Knight of Cups s'ouvre, en voix off, avec l'introduction du Voyage du pèlerin de John Bunyan, récit allégorique, classique de la littérature anglaise, qui évoque les aventures de Christian dans son voyage jusqu'à la "Cité céleste" de Sion. Puis Rick, le personnage principal, évoque, toujours en voix off, le conte que son père lui racontait quand il était petit : « Il était une fois un jeune prince que son père, le souverain du royaume d’Orient, avait envoyé en Égypte afin qu’il y trouve une perle. Lorsque le prince arriva, le peuple lui offrit une coupe pour étancher sa soif. En buvant, le prince oublia qu’il était fils de roi, il oublia sa quête et il sombra dans un profond sommeil… »
Dès l'ouverture, on comprend donc que le film aura une portée mystique et métaphysique. Terrence Malick, dans la lignée de ses deux précédents films, propose un voyage intérieur, dans une succession de tableaux souvent contemplatifs, toujours fascinants, parfois d'une beauté sublime. Le récit, déstructuré, est chapitré par l'intitulé de cartes de tarots divinatoires (le titre du film désigne d'ailleurs une carte de tarot). On y croise le père de Rick, son frère et les femmes qui ont traversé sa vie. Un puzzle dont les pièces sont dispersées. A nous de le reconstituer, sans être sûr d'avoir toutes les pièces à disposition.
On retrouve les marques de fabrique du réalisateur : une caméra toujours en mouvement, un travail incroyable sur l'image (avec des plans beaucoup plus urbains que dans les films précédents), l'omniprésence de voix off.
Les liens sont évidents avec les deux précédents opus du réalisateur, eux aussi basés sur des scénarios déstructurés. On y retrouve, comme dans Tree of Life, l'évocation de la famille, le rapport au père, la mort d'un frère ; de même pour la quête de sens et la recherche de l'amour comme dans A la Merveille.
Si le film n'atteint pas la grâce unique de Tree of Life, Knight of Cups est tout de même un film fascinant et envoûtant, certes déroutant aussi, dans lequel il faut être prêt à se perdre et se laisser porter par les images toujours aussi sublimes de Terrence Malick. Comme souvent avec le réalisateur, les gens vont adorer ou détester (plusieurs spectateurs ont quitté la salle au cours de la projection à laquelle j'assistais...). Moi, j'ai aimé ! Je suis sorti du film avec plein de questions sans réponse mais aussi avec l'impression d'avoir vécu une expérience cinématographique singulière. Et aussi le sentiment que les richesses du film ne se dévoileront qu'après plusieurs visionnages.
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