En 1919, dans une petite ville allemande, Anna se rend tous les jours sur la tombe de Frantz, son fiancé, tombé sur le front en France. Un jour, elle y trouve des roses et elle apprend que c'est un jeune Français qui les y a déposées. Ce jeune Français, Adrien, se rend au domicile des Hoffmeister, les parents de Frantz chez qui Anna vit, et qui la considèrent comme leur propre fille. Mais il est immédiatement chassé par le père, qui ne veut rien entendre d'un français qui aurait pu tuer son propre fils. Anna va retrouver Adrien et l'invite à revenir chez les Hoffmeister. Il leur explique être un ami de leur fils, depuis avant la guerre...
Dans le contexte de l'immédiat après-guerre de 14-18, les plaies sont encore béantes, et la haine de l'ennemi encore vive. Cela donne quelques scènes très fortes dans le film, avec la présence d'un jeune français en Allemagne, et plus tard, celle d'une jeune femme allemande en France (je pense en particulier à une scène marquante dans un café parisien où les clients entonnent spontanément la Marseillaise).
Le contexte historique du film permet d'aborder des questions liées à la guerre. Comment survivre à la guerre ? Quand on est un soldat rescapé... Quand on a perdu un fils ou un fiancé sur le champ de bataille... Peut-on surmonter la culpabilité d'avoir tué ou d'avoir envoyé ses fils se faire tuer ?
Mais le film parle aussi de pardon, de secret et de mensonge. La vérité est-elle toujours bonne à dire ? Le mensonge peut-il être préférable si l'intention est bonne ? Une scène de confession d'Anna à un prêtre est particulièrement intéressante à cet égard.
Frantz est un mélo classique mais lumineux : l'image est très belle, le choix du noir et blanc confère au film un ton nostalgique qui convient parfaitement au propos. Mais le réalisateur, François Ozon, a aussi la bonne idée de proposer juste quelques scènes en couleur (dont le premier et le dernier plan), notamment pour accompagner l'humeur des protagonistes.
Les acteurs, allemands et français, sont très bons. A commencer par Paula Beer, une très belle révélation. Le film aurait d'ailleurs pu aussi s'appeler Anna... Elle est presque de tous les plans et capte littéralement la lumière. Et Pierre Niney a un physique qui convient parfaitement à l'époque !
Mélo classique, certes, mais d'une maîtrise formelle remarquable et d'une belle intensité, Frantz, c'est du beau et grand cinéma, comme on l'aime !
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