Première réalisation de Dan Gilroy, Night Call est un coup de maître. Thriller haletant au scénario implacable, le film nous entraîne dans une fuite en avant tout autant grisante qu'inquiétante. Car Night Call est un film qui dénonce sans concession, avec un cynisme grinçant, les dérives du sensationnalisme dans le traitement de l'information. Manipulation des peurs du téléspectateur, ouverture des journaux sur des faits divers sanglants, choisis de façon partiale (avec de préférence des blancs victimes de minorités ethniques), recherche de l'image la plus spectaculaire, à n'importe quel prix... A cet égard, la scène où on assiste depuis les coulisses de la régie au journal télévisé, avec les instructions de la productrice dans l'oreillette des présentateurs est assez magistrale.
Night Call, c'est aussi un film qui déconstruit de façon assez cruelle le modèle de réussite à l'américaine à la "self-made man". On le voit dans la façon dont Lou Bloom organise son entreprise, dans ses discours à son "associé", dans ses méthodes discutables pour parvenir à ses fins... et la fin du film, que je ne dévoilerai pas, met un point d'orgue à l'ensemble !
Enfin, le film est aussi l'occasion pour Jake Gyllenhaal de faire preuve de son immense talent et lui garantir une probable nomination aux Oscars... Il est absolument énorme dans le rôle principal et incarne à la perfection cet antihéros machiavélique, manipulateur et froid. Une très grande performance d'acteur.
Encore un mot pour un petit coup de gueule contre le titre "français" du film. Le titre original est Nightcrawler. Mais pourquoi proposer comme titre en France : Night Call ? Si c'est pour avoir un titre en anglais, autant garder l'original ! Au Québec, le film s'appelle Le Rôdeur. C'est déjà beaucoup mieux et ça évoque bien le personnage principal du film !
Night Call, ou Nightcrawler, est tout simplement un des meilleurs films de l'année ! A voir absolument.
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