jeudi 30 juillet 2020

Dispatches from Elsewhere : un OVNI télévisuel, bizarre et philosophique


Peter a une vie morne, sans saveur. Il est un peu paumé. Attiré par d’étranges publicités dans la rue, il se rend dans les locaux du mystérieux Jejune Institute. Il va se retrouver embarqué dans un étrange jeu de piste urbain, à la recherche de la mystérieuse Clara. Il va faire équipe avec Simone, Fredwynn et Janice. L’intrigue de la série est inspirée d’un documentaire sorti en 2013 (The Institute) qui relate une aventure un peu folle lancée à l’initiative d’un artiste, Jeff Hull, à San Francisco : un immense jeu de piste rassemblant plusieurs milliers de personnes qui découvraient une fausse société secrète, le Jejune Institute. La série a un peu le même point de départ mais trace sa propre route, et s’amuse avec le spectateur : qu’y a-t-il derrière ce jeu ? Et d’ailleurs, est-ce vraiment un jeu ? 

Dispatches from Elsewhere est un OVNI télévisuel, une série bizarre et étonnante. On est, assez souvent, un peu perdus. Comme les quatre personnages principaux d’ailleurs. Qu’est-ce qui est réel et qu’est-ce qui ne l’est pas ? Qui sont vraiment les différents personnages ? Et pourquoi le directeur du Jejune Institute s’adresse-t-il directement à nous, spectateurs ? Si vous voulez regarder bien tranquillement dans votre fauteuil une série au récit linéaire et limpide, obéissant à une logique implacable, passez votre chemin, cette série n’est pas pour vous ! Mais si, comme moi, vous avez aimé des séries comme The OA ou Maniac, si vous êtes prêts à vous laisser embarquer dans un univers étrange et parfois absurde, sans vouloir absolument tout comprendre, l’expérience vaut la peine d’être vécue ! Car il serait vain de vouloir tout comprendre, et de chercher à reconstituer le puzzle. Il manque, intentionnellement, des pièces. Sans doute pour que nous les trouvions nous-mêmes. 

jeudi 9 juillet 2020

Ozark : chronique d'une famille dans une spirale infernale

Marty Byrde est conseiller en gestion financière… mais il blanchit aussi de l’argent pour le compte d’un cartel mexicain de la drogue. Alors qu’une somme importante a disparu, Marty est contraint de quitter Chicago et emmène toute sa famille s’installer au bord du lac des Ozarks, dans le Missouri, où il va devoir trouver des solutions pour blanchir l’argent du cartel et rembourser sa dette, tout en échappant au FBI qui garde un oeil sur lui.  

Ozark est une série de gangster autour d’une famille, non pas une famille de mafieux (comme dans les Sopranos) mais une famille américaine moyenne, qui se retrouve embarquée dans une spirale infernale (donc plutôt comme Breaking Bad…). La série est noire, assez cynique, parfois crue et violente. Et elle se bonifie au fil des saisons. Je trouve en effet qu’il lui faut un peu de temps, dans la première saison, pour vraiment trouver ses marques. Mais le ton est finalement trouvé, et les saisons 2 et 3 nous emportent vraiment.  

Ozark décrit ce qu’on pourrait appeler le mécanisme de l’engrenage du mal, qui, à partir d’une “petite” concession morale, finit par emporter tout le monde, dans une fuite en avant inexorable. Et il faut avouer que dans la série, c’est implacable et cruel. Et sanglant. 

jeudi 2 juillet 2020

Dark : la fin réussie d'un voyage vertigineux et haletant


Comment résumer Dark dont la troisième et dernière saison a été mise récemment en ligne sur Netflix ? J’aurais envie de répondre : c’est impossible ! Rappelons simplement comment ça commence : dans une petite ville allemande, un enfant disparaît mystérieusement. Après, ça devient compliqué, avec des secrets et des liens multiples qui se révèlent petit à petit entre les membres de quatre familles, des voyages dans le temps, des paradoxes temporels, des rebondissements incessants… bref, une intrigue assez vertigineuse ! Dark est sans doute une des séries les plus ambitieuses et les plus complexes que je connaisse, et elle se termine avec une saison 3 réussie.

Il faut le dire, chaque saison est plus noire et plus complexe. Même si l’ambiance est sombre (particulièrement dans cette saison finale), il y a un certain côté ludique à démêler l’écheveau des différents fils narratifs et des liens entre les personnages. Et c’est un véritable casse-tête, qui se confirme et s’accentue pour la saison finale. (SPOILER : puisqu’en plus du voyage temporel vient s’ajouter le voyage entre deux mondes parallèles). Alors avouons-le, pendant les trois quarts de la saison, il nous arrive d’être un peu perdus. Il peut même être légitime parfois de mettre l’épisode en pause pour prendre le temps de bien identifier les liens qui unissent les différents personnages en présence. Et puis, dans l’avant-dernier épisode, toutes les pièces du puzzle se mettent en place, et (presque) tout devient clair voire évident, en tout cas cohérent ! Quant au dernier épisode, il propose un final convaincant, avec une certaine poésie, qui finit par conférer à la série une dimension de fable métaphysique.