Contraints de quitter leur appartement parce que leur maison menace de s'écrouler à cause de travaux, Emad et Rana emménagent dans un nouveau logement provisoire. Un soir, Rana se fait agresser. Elle a ouvert la porte en croyant que c'était son mari qui rentrait. Les voisins soupçonnent que le coup a été fait par un "client" de la précédente locataire, une femme aux moeurs dissolues...
Asghar Farhadi est maître dans l'art d'évoquer les drames domestiques à la manière d'un thriller intimiste. C'est encore le cas ici. Le film est aussi magnifiquement interprété par les deux acteurs principaux (Shahab Hosseini et Taraneh Alidoosti). Le drame est pesant, le scénario habile, sujet à plusieurs niveaux d'interprétation.
Ainsi, le film commence avec un bâtiment qui menace de s'écrouler et se poursuit avec un couple qui va se fissurer suite à un drame. Le refus de parler, la quête de vérité, la sauvegarde des apparences, le poids de la honte, la pulsion de vengeance... tout cela va les fragiliser. Jusqu'à la dernière scène, lourde de sens, reflet sans doute de l'état de leur couple, ou le mari et la femme se font face, le regard absent, en train de se faire maquiller avant d'entrer en scène (ils jouent dans une troupe de théâtre).
Au-delà du drame intime qui se joue devant nos yeux (avec sa dimension universelle), le film peut-il aussi être une métaphore de la société iranienne ? Ainsi, il y a une référence à la censure, à propos de la pièce de théâtre que la troupe est en train de monter. Et une scène où l'un des comédiens éclate de rire lorsqu'une comédienne dit, dans sa réplique, qu'elle ne peut pas sortir parce qu'elle est nue... alors qu'elle porte un imperméable (il est impensable qu'une comédienne iranienne puisse être dénudée).
Sans doute moins fort que ses deux précédents films (Une séparation et Le passé), Asghar Farhadi réussit quand même avec Le client un drame riche et profond.
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