jeudi 27 novembre 2025

Inside No. 9 (saison 9) : Clap de fin pour la série britannique à l'humour noir ravageur

Clap de fin pour l’excellente série britannique Inside No. 9 des deux compères Reece Shearsmith et Steve Pemberton. Les 6 épisodes de l’ultime saison - la saison 9 évidemment - sont disponibles depuis peu sur la plateforme arte.tv. Et c'est à ne pas rater ! 

La recette fonctionne toujours aussi bien dans cette série d’anthologie, avec des histoires indépendantes, racontées dans des épisodes de 30 minutes qui mélangent les genres mais dont le point commun est d’être marqués par un humour noir et grinçant, et dont l’intrigue a toujours quelque chose à voir avec le numéro 9. Les deux créateurs de la série sont aussi toujours les deux acteurs principaux, parfois méconnaissables, de chaque épisode.

L’intrigue de chaque épisode permet de dépeindre de nombreux travers de notre société, certaines bassesses dont le coeur humain est capable, mais aussi quelques histoires poignantes, dans des récits habiles au dénouement inattendu. Il vaut mieux ne pas en dire trop pour ne pas gâcher la surprise ! 

Et la série s’offre une dernière pirouette avec un épisode final où les deux créateurs de la série jouent leur propre rôle, dans un récit non dénué de nostalgie. 

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Inside No. 9, une série créée par Reece Shearsmith et Steve Pemberton
avec Reece Shearsmith et Steve Pemberton
Saison 9 disponible sur arte.tv

dimanche 16 novembre 2025

Le président foudroyé : Pleins feux sur un président méconnu... et assassiné

 

La mini-série en quatre épisodes évoque l’histoire vraie, assez incroyable, et fort méconnue, du 20e président des Etats-Unis d’Amérique, James A. Garfield, assassiné après quelques mois de mandat seulement. Alors qu’il est un simple député de l’Ohio, présent au congrès des Républicains pour choisir leur candidat à l’élection présidentielle en 1880, James Garfield se voit finalement désigné candidat républicain, contre toute attente, à commencer par lui-même puisqu’il était venu soutenir un autre candidat !

Je ne sais pas dans quelle mesure le portrait qui est fait de James Garfield est conforme à la réalité (il y a toujours une part de fiction dans une série), mais je n’ai pas pu m’empêcher d’y voir le portrait d’un président qui est, d’une certaine façon, l’exact opposé de l’actuel locataire de la Maison Blanche. Un homme du peuple, simple, intègre, sans ambition personnelle et porté par des valeurs altruistes… 

La série propose en tout cas le portrait croisé de James A. Garfield, 20e président de Etats-Unis d’Amérique mais qui ne voulait pas être président, et de Charles Guiteau, un petit escroc mythomane qui rêvait de se faire un nom… et qui finira par assassiner le président. 

On peut certes trouver que la série aurait pu creuser un peu plus certains aspects de cette histoire pour en exploiter toute la richesse, ce qui aurait nécessité plus de quatre épisodes. Toutefois, le choix d’une mini-série courte peut aussi se justifier, et piquer notre curiosité pour en savoir plus. 

Quoi qu'il en soit, les quatre épisodes se regardent avec grand intérêt, d’autant qu’elle est produite assez luxueusement, dans une reconstitution très convaincante de l’Amérique des années 1880, et qu’elle est remarquablement interprétée, avec un impeccable Michael Shannon dans le rôle de Garfield et surtout un incroyable Matthew Macfadyen dans celui de Guiteau. 

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Le président foudroyé, une série créée par Mike Makowsky
avec Michael Shannon, Matthew Macfadyen, Nick Offerman
Disponible sur Netflix

mercredi 12 novembre 2025

Los años nuevos : L'histoire d'un couple, une série intimiste et virtuose

 
Ana, serveuse, et Óscar, médecin, se rencontrent à Madrid lors du Nouvel An, le soir de leurs 30 ans. C’est le début d’une histoire d’amour intense… et compliquée. La série va les suivre en dix épisodes, sur dix ans, chaque fois à la même période de l’année. 

Évidemment, raconter l’histoire d’un couple qui file le parfait amour, sans la moindre ombre au tableau, ça n’aurait pas vraiment d’intérêt pour une série. Alors l’histoire d’Ana et Oscar va être contrariée. La série filme le couple qui se forme, qui se construit et se délite ; il filme la rencontre, l’attirance, la passion ; mais aussi les incompréhensions, les tensions, les disputes ; il filme enfin les regrets, les remords, les espoirs. On arrive au terme des dix épisodes et on se demande, avec les deux protagonistes, ce qu’ils auraient pu faire mieux, quel autre chemin aurait été possible… et quel sera leur chemin pour les années à venir. 

