jeudi 14 juillet 2016

Le grand livre : un passionnant voyage dans le temps

J'avais découvert Connie Willis avec Black Out et All Clear, son diptyque sur le Blitz, au coeur de la deuxième guerre mondiale, chef d'oeuvre mêlant science-fiction et histoire, par le biais du voyage dans le temps. Le grand livre emploie le même procédé : au XXIe siècle, le voyage dans le temps a été découvert mais il est réservé aux historiens qui peuvent ainsi observer au plus près les différentes périodes de l'histoire. Pour éviter les paradoxes temporels, le voyage dans le temps s'auto-régule, impliquant parfois quelques décalages temporels dans les transferts. Ecrit avant Black Out et All Clear, au début des années 90, Le grand livre propose un voyage au Moyen-Âge, en pleine épidémie de peste.

C'est un roman passionnant, avec une intrigue haletante et des personnages attachants. Kivrin, jeune étudiante brillante, est transférée en 1320 pour observer la vie quotidienne au Moyen-Âge, et ce malgré les réserves de son professeur qui la trouve trop inexpérimentée. Près de 30 ans avant la grande épidémie de peste, tout devrait bien se passer, les décalages temporels restant minimes. Mais les choses se compliquent quand suite au transfert, une épidémie mystérieuse se répand dans l'université d'Oxford, au XXIe siècle. Certains pensent qu'elle est due à un virus venu du passé, peut-être à cause du transfert de Kivrin. Mais c'est impossible ! Aussi impossible qu'un décalage de 28 ans lors d'un transfert temporel. A moins que...

Le roman est construit sur deux récits en parallèle, l'un au XXIe siècle, l'autre au XIVe siècle. Deux récits d'épidémie, celle de la peste au Moyen-Âge et celle d'un virus inconnu au XXIe siècle. On y retrouve, comme dans Black Out et All Clear, le même souci minutieux de faire vivre le quotidien de personnages ordinaires au coeur d'une période troublée de l'histoire. Avec Kivrin, on découvre le quotidien d'une famille au Moyen-Âge, ses us et coutumes, ses croyances et superstitions, son hygiène (!). Dans sa deuxième partie, le roman nous fait vivre de l'intérieur l'horreur de la grande épidémie de peste, dans des pages très fortes.

La religion occupe une place importante dans le récit. Au milieu du XXIe siècle, elle a évolué de façon assez grotesque (non sans rappeler une certaine "soupe" religieuse que notre époque propose parfois à nos contemporains...). Au Moyen-Âge, elle était mêlée de superstitions, si bien que Kivrin la regarde au début avec scepticisme. Mais son regard change petit à petit, au coeur de l'horreur, notamment grâce au personnage du prêtre du village, jusqu'à un dénouement très touchant.

Le grand livre n'atteint peut-être pas les sommets de Black Out et All Clear, qui bénéficiaient d'une intrigue plus riche et complexe, mais il n'en est pas moins un roman passionnant, qui se lit très vite malgré ses 700 pages en livre de poche.

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