lundi 22 mai 2023

The Big Door Prize : le potentiel de votre vie... ou pas !


Deerfield est une petite ville tranquille, au fin fond des USA. Un jour, dans une épicerie en ville, apparaît une mystérieuse cabine sur laquelle est dessinée un papillon bleu et inscrit un simple vocable énigmatique : Morpho. En y pénétrant, on se retrouve devant un écran avec cette question : “voulez-vous découvrir votre potentiel de vie ?” Si on suit les instructions qui s’affiche, la machine délivre une carte sur laquelle est inscrite, en un ou deux mots, le potentiel de vie de la personne. 

Evidemment, chacun s’efforce de décrypter le sens des mots figurant sur leur carte. Pour certains c’est une évidence, pour d’autres un mystère insoluble. Certains exhibent leur carte, d’autres la cachent, d’autres enfin refusent tout simplement d’utiliser la machine. Petit à petit, l’effervescence gagne la petite ville, certains habitants se remettent en cause et font des choix de vie radicaux, d’autres résistent et ne veulent pas se laisser influencer par un mot délivré par une machine… 

La saison 1, qui vient de se terminer sur Apple TV+ avec un dernier épisode qui ouvre sur une saison 2 déjà prévue, est constituée de dix épisodes d’une trentaine de minutes. Série chorale, chaque épisode est centré sur un des habitants de la ville, ce qui permet souvent de lever le voile sur une partie de leur passé ou sur leurs relations avec d’autres habitants de la ville. 

Légère et assez ludique, avec ce qu’il faut de petites touches d’émotion, la série se situe entre la comédie sociale et la fable philosophique, avec une pointe de fantastique. La forme est, certes, assez classique mais la série revêt un charme certain, tout en touchant finalement à de grandes questions existentielles autour du sens de la vie et du libre-arbitre. 

Emmené par l’excellent Chris O’Dowd, dans un rôle qui lui va comme un gant, le casting est de bonne qualité et la galerie de personnages tout à fait réjouissante. 

Une jolie réussite pour une série très plaisante à regarder, pour se divertir sans s'interdire de réfléchir un peu ! 

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The Big Door Prize, une série créée par David West Read
avec Chris O'Dowd, Gabrielle Dennis, Djouliet Amara
10 épisodes sur Apple TV+

lundi 15 mai 2023

State of the Union : thérapies de couples

 

Chaque semaine, un couple en crise se retrouve quelques minutes avant de se rendre à leur session de thérapie de couple et ils discutent. Dans la saison 1, c’est Louise et Tom, deux quadragénaires, qui se retrouvent dans un pub. Dans la saison 2, c’est Ellen et Scott, la soixantaine, qui se retrouvent dans un café branché du Connecticut. 

La série se présente sous un format court original (10 épisodes de 10 minutes environ), avec un dispositif assez minimaliste. Dans la saison 1, il y a quelques personnages secondaires qui apparaissent, toujours très courtement. Dans la saison 2, un troisième personnage intervient plus régulièrement. L'essentiel du récit repose donc sur les dialogues, d'ailleurs très bien écrits, du couple. Tous les épisodes sont réalisés par Stephen Frears, avec d'excellents acteurs. Autant dire qu'on n'hésite pas à enchaîner les dix épisode d'une saison qui se regarde en une petite soirée à peine ! 

Il y a un côté ludique à reconstituer, d’un épisode à l’autre, ce qui a pu se passer au cours de la semaine écoulée et qui se révèle, parfois explicitement, parfois implicitement, dans les dialogues du couple. On se prend au jeu de savoir comment leur histoire va se terminer, en voyant l’évolution des personnages et de leur relation. Les dialogues sont très finement écrits, drôles, parfois touchants. Et ils font souvent mouche pour évoquer les questions et les défis qui se posent aux couples pour durer. 

State of the Union est une sorte de complément, plus léger mais pas moins fin, d’En thérapie, cette fois sans jamais assister aux séances elles-mêmes. Excellent ! 

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State of the Union, une série créée par Nick Hornby
avec Rosamund Pike, Chris O'Dowd, Patricia Clarkson, Brendan Gleeson
2 saisons de 10 épisodes, disponible sur Arte.tv 

mardi 2 mai 2023

Acharnés : vengeance, mesquineries et crise existentielle

Devant un magasin de bricolage, Danny recule pour sortir du parking alors qu’Amy passe juste derrière lui en voiture. L’accident est évité de peu mais les deux conducteurs s’invectivent et Amy finit par faire un doigt d’honneur. Une course poursuite s’engage alors entre les deux conducteurs en fureur, qui se termine miraculeusement sans gravité. Mais cet épisode transforme ces deux inconnus en véritables ennemis et les conduit à une escalade de vengeance l’un envers l’autre. 

Acharnés est une comédie noire qui parvient de façon assez surprenante à mêler le ton de la farce à l’émotion, avec une bonne dose d’introspection. C’est caustique, cru, parfois violent, souvent imprévisible… et ça dit finalement pas mal de choses sur notre époque, notamment du stress et du mal-être qu’elle provoque. 

Les premiers épisodes sont assez trépidents, décrivant l’absurde et inquiétant effet boule de neige d’une spirale bête et méchante de vengeance. Le rythme change avec les épisodes du milieu, qui permettent de mieux connaître les personnages, de comprendre leurs fragilités et pourquoi ils se retrouvent, soudain, les nerfs à vif. Les deux derniers épisodes offrent une conclusion convaincante, d’abord en décrivant jusqu’où peut conduire une spirale de vengeance, ensuite en proposant un dénouement finalement assez surprenant et plein d’émotion. Tout n’est pas parfait dans la série, notamment dans les épisodes du milieu, moins convaincants, mais son ton original et son récit assez imprévisible emportent l'adhésion. 

Il faut aussi souligner la performance des deux acteurs principaux : Steven Yeun, qu’on connaît depuis son personnage de Glenn dans The Walking Dead, et surtout Ali Wong, que je ne connaissais pas et qui crève le petit écran. 

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Acharnés, une série créée par Lee Sung-Jin
avec Steven Yeun, Ali Wong, Patti Yasutake
10 épisodes disponibles sur Netflix