs plus j'y pense, plus je trouve que ce serait vraiment une belle manière de conclure la série !

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The Bear, (saison 4), une série créée par Christopher Storer
avec Jeremy Allen White, Ayo Edebiri, Ebon Moss-Bachrach
10 épisodes disponibles sur Disney+

dimanche 22 juin 2025

Querer : Quand les violences conjugales ne se voient pas...

 

Après 30 ans de mariage, Miren décide de quitter son mari et de porter plainte contre lui, pour violence conjugale. Lorsque leurs deux fils adultes l’apprennent, ils encaissent le choc et peinent à le croire… 

D’une grande force et d’une grande justesse, Querer est une mini-série espagnole à voir de toute urgence. L’intelligence de la série est de nous faire naviguer plutôt en zone grise : on n’est pas face à un méchant évident voire caricatural mais en présence d'un couple qui, au premier abord, semble normal, même si le mari est plutôt autoritaire et l’épouse plutôt effacée. 

Il n’y a aucun flashback dans la série, ce qui fait qu’on ne voit jamais les faits que Miren reproche à son mari. On constate son état de fébrilité, sa détresse… tout comme sa détermination. On voit par ailleurs le mari qui ne comprend pas ce qui lui arrive et qui nie tout ce qui lui est reproché. On voit aussi la réaction des deux fils, leur désarroi à devoir choisir qui croire de leur père ou de leur mère. Mais il y a quelques indices, comme par exemple le fils aîné qui semble commencer à reproduire ce qui est reproché à son père. 

La série pose la question des violences conjugales invisibles, comme celles de l’emprise ou du viol conjugal, des violences évoquées explicitement mais avec de pudeur, en restant centré sur la victime et ses proches. On constate combien la parole d’une victime comme Miren est difficile à entendre, voire niée, sa souffrance minimisée : elle est petit à petit isolée, délaissée par ceux qui refusent de la croire. 

L’épisode 3, autour du procès, permet de souligner la difficulté de juger de tels faits, d’arriver à prouver de telles violences… c’est la parole de l’un contre la parole de l’autre. Et à qui bénéficie le doute ? 

Enfin l’épisode 4 termine la série de manière magistrale, avec un récit à la fois d’une finesse et d’une intensité extraordinaires, dans lequel les masques tombent un peu. Le dernier plan de l’épisode final, très beau, dit tout du parcours de Miren. A jamais marquée, fragilisée par ce qu’elle a enduré, elle avance malgré tout, avec une reconstruction et un avenir possible pour elle. 

On a comparé Querer à Adolescence, au moins pour son impact, la prise de conscience à laquelle la série peut mener. Mais l’approche est tout de même très différente. Il ne s’agit pas de dire que l’une a raison et l’autre pas. Mais Querer adopte un ton spécifique, plein de retenue et de pudeur, ce qui n’enlève aucunement la force du propos. Sur un sujet essentiel, Querer est une série nécessaire qui peut, on l’espère, amener à des prises de conscience et, c’est certain, alimenter de saines discussions sur le couple et les pièges de l’emprise, voire des remises en question salutaires.

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Querer, une mini-série créée par Alauda Ruíz de Azúa, Eduard Sola et Júlia De Paz Solvas 
avec Nagore Aranburu, Pedro Casablanc, Miguel Bernardeau
Disponible sur arte.tv

lundi 26 mai 2025

The Last of Us (saison 2) : Un récit de survie et de vengeance, au risque de perdre son humanité

 

La deuxième saison de The Last of Us, adaptation en série d’un célèbre jeu vidéo, vient de se terminer sur Max. Et cette nouvelle saison est aussi réussie que la première. La suite des aventures d’Ellie et Joel est toujours aussi incertaine et dangereuse. Et bien que la menace des personnes infectées par le cordyceps demeure, les plus grands dangers viennent d’ailleurs. Et ils prennent encore de nouvelles formes au cours de cette saison 2… 

Une des thématiques centrales de la série est la redoutable spirale de la violence et de la vengeance, au risque de perdre son humanité. C’est ce qui en fait une série sombre mais passionnante, parfois dérangeante (intentionnellement).  

Ce qui fait par ailleurs la force de la série, c’est qu’elle parvient non seulement à proposer un survival post-apocalyptique tendu et stressant, mais qu’elle réserve aussi de nombreux moments d’émotion, poignants et même déchirants. C’est le cas, cette saison, du magistral épisode 6, tout entier fait de flashbacks évoquant l’évolution de la relation entre Joel et Ellie, et remontant même bien plus en amont, expliquant de nombreux points restés dans l’ombre jusque là.  

Et puis il y a toujours l’étonnante performance de Bella Ramsey dans le rôle d’Ellie. Et plus globalement d'un très bon casting d'ensemble. 

La saison 2 se termine, comme il se doit, avec un gros cliffhanger… Il va falloir attendre la saison 3 pour connaître la suite (en tout cas pour ceux qui, comme moi, ne connaissent pas le jeu vidéo). 

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The Last of Us (saison 2), une série créée par Neil Druckmann et Craig Mazin
avec Bella Ramsey, Pedro Pascal, Gabriel Luna
Saison 1 (9 épisodes) disponible sur Amazon Prime Video

jeudi 22 mai 2025

The Studio : une satire féroce et hilarante du petit monde d'Hollywood

 

Matt Remick est nommé comme nouveau directeur de Continental Studios, une société de production de films en difficulté. Normalement, Matt est plutôt amateur de films d’auteurs mais pour sauver Continental, il devra accepter de financer un blockbuster autour de la mascotte de Kool-Aid, un célèbre mélange pour boissons artificiellement aromatisées. 

The Studio est une satire féroce et très drôle du petit monde d'Hollywood. Chaque épisode est un jeu de massacre, tout part en sucette… et c’est hilarant. Les derniers épisodes sont particulièrement délirants : l’épisode 8 lors de la cérémonie des Golden Globes, et le double épisode 9-10 pendant le CinemaCon à Las Vegas. 

On retrouve dans la série une pluie de guests prestigieux, et cela à chaque épisode (dès le premier épisode on croise Martin Scorsese par exemple !). Ils jouent en général leur propre rôle, ou plutôt une caricature de leur propre rôle, pleine d’autodérision très réjouissante. 

Les épisodes, courts, sont hyper-rythmés, sans temps mort. Ils sont tous tournés en plans-séquences. Et même, pour l’épisode 2 qui raconte justement la visite du boss sur le plateau d’un film où doit être tourné un plan-séquence, c’est l’ensemble de l’épisode qui n’est qu’un seul plan-séquence de 25 minutes.

Le tour de force de la série, en plus d’être hilarante et brillamment interprétée, c’est de parvenir, derrière la satire mordante, à être finalement aussi une ode au cinéma… Génial. 

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The Studio, une série créée par Seth Rogen, Evan Goldberg et Peter Huyck
avec Seth Rogen, Catherine O'Hara, Ike Barinholtz
Disponible sur Apple TV+