mercredi 27 juillet 2016

La couleur de la victoire : l'esprit olympique à l'épreuve du nazisme et de la discrimination raciale

La couleur de la victoire raconte l'histoire de Jesse Owens, athlète noir américain qui remporta quatre médailles d'or aux Jeux Olympiques de Munich en 1936, au grand dam d'Hitler. C'est un biopic intéressant sur l'esprit olympique à l'épreuve du nazisme et de la discrimination raciale.

On peut peut-être reprocher au film de toucher à beaucoup (trop ?) de sujets différents (olympisme, compétition sportive, propagande nazie, discrimination raciale, dangers de la notoriété, liens du sport et de la politique, etc...) et de les effleurer seulement. Mais le film peut du coup nous inviter à aller plus loin et creuser tel ou tel sujet.

De fait, la décision du comité olympique américain de boycotter ou non les JO de Munich à cause du régime nazi, alors que l'Amérique elle-même est profondément marquée par la discrimination raciale est sans doute le point de réflexion le plus intéressant et le film le met assez bien en valeur.

Au final, La couleur de la victoire est un bon film, de facture classique, mais qui atteint parfois un souffle certain, notamment dans la compétition olympique elle-même : par exemple lors de l'arrivée de Jesse Owens dans l'immense stade de Munich ou avec le face-à-face dans le concours de saut en longueur avec l'athlète allemand Luz Long (et son courage d'affronter ouvertement par son attitude l'idéologie nazie).

Le casting fait le job. Avec une mention spéciale tout de même à l'acteur allemand Barnaby Metschurat, excellent dans le rôle de Goebbels.

lundi 25 juillet 2016

Elvis & Nixon : une comédie drôle et ginçante

Décembre 1970, en plein vol entre Los Angeles et Washington, Elvis Presley écrit une lettre adressée au président des USA, Richard Nixon. Il lui fait part de ses inquiétudes pour les jeunes de son pays et de sa volonté de se mettre au service de sa nation pour qu'elle s'en sorte. Il apportera lui-même cette lettre à la Maison Blanche pour solliciter un rendez-vous avec le président... et lui demander de le nommer agent du FBI. 

Cette incroyable histoire est pourtant vraie, et elle est à l'origine d'une célébrissime photo de Nixon et Elvis. Le scénario s'appuie sur le livre de Jerry Schilling, ami porche d'Elivs et témoin de cet épisode, et sur le recueil de notes manuscrites prise par le conseiller de Nixon, Egil Krogh. Le film est porté par deux excellents comédiens : Michael Shannon (Elvis) et Kevin Spacey (Nixon). Pourtant, ni l'un ni l'autre ne ressemblent physiquement au personnage qu'ils incarnent. Pourtant, ils sont incroyablement crédibles, grâce à leur gestuel, leur posture, leur jeu. Chapeau les artistes !

Le film culmine dans l'entrevue en tête-à-tête entre Elvis et Nixon dans le bureau ovale de la Maison Blanche. Leur dialogue sur la décadence de Woodstock ou l'anti-américanisme des Beatles, tout en grignotant des M&M's et sirotant du Dr Pepper, est assez jubilatoire. 

Elvis & Nixon est donc une comédie satirique, drôle et grinçante, qui égratigne au passage une certaine Amérique, qui n'est pas sans rappeler un peu celle de Trump... 

jeudi 14 juillet 2016

Le grand livre : un passionnant voyage dans le temps

J'avais découvert Connie Willis avec Black Out et All Clear, son diptyque sur le Blitz, au coeur de la deuxième guerre mondiale, chef d'oeuvre mêlant science-fiction et histoire, par le biais du voyage dans le temps. Le grand livre emploie le même procédé : au XXIe siècle, le voyage dans le temps a été découvert mais il est réservé aux historiens qui peuvent ainsi observer au plus près les différentes périodes de l'histoire. Pour éviter les paradoxes temporels, le voyage dans le temps s'auto-régule, impliquant parfois quelques décalages temporels dans les transferts. Ecrit avant Black Out et All Clear, au début des années 90, Le grand livre propose un voyage au Moyen-Âge, en pleine épidémie de peste.

