La guerre froide bat son plein. Scénariste reconnu, Dalton Trumbo est accusé, en plein maccarthysme, d'être communiste. Il se retrouvera emprisonné puis placé sur une liste noire aux côtés d'autres scénaristes hollywoodiens, désormais interdits de travailler dans l'industrie du cinéma. Il arrivera toutefois à contourner cet obstacle, avec le soutien de toute sa famille, en signant des scénarios sous différents pseudonymes, et récoltant même deux oscars. Mais cela ne va pas sans certains dégâts collatéraux...
La même période de l'histoire de Hollywood a été récemment abordée, avec brio, par les frères Coen dans leur cynique et jubilatoire Ave Cesar. Le ton ici est tout autre. Dalton Trumbo est un biopic plutôt classique, comme on sait si bien les faire à Hollywood, mais très bien réalisé, bien équilibré, avec une histoire forte et passionnante.
Il y a bien-sûr d'abord le personnage principal, un vrai personnage de film mais dont on ne cache pas d'ailleurs les paradoxes (il est à la fois défenseurs des idées communistes tout en menant une vie très aisée, il combat pour des idées et poursuit des ambitions personnelles...) ni les excès. Mais il y a aussi un beau portrait d'une famille, embarquée toute entière dans les turbulences traversées par le père, solidaire malgré tout, mais dont la cohésion est surtout maintenue par la mère.
Il y a enfin la plongée dans la terrible chasse au sorcières du maccarthysme, notamment dans le milieu du cinéma de cette époque, avec cette capacité qu'ont les Américains à regarder en face les zones d'ombre de leur propre histoire. Et finalement le film offre des échos actuels étonnants avec ce récit qui témoigne des dangers et des dégâts causés par des lois dictées par la peur...
Dalton Trumbo est donc un biopic passionnant, saupoudré d'humour et avec quelques scènes d'une grande émotion, notamment à la fin du film, lors du discours de Trumbo lorsqu'il reçoit un prix dans les années 70 et évoque la période du maccarthysme, ou lorsqu'il voit, enfin, son nom au générique d'un grand film, lors de la projection de Spartacus.
Bryan Cranston est parfait dans le rôle titre, Diane Lane très touchante dans le rôle de son épouse. Beaucoup de personnages gravitent autour de Trumbo et participent à la réussite du film, je pense notamment à une formidable Helen Mirren dans le rôle de la redoutable et influente Hedda Hopper, un John Goodman égal à lui-même en producteur de films pourris, la jeune Elle Fanning qu'on n'a pas fini de voir sur les écrans ou le toujours très bon Michael Stuhlbarg (je suis fan de cet acteur !). A noter enfin une très bonne bande originale de Theodore Shapiro, aux accents jazzy.
Pour son sujet passionnant, sa réalisation impeccable, ses performances d'acteur de grande qualité, il n'est pas impossible que Dalton Trumbo figure dans mon palmarès en fin d'année...
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