lundi 30 juin 2025

The Bear (saison 4) : Une (dernière ?) saison profondément émouvante

 

Retour en cuisine pour The Bear avec une quatrième saison qui pourrait être la dernière. Cette fois, Carmy et son équipe ont deux mois pour sauver le restaurant. Le compte à rebours est lancé… littéralement, puisque une horloge est déposée dans la cuisine en début de saison pour désigner le temps qu’il reste avant de mettre la clé sous la porte : 1440 heures. 

En réalité, on passe globalement moins de temps en cuisine que dans les saisons précédentes. Mais ça ne veut pas dire que ça ne soit pas réussi. Au contraire, la série parvient à se renouveler avec une saison 4 sans doute plus introspective que les précédentes, mais qui fonctionne bien parce qu’on connaît désormais les personnages et qu’on s’est attaché à eux. Il y a encore, bien-sûr, quelques scènes en cuisine typiques de la série, dans le stress du coup de feu au restaurant, ou avec la gourmandise visuelle de plats qu’on aurait envie de goûter. Mais plus que jamais, l’accent est mis sur l’émotion, pour une série qui devient de plus en plus, au fil de la saison, un mélodrame, profondément émouvant. 

La réalisation est toujours impeccable, le casting toujours aussi convaincant, avec de nouveaux quelques guests qui font leur apparition, ou leur retour. Le récit demeure plein d'humanité, développant sous différents angles les façons dont une seconde chance peut être donnée à ses personnages, malgré leurs blessures et leurs failles. 

Et puis il y a bien-sûr LE morceau de bravoure de la saison. Cette fois c’est l’épisode 7 (qui dure 70 minutes) autour d’un mariage, avec une scène géniale sous une table… Mais, malgré quelques scènes de joutes verbales réjouissantes, c’est avant tout un morceau de bravoure émotionnel, au diapason du ton global de cette saison. 

Beaucoup d’émotion donc, d’autant qu’on ne sait pas encore s’il y aura une suite. Le final de la saison, avec un rebondissement inattendu et malgré une fin ouverte qui laisse pas mal de questions en suspens, ressemble quand même beaucoup à une conclusion. Et d'ailleurs plus j'y pense, plus je trouve que ce serait vraiment une belle manière de conclure la série !

-------
The Bear, (saison 4), une série créée par Christopher Storer
avec Jeremy Allen White, Ayo Edebiri, Ebon Moss-Bachrach
10 épisodes disponibles sur Disney+

dimanche 22 juin 2025

Querer : Quand les violences conjugales ne se voient pas...

 

Après 30 ans de mariage, Miren décide de quitter son mari et de porter plainte contre lui, pour violence conjugale. Lorsque leurs deux fils adultes l’apprennent, ils encaissent le choc et peinent à le croire… 

D’une grande force et d’une grande justesse, Querer est une mini-série espagnole à voir de toute urgence. L’intelligence de la série est de nous faire naviguer plutôt en zone grise : on n’est pas face à un méchant évident voire caricatural mais en présence d'un couple qui, au premier abord, semble normal, même si le mari est plutôt autoritaire et l’épouse plutôt effacée. 

Il n’y a aucun flashback dans la série, ce qui fait qu’on ne voit jamais les faits que Miren reproche à son mari. On constate son état de fébrilité, sa détresse… tout comme sa détermination. On voit par ailleurs le mari qui ne comprend pas ce qui lui arrive et qui nie tout ce qui lui est reproché. On voit aussi la réaction des deux fils, leur désarroi à devoir choisir qui croire de leur père ou de leur mère. Mais il y a quelques indices, comme par exemple le fils aîné qui semble commencer à reproduire ce qui est reproché à son père. 

La série pose la question des violences conjugales invisibles, comme celles de l’emprise ou du viol conjugal, des violences évoquées explicitement mais avec de pudeur, en restant centré sur la victime et ses proches. On constate combien la parole d’une victime comme Miren est difficile à entendre, voire niée, sa souffrance minimisée : elle est petit à petit isolée, délaissée par ceux qui refusent de la croire. 

L’épisode 3, autour du procès, permet de souligner la difficulté de juger de tels faits, d’arriver à prouver de telles violences… c’est la parole de l’un contre la parole de l’autre. Et à qui bénéficie le doute ? 

Enfin l’épisode 4 termine la série de manière magistrale, avec un récit à la fois d’une finesse et d’une intensité extraordinaires, dans lequel les masques tombent un peu. Le dernier plan de l’épisode final, très beau, dit tout du parcours de Miren. A jamais marquée, fragilisée par ce qu’elle a enduré, elle avance malgré tout, avec une reconstruction et un avenir possible pour elle. 

On a comparé Querer à Adolescence, au moins pour son impact, la prise de conscience à laquelle la série peut mener. Mais l’approche est tout de même très différente. Il ne s’agit pas de dire que l’une a raison et l’autre pas. Mais Querer adopte un ton spécifique, plein de retenue et de pudeur, ce qui n’enlève aucunement la force du propos. Sur un sujet essentiel, Querer est une série nécessaire qui peut, on l’espère, amener à des prises de conscience et, c’est certain, alimenter de saines discussions sur le couple et les pièges de l’emprise, voire des remises en question salutaires.

-------
Querer, une mini-série créée par Alauda Ruíz de Azúa, Eduard Sola et Júlia De Paz Solvas 
avec Nagore Aranburu, Pedro Casablanc, Miguel Bernardeau
Disponible sur arte.tv