Auteur prolifique et excellent conteur, Neil Gaiman aime les histoires où le fantastique surgit dans le quotidien, où la réalité et l'imaginaire se mêlent sans cesse : Neverwhere (sans doute mon préféré) avec l'univers fantastique et onirique d'un Londres parallèle, American Gods, foisonnant récit mythologique contemporain, Stardust et sa relecture amusée des contes de fées, sans oublier ses recueils de nouvelles qui contiennent de jolies pépites et sa collaboration avec le regretté Terry Pratchett dans De bons présages, un roman biblique et parodique sur la fin du monde, vraiment très réjouissant. Et je ne parle même pas de ses nombreux romans pour la jeunesse (dont le célèbre Coraline) et de sa série romans graphique The Sandman (que je ne connais pas...).
L'océan au bout du chemin est un roman assez personnel, intime, teinté de mélancolie, où le talent de conteur de l'auteur s'exprime toujours aussi efficacement. C'est un roman sur l'enfance et l'âge adulte, sur les souvenirs, l'imaginaire et le temps, sur la famille et l'amitié. Voici le pitch : à l'occasion d'un enterrement familial, un homme est de retour dans son village natal. La maison où il a vécu son enfance a été remplacée par d'autres immeubles mais la vieille ferme des Hempstock est toujours là. Il se remémore alors les événements étranges survenus lorsqu'il avait sept ans, avec Lettie, cette jeune voisine qui prétendait que la mare, au bout du chemin, était en réalité un océan...
Comme l'auteur le laisse entendre dans ses remerciements à la fin de son ouvrage, l'histoire est construite sur certains matériaux autobiographiques, tirés de sa propre enfance. C'est ce qui fait sans doute de ce roman l'ouvrage le plus intime de l'auteur. On lit très vite, et avec plaisir, les 250 pages de l'ouvrage, au ton tour à tour mélancolique, onirique, fantastique, parfois même horrifique. Les événements, dont le narrateur se souvient, sont évoqués avec le regard d'un enfant de 7 ans pour lequel le quotidien se pare d'atours merveilleux. Un enfant à l'imagination fertile, qui avait peu d'amis et se réfugiait toujours dans les livres. Mais dans quelle mesure ses souvenirs traduisent-ils la réalité, ont-ils été déformés par le temps, ou le fruit de son imagination d'enfant donnant un reflet déformé d'une réalité pas toujours facile à affronter ? Que s'est-il réellement passé ? L'auteur refuse de trancher... et le lecteur a sans doute tout intérêt à faire de même. Car le livre est finalement une invitation à garder vivace son âme d'enfant...
L'océan au bout du chemin est un roman fantastique vraiment très attachant.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Un commentaire ?