Le film raconte l'histoire incroyable, inspirée de faits réels, au coeur de la guerre froide, d'un avocat envoyé par la CIA à Berlin Est pour négocier un échange de prisonniers avec l'Union soviétique. La scène d'ouverture place tout de suite la barre très haut. Presque sans dialogue, elle est centrée sur un homme d'apparence banale qui, on le comprend très vite, se révèle être un espion traqué par des agents du FBI. On est tout de suite plongé dans le genre classique du film d'espionnage et en immersion dans les années 50, grâce à de nombreux petits détails et une mise en scène parfaitement maîtrisée. Magistral.
Tout le film est extrêmement bien construit. La première partie s'organise autour de deux récits en parallèle. D'un part celui de l'arrestation et du procès de Rudolf Abel, espion soviétique ; d'autre part celui de la mission d'espionnage et de la capture du pilote américain Francis Gary Powers, récit qui s'enrichit de l'arrestation de Frederic Pryor, étudiant américain à Berlin Est. La deuxième partie du film se centre sur la négociation menée par James Donovan, avec pour paroxysme le moment de l'échange de prisonniers, sur un pont, et une tension savamment entretenue.
La fin du film, très spielbergienne, arrive à nous tirer les larmes et conclut admirablement ce grand film très classe.
Tom Hanks est parfait dans le rôle de cet avocat intègre aux ressources étonnantes. Mark Rylan est vraiment génial dans le rôle d'un espion soviétique pour lequel James Donovan finit par avoir une réelle sympathie, et le spectateur avec lui !
Car c'est une des forces de ce film que d'être bien plus qu'un efficace film d'espionnage. C'est un film profondément humain et humaniste, notamment à travers la relation entre l'espion soviétique et son avocat. La plongée dans le contexte de la guerre froide est aussi particulièrement réussie, avec une justice expéditive des deux côtés, l'entretien de la peur d'une attaque nucléaire des russes (extraordinaire scène à l'école !), la pression populaire et le lynchage médiatique contre l'avocat traître qui défend un espion (deux magnifiques scènes dans le métro, à deux moments du film, souligne bien la versatilité de la foule).
C'est aussi un film qui entre en écho de façon étonnante avec notre actualité. La reconstitution du Berlin Est du tout début des années 60, au moment de la construction du mur, est frappante et résonne de façon étrange lorsqu'on voit s'ériger de nouveaux murs en Europe ou ailleurs dans le monde. Un magnifique plan, à la fin du film, lorsque Donovan est de retour aux USA et qu'il regarde par la fenêtre, montre que l'ombre du mur qu'il a vu en Allemagne y est encore présente...
Une histoire incroyable, magistralement filmée et parfaitement scénarisée, avec juste ce qu'il faut de touches d'humour toujours bienvenues (les frères Coen ont participé au scénario...), tout cela fait sans nul doute du Pont des espions un des films de l'année. Du grand Spielberg !
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