jeudi 30 janvier 2014

Gueules noires : gérer sa mine de cubes en bois, c'est sympa !

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Le duo Kramer & Kiesling est de retour ! Ces deux auteurs de jeu allemands, qui ont créé beaucoup de jeux ensemble et non des moindres (Tikal !), a publié dernièrement "Gueules noires", un jeu de gestion de mine de charbon.

C'est un jeu de placement d'ouvriers, de facture assez classique mais qui fonctionne très bien. C'est vraiment un jeu à l'allemande (une mécanique bien huilée) et même si l'immersion n'est pas totale, le thème est finalement plutôt bien rendu. 

Dans "Gueules noires", il s'agit d'envoyer vos ouvriers réaliser différentes actions : acheter des berlines pour transporter le charbon (des cubes en bois, évidemment !), travailler dans la mine, signer des contrats, livrer les contrats remplis ou investir pour gagner de l'argent. A son tour, un joueur peut placer ses ouvriers (des autres cubes en bois !) sur différentes cases du plateau. Mais si la case est déjà occupée, il faut placer un ouvrier de plus que le nombre d'ouvriers déjà présents. C'est plutôt malin et nous oblige à gérer au mieux nos ouvriers qui sont en nombre limité. Tout comme la gestion de l'ascenseur où il faut optimiser les déplacements pour ramener le charbon à la surface, ou la gestion des contrats pour trouver le moment opportun pour les livrer. A chaque contrat livré, on marque des points de victoire. De plus, il y a trois décomptes au cours de la partie, où on marque des points en fonction de majorités liées aux contrats livrés, selon un barème qui évolue au fur et à mesure de la partie. 

Bref, "Gueules noires" n'a rien de révolutionnaire dans ses mécanismes mais tout est parfaitement huilé, avec beaucoup d'interaction entre les joueurs, pour un jeu très fluide. Du placement d'ouvriers, des mécanismes de majorité, le tout à la sauce Kramer-Kiesling : je savais que Gueules noires me plairait bien... et c'est le cas !
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Gueules noires, de Wolfgang Kramer et Michael Kiesling, édité en France par Gigamic.

lundi 27 janvier 2014

12 Years A Slave : quel choc !

Un vrai choc... 12 Years A Slave est un film coup de poing dont on ne sort pas indemne.

Basé sur un fait réel, le film raconte l'histoire de Solomon Northup, un jeune homme noir vivant dans l’État de New York. C'est un homme libre, marié et père de deux enfants. Mais un beau jour, il est enlevé et vendu comme esclave.

Il y a quelques scènes assez insoutenables, notamment des scènes de torture. Pour autant, ce ne sont pas des scènes de violence gratuite : elles servent le propos du film qui veut dénoncer les atrocités de l'esclavage. Le film montre aussi combien les esclaves étaient traités comme du bétail. La scène où le marchand exhibe ses esclaves nus pour les vendre au meilleur prix fait froid dans le dos...

Le thème et le scénario sont évidemment très forts. Mais ça ne suffit pas pour faire un grand film. Et il faut souligner ici la qualité de la mise en scène de Steve McQueen : un rythme parfaitement maîtrisé, des plans fixes d'une grande force, notamment avec des plans rapprochés sur des visages qui m'ont marqués. On garde en mémoire quelques scènes très fortes, comme par exemple lorsque Solomon est pendu à une corde, tenant juste debout sur la pointe des pieds, en train d'étouffer. La caméra ne bouge pas, et en arrière-plan, des portes s'ouvrent et des gens sortent pour vacquer à leurs occupations, comme si de rien n'était. Impressionnant. Ou alors cette scène au bord d'une tombe où les esclaves sont réunis et chantent un Negro-Spiritual. Solomon est silencieux, puis il se joint aux voix avec de plus en plus de ferveur et de colère mélangées. Frissons...

