lundi 26 octobre 2015

Seul sur Mars : film hard-science très spectaculaire

Au cours d'une expédition sur Mars, l'astronaute Mark Watney est laissé pour mort par l'équipage de l'Ares III, contraint d'interrompre leur mission en urgence. Mais Mark a miraculeusement survécu. Seul sur une planète hostile, il va devoir faire preuve d'ingéniosité pour survivre et essayer de contacter la Terre. La NASA devra travailler d'arrache-pied pour monter une mission de sauvetage.

Seul sur Mars est  un grand spectacle de hard-science. Je n'ai évidemment pas les compétences scientifiques pour juger de la crédibilité de tous les détails du scénario mais ça me semble vraiment réaliste. Même si, évidemment, il y a forcément quelques inexactitudes (voir cet article). Ca reste une fiction...

Le film bénéficie du savoir faire de Ridley Scott, à mon avis jamais aussi bon que lorsqu'il réalise de la science-fiction. Dès la scène d'ouverture, on sait qu'on va en prendre plein les yeux et que nos nerfs vont être mis à rude épreuve. Et de fait, le film nous propose des images à couper le souffle (notamment la reconstitution de Mars, ses paysages immenses, et la solitude écrasante de Mark) et le scénario offre une tension parfaitement entretenue, jusqu'au final paroxysmique où on retient son souffle. Normal, dans l'espace...

Ajoutez à cela un casting assez impressionnant et quelques touches d'humour bienvenues (notamment la scène avec le clin d'oeil au Seigneur des Anneaux, avec Sean Bean, Boromir dans le film de Peter Jackson !), et vous obtenez vraiment un film à grand spectacle.

J'aurais toutefois deux petits bémols... D'abord, il y a cette impression que le film est une vaste campagne publicitaire pour la NASA pour financer les missions vers Mars. C'est un peu gênant parfois. Et puis il y a le manque de dimension métaphysique, alors que le sujet s'y prête. Une dimension qui était pleinement présente dans deux chefs d'oeuvre récents, sur un sujet similaire : Gravity (par sa symbolique) et Interstellar (avec ses accents mystiques).

Mais ces deux bémols ne doivent pas nous faire bouder notre plaisir devant le spectacle que propose Seul sur Mars, un divertissement de haut-vol, à défaut d'être un chef d'oeuvre.

lundi 19 octobre 2015

Crimson Peak : Gothique, flamboyant et sanglant


Au tout début du XXe siècle, Edith Cushing, qui rêve d'être romancière, vit avec son père, hantée par la mort de sa mère, décédée alors qu'elle était enfant. Elle tombe sous le charme de Thomas Sharpe, jeune noble venu du vieux continent à la recherche de fonds aux Etats-Unis. Ils se marient et vont habiter dans le lugubre manoir des Sharpe, en compagnie de Lucille, la mystérieuse soeur de sir Thomas.

Le principal intérêt du film réside dans l'univers gothique, flamboyant et sanglant, créé par Guillermo Del Toro. Je pense en particulier au manoir lugubre et délabré, véritable personnage du film. Vraiment une belle réussite. La patte de Del Toro se manifeste aussi dans l'aspect de ses fantômes : non pas de simples spectres humanoïdes mais des créatures cauchemardesques. Le tout est filmé avec maestria, et une certaine extravagance, avec des lumières exagérées, des décors et des costumes opulents. C'est assez fascinant.

Le scénario, lui, est classique, sans grande surprise, mais efficace. Les fantômes jouent le rôle de métaphores d'un passé lourd et oppressant, de secrets familiaux terribles. Il faut aussi souligner l'excellent trio d'acteurs : Mia Wasikowska, Tom Hiddleston et Jessica Chastain (un nouvelle fois formidable, et cette fois vraiment inquiétante).

Interdit en salle aux moins de 12 ans (surtout pour le côté très sanglant de plusieurs scènes), Crimson Peak n'est certes pas pour tout public. Mais son univers gothique flamboyant et la belle performance de ses acteurs en font vraiment un bon film d'amour, avec des fantômes dedans !

lundi 12 octobre 2015

Sicario : un film coup de poing, fort et haletant

Agent de terrain du FBI, Kate Macer est affectée à un groupe d'intervention d'élite dirigé par un mystérieux consultant, dans la zone frontalière entre les Etats-Unis et le Mexique. Kate découvre alors des méthodes bien au-delà de la légalité...

Les sicaires étaient des activistes Juifs au Ier siècle qui cherchaient à combattre les Romains par le moyen d'assassinats. Par extension, un sicaire désigne aujourd'hui un tueur à gages. C'est le rôle que joue, dans Sicario, Alejandro (joué par Benicio Del Toro), au profit des Etats-Unis, dans la lutte contre les cartels de la drogue au Mexique. Toute la question posée par le film est là : jusqu'où peut-on aller pour lutter contre le mal ?

