mardi 30 septembre 2025

House of Guinness : Saga familiale et fresque historique sous pression

 


A la mort de Benjamin Guinness, son testament confie la gestion de l’empire familial bâti autour de la célèbre brasserie à deux de ses fils, Edward et Arthur, excluant les deux autres héritiers, Anne parce qu’elle est une femme, et Benjamin parce que jugé trop instable... 

La nouvelle série de Steven Knight, le créateur de Peaky Blinders, a été récemment mise en ligne sur Netflix. Même si on est quand même un cran en dessous de la géniale série autour de Thomas Shelby, House of Guinness est une série historique bien dans l’esprit de son créateur : une esthétique très travaillée et un ton moderne, avec sa bande originale rock décapante (mais aussi très irlandaise pour l’occasion). 

Il faut préciser toutefois, comme précisé au début de chaque épisode, que la série est une fiction inspirée de faits réels (tout comme l’était Peaky Blinders). Autrement dit, l’intrigue se base sur des personnages ayant vraiment existé, mais leur histoire est racontée avec pas mal de liberté et d’extrapolation, y compris l’ajout de quelques personnages inventés pour l’occasion. Il n’empêche que la reconstitution historique est impressionnante : les décors et les costumes nous plongent avec réalisme dans le Dublin des années 1860, avec toutes ses tensions sociales, et le scénario est efficace, mélangeant jeux de pouvoir et intrigues intimes (ces dernières n’étant pas toujours les plus intéressantes dans la série). 

Précisons enfin que la série se termine sur un cliffhanger… laissant largement ouverte la porte à une saison 2. On espère qu’elle sera commandée par Netflix : on repartirait volontiers pour une deuxième tournée !

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House of Guinness, une série créée par Stecen Knight
avec Anthony Boyle, Louis Partridge, James Norton
Disponible sur Netflix

jeudi 25 septembre 2025

Alien Earth : un passage au format série plutôt réussi

 

Un cargo marchand, l'USCSS Maginot, appartenant à la corporation Weyland-Yutani, avec à son bord des spécimens extraterrestres, s'écrase en territoire contrôlé par Prodigy, dirigé par Boy Kavalier. Ce dernier envoie à bord ses tout nouveaux hybrides pour récupérer la cargaison qu'il convoite. 

Alien, le 8e passager, le film culte de Ridley Scott (1979) est devenu une franchise au cinéma, avec plusieurs films, dont deux préquels récents réalisés par Scott lui-même. On peut toujours discuter sur la qualité inégale de ces films, Alien reste une valeur sûre en matière de science-fiction horrifique. 

Le passage du format cinéma au format série représente un défi, avec un récit qui doit être fondamentalement différent. Le format long des séries permet de développer un univers plus qu’un film mais la question du rythme du récit est essentielle. On ne peut pas maintenir un suspense de la même façon sur un film de deux heures ou une série de 8 fois une heure. La série nous réserve toutefois un petit plaisir avec l’épisode 5, construit sur un flashback, qui est l’occasion d’un mini-Alien, tout à fait dans l’esprit des films, un huis-clos stressant aux accents horrifiques, avec plusieurs sales bestioles extraterrestres en plus du fameux xénomorphe. Ces nouvelles créatures constituent une des nouveautés réjouissantes de la série, comme cette sorte de pieuvre intelligente qui prend possession d’un corps en s’insérant dans un de ses globes oculaires. 

La bonne idée est d’avoir confié la série à Noah Hawley (à qui on doit les séries Légion ou Fargo par exemple). Et en ce qui me concerne, le défi est réussi... même s'il y a bien quelques baisses de tensions et quelques facilités de scénario, et qu'au final le récit reste en suspend en attendant une saison 2 (qui n'est pas encore commandée). Alien Earth parvient à s’insérer dans l’univers de la saga, avec une esthétique qui est bien celle d’Alien, et pas seulement pour le fameux xénomorphe : l'USCSS Maginot évoque immanquablement l'USCSS Nostromo du premier film, par exemple. 

La série toutefois se déroule sur terre et non dans l’espace… Nous sommes au XXIIe siècle et le monde est dominé par cinq grandes corporations qui se disputent le pouvoir, les technologies et les ressources naturelles. Aux côtés des humains, en plus des cyborgs (des humains améliorés) et des synthétiques (des créatures artificielles conçues pour se comporter comme des humains) déjà rencontrés dans la franchise, apparaissent désormais les hybrides (des synthétiques dans lesquels on télécharge une conscience humaine, celle d’un enfant). Ce qui permet d’évoquer des thématiques propres à la SF autour de la technologie et du transhumanisme. Les hybrides sont au cœur de la série, plus encore que les créatures extraterrestres… et le final de la saison laisse entendre que ce sera encore plus vrai pour l’éventuelle saison 2. En tout cas, on espère bien qu'elle sera commandée par Disney ! 

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Alien Earth, un série créée par Noah Hawley
avec Sydney Chandler, Alex Lawther, Essie Davis
Disponible sur Disney+

samedi 13 septembre 2025

Fondation (saison 3) : Une saison 3 toujours ambitieuse, imparfaite mais qui creuse son sillon

 

La saison 3 de l’ambitieuse série de science-fiction inspirée des romans cultes d’Isaac Asimov vient de se terminer sur Apple TV+. Les deux premières m’avaient laissé un sentiment mitigé, un peu moins marqué toutefois en saison 2… 

En fait, plus la série avance, plus je m’y habitue et j’arrive à l’apprécier. Avec cette saison 3, elle reste imparfaite, certes, mais elle creuse son sillon. Les libertés importantes prises avec les romans originels d’Isaac Asimov sont compréhensibles. On ne pouvait pas simplement adapter tels quels une série d’ouvrages de science-fiction écrits dans les années 1940-1950. Il fallait en faire une série du XXIe siècle. 

D’un point de vue visuel, aspect qui m’avait séduit dès la saison 1, c’est toujours une belle réussite, assez spectaculaire. 

C’est au niveau du scénario qu’il y a sans doute à redire. Outre certains rebondissements abrupts voire capillotractés, il y a toujours certains aspects de l’intrigue qui me chiffonnent, notamment autour du personnage de Demerzel. Toutefois, même ici je dois reconnaître que la saison 3 s’en sort pas trop mal. Et puis l’interprétation de Laura Birn est excellente. Les développements autour de l’Empire, et ses trois empereurs clonés simultanés (Aube, Jour et Crépuscule), sont toujours une des grandes réussites de la série. La grande attraction de la saison, c'est évidemment le Mulet, ce personnage mystérieux des romans d’Asimov. La façon dont la série l'interprète est plutôt convaincante, même si le rebondissement ultime dans le final de cette saison interroge quand même un peu… 

Quant à la toute fin de l’épisode final, qui ouvre des perspectives pour la saison 4, déjà confirmée, disons qu’elle témoigne d’une nouvelle appropriation de l’héritage d’Asimov, au-delà des trois romans originels de Fondation mais pas sans échos avec l’oeuvre globale de l’auteur. A suivre… 

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Fondation (saison 3), une série créée par David S. Goyer et Josh Friedman
avec Lou Llobell, Jared Harris, Lee Pace
Disponibles sur Apple TV+