C'est un roman passionnant, avec une intrigue haletante et des personnages attachants. Kivrin, jeune étudiante brillante, est transférée en 1320 pour observer la vie quotidienne au Moyen-Âge, et ce malgré les réserves de son professeur qui la trouve trop inexpérimentée. Près de 30 ans avant la grande épidémie de peste, tout devrait bien se passer, les décalages temporels restant minimes. Mais les choses se compliquent quand suite au transfert, une épidémie mystérieuse se répand dans l'université d'Oxford, au XXIe siècle. Certains pensent qu'elle est due à un virus venu du passé, peut-être à cause du transfert de Kivrin. Mais c'est impossible ! Aussi impossible qu'un décalage de 28 ans lors d'un transfert temporel. A moins que...

Le roman est construit sur deux récits en parallèle, l'un au XXIe siècle, l'autre au XIVe siècle. Deux récits d'épidémie, celle de la peste au Moyen-Âge et celle d'un virus inconnu au XXIe siècle. On y retrouve, comme dans Black Out et All Clear, le même souci minutieux de faire vivre le quotidien de personnages ordinaires au coeur d'une période troublée de l'histoire. Avec Kivrin, on découvre le quotidien d'une famille au Moyen-Âge, ses us et coutumes, ses croyances et superstitions, son hygiène (!). Dans sa deuxième partie, le roman nous fait vivre de l'intérieur l'horreur de la grande épidémie de peste, dans des pages très fortes.

La religion occupe une place importante dans le récit. Au milieu du XXIe siècle, elle a évolué de façon assez grotesque (non sans rappeler une certaine "soupe" religieuse que notre époque propose parfois à nos contemporains...). Au Moyen-Âge, elle était mêlée de superstitions, si bien que Kivrin la regarde au début avec scepticisme. Mais son regard change petit à petit, au coeur de l'horreur, notamment grâce au personnage du prêtre du village, jusqu'à un dénouement très touchant.

Le grand livre n'atteint peut-être pas les sommets de Black Out et All Clear, qui bénéficiaient d'une intrigue plus riche et complexe, mais il n'en est pas moins un roman passionnant, qui se lit très vite malgré ses 700 pages en livre de poche.

lundi 4 juillet 2016

La tortue rouge : une pure merveille !

Naufragé, un homme se retrouve seul sur une île déserte. A plusieurs reprises il tente de la quitter à bord d'un radeau qu'il construit mais à chaque fois, son embarcation est détruite par une mystérieuse tortue rouge et il est contraint de faire demi-tour. Mais un jour, la tortue sort de l'eau et rejoint l'homme sur l'île...

Ce film d'animation est une pure merveille, un conte philosophique sans parole, absolument bouleversant ! L'histoire est simple et belle, empreinte de poésie. Avec un argument écologique, évoquant l'harmonie avec la nature, une nature parfois hostile et dangereuse (impressionnante scène de tsunami), mais aussi et surtout avec un argument métaphysique, l'histoire évoquant toutes les étapes de la vie (naissance, amour, transmission, séparation, mort...).

Le tout sans aucun dialogue ! Un choix qui se révèle tout à fait judicieux, en laissant toute la place à l'animation, épurée et belle, avec des lignes claires. Et en l'absence de dialogue, une place essentielle revient à la musique, magnifique, de Laurent Perez Del Mar.

La tortue rouge est un film rare qui nous emporte dans un voyage onirique, plein d'émotion, jusqu'à la magnifique scène finale. Un film qui magnifie la nature et l'amour, qui célèbre la vie, et offre 80 minutes de bonheur dont on ressort à la fois ému et plein de sérénité. Une pure merveille...