Dès la première scène du film, le ton est donné. Sicario sera un film coup de poing. Caméra subjective, au plus près de l'action. A plusieurs reprises, la tension sera palpable, la violence souvent suggérée, ce qui lui donne parfois encore plus de force. Le réalisateur ne nous épargne pas aussi quelques scènes chocs, pouvant troubler la sensibilité de certains spectateurs. Mais ce n'est pas gratuit et sert parfaitement le propos.

Car le film pose la question des frontières entre le bien et le mal. Jusqu'où est-il légitime d'aller dans la lutte contre le mal ? Peut-on utiliser les mêmes méthodes que ceux que l'on combat ? Ces questions sont posées à travers le regard de Kate tout au long du film, jusqu'au dénouement, tout à fait révélateur. [SPOILER] A la fin du film, Kate a la possibilité de tuer Alejandro, mais elle ne le fait pas. Pourquoi ? Parce qu'elle se résout à accepter que la méthode qu'il utilise est inévitable ou parce qu'elle se refuse à utiliser elle-même une méthode similaire ? Le doute persiste... [/SPOILER]

Denis Villeneuve semble bien fasciné par cette question de la frontière entre le bien et le mal. C'était le cas dans Incendies et surtout dans Prisoners. Dans ce dernier film, c'était au niveau personnel et familial. Dans Sicario, on est au niveau politique et étatique. Et à chaque fois, Denis Villeneuve pose la question, de façon dérangeante, sans vraiment donner de réponse. Ses films chocs interrogent forcément le spectateur.

Sicario est un thriller politique haletant et dérangeant, extrêmement bien réalisé par le talentueux Denis Villeneuve. Le casting est impeccable : Emily Blunt est très convaincante, Benicio Del Toro est glaçant et Josh Brolin, froid et cynique, est excellent. Un film à ne pas manquer !


lundi 5 octobre 2015

Mémoires de jeunesse : un biopic poignant aux vertus féministes et pacifistes

Mémoires de jeunesse est une adaptation du livre autobiographique éponyme de Vera Brittain (Testament of Youth en anglais), ses mémoires de la première guerre mondiale.

Vera est une jeune femme qui ne veut pas se laisser enfermer dans le rôle alors assigné aux femmes. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'elle ne veut pas se marier... Mais c'est sans compter sur l'amour qui frappera à sa porte. En tout cas, elle veut devenir écrivain et elle arrive à convaincre son père de se présenter au concours d'entrée à Oxford. Et elle est reçue. Dans la première partie du film, c'est l'argument féministe qui prédomine. On y voit le peu de place laissée aux femmes dans la société de l'époque, la difficulté pour elles d'envisager autre chose que le rôle auquel on les limite (femme au foyer). On s'amuse aussi des rendez-vous galants chaperonnés, où les amoureux s'efforcent de semer celle qui les surveille.

C'est alors que survient la guerre et l'histoire prend une toute autre tournure. En réalité, même sans connaître l'histoire de Vera Brittain, on comprend dès la première scène du film que la guerre laissera pour elle des traces indélébiles : on est au moment de l'Armistice, tout le monde se réjouit dans les rues mais Vera a le visage fermé et fend la foule pour se réfugier dans une église. Alors qu'elle commence à peine ses études, le jeune frère de Vera s'engage dans l'armée. Son fiancé aussi. Et son monde va commencer à s'effondrer.  Elle ne peut pas rester sans rien faire et décide de quitter ses études et de s'engager comme infirmière volontaire. Elle finira par se retrouver sur le front, en France, où elle se retrouvera même à soigner... les blessés allemands.

C'est dans cette deuxième partie que se trouvent les scènes les plus fortes, notamment dans les hôpitaux de guerre. Il y a des images chocs, des blessés et des morts venus du front. Mais aussi des scènes d'une grande force émotionnelle, liées au destin de Vera. Impossible de ne pas être bouleversé.

L'histoire de Vera Brittain force le respect et le film lui rend un vibrant hommage. La réalisation de James Kent, même si elle n'a rien de révolutionnaire, est excellente. Les images sont portées par une belle partition lyrique de Max Richter. Et le casting est bon. Avec, en particulier Kit Haringtion (célèbre pour son rôle de John Snow dans la série Game of Thrones).

Mais c'est surtout la performance d'Alicia Vikander, dans le rôle de Vera Brittain, qu'il faut souligner. Elle est déjà à l'affiche actuellement, dans un autre registre, du film Agents très spéciaux, où elle est très bien. Mais ici, elle crève l'écran ! Son interprétation est en tout point remarquable, intense et pleine de finesse à la fois. Une actrice à suivre !

Mémoires de jeunesse est un biopic fort, un drame poignant qui a de remarquables vertus féministes et pacifistes. A cet égard, l'épilogue du film mérite d'être souligné. On y assiste à une scène où Vera prend la parole pour un discours fort et touchant, contre le sentiment de vengeance qui montait alors et contre toute forme de guerre. Et de fait, Vera Brittain deviendra une grande militante pacifiste le reste de sa vie. Derrière le drame se dégage une belle leçon de vie et un exemple qui fait réfléchir.