lundi 18 avril 2016

Tout pour être heureux : sincère et juste

Antoine est musicien et il essaye de produire de nouveaux artistes, mais il enchaîne les échecs. Dans son couple, ça ne va pas très fort. Il faut dire qu'Antoine, égoïste et insatisfait, n'y met pas trop du sien. Et cela conduit inévitablement à la séparation. Mais quand Alice lui confie, par surprise, leurs deux filles de 5 et 9 ans pour 15 jours, Antoine va découvrir une paternité qu'il n'a jamais véritablement assumée jusqu'ici.

Tout pour être heureux est un film sincère et juste, ni moraliste ni idéaliste, qui fait réfléchir sur le bonheur, le couple, la paternité. Un film que tous les papas devraient aller voir !

Au moment de leur séparation, Alice dit à Antoine : "on avait tout pour être heureux... si tu n'avais pas toujours cherché ce que tu n'avais pas !" Et Antoine va petit à petit s'en rendre compte, on découvrant son rôle de père et en réalisant à côté de quoi il était passé jusque là. Mais est-il possible de recoller les pots cassés ou y a-t-il des choses qu'on a définitivement cassées ?

Manu Payet est très touchant dans le rôle d'Antoine, dans une comédie dramatique qui nous invite à réfléchir à nos priorités et mesurer les conséquences de nos choix de vie. Une vraie bonne surprise !

lundi 4 avril 2016

Médecin de campagne : un film pétri d'humanité

Jean-Pierre, médecin, assure son métier avec un complet dévouement dans son coin de campagne. Tout le monde peut compter sur lui, jour et nuit. Quand une tumeur au cerveau lui est diagnostiquée, son collègue lui demande de lever le pied et lui envoie Nathalie, ancienne infirmière et nouvelle médecin, pour le seconder. Mais Jean-Pierre a du mal à passer la main et l'apprentissage de médecin de campagne n'est pas évidente pour Nathalie...

Après Hippocrate, Thomas Lilti nous emmène à la campagne. Son regard est évidemment extrêmement réaliste, étant lui-même médecin. Mais quelle humanité ressort de ce film ! Dans l'investissement personnel des deux héros médecins, dans leur lien avec les patients, dans la solidarité qui se manifeste de plusieurs manières. Ce n'est pas pour autant un film idéaliste. Il évoque aussi les difficultés de la désertification médicale dans les campagnes, les conséquences personnelles et familiales d'un métier vécu comme un sacerdoce, les questions liées à l'accompagnement des personnes en fin de vie (hospitalisation ou non).

Dans un monologue très fort, vers la fin du film, le personnage de François Cluzet évoque le combat du médecin pour essayer de réparer les dégâts causés par la nature. Même si, bien-sûr, il y a de belles choses dans la nature, elle est aussi impitoyable, et c'est elle qui l'emporte à la fin... Mais ce combat est aussi une lutte pour la dignité. Elle ressort avec force, dans le film, dans le personnage de ce jeune autiste obsédé par la première guerre mondiale ou dans celui de ce patient très âgé qui a fait promettre au docteur de ne plus jamais l'hospitaliser.

Dans le rôle de médecin expérimenté, François Cluzet est magnifique. Son interprétation est en tout point remarquable. Marianne Denicourt aussi est très bien dans le rôle de celle qui apprend, avec patience, le métier de médecin de campagne.

Médecin de campagne est le genre de film capable de faire naître des vocations médicales. Mais c'est aussi un film qui peut redonner espoir dans l'humanité. Les films de Thomas Lilti devraient être remboursés par la sécurité sociale !

Rosalie Blum : espiègle et tendre, un film qui donne la banane !

Vincent a une vie monotone. Il a hérité du salon de coiffure de son père et vit sous la coupe de sa mère, envahissante. Un jour, il croise Rosalie par hasard et est persuadé de l'avoir déjà vue. Il décide alors de la suivre partout, discrètement. Mais Rosalie s'en rend compte, et elle charge sa nièce, Aude, de le suivre à son tour. Ce petit jeu de filature va mettre du piment dans la vie de ces trois personnes seules dont le passé et la personnalité vont petit à petit se révéler.

Rosalie Blum, inspiré d'une BD, est un film espiègle et tendre, qui donne la banane ! L'histoire parle de la rencontre de trois personnes qui souffrent de solitude et d'ennui. Et même si on devine assez vite comment tout cela va se terminer, le scénario, habile, révèle petit à petit trois personnages attachants qui vont être changés par leur rencontre, et réserve de jolies surprises... jusqu'à l'épilogue.

Il y a dans le film un aspect ludique tout à fait réjouissant, des situations drôles et émouvantes, des personnages attachants, avec un regard tendre et bienveillant porté sur eux. Les personnages secondaires apportent indéniablement un plus au film (à comencer par la mère de Vincent, incarnée par l'excellente Anémone, mais aussi le colocataire foutraque d'Aude).

Il y a dans ce film quelque chose d'Amélie Poulain, avec en plus un regard sociétal intéressant sur la solitude aujourd'hui. Premier film de Julien Rappeneau, Rosalie Blum est vraiment une belle réussite !

samedi 2 avril 2016

Silo : un phénomène éditorial et une bonne lecture SF !

Dans un monde post-apocalyptique, quelques milliers d'êtres humains survivants vivent cloîtrés dans un immense silo de 144 étages qui s'enfonce dans le sol, avec un unique escalier central. Tout est minutieusement organisé et contrôlé. Une hiérarchie sociale s'est mise en place, depuis les classes dominantes, au plus près de la surface, jusqu'aux machinistes, tout au fond du silo. Tout est contrôlé, les naissances, les communications, les sujets qu'il est permis d'évoquer ou non, à commencer par la dernière grande insurrection...

Ceux qui enfreignent la loi sont condamnés à être expulsés du silo, pour accomplir une dernière tâche : nettoyer les capteurs extérieurs qui transmettent les images du monde extérieur désolé et sans vie. Et tous ceux qui sont expulsés, bizarrement, le font... avant de s'écrouler et de mourir, asphyxiés par l'air extérieur toxique.

Mais la version officielle est-elle vraiment conforme à la réalité ?

D'abord auto-publié sur Internet, par épisodes, Silo rencontre un franc succès. Il est finalement publié et vendu à plus de 500000 exemplaires aux USA, et traduit en 24 langues ! Véritable phénomène éditorial, ce roman post-apocalyptique se lit avec plaisir. Hugh Howey fait preuve d'un talent de conteur, ménageant les rebondissements et les cliffhangers qui invitent à poursuivre la lecture des 740 pages du livre. On est tenu en haleine, jusqu'au dénouement final.

Les personnages, assez archétypiques, sont attachants. L'histoire est assez classique, maniant les thèmes sociaux et politiques dans une dystopie post-apocalyptique en milieu confiné : responsabilité politique, résistance ou soumission, lutte de classes, histoire et révisionnisme... j'aurais aimé que l'auteur développe plus la dimension "religieuse", liée à la mythologie sur l'origine du silo et la vision du monde, juste effleurée dans le livre.

Il n'empêche, Silo reste vraiment un bon roman SF, très accessible, dont je recommande la lecture !