Le récit joue habilement avec les ellipses d’une année : il y a un vrai suspense au début de chaque épisode. On se demande ce qu’ils sont devenus depuis qu’on les a laissés, une année auparavant… Et les surprises ne manquent pas. 

Los años nuevos est une série intimiste, sensible, parfois déchirante, qui se refuse à juger ses personnages mais cherche à décrire avec justesse les défis du couple, interroge le sentiment amoureux, l’engagement, les compromis à faire ou pas, le pardon, les possibles recommencements… 

Virtuose, la réalisation de Rodrigo Sorogoyen (grand cinéaste espagnole : As Bestas, El reino...) multiplie les atmosphères et enchaîne les morceaux de bravoure : la rencontre au milieu d’une fête entre amis, un dîner de famille animé, une dispute dans une voiture, quelques scènes de sexe très suggestives, même avec très peu de nudité (c’est bien d’être averti… mais ce n’est pas hors de propos quand il s’agit d’évoquer un couple !), jusqu’à un dernier épisode impressionnant, presque entièrement fait d’un seul plan séquence. Il y a aussi cette jolie trouvaille de mise en scène, dans chaque épisode (sauf le dernier), où dans une courte scène une voix off observe un couple, filmé face caméra quelques secondes. Une façon, en passant, de dire que chaque histoire de couple est différente et singulière. 

Ajoutons encore qu’Iria del Río et Francesco Carril sont tous les deux remarquables dans les rôles d’Ana et d’Oscar. 

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Los años nuevos, une série créée par Rodrigo Sorogoyen et Sara Cano
avec Iria del Río, Francesco Carril
10 épisodes disponible sur arte.tv (diffusion les 20 et 27 novembre 2025 sur Arte)

dimanche 2 novembre 2025

Des vivants : Pour surmonter les traumatismes, l’amitié et la solidarité

 

Des vivants est une série remarquable, souvent bouleversante, qui revient sur les suites des attaques terroristes du 13 novembre 2015 à Paris, par un récit choral autour d’un groupe de rescapés. La réalisation de Jean-Xavier de Lestrade, à qui ont doit déjà la remarquable série Sambre, est remarquable, sensible et pudique, mais précise et réaliste. Avec casting impeccable, mélangeant acteurs et atrices connus et moins connus. 

Le premier épisode s’ouvre sur le chaos du 13 novembre 2015, devant le Bataclan, où des rescapés, souvent blessés, cherchent leur proche. On reviendra plusieurs fois dans le Bataclan, grâce à des flashbacks qui jalonnent le récit mais l’essentiel de la série va s’intéresser à ce qui arrive après. C’est le temps des traumatismes et de la reconstruction, le temps des cauchemars, des peurs, de la culpabilité qui hantent les rescapés. On fait face aussi à leur difficulté d’en parler à des personnes qui ne l’ont pas vécu, et donc l’importance de se retrouver entre rescapés. 

C’est ce qu’on fait 7 d’entre eux, tous parmi les 11 personnes prises en otage par deux terroristes dans un petit couloir du Bataclan, et délivrés 2h20 plus tard par un assaut de la BRI. Un groupe qui va se donner lui-même le nom de “potages” (la contraction de potes et otage). C’est principalement sur leurs témoignages qu’est basée la série. On les accompagne, juste après l’attaque, et puis quelques jours après, quelques mois, une année plus tard… jusqu’au procès. On découvre leurs traumatismes, les traces indélébiles laissées par une telle expérience, leur culpabilité, la difficulté à se reconstruire… La série s’intéresse aussi un peu, et c’est intéressant, aux proches des rescapés qui eux-même font face à leur désarroi, leur gêne, leur difficulté à comprendre, à aider, leurs propres traumatismes et leurs peurs. 

Il y a plusieurs moments particulièrement forts, impressionnants ou intenses émotionnellement. Mais ce qui reste, et ce sur quoi la série se termine, c’est ce groupe de 7 personnes, élargi aux conjoints, un groupe qui n’avaient à priori aucune raison de se retrouver ensemble, n’ayant vraiment pas grand chose en commun, sinon d’avoir partagé une expérience traumatisante… et qui finissent par former pourtant un groupe d’amis très proches. L’un des personnages dit à un moment donné : “On se doit la vie les uns aux autres.” Et cela est vrai autant dans la terreur de la prise d’otage que dans le long temps de reconstruction difficile et douloureux qui suit. 

Finalement, Des vivants est aussi une formidable histoire d’amitié et de solidarité, qui donne espoir en l’humanité, malgré l’horreur de la violence terroriste. 

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Des vivants, une série de Jean-Xavier de Lestrade et Antoine Lacomblez
avec Benjamin Lavernhe, Alix Poisson, Antoine Reinartz
Disponible sur France.tv et HBO max