Le film est basé sur un fait réel. Au milieu des années 80, Ron Woodroof est un cowboy dont le quotidien est sexe, drogue et rodéo. Sa vie bascule quand il apprend qu'il est séropositif. Son médecin lui donne 30 jours à vivre... Mais il refuse ce diagnostic : il se rend au Mexique pour se procurer des médicaments non-homologués aux USA. Et il comprend qu'il peut en faire un bizness. Il crée alors un "Buyers Club" : il ne vend pas les médicaments, il les distribue à tous les membres du club... qui paient une cotisation mensuelle de 400 dollars ! Evidemment, ça ne va pas plaire aux laboratoires pharmaceutiques et aux autorités fédérales.
La plongée dans les années 80 rappelle combien le SIDA était alors perçu comme une maladie qui ne touchait que les homosexuels (et beaucoup pensaient que c'était mérité, d'ailleurs !). Il suffit de voir les premières réactions de Woodroof mais aussi et surtout celles de son entourage. Il y a d'ailleurs une réplique cinglante, au moment où Rayon (Jared Leto), va voir son père qu'il n'a pas vu depuis longtemps. Ce dernier, dans un soupir, dit la formule "Seigneur, aide-moi.." et Rayon répond : "Il le fait : j'ai le SIDA !" Terrible...
Le film aborde aussi les problèmes que posent les enjeux financiers liés à l'industrie pharmaceutique, même si le combat de Woodroof contre l'administration n'est pas le coeur du film. L'acharnement inhumain de l'administration pour protéger ses intérêts sans tenir compte de la détresse des malades est souligné par le discours désabusé du juge, au moment du verdict suite à la plainte de Woodroof.
La mise en scène de Jean-Marc Vallée évite le pathos. Aux antipodes d'un film comme Philadelphia, sur un thème similaire, qui lui, faisait dans le lacrimal à l'excès. Et je dois avouer que je préfère l'option choisie ici...
D'ailleurs, un aspect du film m'a frappé : la mort n'y est jamais montrée en face. Comme si on voulait la cacher, l'ignorer, la refuser. A l'image de Woodroof qui veut vivre alors qu'on lui annonce sa mort prochaine. Elle est toujours évoquée indirectement : le film s'arrête avant la mort de Woodroof, d'autres personnages meurent au cours du film mais leur mort n'est jamais filmée. La scène d'ouverture donne d'ailleurs le ton : d'un côté, Woodroof en plein ébat sexuel, de l'autre, un cowboy en train de faire du rodéo et qui tombe, puis est piétiné par le taureau. La scène se termine avec l'homme au sol, inanimé. On ne sait pas s'il est mort ou juste inconscient mais le symbole est là. Le sexe, la mort... le SIDA.
Dallas Buyers club est un film fort, non seulement de par son sujet mais aussi grâce à l'interprétation exceptionnelle de Matthew McConaughey et de Jared Leto. Ils incarnent de façon étonnante cette rencontre improbable entre un cowboy macho et homophobe, et un traversti homosexuel. Ou comment le SIDA, la détresse existentielle qu'il produit, l'isolement qu'il génère dans la société, peut finir par lier d'amitié deux hommes que tout oppose. D'ailleurs, plus largement, on perçoit bien que ce qui est d'abord un bizness, devient petit à petit plus que cela, l'expression d'une vraie solidarité et d'un combat pour la vie, malgré le SIDA.
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