mercredi 24 avril 2013

L'écume des jours : surréaliste et étonnant !

Il fallait être gonflé pour tenter l'adaptation au cinéma du livre de Boris Vian. Michel Gondry a osé et il réalise un film étonnant et surréaliste. Et par ce fait, bien dans l'esprit de Boris Vian.

Tout commence dans une fantaisie légère et pétillante pour se terminer dans le désespoir le plus noir. Le scénario s'accompagne d'un travail étonnant sur l'image. Au début, les couleurs sont éclatantes et, imperceptiblement, elles se ternissent petit à petit jusqu'à une image en noir et blanc, et même simplement grise, gagnée par le noir à la fin du film. Les effets spéciaux "à l'ancienne" sont volontairement kitsch. Réalistes, ils n'auraient pas été à leur place. On est ici dans la poésie, même si elle est parfois cruelle et morbide.

Il y a bien quelques longueurs mais aussi de belles trouvailles. Et même quelques scènes mémorables : l’hystérie collective à la conférence de Jean-Sol Partre, façon rock-star, déclamant un discours incompréhensible dans une pipe géante !

Histoire d'amour dramatique, le film montre comment toute une vie peut basculer lorsqu'un petit grain de sable (ici, un nénuphar dans le poumon de Chloé) vient s'insérer dans les rouages et enclencher une machine infernale. Le film devient oppressant, avec la maison de Colin qui s'assombrit, envahie par des toiles d'araignée, se rétrécit et même change d'environnement pour se retrouver au bord du périphérique avec les voitures, le bruit et la pollution.

Une citation du livre de Boris Vian est mise en évidence dans le film : "Les gens ne changent pas, ce sont les choses qui changent." Mais les choses peuvent étouffer les gens, et les tuer. Surtout dans une société déshumanisée où les hommes ne sont que des machines jetables...

Pas très optimiste tout ça ! C'est vrai... Pour garder le sourire, on se souviendra de la première moitié du film et son univers surréaliste délirant. La fin du film nous fera réfléchir à la fragilité de notre vie, la fragilité du bonheur.

Surréaliste et étonnant : un pari réussi pour Michel Gondry !

vendredi 19 avril 2013

The Grandmaster : envoûtant !

The Grandmaster, c'est l'histoire de Ip Man, maître légendaire du Kung-Fu et maître de Bruce Lee en particulier. Un film envoûtant, avec des plans d'une beauté à couper le souffle.
C'est donc un film de Kung-Fu, certes. Avec des combats spectaculaires et chorégraphiés, usant de ralentis à profusion. Mais quelle esthétique extraordinaire ! La scène du duel sur le quai de la gare est inoubliable ! 
Mais c'est aussi un film lyrique, onirique, émouvant. Une histoire d'honneur et d'amour impossible. 
Il y a aussi quelque chose de Sergio Leone : de grands espaces, les gros plans sur les visages, une tension avant les duels... Ce n'est pas un hasard si la musique d'Ennio Morricone est utilisée dans le film. En particulier dans une longue scène bouleversante, en fin de film, avec les retrouvailles de Ip man et Gong Er (le personnage joué par Zhang Ziyi, sublime). 
Pas de doute : Wong Kar-Wai est un grand maître !

mercredi 3 avril 2013

Augustus : un loto tactique chez les Romains

Augustus, c'est un peu un loto revisité. Mais c'est bien mieux qu'un simple loto. En fait, le mécanisme est tellement simple qu'on s'étonne de ne pas l'avoir vu déjà utilisé dans un jeu de société moderne ! Dans sa catégorie - jeu familial malin - Augustus a tout pour devenir un classique.
Chaque joueur a devant lui trois objectifs à remplir (soit des provinces à contrôler soit des sénateurs dont il faut obtenir le soutien). Un crieur publique va piocher un à un des jetons dans un sac et annoncer le symbole qui y figure dessus. Comme au loto, si vous avez le même symbole sur l'une de vos cartes objectifs, vous pouvez y placer une légion. Mais attention : sur un seul symbole, même si vous l'avez sur plusieurs cartes. Il faut choisir... Lorsque le crieur tire un jeton joker du sac, on peut placer une légion sur le symbole de notre choix, puis tous les jetons sont remis dans le sacs et le voisin de gauche devient le nouveau crieur publique. A noter aussi que certains symboles sont plus rares que d'autres ce qui rend certains objectifs plus difficiles à réaliser que d'autres. 
Lorsqu'une carte objectif est remplie, vous criez "Ave César !". Vous récupérer toutes le légions posées dessus et vous bénéficiez de l'éventuel bonus associé à la carte. Puis vous choisissez parmi cinq cartes un nouvel objectif. Le jeu se poursuit jusqu'à ce qu'un joueur ait réalisé 7 objectifs. Il faut encore ajouter qu'il y a des tuiles bonus que vous pouvez récupérer en fonction des objectifs réalisés. Il y a bien sûr une bonne part de hasard mais aussi quelques choix intéressants à faire, des prises de risque et une gestion des probabilités.
Bref, Augustus est un jeu familial vraiment très réussi. Vite expliqué, les parties sont courtes, quel que soit le nombre de joueurs (comme à 7 Wonders, tout le monde joue en simultané). Le jeu fait le buzz dans le petit monde ludique et c'est mérité ! A mon avis, ça sent bon l'As d'or et même, pourquoi pas, le Spiel des Jahres !