L'acteur principal, Chiwetel Ejiofor, est excellent. Michael Fassbender aussi, en négrier inhumain. Le reste du casting est de haut niveau. Le film est bouleversant et montre jusqu'à quel degré de bestialité les hommes sont capables d'aller. Il n'y a pas plus inhumain que les hommes parfois... allant jusqu'à justifier l'injustifiable au nom de la Bible (quelques scènes l'évoquent dans le film... et c'est toujours terrifiant).

12 Years A Slave regarde en face un pan sombre de l'histoire. Et ça fait mal... même si c'est sans doute salutaire. Surtout quand c'est aussi bien réalisé. Un grand film qui continue de vous hanter longtemps après l'avoir vu.

jeudi 23 janvier 2014

Les Bâtisseurs - Moyen-Âge : devenez un grand bâtisseur grâce à une petite boîte !

Après quelques parties, je peux donner mon avis sur une de mes récentes acquisitions ludiques : Les bâtisseurs - Moyen-Age (un nouvel opus à l'Antiquité est en préparation), récemment nominé pour l'As d'or, le jeu de l'année en France, dont le palmarès sera révélé début mars lors du Festival international des jeux de Cannes.

Edité par Bombyx dans une de leurs élégantes boîtes carrées en métal, Les Bâtisseurs - Moyen-Age est un jeu de gestion et de développement. Il s'agit de construire un certain nombre de bâtiments grâce aux ouvriers plus ou moins qualifiés qu'on aura recrutés. Plus les bâtiments sont grands, plus ils rapportent de l'argent et des points de victoire mais plus ils nécessitent d'ouvriers pour les achever. Et évidemment, un bâtiment inachevé ne rapporte aucun point de victoire en fin de partie...

Chaque joueur dispose de trois actions gratuites par tour, au choix : commencer un nouveau chantier, recruter un nouvel ouvrier, envoyer un ouvrier sur un chantier ou récupérer un peu d'argent. On peut acheter des actions supplémentaires, mais ça coûte assez cher. Dès qu'un joueur atteint 17 points de victoire au moins, on termine le tour et le joueur avec le plus de points est déclaré vainqueur (on peut gagner quelques points bonus en fonction de l'argent qui nous reste).

Le jeu est rapide, assez léger mais non sans solliciter quelque peu nos neurones. C'est un jeu d'optimisation et de gestion. L'interaction entre joueurs est indirecte. Il faut quand même garder un oeil sur les chantiers de ses adversaires, pour éventuellement lui couper l'herbe sous les pieds dans le choix d'un nouveau chantier ou d'un nouvel ouvrier. Il faut bien gérer ses ouvriers et bien choisir ses chantiers : on ne peut pas se lancer tout de suite dans la construction d'un grand bâtiment et il semble également préférable de lancer plusieurs chantiers en parallèle, c'est moins gourmand en coût d'action (ça coûte cher d'engager plusieurs ouvriers sur un même chantier dans un même tour).

L'édition du jeu est impeccable : petite boîte carrée en métal, cartes de bonne facture, illustrations très plaisantes qui contribuent au plaisir du jeu.

Les bâtisseurs - Moyen-Age est vraiment un jeu très agréable. Idéal pour un jeu rapide et accessible, qui nécessite quand même un peu de réflexion. A jouer à l'heure de l'apéro (il faut quand même un peu de place sur la table...) ou entre deux parties de gros jeux !

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Les bâtisseurs - Moyen-Age. Un jeu de Frédéric Henry, illustré par Sabrina Miramon, édité par Bombyx. Page du jeu sur le site de l'éditeur


lundi 13 janvier 2014

Philomena : un drame sensible et fort, un vrai petit bijou.

Irlande, dans les années 50. Alors qu'elle était adolescente, Philomena s'est retrouvée enceinte. Reniée par ses parents, elle est placée dans un couvent qui accueille les adolescentes dans la même situation qu'elle. Elle donne naissance à un fils qu'elle n'a le droit de voir qu'une heure par semaine. Jusqu'au jour où son fils lui est enlevé pour être adopté. C'est ce qui arrive à tous les enfants nés dans ce couvent. 50 ans plus tard, alors qu'elle a gardé tout cela secret, elle finit par le révéler à sa propre fille. Celle-ci contacte un journaliste pour qu'il l'aide à retrouver son fils perdu.

Judi Dench est extraordinaire dans le rôle de Philomena, incarnant à la perfection cette femme qui apparaît au début du film un peu simple mais qui se révèle ensuite d'une incroyable force. 

Le film est, bien-sûr, bouleversant et on est submergé par l'émotion. Mais on rit aussi grâce à des dialogues savoureux (Philomena racontant en détail ses lectures à l'eau de rose au journaliste qui l'accompagne !), assaisonnés de pointes d'humour so british.

Le film évoque le cynisme d'un certain journalisme en quête de sensationnalisme et de scandale. Mais aussi les pratiques inhumaines qui peuvent être scandaleusement justifiées au nom d'une certaine morale chrétienne. Le fait que l'histoire est basée sur une histoire vraie ne fait qu'accentuer notre sentiment de révolte...

Mais on retient aussi une leçon de vie grâce à Philomena qui, malgré ce qu'elle a vécu, a gardé une foi simple et forte, et fait preuve d'une sagesse étonnante (les dialogues avec le journaliste, non croyant, autour de Dieu et de la foi sont d'ailleurs très intéressants). A cet égard, la fin du film (sans la dévoiler...) est extrêmement forte, sur la question du pardon. Une vraie leçon de vie et de foi.

Stephen Frears filme cette histoire avec sensibilité, sans surenchère émotionnelle. La musique de l'excellent Alexandre Desplat soutien l'ensemble avec discrétion, juste ce qu'il faut. Voilà qui fait dePhilomena un drame sensible et fort, porteur pourtant d'un message positif grâce à son personnage central. Un vrai petit bijou de cinéma ! Ne passez pas à côté...

lundi 6 janvier 2014

La vie rêvée de Walter Mitty : une comédie tendre et positive, idéale pour commencer l'année.

Walter Mitty est un homme ordinaire, avec une vie sans surprise. Parfois, il se déconnecte de la réalité, même au milieu d'une conversation, et dans ses rêves les choses les plus incroyables lui arrivent. Mais dans la réalité, il n'ose même pas avouer sa flamme à la femme qu'il aime, une collègue de travail. Il est chef du service de traitement des négatifs au magazine Life, qui s'apprête à publier son dernier numéro avant de mettre la clé sous la porte. Mais un négatif est manquant, justement celui que le mythique photographe Sean O'Connell voulait proposer pour la dernière couverture. Walter finira par partir à sa recherche... et vivre une vraie aventure !

La vie rêvée de Walter Mitty est une comédie tendre et positive. Avec de très belles images (qui donnent envie de découvrir l'Islande !) et une jolie histoire. Bref : le film idéal pour commencer l'année. Certes, la fin du film est sans grande surprise, en tout cas pour ce qui est de l'histoire d'amour... Pour la fameuse photo n° 25, le suspense dure quand même jusqu'à la fin. Mais on notera avec plaisir les quelques clins d'oeil amusants, par exemple à Matrix (au Groenland, quand il s'agit de louer une voiture !) ou à Benjamin Button (dans un des rêves de Walter). Et si on ne rit pas forcément aux éclats (même si plusieurs scène sont drôles), on ressort du cinéma avec un large sourire aux lèvres.

Bien-sûr, la vie rêvée de Walter Mitty ne propose pas une réflexion métaphysique abyssale... Mais le film évoque avec tendresse les thèmes du manque de confiance en soi et du courage que peut donner l'amour. Rien de révolutionnaire... mais un message positif qui fait du bien. On aurait tort de s'en priver !